Carnet de bord de Octobre 2022 | Partager sur Facebook |
C'est toujours une bonne adresse ici, le patron fait un peu le show le matin, ça met de bonne humeur pour affronter les conneries.
Conneries qui ne tardent pas à arriver, je monte dans Veurey Voroize, c'est la banlieue de Grenoble tu te dis que ça va être un lotissement fastoche... J'avais bien regardé sur Google, ça me semblait compliqué mais pas à ce point, il me faut traverser le vieux village puis grimper sur la montagne. Faut klaxonner dans les virages aveugles, à cette heure les gens descendent au boulot sans se douter de qui ils vont croiser. Je grimpe, je grimpe, à un moment je me dis que si je dois croiser un autre taré monté ici c'est juste impossible. Je vois mon chemin mais je vais d'abord faire demi-tour. Je monte encore 3 ou 4 km, arrivé sur un plateau je trouve une ferme à ma gauche, parfait je balance le cul de la semi là et ça fait l'affaire. Je redescends et je trouve à me garer sur un genre de dégagement, les voitures freineront et voilà. La maison est sur une hauteur, j'y vais en 3 fois. Quand on signe les papiers le client me dit qu'ils ont des problèmes avec les livreurs, plus personne ne veut monter. Tu m'étonnes !
A 10h Grenoble est dégagé mais le stress revient vite, je vais à Revel. Alors Revel dans le 31 c'est tout plat, Revel dans le 38 c'est l'inverse. Rebelote je grimpe dans la montagne, ici aussi ma route est assez étroite, je commence à me faire du souci pour le demi-tour mais ça débouche sur une route plus large avec un arrêt de bus et un point recyclage. Le client a retapé une ferme de 1860 si j'en crois la date sur le linteau de la porte, c'est juste sublime, une vue imprenable sur les montagnes, c'est superbe. Il est midi je ne suis pas en avance. Je redescends dans la vallée, cette fois il me faut du pain, je trouve mon bonheur un peu plus loin. Petite boulan artisanale, avec plein de pains spéciaux à la coupe, on ne sait que choisir.
Je mange vite fait sur l'autoroute entre Chambéry et Annecy, vraiment vite fait je suis pressé. Tellement vite fait que quand je redémarre le tachy ne se remet pas à zéro, oh parfois il met un peu de temps. Ah oui mais non, comme un con je n'ai pas fait 30. Putain je suis vert ! A quoi j'ai pensé ? A rien c'est bien le problème. J'étais déjà à la bourre. J'appelle le client de Chevenoz pour le prévenir que 14-16 ce sera 16 bien tassé. Il s'en fout il bosse à la maison il est artisan. Bien sûr il y a une circulation de fou jusqu'à Thonon, quand ça veut pas... Le lieu-dit ne figure nulle part, je rappelle le gars, radio-guidage : « à la croix vous grimpez le chemin à gauche, au bout sur le petit pont puis vous arrivez à une clairière. » Petit pont, clairière, c'est des mots que je refuse d'entendre en camion. Déjà sur le petit pont ça tourne il me faut me reprendre, ensuite sa clairière c'est un bout de chemin dans le bois. Quand il me voit : « ah mais vous êtes en semi, moi c'est des porteurs qui viennent me livrer. » C'est fait c'est fait.
Je redescends à Thonon, faut avouer la vue sur le lac est magnifique par endroit. En bécane ça doit être bien sympa, ça fait loin depuis chez nous sur une seule journée. C'est la mauvaise heure, je suis pressé mais c'est bouché de partout, il n'y a pas de routes par ici, tout le monde se retrouve là.
J'avais prévenu mon dernier client du retard mais cette fois je suis vraiment charrette.
Le GPS me fait sortir avant Fillinges, Maps dit pareil, je m'arrête, je trouve bizarre, je regarde mieux mais ça a l'air cohérent. A nouveau je grimpe une route de plus en plus étroite, à un moment ça monte tellement que le tracteur patine. Putain si je me suis planté... J'arrive enfin sur un plateau, la route descend à flan de montagne, c'est hyper étroit. A un moment entre deux maisons je dois faire déplacer une voiture, la mémé me demande où je vais, il est dubitative. Ça ne me rassure pas. Encore 500m de galère et je tombe sur ma route, j'arrive chez les clients par le haut. Le gars trouve bizarre, il pense que je me suis fait chier pour rien. Ok, mais si j'étais monté par là, comment je repartais ? Impossible de faire demi-tour, j'aurais dû me taper la petite route quoi qu'il en soit ? Oui. Bon ben voilà c'est fait.
Demain j'ai un relais par ici, j'ai du bol, pas besoin de transvaser Pauline m'a fait charger dans la 323. Donc je reviens sur Eloise Bellegarde. Je profite d'être là pour voir ma fille, elle fait son deuxième stage de master 1 à Genève. On se retrouve au petit routier de Léaz, c'est pas le grand luxe mais ce n'était pas le but de la soirée. Je ne peux m'empêcher de penser à la chanson de Serge Reggiani : « Tu prends le train pour la vie. » « On s'est quittés parents, on se retrouve amis ». « Je vois venir le temps où tu vas me quitter ».