| Carnet de bord de Aout 2018 | Partager sur Facebook |
On ne mange pas trop mal, on dort au calme et la douche est propre, ça remplit mes critères, je reviendrai.
Sur la route de Bouloc il y a une circulation alternée à trois branches pour construire un rond-point. De bon matin c'est bien le bordel. Le feu clignote très peu de temps, faut réveiller les rêvassons sinon t'y passe deux plombes.
Je commence par une rénovation, les gars de la prod' m'ont fait une farce, le seau de colle est planqué dans le carton des accessoires. Ah moi si on me change mes habitudes je suis perdu.
Pour la livraison suivante c'est le commercial qui est présent, je ne le connais pas, il est venu en scooter, sur le coup j'ai cru que c'était lui le client. Comme partout ici la route est bordée de fossés, j'évite de balancer le chariot dans le trou. Pas de bol le camion poubelles veut passer, je bouge jusqu'à une entrée de maison pour pouvoir croiser, c'est bien chiant. Truc bizarre, ici ils ramassent les encombrants, avec donc un camion poubelle. Chez nous on doit aller à la déchetterie. Ceci dit ça doit pas être gratuit, au final c'est l'usager qui doit payer j'imagine.
Je me fais encore une piscine complète à Nohic, c'est dans le 82 mais à la frontière. Ça roule fort devant chez les clients, je m'enfile dans une rue à côté. Suis trop jeune pour mourir. A 11h et demi j'ai fait mes trois livraisons, pas mécontent de quitter ce coin. Ces fossés sur des routes étroites c'est vraiment pas marrant.
Je me prends un bout de pain et j'appelle Nestor, on se cadre pour 17h. Puisque ça ne passe pas en 4h30 je mange un bout entre Narbonne et Perpi. Il fait une chaleur atroce, la touffeur te prend en descendant du camion. L'enfer doit ressembler à ça.
On se retrouve avec le commercial du 17-08. On n'est pas en France, ici le 17 et le 08 se touchent. Je laisse le camion et on va voir en bagnole. On trouve un parking royal à 600m de la maison. Nestor a vécu des années à Marseille, il a tendance à l'exagération. Là il exagère pour me faire passer la pilule, les 600m sont largement dépassés. De toutes façons j'ai pas le choix. Je monte en deux fois, le chemin est défoncé mais l'endroit paradisiaque. On est dans les collines du Montseny, la maison est isolée, la vue dégagée, juste le bruit des cigales. Le paradis terrestre.
Je finis la journée comme l'autre jour avec ma gamine avant le péage de La Roca, le resto s'appelle Cuina Tipica Catalana, ça me plaît.
A la cuisine catalane on mange bien, les chiottes sont nickel-chrome mais il n'y a pas de douche. Un café, un croissant à 8h je démarre.
Je dépose deux rénovations à l'agence Waterair et je monte à la douche. Pour le chauffe-eau ça va s'arranger, patience, ce matin je me lave à l'eau froide. J'avoue que je suis une chochotte je déteste la douche froide, il fait déjà une chaleur à crever, finalement c'est supportable.
Je m'arrête à Barbera pour un café et un bocadillo à emporter, à midi ça va être tendu.
Sergi m'a envoyé sa position à Viladecans, c'est bien compliqué. Je tourne Maps dans tous les sens, bof bof. M'en vais faire le tour par Gava, c'est interdit aux 3t5 mais ça passe. Je prends une rue à sens unique sur au moins 500m, ça débouche sur une avenue large, sauvé. On est en ville entre deux rond-points. Je me pose sur un arrêt de bus « escolar », on est en Août, et j'ai pas le choix.
La maison est sur une hauteur, un truc bizarre. Le camion-grue arrive, il monte la pelleteuse dans les airs, puis les éléments de la piscine au fur et à mesure que je l'ai apporte. A midi je suis vide, on discute un peu avec Sergi, il me déconseille de passer par la ville, c'est impossible en semi selon lui. Bon. J'essaie de repartir comme je suis venu mais la rue est en sens interdit. Il y a une autre rue, je vais voir à pied mais 100m plus loin ça tourne à l'équerre, impossible. Je suis pris dans la nasse. Si j'appelle les flics pour remonter le sens interdit ils vont bien voir que j'ai franchi pleins d'interdictions. Pas le choix je descends par la ville. En résumé, je me suis chié dessus, j'ai fait déplacer une furgoneta, j'ai meulé les flancs des pneus de la semi mais j'ai rien cassé, c'est un miracle.
