FDR - Carnet de bord
Carnet de bord de Juillet 2022 Partager sur Facebook
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  • Mardi 26 Juillet 2022
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    Café croissant, je paye 2€50. Je vais à la douche, c'est là que mes idées s'éclairent, on n'est pas en Espagne, c'est pas assez cher. Je retourne au comptoir, j'explique à la serveuse que j'ai mangé un croissant, elle me dit que c'était de toute façon pas grave, ok mais j'ai un souci avec ma conscience. Me faire passer pour un voleur pour 1€20, pour 1 million 200 000 à la rigueur je pourrais faire taire ma conscience.

    A 7h30 je retrouve Yves sur le parking du skate-parc de St Marcel d'Ardèche. Il a troqué son vieux Daily pour un Renault Master, il me dit qu'avec le covid les plates-formes d'achat pour les locations de la grande distribution se sont retrouvées avec des stocks de véhicules neufs sur les bras, il est allé chercher le sien en région parisienne, il a économisé 10 000 balles semble-t-il, ça rembourse le billet de train... On transvase la réno sur la benne et on monte dans le village, il connaît c'est lui a qui a monté la piscine il y a 12 ans. On livre chez des gens charmants, ils offrent le café, j'abrège avec délicatesse les retrouvailles entre eux, j'ai un peu de taf derrière.

    Depuis ici bien sûr je descends par Bagnols-Remoulins. A 11h on se rejoint avec Philippe sur un mauvais bout de parking à Guzargues. On transvase la piscine sur sa benne, en avant. On roule un bon moment sur un chemin bien pourri, j'ai pas de regrets d'avoir une assistance petit camion. Au bout du chemin on tombe sur une grosse propriété délabrée. Je sonne, personne, volets fermés, ça pue. Je fais le tour, rien. Un voisin passe en bagnole, il me dit qu'il n'a pas vu la dame depuis plusieurs jours. Bouhhh ! L'affaire s'annonce mal. Il me dit d'aller voir à la maison d'à côté. Je frappe, j'entends du bruit, un chien, mais personne ne m'ouvre, j'insiste, une dame de peut-être 70 ans m'ouvre enfin. J'explique qui je cherche, c'est elle. Ouf ! Elle sort de la maison, descend l'escalier et se met à courir le corps penché en avant : « j'étais pas au courant, faut que j'appelle mon ouvrier ». Elle court à sa voiture, ne trouve pas son téléphone, elle crie, elle est complètement folle, je ne sais pas quoi faire, je lui demande de se calmer que c'est pas grave. En courant elle me dit qu'il faut démonter la palissade, elle s'en fait une montagne, elle hurle au lieu de parler, elle me fout un peu la trouille, j'ai jamais vu ça. En fait de palissade, c'est un poteau rainuré en alu tous les deux mètres, et des planches en plastique sont enquillées dans les rainures, en deux minutes c'est ouvert. Philippe recule dans le jardin, le sketch continue elle ne veut pas qu'on dépose à tel endroit parce qu'elle doit arroser ses fleurs, pas là non plus, pas là non plus, Philippe s'énerve, lui dit que nous on se casse. Dans un moment de lucidité elle me dit qu'elle avait oublié le rendez-vous, pour me dire dans la minute qu'elle n'était pas au courant qu'on venait. Elle continue à crier, maintenant c'est une histoire de cambriolage, elle est complètement chtarbée cette femme ! A un moment elle saute dans le trou de la piscine pour ramasser un bout de bois, sans élan elle ressort du trou, pour son âge elle est incroyablement leste, est-ce-que c'est la folie qui fait qu'elle a autant de jus ? Je ne suis ni psychiatre ni neurologue mais je pense qu'il y a de quoi faire la thèse d'un jeune médecin. Il n'y a pas de contre-remboursement, heureusement, je renonce à lui expliquer la décharge sur la loi sécurité, on se barre au plus vite !

    Retour au calme dans le camion de Philippe, on est sidérés. Il me dit : « allez viens on va manger pour se remettre de nos émotions. » On descend à Baillargues, ça fait deux mille ans qu'il monte des piscines autour de Montpellier, il connaît tous les restos du secteur, on va croûter dans la zone où il y a l'AS24.

    Vers 15h je suis à Béziers, avenue Clémenceau, c'est à dire en pleine ville. J'avais appelé la cliente pour des explications, elle m'a dit que c'est encore l'ancien proprio qui habite la maison mais il a le chèque. Je sonne, personne ne répond, je téléphone, rien. Putain j'en ai marre. Le voisin me voit et me dit de sonner à côté, le gars habite à côté, je ne pouvais pas savoir. Le type m'ouvre le garage : « vous vous rendez compte, un garage de 150m2 et 4m sous plafond en pleine ville c'est inestimable, je regrette, j'aurais pas dû vendre. La maison est enclavée derrière j'ai pas eu le choix, c'est le seul accès, je regrette. » Purée c'est ma journée des héraultais chelous.

    La dernière livraison du jour est dans l'Aude, mais l'Aude chiémment loin. Le bled est à cinquante cinq bornes de Narbonne, je l'écris en lettres ça paraît encore plus loin. La route n'en finit pas, par endroit elle serpente entre des rochers, faut klaxonner pour prévenir que tu arrives en pleine gauche, pas le choix si tu veux pas décalquer la semi. J'étais un peu inquiet pour le demi-tour mais c'est conforme à ce que j'ai vu sur Maps, ça tourne tranquille. Je livre des Anglais, ils habitent une maison au bout d'un chemin c'est tellement étroit que ça ne passe pas avec le chariot, obligé de laisser la palette de margelles dans le chemin, ils s'en débrouilleront. Au moment de signer les papiers la cliente me dit qu'elle n'a pas de carnet de chèques. Oups ! L'embrouille ! Les deux ne parlent pas un mot de français, et moi en anglais je sais dire Triumph et Range Rover... J’exagère un peu, je lui dis que moi il me faut la trace d'un virement bancaire, elle fait le virement devant moi et me laisse prendre l'écran de son téléphone en photo. Pour moi le virement est passé, basta !

    Je redescends dans la civilisation, à 20h je suis à Sigean, j'ai mérité mon demi.