| Carnet de bord de Avril 2017 | Partager sur Facebook |
Vendredi Pauline m'a dit de ne pas aller sur le chantier avant 10h30 à Vesoul. Bon, c'est un gros effort, je m'exécute. Discipliné je décolle à 9h. Ma carte d'identité est périmée je vais donc faire des photos au photomaton de l'Intermarché et j'irai à la mairie de Villersexel ensuite, puisque désormais il n'y a plus que les grosses mairies qui font les formalités.
Je me gare dans la zone à côté, je prends ma tronche en photo et quand je veux repartir, c'est le drame. Oui encore ! Le démarreur tourne, comme jeudi dernier, mais ça ne démarre pas. Rebelote je pompe à la pompe à main, mon cul Paul. Putain t'y crois ? J'ai le mauvais œil non ? J'appelle Vico Besac', on m'envoie quelqu'un. Une bonne heure plus tard Thomas se pointe, c'est le mécano qui m'a fait la vidange l'autre jour. On ne se quitte plus. On se quitte d'autant moins que là il ne trouve pas la panne. Le circuit est plein d'air, mais on ne voit pas pourquoi. A force de chercher on se rend compte que de l'air entre par le puits de jauge. On coupe le tuyau d'alim, et on le plonge dans un seau de gasoil, ça fonctionne... Ouf ! Mais je vais pas rouler avec un seau. Je lui propose de bricoler un tuyau et de le plonger par le bouchon de remplissage. Sauf qu'on a rien... Je suis un peu client chez le marchand de tronçonneuses à côté, il est midi et demi, il y a encore de la lumière. Je demande un bout de tuyau mais ils n'ont rien, les camions et les tondeuses c'est pas le même métier. On trouve un bout de 40 cm.
On bidouille mais c'est trop court, ça trempe à peine dans le gasoil. On fait une rallonge avec un tuyau d'arrosoir, celui pour l'antigel. Cette fois c'est assez long et il n'y a pas de prise d'air, mais c'est trop léger, ça flotte. Avec du scotch Waterair je fixe la barre du cric, cette fois le bricolage est bien au fond. En route.
A 14h je suis enfin à Vesoul. Les gars ont un Maniscopic, ça va pas trop mal, en une grosse demi-heure c'est vide. Je fonce chez Vico Besançon, pendant ce temps j'appelle chez Waterair et Fabrice en direct pour prévenir de mon retard. Fabrice s'organise, il va charger Rémy avant moi. Ça me laisse un peu de temps.
A 3h et demi je me pointe chez Fiat, le mécano me fait un truc propret, crépine neuve. Ça aura pris une heure quand même. Je taille à Seppois. J'y suis à 18h, Fabrice a sorti mon bazar, il a commencé le contrôle pour moi. A 7h c'est torché, purée j'ai jamais chargé aussi tard.
20h10 je suis de retour à la maison. Putain pour une journée qui s'annonçait tranquillou j'ai pas arrêté de courir, j'en ai ras le cul, surtout de ce camion.
Je suis garé sur mon trottoir, il est 6h30, si je suis en panne je retourne me coucher... Je tourne la clé de contact, petite appréhension, ça démarre. Ouf. Premier arrêt à l'AS24 de Vesoul, vendredi la cuve au dépôt était vide ou presque. Les deux fois où je suis tombé en panne c'est au deuxième démarrage que ça a merdé, là ça redémarre. Je me dis que si ça trouve jeudi la pompe d'alim' n'avait pas bien de mal, c'était déjà la crépine d'aspiration qui merdait. Après c'est pris sous garantie, Vico se débrouille avec ces merdes.
A 8h je suis vers Gray à l'autre bout de la Haute Saône. Le gars est bien sympa, il travaille à Gray chez Magyar, les citernes. Il fait grand beau, le client fait péter le café quand on a fini, tout bien.
Avant Dijon je m'arrête pour du pain et surtout pour poster mes papiers Waterair de la semaine dernière. Hier soir j'ai oublié de les déposer, primo j'étais fin énervé j'avais la tête ailleurs, la tête dans le gasoil, secondo il n'y avait plus personne à la logistique je n'y suis pas allé c'est Fabrice qui avait mes papiers. Bref l'histoire me coûte 4€11, enveloppe et timbres, c'est correct.
Je monte par l'A6, je suis frappé par le nombre de parkings fermés pour travaux. Les gars qui poussent leurs heures au taquet risquent d'avoir de mauvaises surprises. Je mange mon bout de pain du côté d'Auxerre.
A 14h45 je suis à côté de Dordives c'est entre Montargis et Nemours, la limite 45-77. Le coin est bien joli, typique du sud bassin parisien. Des saules qui plongent dans des canaux, de grandes bâtisses en pierres, faut avouer que c'est pas moche. Je prendrai des photos en revenant dans l'autre sens... je fais une rénovation chez un pépé. Rien de spécial. Pour repartir je ne prends pas la même route, merde, tant pis pour les jolies photos. Là c'est le début de la Beauce, c'est bien moche.
A 16h je suis à Crottes, c'est à côté de Chilleurs aux Bois. Chieur, crotte, on est dans le concept pipi caca. La cliente a l'intention de monter la piscine devant le portail, étrange, je ne cherche pas à comprendre.
Fin de mission à Toury, c'est dans le 28 mais il n'y a que 10 bornes, nickel.
Café douche comme d'hab' me direz-vous et zou ! Je me fais un peu de mouron, la rue pour aller chez mon client du matin passe sous le chemin de fer, 3m60. L'atlas Michelin et un mail du client me font passer par Malesherbes, pas le gps bien sûr... C'est autorisé aux Pl jusqu'à une entreprise, ensuite c'est carrément interdit. La route descend en deux lacets, miam miam, ça pue bien comme j'aime pas. Boh soyons positifs, je me dis que devant le pont la route fait un T et que je vais pouvoir me retourner. J'avais bien vu sur Gougueule, mon cul Paul. Les gens sont super braves, adorables, je vide, ils m'offrent le café, tout bien. Bon c'est pas le tout, mais je repars comment ? Le client me dit que régulièrement des camions des pays de l'Est se retrouvent coincés là, ils font demi-tour sur le chemin en face de sa maison. Purée c'est fin. Un coup, un a même niqué son mur. Je vais essayer de ne pas faire pareil... Je laisse le chariot dans la cour pour gagner un peu de longueur, en deux fois c'est fait. Soulagement.
