Carnet de bord de Aout 2022 | Partager sur Facebook |
A 7h je suis à Devecey je fais chauffer tranquille, j'ai un feu de gabarit grillé, je le change en vitesse, c'est mieux ici je peux me laver les mains. Ce qui m'énerve le plus c'est que Fruehauf continue à monter des ampoules à incandescence alors qu'ils montent des leds orange sur les côtés depuis une éternité. C'est quoi l'idée, faire des économies ? Faut que je sois honnête les deux dernières semis arrivées sont full leds, il était temps.
Ce matin je suis aux anges, j'esquive la vallée du Rhône, croyez bien que je savoure le moment, si j'étais vulgaire je dirais que j'en ai une demi-molle, mais non pas de grossièreté.
Je passe Dijon à 8h, on est en août, cool. J'ai le temps, sur l'A38 je sors à Sombernon et je monte comme ça jusqu'à Avallon, avec 28 tonnes je ne dis pas mais avec des meubles, ça roule.
J'arrive sur l'A6, c'est impressionnant je ne dirais pas qu'il n'y a personne mais ça roule nickel, quand je repense au calvaire de l'A7 tous les lundis passés, je suis mieux là.
Les 4h30 de volant m'amènent entre Montargis et Orléans, du côté du pont des Besniers en gros.
A Orléans c'est bien un peu le bordel, la rocade est fermée, on ne peut pas prendre la sortie vers Le Mans, tu es à contre-sens, pas d'autre choix que de filer tout droit. On se retrouve à St Jean de la Ruelle, la déviation PL t'envoie à l'autoroute je ne sais où alors que la déviation VL coupe par Ingré pour se retrouver à Ormes. Venga ! Ça va pas trop mal on se retrouve à un rond-point après le centre routier, route de Châteaudun en fait, à gauche c'est la route du Mans.
Après on rattrape facilement le temps perdu, ce sont de grands bouts droits dans la Beauce, ça fonce au taquet.
Seconde coupure entre Laval et Vitré, c'est juste par sécurité, je n'en aurai peut-être pas besoin. J'ai fait le même truc en Janvier j'étais à Montauban de Bretagne en 9h00, cette fois je passe devant le troquet avec presque 9h15, c'est con je continue. On est en Août faut pas faire trop le malin avec les restos, j'appelle à Tramain dans le 22, la dame dit qu'ils sont ouverts. Ouf !
Je me gare dans un village typiquement breton, petit resto typique aussi, j'ai 9h51 de volant, c'est quasiment parfait.
Le troquet ouvre à 6h, café croissant douche, à la demi je me casse. Il paraît que les 4 voies en Bretagne sont limitées à 80 pour nous, bah oui c'est pas de l'autoroute, il paraît.
Coyote allumé, à fond, à fond, à 8h15 je suis à Plouzévédé, je fais deux fois la rue, je ne trouve pas, en fait la maison de retraite est en deuxième rideau, bien cachée. Je m'étais annoncé pour 8h les déménageurs sont contents de me voir à l'heure, ou presque. Les bâtiments sont au fond d'une ruelle, j'ai beau insister c'est beaucoup trop petit, impossible d'approcher. Pas le choix il faut tout transvaser dans leur petit fourgon et donc se palucher tout le bordel deux fois. Cerise sur le gâteau ils avaient demandé deux intérims mais ils ne sont pas venus, à deux au lieu de quatre, bé ça va moins vite fatalement. Au début ils sortent les palettes, ça traîne que ça n'en peut plus. Au bout de deux heures ils n'ont sorti que six palettes. Je recharge à 14h à 25 bornes de là, à ce rythme je n'y serai jamais. Il y a 16 chambres, donc 16 lits, 16 commodes, 16 fois tout, les tables du réfectoire, jusqu'aux pieds de parasols. Les gars veulent ranger au fur et à mesure, ça va mettre des plombes, je propose de tout vider en faisant juste le tri ; chambres de droite chambres de gauche. Ils acceptent. Je leur donne un bon coup de main. J'ai pris une bonne suée même.
A 13h45 je suis à Plouedern, pour rdv 14h ça va. On me donne un quai de suite, un tire-pal électrique, deux files de palettes à charger. A 3h moins le quart je suis chargé de 23t de soupe en briques. La fille au bureau me demande de passer le câble TIR pour plomber. Oui oui donnez-moi le, je m'en occupe. Le câble TIR c'est le meilleur moyen d'attirer les voleurs, il est hors de question de plomber de la soupe Knorr. Je me casse discrétos. Je m'arrête manger au premier parking à l'heure des Espagnols.
Je passe Rennes en gros qu'à la même heure qu'hier, comme hier on est toujours en août, ça roule tranquille malgré l'heure de pointe. Les Rennais sont en vacances sur la côte.
A la sortie du Mans j'ai vu hier que les deux restos sont fermés. Ah ben non, pas le premier, l'Escale. Demi-tour au rond-point suivant, le parking est blindé je vais me garer à l'autre, l'Arpent Blanc. Il reste une toute petite place pour mon tout petit camion.
Il y a plus de dix ans que je n'avais pas mangé là, peut-être quinze va savoir, j'avais le souvenir d'un boui-boui sombre, que nenni, c'est nickel. Café pain-beurre à volonté douche, zou !
Je démarre à 7h et demi, pour rdv 16h à Dijon, il n'y a pas lieu de s'affoler. A Orléans la situation n'a pas évolué depuis lundi, il faut aller tourner à St Jean de la Ruelle, il y a un feu sur le pont, quand on tourne à gauche on fait chier tout le monde parce que le vert ne dure que quelques secondes on se retrouve bloqué en travers sur le pont. En période de travaux il y aurait peut-être fallu régler le feu un peu plus long pour que les camions aient le temps de dégager. Oui je sais, demander aux services techniques de dérégler un feu le temps des travaux j'en demande beaucoup.