Laurence est en vacances, c'est le jeune Édouard cornaqué par Pauline qui est aux retours. Ils m'ont trouvé un voyage à Girona. J'avale mon sandwich en roulant, je sais c'est mal.
A 14h je suis dans une carrière, le soleil est à midi. Le goudron, la carrière, la poussière, la chaleur est atroce. Bien sûr faut ouvrir les deux côtés, casque, gilet fluo, tout pour crever.
J'essaie de mettre du gas-oil à la Petrem à côté mais le zinzin recrache mon AS24. J'en mets à Figueras, une Petrem aussi mais ici ça fonctionne. Faut dire que c'est le gros truc, j'ai compté 30 pompes poids-lourds, oui oui 30 !
Je remonte ventre à terre. Je devais faire du fret la semaine prochaine mais il y a du changement, je récupère la tournée centre-ouest de Marc. J'étais content de faire de l'industriel mais l'ouest c'est bien aussi, ça change.
Pour la deuxième fois cette semaine je croise monsieur 26, on ne se voit jamais d'habitude. J'hésite pour la coupure, la Mule Blanche est en vacances, à cette heure Les Châssis ça va être full, le Disque Bleu est une valeur sûre. Va pour le couscous.
Réveil 5h30, café, douche froide pour le deuxième matin. La fille ne me la fait payer, c'est élégant.
Je sais que Besançon ça ne passe pas en 4h30, je ferai une sieste dans la matinée. Je tapote sur Grogel, le client ferme à midi. Ah mais ça change la donne.
A Lyon je passe tout droit, il est à peine 7h30 ça roule sur le périph. Vavavoum A39 jusqu'à Poligny, puis N83. J'arrive chez le client dans la même zone que Tillet en 4h31, au poil. Mon cher Édouard ton 80 sur les routes à deux voies je l'ai remis à plus tard, tu comprends ?
Je suis tout seul, le cariste m'attaque de suite. Comme hier je suis en plein cagnard, faut ouvrir les deux côtés mais je reconnais qu'il fait un peu moins chaud. Je referme et je mange un bout.
Je n'ai plus qu'à descendre au dépôt et attendre Marc avec mon voyage. Mais ça c'était le plan dans ma petite tête. Pauline m'envoie faire une grosse ramasse au parc Lafayette. Faut toujours qu'elle contrarie mes plans.
J'avais remonté mon cadre, je le redémonte, il y a 13m de plancher. Faire et défaire... Ici ça va toujours vite, 66 palettes vite fait bien fait.
Je vais reposer ça à quai. Bien sûr le quai est blindé, je prends un tracteur qui traîne, une semi vide si possible... Marc est arrivé entre-temps, à deux tire-pals ça file.
Ensuite on se fait la transvase, on se tourne pour être à l'ombre, c'est un peu plus supportable. J'aurais pu tourner avec la remorque de mon collègue, il me l'avait proposé, mais il est vacances ce soir, moi fin de semaine prochaine, à la reprise on n'aura pas nos ensembles, je sens mal l'affaire, c'est plus simple comme ça. Et puis son Manitou est tout neuf j'ai pas envie de faire la première griffure sur la peinture.
A 18h je suis rentré dans ma maisonnette. Bon week-end à tous, le ciel vous tienne en joie.
J'ai récupéré la tournée de mon copain Marc, je gagne pas loin d'une heure de volant par rapport à lui, je fais mon Johnny : « si j'étais parti une heure plus tôt...etc ». Donc je démarre à 9h.
Une toute petite heure après je suis à l'entrée de Besançon pour livrer une rénovation. La mamy a fait péter le petit short en jean's et le haut de maillot de bain, il y a 30 ans elle a dû faire chavirer des cœurs au camping des Flots Bleus. C'est un peu triste, les années qui passent sur l'ancienne bombasse. Ceci dit, si elle avait été tartignole les années seraient passées quand même. Après cette pensée bien con je rembarque le chariot direction Jeantet Spedition pour aller laver. Les rouleaux sont en panne, pour une fois que j'avais le temps, je passe quand même un bon coup de Karcher.
Sur la route de Chaumont les places à l'ombre sont chères, j'en trouve quand même une juste avant Gray, il était temps.