La suite est du côté de Melun, faut faire le tour par l'A6, Milly la Forêt c'est interdit. A 10h30 je suis à Ponthierry. Une rue est interdite en largeur et longueur, ça je touche pas... Faut faire tout une boucle, mais ça passe. Je me gare vers un coin tout choupinou avec un petit canal et des canards. J'échange une rénovation contre un chèque et je vais voir plus loin.
Je mange un bout sur l'aire d'Evry, il est un peu tôt, midi pile, mais pour se garer dans ce pays à la con, faut pas louper les parkings. Je fais une piscine à Igny Palaiseau. Je tombe sur un pelliste que j'ai déjà vu, ça arrange bien les affaires. En repartant je veux faire le malin, ne pas revenir sur mes pas pour reprendre la Francilienne mais il y a une déviation...je me fais bien chier.
Encore une rénovation à Neauphle le Château 78. C'est Jouars Pontchartrain, pour les plus vieux d'entre nous c'était le bled où il y avait une bonne descente quand la N12 n'était pas en 4 voies. Encore un client bien sympa, trop peut-être, limite obséquieux. C'est la proximité de Versailles certainement, les courtisans du roi. Il m'a pris pour Louis XIV.
Cette fois faut que j'aille de l'autre côté de la RP, il est 16h15 c'est pas l'heure la meilleure. Triangle de Roquancourt, forêt de Marly, Poissy, Conflans Ste Honorine, la Croix Verte, en une heure je suis à Villiers le Bel. Ça va, ça a roulé. Quand j'ai vu Villiers le Bel sur le programme j'avais en tête les émeutes, les bagnoles qui crament, la zone. Pas vraiment. Certes une partie du patelin c'est Bamako l'autre c'est des quartiers résidentiels. Je me suis enfilé dans une mauvaise rue, pas interdite pour autant, deux blacks ont fait la circulation, reculer les bagnoles, bloquer un bus. Merci encore. Sur leurs conseils je fais tout un détour, je trouve enfin mais la rue du client est bien trop étroite pour pouvoir vider. Sur le conseil d'un autre djeun' je vais garer vers un cimetière, sauf que j'ai un bus au cul. Putain quelle plaie ce bled ! Je dois reculer en laissant passer les caisses et les bus, le calvaire ! A 18h je me pose enfin. J'apporte les tôles et les colis, le temps que je revienne du cimetière le client et ses gamins ont tout démonté, efficaces !
Fin de journée pas loin à Survilliers, au bord de la N17, ça va être pénible pour dormir.
Ils sont un peu fous ces franciliens, jamais ils ne dorment ? Comme prévu ça a secoué toute la nuit. J'aurais préféré secouer maman toute la nuit mais elle est loin et c'est présomptueux... J'avais qu'à dormir ailleurs mais par ici, je vois pas. Bref, je marche un bon bout jusqu'au resto, café douche, c'est la tradition.
A 8h moins quelque chose je suis à Claye Souilly. D'entrée le gars me dit : « Vous êtes des transports Buffa ?
-Pardon ?
-Oui c'est pas Buffa qui fait le Waterair ? A une époque j'ai beaucoup affrété Régis Buffa . »
Il m'explique que ça fait bientôt 40 ans qu'il est dans le métier. Au vu de sa maison, de sa bagnole, de sa cuisine, de sa piscine, on gagne encore un peu d'argent dans le transport. Ça me rassure. Il est blindé de tunes et bien sympa. Parfait.
Je me fais une dernière rénovation vers Meaux dans un patelin interdit aux 9t. C'est quoi l'idée ? 9 t ils ont trouvé ça où ? Il n'y a pas de pont, c'est juste une invention...9 pourquoi pas 8 ou 10 ? Le maire de la commune est certainement né un 9 du mois... Je pose chez un pépé qui ne peut plus arquer comme on dit chez nous. Il veut m'aider à porter le liner. Je refuse catégoriquement, pas envie qu'il se pète le col du fémur sous le poids du machin.
Comme d'hab' Laurence m'a envoyé mon retour hier, c'est un partiel chez Kuhne à Ferrières en Brie, c'est à 15 bornes, nickel. Ce qui est moins nickel c'est que le rdv est à 9h30, je me suis annoncé vide à 10h mais elle n'a pu changer l'heure c'est de l'affrètement. Je me pointe à 10h10, la fille à la barrière me fait remarquer que je suis en retard. Bah oui ma pauvre dame.
A 10h et demi mon téléphone sonne : quai 16. Très faible activité dans l'entrepôt. La fille au guichet va chercher un cariste. J'attends. Un mec arrive, il est intérimaire il n'a pas le bon badge pour me faire entrer sur le quai. J'attends que la fille revienne. Elle revient, j'entre, on charge. Même cinéma pour sortir, j'attends que la fille m'ouvre... Putain pour 14 palettes au sol je ressors à midi ! C'est l'heure à laquelle j'ai rdv à Moissy Cramayel...
J'y suis à midi et demi, le temps de me garer de venir au guichet il est midi 35. Ici c'est l'ancienne usine Citroën de pièces détachées. Transalliance stocke pour Coca. Idem, la fille au guichet me dit que je suis en retard. J'essaie de faire de l'humour, midi 35 c'est encore midi...ça marche moyen. Elle me dit que ça va être la relève mais me donne un quai. Bon la relève c'est pas la relève de la garde à Buckingham Palace, les militaires en livrée rouge, le chapeau de poils et tout le cérémonial, là c'est Farid qui tape dans la main de Kader. Je me mets à quai et j'attaque un bout de pain, un black vient me voir, il peut me charger et partir en pause ensuite. Punaise entre hier et aujourd'hui j'ai du bol avec les blacks. 12 palettes 100x120, en un gros quart d'heure c'est fait. Ça plus les petits pots de bébés devant plus mes cadres, ça arrive aux portes quasiment. Je finis mon repas dehors, je vais aux papiers, sur les coups de 13h30 je me casse.
Je m'offre un petit pèlerinage par la 19, ça fait des années que j'ai pas pris ce bout, Guignes, Mormant, Provins. Je reste dans la Buffa nostalgie, je garde la 19 de Troyes à Vandoeuvre, petite photo de la nouvelle maison de Manolo en passant. J'ai coupé 15 à midi, je finis mes 30 par là le long.
A 19h30 je suis au relais de Bucey les Gy, on est jeudi soir, la semaine est faite.
