Séjour à Clyderiver avec Globetruc
B’en voilà, ça n’a pas grand chose à voir avec la route, mais je me suis dit que ça pourrait en intéresser quelques uns : ma fille et moi avons rejoint ma femme qui effectue un remplacement de 1 mois à Clyde River, dans le territoire du Nunavut dans l’Arctique Canadien. C’est très joli. Une communauté de 850 inuits (ne pas les appeler esquimaux, c’est pas poli) avec 4kms de routes au total. J’ai quand même réussi à y dénicher 2-3 bahuts, qui se partagent les tâches de livraison d’eau, de diesel et de vidange des eaux usées. Je vous en dirais plus sur cet aspect-ci du transport routier si j’en ai l’occaison. Côté transport justement, il y a à dire, à commencer par nos bagages: soit 120kgs en tout pour ma fille et moi, dont 10kgs de brosses à dent, slips et autres lainages et le reste de bouffe (dont évidemment 2 kgs de fondue moitié-moitié (au fromage)). Ici en haut tout est extrêmement cher. Un truc aussi « indispensable » qu’une canette de Coca peut coûter à ce moment de l’année pas loin de 5$ (4 euros).
J’ai toujours été fasciné par les communautés retirées de tout et leur façons de s’organiser. Les bateaux peuvent arriver ici seulement de mi-août à mi-septembre. Le reste du temps, c’est gelé. C’est à ce moment là qu’on amène le gros du matériel pour l’année. Diesel (utilisé pour l’électricité et les machines), véhicules, stock de bouffe longue conservation, pièces de rechanges, maisons en kit, etc… Le bateau arrive, ils déchargent d’abord des barges avec des grues (il n’y a pas de quai). Sur les barges ils chargent de gros clarks / élévateurs qu’ils amènent à terre. C’est avec un de ces élévateurs que mon voisin à reçu devant sa portes les deux caisses (1000kgs chaque) de bouffe et autre matériel qu’il a commandé pour une année de subsistance pour sa famille de 4 personnes. ‘Vaut mieux savoir bien gérer les quantités et avoir de bonnes armoires de cuisine. Le reste des produits frais arrivent par avion.
Ma femme remplace l’un des 2 policiers du coin. Dans ce charmant petit hameau, on n’aime pas les blancs. C’est eux qui ont ravagé la culture des inuits. On n’aime pas les policiers non-plus. C’est eux qui représentent la loi de l’homme blanc. C’est donc dans cet ambiance bonne enfant, que ma tendre épouse et son collègue vont « jouer » dehors 2-3 fois par jour pour essayer de gérer les terribles problèmes d’alcool du coin. Car nos hôtes n’ont pas la cuite joyeuse: ici ça rime avec extrêmes violences conjugales, coups de feu, viols et inceste. Joli programme!
J’espère que j’aurais l’occasion de découvrir les bons côtés aussi, mais pas facile. Aujourd’hui c’est moi qui ferme ma gueule et qui reste à la maison. Intéressant de voir les rôles inversés… On va tenter une petite sortie aujourd’hui avec ma fille que je ne dois pas lâcher une seconde dans le bled. Le temps est clair et le jour s’est levé à 10h. On a jusqu’à 14h00 avant la nuit complète. Il fait -34°C.
Le froid est supportable car très sec. Coté ambiance, c’est plus calme cette semaine, car il n’y a plus d’alcool avant le prochain avion. Une constatation s’impose: la différence majeure avec la côte d’Azur c’est que le Ricard est plus difficile d’accès que le glaçon…