Banlieue champêtre de Gray à 13h, il y a plusieurs adultes dans la maison, je ne vois pas qui est qui. Quand j'ai fini une jeune femme me donne un chèque du même nom que la facture, j'en déduis que c'est elle la tôlière.
J'ai encore une piscine complète à Dijon dans un lotissement tout neuf. Si les bagnoles sont le reflet du niveau de vie des habitants, le coin doit être bien friqué.
C'est un gars au bronzage soigné qui m'ouvre, il me dit qu'il rentre de vacances, ça se voit. Je lui dépose une petite piscine sur son petit terrain. La chaleur est terrible, je retourne au frais dans la cabine le plus vite possible.
Il ne me reste plus qu'à rouler, la suite est dans le 41 demain. Un après- midi d'Août la traversée de Dijon est super tranquille, A38, A6, purée ça me change des lundis pénibles dans la vallée du Rhône. Fin de mission au Pont des Beignets entre Montargis et Orléans, l'adresse est très moyenne il y a plein de restos fermés, faut pas faire la fine-bouche.
La dame note tout sur des petits papiers, des fois qu'elle oublie de compter un petit café. Faudrait qu'elle aille faire un stage de travail de la mémoire à Beauchemin, avec 15 grammes dans chaque bras le José à minuit se souvient de ce que tu as consommé. Et il remet la sienne. Ici même avec l'euphorie de la libération les Américains ont payé leur Kir, c'est certain.
A 8h et des poussières je suis dans un hameau pas loin de Blois, lotissement facile, client pas chiant qui m'offre un café quand on a fini, cool.
Ensuite je fais une rénovation au bord de la N10 entre Vendôme et Châteaudun. Client sympa aussi mais pas le même genre, pointilleux, tatillon.
Je me prends un bout de pain à la boul' facile pour se garer en haut de la côte sur la 10. Mais si vous voyez où je veux dire, c'est le petit bout de 10 qu'on est obligé de prendre quand on fait Orléans Le Mans à cause de Morée. Ah vous voyez que vous voyiez ?
Je prends pas mal de routes de chèvres, content de m'arrêter trois quarts d'heure sur un parking pour que ça arrête de secouer. Ça ne secoue pas mais ça pue, j'avais pas fait gaffe je suis garé en plein dans les bois mais devant un dépôt d'ordures, je vois des Véolia qui viennent benner là. Beurk !
Sur les coups de 2h je m'enfile sur une petite route interdite aux 3t5. Je croise un C15, un jeune mec se gare et descend de voiture. Je vais me faire engueuler, je m'apprête donc à l'envoyer chier quand il me dit que je viens chez lui et que sa mère est à la maison.
Effectivement sa mère m'attend au bord du chemin. Petite brune, 45 ans, sympa, fraîche. Quand on signe les papiers elle m'explique que c'est un projet qu'elle avait avec son mari. Avait ? Oui il est mort il y a 9 mois. Putain, tu sens que c'est extrêmement douloureux. T'aurais juste envie de lui dire de venir pleurer sur l'épaule de tonton Pierre mais évidemment l'empathie s'arrête où commencent les limites de la bienséance. Quand même, la pauvre !
Je me fais encore une rénovation au nord d'Angers. Encore des petites routes avant d'arriver. Je roule à 90 sur une départementale, normal. Une voiture me double plein fer, on entre juste dans un village, elle freine mollement et c'est là que je vois une Focus bleu sur un trottoir. Bingo, les jumelles. Le gendarme saute de sa bagnole. Je passe molo, je vois que c'est une blonde avec une queue de cheval. La pauvre, elle aurait mieux fait de rester derrière moi parce que là, elle va manger cher.
Je livre la rénovation d'une grosse Valérie. C'est le voisin qui réceptionne. Il a entendu le camion, heureusement parce que je n'avais pas d'instructions particulières. Quand il n'y a personne je sonne toujours chez les voisins, à la pêche aux renseignements. C'est pas le cas. En plus le gars a le chèque, tout va bien.
Fin de chantier au relais de Derval, c'est pas extraordinaire mais c'est ouvert tout l'été et je suis à 8km pour demain.
Café, pain beurre, douche, zou ! Je finis la tournée en livrant une palette de margelles dans une maison isolée, visiblement la cliente se lève, elle fait du café, m'en propose un que j'accepte pendant qu'on fait les papiers.
