Ce matin sur Castiglion, on entend seulement le chant des oiseaux, et c'est quand même bien agréable. On a du mal à se croire en pleine crise sanitaire majeure. Le chef des expéditions s'approche vers 8h pour que je lui remette mes documents, 2 containers prioritaires comme en Espagne sont déjà en cours de chargement, comme c'est du chargement colis par colis, les manutentionaires ne sont pas à plus d'un mètre l'un de l'autre... Encore des héros.
Le temps que le préparateur sorte ma commande, et que ça charge, il est déjà presque 10h quand je décolle avec mon CMR sous le bras, ainsi qu'un carton avec des pâtes, ça c'est vraiment gentil. Aujourd'hui c'est le printemps, mais ça ne fera pas la une dans les journeaux. Ce qui fait la une, c'est avant tout le fait qu'il y a désormais plus de morts dûs au Corona Virus en Italie que sur toute la Chine, ça en dit long. Les rues, les terrasses des villages d'ordinaires si animées sont desertes.
Je reprends l'A1 à Monte Savino, il y a très peu de circulation bien sûr. Je me dis qu'avec 840km pour aller à la maison, ça va être tendu en 10h. D'un autre côté aussi, j'ai pas envie de passer une nuit de plus dans mon taxi, et encore moins à 15 ou 20 minutes de la maison. J'ai quand même bon espoir vu le faible trafic.
Au départ, je voulais repasser par Bologne, bien que ce soit plus long de 15km, une fois passé les Apenins, ça roule à toc jusqu'à Grenoble en fait ! Mais voilà, il y a des travaux qui durent depuis le 4 septembre 476, date de la fin de l'Empire Romain et du début de la restriction des budgets. Dans ces travaux juste après Prato, un camion a eu la bonne idée de tomber en panne, il y a 4 km de bouchon qui augmente d'après les PMV. Pas fou, je prends le plan "B" direction Lucca, La Spezia.
La route est un peu moins roulante en principe surtout entre La Spezia et Genova, mais pas aujourd'hui, j'étais vraiment tout seul jusqu'à la bifurcation avec l'A7, je me suis fait un bonne pause casse croute arrivé au sommet de l'A7, tranquille, il tombait quelques gouttes, mais rien de méchant.
Je passe Turin en pleine heure de pointe sans le moindre coup de frein, sauf pour la bretelle avec l'A32, sans quoi je serais décédé à l'heure actuelle. Les carabiniers sont assez présents, au péage ou en patrouille, mais ils nous laissent tranquilles. Une dernière pause avant Grenoble, je me gare à la maison à 21h30, avec 10h04, mais c'est parce que j'ai mis 4 minutes pour manoeuvrer dans la cour de mon voisin qui faute de chantiers à entrepris un nettoyage de printemps dans son atelier.
En rengeant mes affaires, je me suis dit que ça faisait 4 jours que je m'étais pas pris la tête sur la route, c'est carrement inédit ! En attendant, deconnez pas, protegez vous au max, restez au maximum à la maison, portez des masque, des gants, bref, vaut mieux avoir l'air con provisoirement qu'être mort !