A 5h et demi je suis réveillé par je ne sais quoi, un camion qui décolle certainement. Je me lève, café au réchaud le troquet est encore fermé. Direction Devecey pour poser le chariot et prendre une douche. A 7h30 je suis à Mamirolle, c'est un patelin sur le premier plateau au-dessus de Besançon, connu pour son école d'agriculture : école d'industrie laitière. Les gars n'attaquent qu'à 8h, ensuite ça va vite, on vide à quai. C'est étonnant chez un négociant de boissons, d'habitude ça se vide en latéral, comme les marchands de matériaux.
De là Pauline m'envoie faire une grosse ramasse à Besançon. Ils ont deux usines d'un côté et de l'autre de la route. A la première on m'envoie à la seconde, normal...pour revenir à la première pour compléter.
J'ai le temps, je vais laver chez Jeantet. Il n'a pas plu depuis une semaine, c'est surtout pour enlever les merdes sur l'avant, pis c'est mieux, c'est propre.
Je rentre au dépôt, ça bouchonne à Valentin, mon collègue Carlos s'arrête et me dit qu'un Polonais a poussé une bagnole à Cayenne, c'est pas beau, la route est fermée pour un moment. Demi-tour, je passe par Chatillon, c'est interdit mais c'est un cas de force majeure. En retombant au rond-point au-dessus du dépôt je vois bien que personne ne passe, la route est déserte.
Je vide mes lots, c'est complet, et je fais les pleins. Au moment de partir Marc arrive, il me dit de ne pas prendre l'autoroute, il a entendu que tout est bouché à Belfort. Effectivement il y a des travaux à Sévenans, j'en ai parlé ici, là, une bouteille d'acétylène du chantier est en feu. L'autoroute est fermé à Baume les Dames en venant de Besac', c'est exagéré non ? Et en venant du Mulhouse c'est coupé à la sortie où il y a le bout de TGV déco. Le bordel est total paraît-il. Bon ben puisque vous m'y forcez je rentre à la maison en passant par la cambrousse comme d'hab'. Ceci dit faut relativiser, 5km de bouchon dans chaque sens, les sorties bouchées pour un belfortain c'est l'apocalypse, pour un parisien c'est un vendredi normal...
Le temps de casser la graine, la situation s'est décantée. Je passe le canyon les doigts dans le nez, on ne voit même plus rien. A 3h je suis à Seppois. Christian de chez JP commence seulement, faut dire qu'on est en pleine saison ; tout le monde tourne, les camions sont blindés, les racks chez Fabrice sont pleins, grosse activité.
A 16h30 j'attaque enfin, joli chargement encore, ça rentre en dépotant deux palettes de bricoles. J'ai intérêt à soigner les contrôles la semaine prochaine si je veux pas oublier des colis dans la calèche.
A 19h retour à la maison, j'ai loupé le goûter ça devient une habitude. Bon week-end les filles, le ciel vous tienne en joie.
A cause de la panne de l'autre jour l'aventure de ma carte d'identité continue, j'ai juste fait les photos. Je décolle donc de la maison un peu avant 8h et je me pose au bout de la gare de Vesoul, c'est bien commode en camion, à pied on est à deux minutes du centre ville. Je me pointe à l'état civil avec mon dossier et... je me fais refouler parce que je n'ai pas rendez-vous ! Mais d'où ki faut un rendez-vous ? A l'état civil ne n'importe quelle ville on prend un ticket comme au fromage à Euromarché et on attend son tour. Bah non ! Ça c'était avant. La bonne dame, de mon âge, accorte, avec une jupe en cuir bordeaux, les boutons du chemisier défaits calculés avec précision, est délicieusement agréable et gracieuse. Les autres la tutoient mais avec cette pointe de déférence hiérarchique, on sent que c'est la chef, la maîtresse femme. J'ai du mal à lui en vouloir, mais faudra que je revienne.
Je n'aurai perdu qu'un quart d'heure, ça fait un début de coupure. Je sacrifie 87 centimes pour une tradition à la boul' en face de la Gefco et me vlà prêt à rouler.
J'enquille Gy Pesmes Dôle, ça roule très bien ce matin. Je fais ma coupure de midi à l'aire de Pierrefitte. Je m'offre un quart d'heure de sieste les pieds sur le volant après Montluçon histoire de passer le bout jusqu'à Guéret dans de bonnes conditions. Concentration, je vais éviter de casser un camion à chaque passage. C'est impossible de passer là sans regarder les traces.
J'hésite à descendre par Confolens, c'est un peu interdit, m'enfin... Arrivé à La Croisière mes hésitations cessent, la route est barrée jusqu'à Bellac, obligation d'aller tourner à Limoges. J'ai déjà dit que je compterais précisément le temps d'un côté et de l'autre. J'ai entré l'adresse de mon client sur le gps, au début ça me disait un quart d'heure de plus mais avec les bouts de 4 voies, arrivé à La Rochefoucauld il n'y a plus que 2 minutes. A vérifier. Je me pose 30 par là pour finir, j'en profite pour remplir mes derniers récépissés. Je sais c'est mal de ne pas le faire au départ mais avec 11 clients ça fait des pages à écrire.
On se pète un pétrolier après Angoulême, la file de camions est tellement longue que parfois on roule à 30. Je ne suis pas pressé mais cette interdiction de doubler est ridicule, il est presque 19h, il y a très peu de bagnoles, bref c'est nul.
Fin de journée à Montlieu la Garde avec 9h37 de volant, c'est bien pour un lundi.
La douche est à l'étage, à l'hôtel, l'ensemble laisse à désirer mais la salle de bain est nickel. A 7h, go ! Je commence entre la Roche Chalais et Coutras. Le client est architecte, il a donc les moyens et de bonnes idées surtout. Il fait rénover une vieille maison qui surplombe une vallée, pas moche. La baraque est magnifique. Quand on a fini il m'offre un café, il m'explique qu'il est retraité mais bosse toujours. Selon lui les architectes sont comme les curés, jamais vraiment à la retraite.
Je descends vers Ste Foy la Grande ensuite pour une rénovation. Encore des retraités, ils me racontent qu'ils ont acheté la maison en ruines à l'époque. Le résultat est superbe, les pierres décapées, les poutres apparentes, les dépendances à neuf. Gros boulot.
Après ça j'ai encore une rénovation de l'autre côté de Castillon la Bataille. Le coin me parle, effectivement j'ai déjà livré à deux maisons de là. Le coin est toujours bien dangereux, faut reculer à l'aveugle pour repartir, ça craint.