Comme toujours quand on est vide ici je vais recharger du lait. C'est l'avantage de ce boulot c'est pas saisonnier, les veaux boivent du lait toute l'année. Enfin toute l'année, oui et non c'est pas les mêmes veaux à chaque fois...
A 10h je suis aux transports Transjila, c'est eux qui stockent pour Lactalis. Nous on est affrété par un « placeur » jurassien de veaux chez les éleveurs, on fait un enlèvement client donc ça va toujours bien à charger. Toujours, mais pas ce matin. Je ne suis en place qu'à 11h, le mec qui a compté le plancher a dû souffrir du soleil la semaine passée, ça ne rentre pas. Je descends le chariot et on charge la dernière palette par les portes, le cariste bovine, pousse, pousse avec une palette de lait. Après un bon moment j'arrive à fermer les portes, venga comme disent les Bretons. Il est midi, je me prends un bout de pain dans le village.
Je fais tirer jusqu'avant Le Mans, mon pain beurre de ce matin est loin dans les talons. Je finis les 30 entre Orléans et Montargis. J'appelle mes quatre paysans de demain, c'est ok. Le seul qui m'inquiète un peu c'est le premier. Je suis tombé sur sa fille, à la voix c'est une toute petite gamine, elle m'a dit qu'elle faisait la commission. Après tout, quand ma gamine était petite elle faisait très bien les commissions qu'on lui demandait, elle se donnait de l'importance. Ça va le faire.
Je combine mes heures, avec les restos en vacances c'est compliqué. Je fais dans le simple, sûr et classique, chez la Suisse sur la N6, tip top comme on dit chez elle.
Au café je tombe sur un ancien Buffa que j'avoue j'avais complètement oublié. Brave gars. Les deux douches sont prises, je commence à me dire que je me doucherai plus tard, je déteste ça, la journée commence mal...un gars sort. Sauvé.
Sur les coups de 8h je suis chez le premier, facile je suis déjà venu. Il me faut descendre le chariot pour sortir la palette bourrée aux portes. Le gars arrive, puisque j'y suis je termine de vider. Ici il faut slalomer au milieu du bazar, des outils, des tas de jesaispasquoi, il a du bordel partout faut bien le dire. Soulagé de dix tonnes, la manœuvre pour ressortir est easy.
Changement du tout au tout à Chissey, ici tout est propret bétonné, le gars a un Merlo tout neuf, un gros pick-up Toy, c'est un autre niveau. J'étais déjà venu aussi, il se fait livrer le lait en vrac en pulvé mais prend quand même deux palettes par ci par là en cas de panne du système.
Je fais le tour de Dôle pour sauter dans le 21, juste à la frontière. Ici j'étais venu cet hiver, le gars est toujours bien sympa et avec la tchatche. Lui a pas mal de veaux en pension, il prend le lait en big-bags, ça lui évite de brasser des sacs de 25 kilos. Pour midi j'ai fait mes trois clients de Dôle, pile poil comme j'avais prévu.
Je mange un bout au calme là le long, il pleut. Pour l'instant j'ai eu du bol, avec la pluie. A 14h je fais le dernier paysan au nord de la Haute Saône, limite du 52. C'est le seul que je ne connaissais pas, il a un vieux Maniscopic, peu importe l'âge de l'engin, avec le bras qui s'allonge je n'ouvre que le côté chauffeur. Fastoche.
Pauline me fait revenir à Besac'. Elle me donne une ramasse de demain pour s'avancer. Dans le quart d'heure c'est annulé, pas prêt. Du coup je rentre au dépôt. J'y suis à 16h.
Il y avait un truc à faire en porte-char demain mais c'est pas certain, le reste du boulot est verrouillé. Le boss descend me voir : « rentre chez toi, tu es en vacances. » Ohhh ben ! Je prends le temps de vider le tachy. Le chef revient à la charge : « tu m'as énervé avec ton histoire de clim', j'ai réfléchi, si on attend le renouvellement du parc c'est trop long, j'ai fait la demande chez Mercedes, on fera ça pendant l'hiver. » On progresse, on progresse.
A 18h je décroche à la maison, bon week en avance et bonnes vacances à tous, bon courage à ceux qui bossent. Le ciel vous tienne en joie. A dans trois semaines.