Carnet de bord de Décembre 2024 | Partager sur Facebook |
Un grand café, un croissant pas bon, une douche et je file. Il est 7h mais bizarrement il y a du monde, l'entrée de Bagnols est limite pénible. A 8h moins le quart je suis garé à St Quentin la Poterie, je vais voir à pied mais le chemin est bien étroit avec aucune possibilité de faire demi-tour, je reste au bord de la route, tant pis. Je livre une réno avec un escalier, la cliente veut m'offrir le café c'est gentil mais je refuse, grosse journée faut que je file. Seconde rénovation avec le même code postal mais de l'autre d'Uzès. Idem je reste sur la départementale, encore moins bien garé que tout à l'heure. Le chemin est long, avec des embranchements, les numéros de maisons n'ont aucune cohérence, j'ai laissé mon téléphone au camion, pis j'ai pas la liste, un téléphone sans le numéro...Je me dis que je vais devoir redescendre quand une bagnole s'arrête : « j'ai vu votre camion, vous allez chez mon fils, suivez-moi. » Gros coup de bol sur ce coup. Énorme liner, heureusement le gars a des bras, on pose tout dans le garage. Il me demande s'il peut garder la palette, une pauvre palette perdue, ça m'arrange.
Pour ce matin j'ai encore une réno à Cabrières, là c'est pas la même chanson, sur Maps la rue qui monte dans le pays me semblait potable. Pour la faire courte j'ai bien cru que j'allais me coincer entre une maison et un mur. A gauche il y a un gros buisson qui empiète sur la route, en marche avant ça va, mais en reculant c'est à l'aveugle. Je descends voir plusieurs fois, je m'en sors sans rien casser, c'est déjà ça. La maison est assez loin mais je suis moins inquiet en chariot. Rebelote, le chemin part dans tous les sens, je finis par m'y retrouver.
Il est vite midi je casse une graine pour me remettre de mes émotions. Un peu avant 13h je suis à Bezouce. La cliente est une petite femme avec un fort accent qui me semble être russe, ah ben oui je vois sur le document de crédit qu'elle doit me signer qu'elle est née à Saint-Pétersbourg. Le climat de Nîmes doit lui changer. A propos de Nîmes c'est ma destination suivante, problème ma rue est de l'autre côté du pont à 3m à St Césaire, j'esquive en prenant le grand pont de la route d'Alès puis dans le tristement célèbre quartier de Pissevin. Le boulevard où habite le client est hyper passant, je suis trop jeune pour mourir, je vais au rond-point suivant et je me gare au calme de l'autre côté de la maison du client. J'ai 200m à faire en chariot mais là les bagnoleurs sont bien obligés de freiner. Le client me raconte qu'il est militaire, il est très très pointilleux, je m'adapte. Il veut compter les plots dans le sac : « vous comprenez, après je n'aurai plus de recours. » J'attrape mon cuter pour couper le collier rilsan et zip ! Je m'entaille l'index gauche, on a saigné le cochon, ça pisse. Mon gars est opérationnel, il déballe la trousse d'urgence, désinfectant, pansement, un gant en latex pour comprimer le tout. Il ne manque qu'un bisou sur le front. Au final les 9 plots, les 9 embases et les 9 plaques blanches étaient bien dans le sachet... D'autorité il me bloque la circulation sur le boulevard, je recule, serein.
Le jour commence à descendre quand je prends la direction d'Aigues-Mortes. L'adresse que j'ai est une impasse en pleine ville, c'est bizarre, pour moi c'est impossible de mettre une piscine là. J'appelle, je tombe sur une dame à la voix grave, elle m'explique que non, ça c'est l'adresse perso du monteur, elle m'envoie le numéro par texto. J'allais lui dire merci madame mais je me ravise. Je reçois le texto, elle me rappelle : « oui c'est Vincent Trucmuche, on s'est parlé à l'instant... » Oups j'ai bien fait de me taire ! J'appelle le monteur, il m'explique pour venir à son local. Ah mais je connais ce gars, on s'est vu une fois ou deux par ici. Je livre dans son local, fastoche. Je lui parle de son client, il n'a pas que la voix efféminée paraît-il. Ma foi, perso je m'en contrefiche, il faut laisser l'homophobie aux fachos. Finalement je finis plus tôt que prévu, c'est pas plus mal j'en ai ma dose pour ce soir. A 18h30 je suis au relais du Soleil, ici il y a de la Jupiler à la pression. Je vis dans un monde parfait.