Je me prends une baguette par là que j'attaque sur un bout de parking après Libourne. Je tourne pas mal en rond pour trouver. Même avec Maps c'est pas facile, les rues sont coupées à l'équerre. Quand le gps me dit que je suis à 300m j'arrête là. Il fait sec je recule la remorque dans un champ, truc que je m'interdis en hiver. Et je finis en triporteur. Jeune couple, sympa, rien à dire.
Il me reste encore deux livraisons entre Cubzac et Blaye. J'aime pas trop ce coin, les routes serpentent entre les vignes, les hameaux sont éloignés les uns des autres, c'est mal indiqué, le gps est charrette, il y a de profonds fossés sur les bords, rien qui plaît quoi ! Les deux se passent fort bien, le second est vigneron, je repars avec ma bouteille de Côte de Bourg, la classe. Je n'ai pas osé lui dire que je préfère un petit Bourgogne à un grand Bordeaux, ce serait inélégant. Pis si ça trouve il est vachement bon son pinard.
A 19h15 je suis au centre routier de Bordeaux Lac, étrangement à cette heure il reste de la place. Parfait. M'en vais à pied sous le pont, comme d'hab'. Quand j'écris ces lignes je reçois un texto de Pauline, on a reçu les programmes Waterair. Un mardi ! A 22h ! Bon bé allez, au boulot. On croule sous le taf, on a 10 tournées pour 7 camions, faut que je fasse deux tours. Incroyable.
Formule mug tartines au centre routier, une douche par là dessus et zou ! Allons affronter les bouchons de la rocade de bon matin. Ehh ben non ! On est mercredi ça roule. A 8h je commence à Tresses, c'est la banlieue Est. Je m'enfile sur une petite route interdite aux 8t. Au début c'est bien large, ensuite la route continue dans le bois, c'est étroit. Je cherche un coin pour faire demi-tour mais mon cul Paul, c'est trop étroit. J'arrive dans un bled, interdit aussi, je commence à faire un peu d'huile quand je tombe sur un carrefour potable. Ouf. Retour sur mes pas. Il y a une plaque sur le mur, la dame est psychojesaispasquoi, trois titres différents avec psycho. C'est sa fille qui me réceptionne. La gamine doit avoir 18 ou 20 ans, de suite à son phrasé c'est pas n'importe qui. Elle est à l'aise, intelligente. J'aime pas beaucoup ces métiers en psycho truc machin, je suis un bourrin loin de ces trucs, mais là faut avouer que les chiens font pas des chats.
La suite est à Talence. J'aime pas ce coin non plus. C'est des quartiers résidentiels de l'entre-deux-guerres, des rues étroites coupées à l'équerre, des bagnoles garées partout... Mais là non, un boulevard, une avenue, ce serait presque large. Je me fais un créneau entre deux bagnoles, fastoche, je serais presque fier de moi. Il est 10h et je suis reçu par une cliente qui visiblement se lève. C'est LA jolie fille au réveil, 35 ans, blonde, une bombe. Elle porte un t shirt noir sans soutien gorge et un pantalon bouffant oriental pour être à l'aise, c'est un sarouel je crois . Là, y a de la bombasse hors catégorie. En plus elle est sympa. Le genre de fille qui a tout quoi, ça agace. Son terrain est tout petit, je lui livre une baignoire, ni plus ni moins. J'accepte dans l'ordre un café et un chèque.
A 13h je suis à Cestas chez une mamie. Là on change de registre, la pauvre dame vit seule et elle a une énorme piscine dont elle ne sait plus quoi faire. Elle a fait faire ça avec son mari à l'époque pour ses enfants mais le temps est passé. Les enfants et encore moins les petits-enfants ne viennent plus la voir. C'est pas la misère à la Zola non plus, mais c'est le temps qui passe.
La suite est chez Serge à Saucats. D'emblée tu vois que le gars est bien cool. Il est content de s'appeler Serge, il le répète plusieurs fois. Sauf que Serge, il est bordélique. D'habitude je pète les planchettes qui tiennent les escaliers avec un coup de marteau, là je me mets à vouloir dévisser proprement. Pourquoi j'ai proposé ça ? Il n'a pas de tournevis Torx, je vais en chercher un dans ma caisse. Ensuite faut défaire deux cales en bois avec une clé Allen, bien sûr il ne sait plus où il les a rangées. Retour dans ma caisse. Sauf qu'une des deux est foirée. Je vois qu'il a une tronçonneuse, on peut couper le bois. Nous vlà à tronçonner la planchette. Maintenant qu'on a de la place je lui demande une pince plate, il revient au bout d'un moment avec une multiprise de son arrière grand-père. Punaise je suis con aussi, pourquoi je me suis proposé ? Il m'offre une 1664 sur la terrasse, la vie est belle.
Dernière piscine de la semaine en direction d'Arcachon. Encore chez une jolie fille, brune cette fois. Il fait beau, elle a un petit short en jean, un pur bonheur.
Laurence doit être en congés, c'est Pauline qui m'envoie mon retour, du 40 pour Vesoul à livrer vendredi. Le top ! A 19h et des boulettes je me pose à Liposthey, d'habitude je vais au fond, pour changer j'essaie le resto de devant. Pas sûr que ce soit une bonne idée.
J'ai fait marcher mon cerveau, si si, vous allez voir... J'ai rendez-vous vendredi 11h à Vesoul. Un rendez-vous fixe comme ça à Vesoul, c'est chez Peugeot. Un œil sur Google me confirme que c'est une boîte d'injection plastique. La pièce automobile ça bosse au moins en 2x8, ça commence donc à 5h, logique. Je me pointe à l'usine à 7h et demi, c'est désert. Bé oui j'avais oublié un détail, on est dans les Landes. La porte des bureaux est ouverte, je trouve les toilettes. Il y a une douche, propre, je retourne au camion chercher mes affaires. Je n'ai pas pris ma douche au resto, ce troquet me déçoit, j'aurais dû aller au fond. Bref. Quand je reviens j'ouvre la porte et je tombe nez à nez avec une femme. La pauvre ne s'attendait pas à voir quelqu'un, elle a eu la peur de sa vie. Je suis moche à ce point ? Je fais peur ?
A 8h ça bouge. Le cariste me met en place derrière l'usine, c'est une espèce de friche industrielle, ça fait peur. La France post industrielle, des usines désertées, le peu qui reste vivote et stocke la production dans la merde. On a les noms des imbéciles qui nous disaient il y a 30 ans que l'industrie c'était fini, fallait qu'on passe à autre chose, les services, que la richesse serait ailleurs... ?
Le gars se casse et revient dans les 5 minutes, il m'annonce que je suis prévu à 13h. Oups ! Je dois charger 39 palettes. Le coup classique : 38 sont prêtes, il manque la dernière, celle qui fait chier. Il me charge ce qui est prêt et me garantit que je serai parti avant midi. A 10h et demi le vlà avec la palette désirée. Le temps de faire les papiers je me casse à 11h.
Je n'ai pas vu de boulangerie dans les environs, je me prends un bout de pain au Super U à la sortie du pays.
Je reprends la N10 qui s'appelle A soixante quelque chose depuis qu'il y a des péages. Ça roule plutôt bien jusqu'à 20 bornes de Bordeaux. Gros bouchon. Si j'avais su je serais sorti et j'aurais pris l'ancienne route. C'est interdit mais je l'ai prise hier pour livrer. Bon, on paume un gros quart d'heure je pense. A hauteur de la station de Bordeaux Cestas, trois bagnoles se sont bigornées, pas de mal, que de la tôle et un bouchon de curiosité.
Fin de chantier au Tom Bar. Je tombe à table avec un pinardier, on parle cépages, vignobles. C'est ce que j'aurais dû faire, chauffeur en privé chez un pinardier, la régalade. Seul problème c'est que je suis de Belfort, le côte du lion ou le Château la Miotte ça doit pas être terrible.
Café, un peu d'eau chaude sur mon petit corps et je file. Ça roule chiément bien sur la rcea ce matin, pas de pénible qui roule à 80, idem entre Dôle et Vesoul, 9 kilos tout du long, le pied. A 10h et quart je suis à la capitale saônoise. Passage à la boulangerie en face de la Gefco comme lundi, si ça merde pour vider je suis paré. Ça fait des années que je ne suis pas venu, depuis Buffa en fait, le système a changé. On n'entre plus chez Peugeot comme dans un moulin, un gardien demande le CMR. Au magasin aussi ça a changé, avant on tirait un ticket comme au supermarché, maintenant on nous donne un bip. C'est blindé de camions, je me fais peu d'illusions mais non à 11h15 le zinzin chante. A midi c'est vide, je sonne Pauline, elle n'a pas besoin de moi, elle me renvoie dans mes foyers.
Le temps de rentrer et de décrocher, à 13h j'ai les pieds sous la table. Faut que je tonde, on ne voit bientôt plus la maison.
Le vendredi saint est férié en Alsace, donc on charge le samedi. Ils nous font le coup tous les ans ! A 10h j'appelle Fabrice pour savoir où ça en est. Je suis prévu à midi mais s'il y a du retard c'est pas la peine que j'aille glander à l'usine. Il me dit que ça suit, à 11h je démarre, à midi j'y suis.
Rémy termine de fermer, Fabrice sort mon bazar. J'ai une jolie tournée sur le sud. Mon dernier client s'appelle Pierre Madiot. Ça me fait bizarre, c'est un peu schizophrène. La semaine dernière j'ai reçu des mails automatiques qui me demande de confirmer l'heure de livraison proposée. C'est à dire qu'on me demande si je suis d'accord avec le programme que j'ai fait... J'ai tardé à répondre, la machine insiste. C'est con. Bon ça me fait bien plaisir quand même, j'ai eu droit au tarif collaborateur comme un salarié Waterair, la classe. J'ai la notice, ne reste plus qu'à trouver le temps de la monter, c'est une autre paire de manches.
A 14h tel le vrai routier je rentre tard. Bon week-end à tous, le ciel vous tienne en joie.
J'ai honte, je suis un jaune, je casse le boulot. Je démarre à 6h, ne le répétez pas surtout, les autres vont me lyncher... La semaine ne fait que quatre jours, douze clients à caser, faut y aller un minimum. A 7h je suis au dépôt, l'AD Blue est à marée basse, je complète le gasoil. Cyril est là, il n'a plus de batteries sur le Panzer. J'ai mes câbles, bon prince je lui offre un peu d'électricité Iveco, le Merco ne fait pas le difficile, il démarre avec du courant italien. On boit un café et je file.
Pas de pause pain ce matin, j'en ai fait hier, un mélange de farine bise et de seigle, c'est très long à monter mais ça se garde fort bien enroulé dans un torchon.
A l'entrée de Lyon je mets 30 min les pieds sur le volant. Il est 11h je ne fais pas le tour, j'enquille le périph comme dans le temps. Oui fut un temps où l'A46 n'existait pas. Je mange un bout à l'aire de La Coucourde, mon pain n'est vraiment pas mal j'avoue. Seul truc comme je ne note rien, je fais les dosages au pif et parfois c'est plus une brique que du pain.
Je sors à Montélimar sud, c'est pas encore la saison, la traversée de Bagnols est tranquille. A 15h je suis à St Laurent des Arbres, patelin entre Bagnols et Avignon en gros. Christine m'avait demandé si je voulais une assistance petit camion, il y a un km. Une assistance pour une rénovation c'est ridicule, ça va plus vite de faire 1km en chariot que de transvaser. J'ai bien fait, de mémoire je connais le coin je suis venu il y a pas longtemps, il n'y a même pas 1km en fait. Comme d'hab' j'accepte un café et un chèque.
Après je me fais archi super grandement chier près d'Uzès. Blauzac, patelin étroit sur une colline, j'arrive du mauvais côté alors que sur Gogol c'est par là que ça me semblait le plus facile. Impossible de tourner à gauche, me vlà parti dans les champs sur une route étroite, sueur froide si ça débouche pas correctement. Je retombe sur une route plus large, ouf. J'entre dans le pays par l'autre côté, facile, ça fait même une place pour faire demi-tour. Il y a toujours autant de vent, le rideau s'envole, ça claque, à tel point que ça me fait une amorce de déchirure sur le tube arrière. Un type s'arrête en voiture, me dit qu'il est chauffeur, et il me conseille d'attacher un ou deux crochets pour ne pas que ça vole. Putain il m'a pris pour un parisien ? Je ne suis pourtant plus immatriculé en 90. Ou alors il pense que c'est la première fois que je viens dans le sud un jour de grand vent... En repartant je vois débouler deux types dans une 207, affiche, seau de colle, ça dure 30 secondes et ils repartent comme des malades. Oh ça je me dis, vu le genre des gaillards ils collent pour Marine. Par curiosité je descends voir l'affiche...
Fin de chantier à l'Oasis à Bellegarde, il est 19h15 et j'ai 9h07 de volant. C'est assez pour un petit homme comme moi.
Je savais pas qu'il y a une douche à l'étage, d'habitude j'ai toujours la clef du local chelou sur le parking. Je commence à 2km du resto, ici aussi je connais un peu le quartier, un type en bagnole me conseille de ne pas m'engager, vous êtes bien gentils les autochtones avec vos conseils mais ça va, merci tout plein. Une rénovation en vitesse chez un pépé tout juste aimable. Ensuite je saute dans l'Hérault pour normalement deux rénovations. La première à Castries est reportée, j'appelle quand même le client, il est au chevet de sa femme à l'hôpital. Il s'en fout un peu de sa piscine, ça se comprend. Je vais au bled à côté, St Drézéry. Je n'ai pas de souvenir, c'est que ça devait être facile.
Je mange un bout et à 13h je suis de l'autre côté de Montpellier à Lattes. Ici c'est facile c'est tout des lotissements larges, cool.
Après ça, ça rigole moins. Enfin au début si, je passe par Sète pour la beauté de la balade, juste le pont en ferraille qu'est interdit aux 19t mais je m'en cogne c'est trop beau de passer par là. La route longe la mer, pour un belfortain ça le fait. Je m'enquille sur un chemin entre la mer et des étangs à Marseillan Plage. J'avais bien vu que c'est un cul de sac mais je pensais trouver un coin pour me retourner, mon cul Paul. J'essaie au coin d'un poteau de téléphone, le tracteur descend dans le fossé en face, la lèvre en plastique noir sous le pare-choc touche par terre. Troisième, coup de gaz, je me sors de là, ouf ! Bon je fais quoi ? Je recule jusqu'au bout ? Le bout du chemin est fermé par une barrière, je vais jeter un œil... miracle c'est pas fermé à clé. Discrétoss je fais demi-tour, une bagnole arrive quand je referme, je fais un coucou de loin genre j'ai rien à me reprocher et je file. Re ouf ! Les gens habitent un petit coin de paradis au bord de la flotte, l'endroit est inconstructible selon le code maritime ou un truc comme ça, du coup tout est en préfabriqué ou en provisoire qui dure longtemps. Je saute de l'autre côté de la flotte pour une dernière piscine pour aujourd'hui dans un lotissement, fastoche.
Ma copine est descendue lundi en bagnole, elle vient me chercher à Béziers, tip top.
Ma meuf me repose au camion juste avant 8h et je me fais trois rénovations autour de Béziers, Montblanc, Nissan et Quarante. A Montblanc c'est super facile, un lotissement classique. A Nissan c'est moins cool, le village est typique du midi, ça tourne à l'équerre, les pans de maisons sont coupés, vraiment pas étudié pour les semis. A Quarante la maison est dans le centre du pays, c'est impossible de se garer, je me pose à la sortie du bled vers une école.
A midi moins le quart je suis à Pouzols, je vide ma piscine et tout le bazar que j'ai emmené. Je me suis gardé un mètre de plancher aux portes pour un congèl', brouette, pelle, pioche, règle de maçon... Je sais c'est mal, c'est de l'abus de bien social, détournement à des fins personnelles. J'accepterai d'aller en prison quand on mettra avec moi, Fillon, Balkany les frères Guérini, Cahuzac, je vous laisse compléter la liste.
A 13h j'ai fini, on casse la croûte et à 14h j'appelle Laurence. Rien pour aujourd'hui, on recharge demain pour rentrer. Ça tombe bien j'ai du taf au large, le siphon sous l'évier, ensuite j'attaque la fosse sceptique... La livraison de piscines c'est autrement plus tranquille.
A 7h moins le quart je suis à Narbonne, je me suis pris une baguette à la boul' pas loin du péage de Croix Sud. La grille s'ouvre, à 7h je suis à quai, pile poil au rendez-vous comme dans un rêve. Complet de pinard estampillé U, à 8h je m'enlève du quai et je vois que Michel est là. Deux camions dans la cour, deux Waterair, et pour la même destination. Le monde est petit. Je ne l'attends pas, lui a déjà des heures de volant il ne peut pas rentrer et il transvase demain matin alors que moi je viens de démarrer. Je préviens Laurence qu'il reste un chouilla de plancher, en attendant on boit le café avec mon collègue. Il me raconte que vers Nailloux dans le 31 il s'est retrouvé coincé sur un chemin, bloqué contre un arbre. Ça me rassure, il n'y a pas que moi qui me retrouve dans la merde à l'occasion.
Calé à 9 kilos, Montpellier passe super tranquille, les 4h30 m'amènent à L'Isardrôme, tip top. J'ai coupé 15 à quai je casse la graine en 30 et zou ! D'une traite au dépôt.
Sauf que là je ne suis pas tout seul, la cour est blindée, nos camions, des affrétés, j'arrive même pas à entrer. Au bout d'un moment je me faufile pour aller faire les pleins, ce sera toujours ça de fait. Quand j'ai enfin une place je vide mon picrate. Je finis à 18h15 la situation s'est décantée, c'est limite le désert même. A 19h30 je valide la fin de journée à la maison. Bon weekend à tous, le ciel vous tienne en joie.
Une fois de plus, mon camp a perdu une élection, on a l'habitude. Constants dans la défaite. Nos hommes politiques ont capitulé devant la mondialisation dérégulée, certains par manque de couilles, d'autres avec délectation. Sans se soucier du sort des peuples. Maintenant le truc est en train de leur péter à la gueule, c'est pas moi qui irai les plaindre. Que se vayan todos. Seule satisfaction, voir ce gros con de Fillon pleurnicher à la téloche sur la méchanceté des médias. Un pur bonheur, à la limite de l'érection. Ce matin c'est le débriff' sur toutes les radios, rien d'intéressant.
Décollage de la maison à 6h, oui ça fait tôt mais sans déconner en ce moment il y a du boulot. A 7h je suis à l'usine, Fabrice est déjà sur le pont. A cette heure le bureau de la log' est désert, personne pour taper la discut' j'attrape mes papiers et je vais charger. Encore une tournée à 11 clients, c'est chaud pour tout rentrer. A 8h10 je me casse. J'ai rempli mes récép' ce weekend, optimisation.
A 9h moins le quart je commence à Ferrette, le long de la frontière. Quand je dis la frontière, c'est la suisse évidemment, si c'était le Tadjikistan j'en aurais parlé avant. Je livre chez Camille et son mari. Camille est une jeune femme toute douce, l'image qu'on se fait d'une fille qui s'appelle Camille quoi, douce, discrète, réservée. Pas la fille qui s'appelle Marine par exemple. Elle, elle discute, mais je ne pense pas avoir entendu le son de la voix de son mec. A un moment je me suis demandé s'il n'est pas muet mais je les ai vu se parler quand j'étais plus loin. Bizarre.
Ensuite je vais à l'entrée de St Louis, deux clients dans le même village. Une rénovation pour commencer. Il n'y a pas de numéro sur les maisons. Une forte femme se tient les bras croisés devant sa baraque, je lui demande si c'est chez elle que je viens ? Non. En fait je crois qu'elle est juste le gardien de la rue.
Ensuite je vais à 1km de là, chez une assez jolie femme avec juste ce qu'il faut de rondeurs. Un petit ventre juste ce qu'il faut. Je vous ai déjà dit ? Je pense que c'est le truc le plus érotique du monde. Tous ces organes mystérieux et inaccessibles c'est la première merveille du monde. Toutes ces anorexiques qui défilent sur les podiums, si elles savaient combien elles sont moches. J'en suis là de mes rêveries et digressions quand je me rends compte que j'ai fini... Un chèque, trois signatures et je file.
Je mange un bout en vitesse, à 13h je suis à St Louis La Chaussée. Un type travaille dans le jardin devant, je lui demande si c'est bien là, il me répond en allemand. Ouh laa ! La cliente arrive, elle est suissesse et parfaitement bilingue. De là je monte vers Fessenheim pour une rénovation d'une énorme piscine. La palette de margelles pèse une blinde, j'ai peur pour mes rallonges de fourches, finalement elles tiennent le choc.
La dernière livraison du jour est en direction de Mulhouse, le programme est bizarre, ça fait des zig-zags. Pas grave, il n'y a pas non plus des milliers de km. Je livre un petit couple bien sympa, rien à dire.
Fin de mission aux hirondelles à Wittenheim comme d'hab'. J'en ai ras le bol, débâcher, rebâcher, monter descendre le chariot, claqué !
Café douche, je veux jeter un œil sur l'atlas et c'est le drame. Une branche de lunettes s'est faite la valise. Me vlà beau. D'habitude j'en ai une vieille paire en réserve, je les ai cassées. La vieillesse est un naufrage disait De Gaulle.
A 8h pétantes je suis à côté de Colmar. La cliente a un foulard sur la tête, le teint gris, une maigreur cadavérique, elle veut m'aider à porter les colis, surtout pas ! Par rapport à elle je suis visiblement en bonne santé, hélas je ne suis pas cancérologue, le moins que je puisse faire c'est de ranger au mieux dans le sous-sol et voilà. Ensuite je vais à Wintzenheim pas loin des transports Brame, je recule dans une impasse, garé au calme, facile. Je continue à galoper, cette fois je monte au-dessus de Guebwiller. Le bled est sur les hauteurs, ça m'inquiète un peu mais un peu plus haut il y a une aire de retournement des bus, sauvé !
Je redescends à Wittenheim en quatrième vitesse, à midi moins le quart je suis chez Générale d'Optique. La fin des lunettes chères, mais le début des lunettes de merde... La fille est bien sympa, elle me répare ça gratos, tout bien. Sans mes lunettes de vieux je suis mort.
Je remonte dans les petites montagnes pour 13h je me fais deux rénovations vite fait sur l' gaz dans la vallée de St Amarin.
A 16h je suis de retour à Seppois, pile poil au rendez-vous, sauf que Fabrice est en train de charger un conteneur pour Tahiti. C'est naze, pourquoi on ne nous envoie pas directement là-bas ? Tout est démonté, chaque interstice du conteneur est rempli avec des colis, les escaliers idem, ça dure des plombes.Ce serait plus simple si nous on y allait. Quinze jours de croisière, la semaine pour vider...
Bon j'arrête de rêver, je contrôle mon bordel en entendant. A 18h je me casse enfin.
J'enquille l'A36 direction le Sud. Pour ce soir le Sud de Besançon suffira, fin de mission chez le Thierry à Mouchard. Comme hier j'ai pas roulé mais c'est encore plus dur que de tirer 10h.
Hier soir un collègue de chez ATS était là mais il était déjà à table quand je suis arrivé. En redescendant de la douche il est au bar, on boit le café ensemble. Le genre de gars que j'aime bien calme, posé, reposant.
Lundi mardi j'ai couru, retour au calme. Je descends par la 83 jusqu'à Lyon puis un peu d'A7 pour avancer. A 13h je suis à Cruas, bled connu pour sa centrale nucléaire. C'est celle où il y une fresque avec un enfant sur une tour de refroidissement.
J'apporte le kit en premier, quand je reviens avec l'escalier c'est parti ... Le client me dit que j'ai dû me tromper, les tôles n'ont pas la bonne taille. Bien sûr tu penses ! Je reste calme, je lui montre les cotes avec la notice de montage, j'arrive à le convaincre mais c'est compliqué.
De là je monte à Aubenas. Il me faut entrer en ville après le tunnel, hélas je connais un peu le coin j'y suis déjà venu. Le quartier est très escarpé, il y a des petits chemins bordés de villas juste à côté de HLM. Particulier ce quartier. Pour ne pas tenter diable je me gare à 300m de la maison, alors que le commercial en annonçait 800, c'est toujours ça. Je monte en triporteur. Pour repartir le client me conseille de tirer tout droit. Mouais, c'était une bonne idée pour ne par faire tout le tour de la ville mais à un endroit une rue se rétrécit c'est pile poil où j'ai croisé une benne des services municipaux. Ça a bien frotté dans les thuyas, j'ai toujours peur qu'il y ait un bout de ferraille caché ou un ancien panneau recouvert par le feuillage. Pas ce coup là.
Encore une rénovation aux Vans ou à Les Vans, je sais pas comment il faut dire. Par là ça m'inquiète toujours un peu, les routes ne sont pas vraiment adaptées. Le gps veut me faire couper au travers, je m'en tiens aux indications du commercial, c'est plus sage. Je me gare au bord de la route d'Alès sur un mauvais parking. J'ai eu du bol avec la météo jusque là, ma chance a tourné. Il tombe des sacs d'eau. La maison de la cliente est à 800m de la départementale, le temps de livrer, à un endroit on ne voit plus le chemin, sous l'eau ! Le déluge. La cabine est un havre douillet, je change de froc.
Demain la suite est à Bagnols, je descends par St Ambroix. Sauf que le bled est en travaux, j'ai voulu joué au plus fin en passant quand même mais ils ont mis une barre à 2,50m, baisé. Demi-tour. La déviation est infernale , on monte en direction de Bessèges, puis un petit col, puis une petite route, ça croise fin. Ils sont cinglés de nous faire passer par là ? C'est la route Aubenas Alès, c'est pas la N4 à St Dizier mais quand même ça circule. Bref on perd un temps fou. Retour au calme dans le désert gardois par Lussan, la route est défoncée mais j'aime bien passé par là. Pas âme qui vive, tu roules des km sans voir personne.
Fin de journée aux Terrailles à Bagnols sur Cèze. Grosse animation, pompiers, samu. Un djeun en BM flambant neuve a voulu appuyer en sortant du rond-point devant le resto, la caisse est partie en travers, il a tapé une bagnole en face. Le mec dans la C5 est mal en point. L'autre n'a rien trouvé de mieux que d'appeler un pote, d'échanger sa place, et se barrer avec la Clio du mec. Tout ça devant tout le monde ! Les gendarmes morts de rire ont pris les témoignages. C'est bien, ça fait la conversation.
Je commence pas loin du troquet sur la route d'Alès, je suis déjà venu par là il y a une carrière de sable je vais faire demi-tour au même endroit. C'est une femme de mon âge qui m'ouvre, d'emblée elle me dit qu'elle est de Metz. Bon, ma foi, c'est bien. Ou pas. Je contrôle le colisage de la rénovation, c'est le mari qui sort avec un chèque. Je lui explique un truc sur l'enveloppe client, il ne comprend pas bien et me dit que c'est à cause de mon accent, pas d'ici. Bon je veux bien mais mon grand ta femme vient de me dire qu'elle est de Metz, ça fait donc 30 ans que tu ne comprends pas ce qu'elle dit ?
De là je descends à Avignon, oui à Avignon et pas en Avignon, j'en ai rien à braire des papes. Je suis déjà passé sur cette route la semaine dernière alors que ça fait une éternité que je n'étais pas venu. Je dis Avignon, c'est Les Angles, juste qu'il y a la flotte et que ça change de département mais c'est la banlieue. La maison est dans un quartier résidentiel, des ronds-points étroits et hauts, tout pour casser le camion. Ça respire un peu le pognon dans le quartier, tout comme la boulangerie où je prends mon bout de pain en repartant, calme luxe et volupté. Calme je l'ai perdu, pour ne pas rester sur la rue principale pour vider je me suis enfilé à ma main dans une impasse. Un abruti pressé a forcé le passage au moment où je redressais. A ce moment là tu es aveugle et si tu viens à taper la bagnole c'est toi qui es en tort puisque tu recules. Ce genre de con me rend hystérique.
J'avale mon bout de pain et à 13h je suis à Vauvert. Le lotissement est tout neuf, bien étroit, bien chiant. C'est un jeune couple d'une trentaine d'années, c'est le mari qui me réceptionne, la femme n'a pas arrêté de pelleter de la terre tout le temps que j'étais là. Je sais pas si elle fait ça en remplacement de la salle de gym mais elle est bien courageuse.
Ensuite je monte vers Quissac à Corconne, joli village typique du midi au pied de rochers un peu comme Bort les Orgues en Corrèze mais moins beau quand même. La mamy profite de la rénov' de sa piscine pour boucher au béton la partie profonde de sa piscine. Elle me dit qu'avec ses copines elles font de l’aquagym, que c'est mieux de ne pas avoir de profondeur. Bon bé bonne baignade alors.
Je redescends à Vergèze pour la dernière livraison de la semaine. C'est con je suis passé devant tout à l'heure mais les gens ont demandé à décaler. Ceci dit ça ne change rien, vu où je recharge je serais passé devant quoi qu'il en soit. Pendant que je vidais je trouvais bizarre de ne pas avoir de nouvelles de Laurence. Quand je reviens au camion j'ai le message qui rassure, rechargement à Tarascon.
Petit coup d’œil sur la carte, la route me fait repasser par Vauvert St Gilles. C'est interdit au transit mais j'y suis passé tout à l'heure, maintenant je n'ai plus le droit ? Ça n'a pas de sens, j'enquille.
En passant devant la cellulose je vois bien que les barrières sont fermées, je m'arrête voir le gardien, je peux venir domani matino à 6h.
Il reste un peu de place à La Clé des Champs pour mon petit camion, tout bien.
Le troquet ouvre à 5h et demi, un grand crème et en route. Il n'y a qu'un conteneur devant moi sur le parking, à 6h pétantes je suis sur la bascule. A 7h moins dix j'ai 28 et quelques tonnes de pâte à papier dans la cabane, zou ! Je sors à la nouvelle sortie vers Mornas, premier arrêt à Donzère. Puisque vous avez suivi le récit j'ai démarré ce matin sans douche, je répare cette grave erreur, un bout de pain à la boul' juste après le rond-point et retour sur l'A7 à Montélo' Sud.
Les 4h30 m'amènent non pas à l'aire de Bourg comme j'avais compté mais à la sortie Bourg sud, je fais le tour du rond-point, et je fais mes 30 restantes. Vu que je suis en congés ce soir faut que je m'organise, j'ai pris rendez-vous à la visite du tachy du Vico mardi je ne peux donc pas rentrer en camion. J'appelle Sevket et Marc, les deux sont dans le coin, cool. Du coup je ne suis plus franchement pressé, je sors à Viriat pour rentrer par la 83.
Je passe vite fait chez Merco pour avoir des news du panzer. Le longeron tordu a été redressé, la cabine neuve est posée, ça avance, il reste quand même pas mal de boulot. Patience.
Marc me rappelle, il est vide à Vesoul, il doit rentrer direct chez lui. Je retrouve Sevket au dépôt. Pour une semaine je ne vire pas mes affaires, mon patron ne sait même pas s'il aura besoin de faire rouler le camion. A 4h on se casse. Mon poto me dépose à la maison, je lui paye l'apéro. Enfin, il conduit, ce sera un verre de jus d'oranges.
Me vlà arrêté une semaine, la piscine m'attend à Pouzols, TGV Belfort Béziers demain matin. Bon weekend à tous, le ciel vous tienne en joie.