Je quitte l'A6 à Avallon, Vitteaux Sombernon j'adore cette route, presque autant que Remoulins...
A 15h30 je suis chez FM logistique à Fauverney. On s'inscrit sur une borne tactile, le bidule me demande un numéro de rendez-vous que visiblement je n'ai pas sur mon BL. Je tape tous les numéros que je trouve, rien ne va. Le gardien prend pitié de moi, il me dit que je dois appeler mon patron mais il tape ma commande sur son ordi et me sort mon numéro. Bien sympa ce gars, d'ailleurs je le reconnais c'était lui l'autre fois quand je suis venu avec la mayo.
Dans le quart d'heure je reçois un texto :quai 1002. J'avoue que j'ai une légère appréhension quand j'ouvre les portes...non c'est de la soupe pas de la mayo, ça n'a pas bougé. Je suis à quai mais personne ne vient. Tiens d'ailleurs personne ne m'a rien demandé pour le plomb, j'ai bien fait de ne pas me faire chier avec ça. A quai à côté d'un Espagnol de Valencia, on papote, il charge pour Nancy et demain il recharge de la bière pour Lidl pour rentrer chez lui, ensuite vacances. Deux caristes se pointent enfin, ils nous attaquent. Le mien a un grand tire-pal, électrique bien sûr, il sort trois palettes d'un coup sauf que c'est pas super maniable, dans un frigo ou un fourgon à paroi lisse ça le fait, en tauliner beaucoup moins. Il accroche une palette dans un poteau, il éclate un colis, j'ai de la soupe plein le plancher. Décidément ici j'ai de la bouffe sur le plancher. Pendant qu'on nettoie je lui raconte mon aventure du dernier coup, il me dit que ça continue, en ce moment c'est deux camions par jour à refaire. Il me raconte le même truc : FM facture la casse et les heures. C'est incroyable.
En sortant je vois le camion de Dedieu, on discute deux minutes, sa femme va venir le chercher.
A 17h j'appelle Cyrille, il me dit de rester par là, on recharge demain chez Martelet mais rien de plus. Le Cap Nord est en vacances, pour une petite coupure je serais resté par là pour une 15h merde, et j'ai besoin d'une douche, malgré la clim il fait une chaleur de gueux. Je file à Comblanchien, à même pas 18h le parking est blindé, je vais me garer un peu plus bas devant une petite entreprise. Pendant que j'écris ces lignes un mec en citerne chimique arrive, tracteur bleu avec le logo qui ressemble à une chauve-souris, je ne dénonce pas j'explique. Donc mon gars arrive plein fer sur le parking, tourne sur place, les essieux et les pneus pleurent, et là il monte sur un rocher qui interdit l'accès. Coup de bol le rocher passe sous le pare cycliste, sous les essieux et se trouve bloqué au niveau du pare-choc, mon gars le traîne sur 10 ou 20m. Il descend enfin voir, lève les suspensions, et se casse ! Crois-tu qu'il serait allé au resto pour s'excuser et expliquer sa connerie ? Voire remettre le rocher en place. Bah non, pourquoi avoir un comportement digne ? C'est à cause de ce genre d'abruti qu'on n'a plus le droit de se garer nulle part.
A 6h et demi je n'ai plus sommeil je vais déjeuner. Au moment de payer la patronne me dit que la douche est gratuite vu que j'ai mangé là hier soir. Je lui dis que non, la douche gratuite je l'ai prise hier soir, elle refuse de me la faire payer quand même.J'espère que dieu me regardait pendant ce moment de grande honnêteté, il me pardonnera le reste. Comme dit mon philosophe préféré, Homer Simpson : « Dieu te surveille, sauf s'il est occupé à autre chose, ou occupé à ne pas exister. »
A 8h je suis à Dijon, je regarde des essais de NT1100 sur You Tube, ça fait envie j'avoue. A 9h j'appelle Cyrille, je charge pour....roulement de tambour... j'avais soit : Pagny sur Meuse 55, Loriol 26, Mauchamps 91, Courtenay 45...ah j'avais oublié Vert Saint Denis 77. Je vais me présenter mais il est beaucoup trop tôt. Ceci dit monter dans le 77 au départ de Dijon, il n'y a pas de quoi se mettre la rate au court-bouillon. Arrivent un affrété ATS que je ne connais pas et une jeune fille de chez nous que j'ai vu une fois ou deux au dépôt, l'attente nous laisse le temps de faire connaissance. Devant les bureaux il y a une grosse table en bois avec les bancs fixes, on papote et on déplace la table en suivant l'ombre.
A midi on me donne le quai 3. Ici tu as une série de numéros à rallonge à noter sur le récépissé, ça change deux fois, pénible. Faut avouer, une fois que tu es à quai que les commandes sont validées, pointées, ça va super vite à charger. A 12h45 je me sauve.
La mission puisque je l'ai acceptée consiste à parcourir 300km d'ici demain 7h. J'ai poireauté 3h donc je peux valider ma quatrième coupure de 11h ce soir, autant dire que je monte sans stress, full nationale. Comme toujours je sors à Sombernon et je mange à l'ombre. Au lac de Grosbois il y a des bagnoles de partout, impossible de m'arrêter sans cela je serais allé piquer une tête. Ensuite je garde l'A6 Avallon Auxerre Sens, aucun péage comme ça demain si je veux j'enquille l'autoroute j'aurai moins de scrupules.
Le jeune Kevin m'a envoyé un retour, demain fin d'après-midi je suis à Besac', cool. Je finis donc cette mini-journée au Petit Périchois. A table je me retrouve avec deux petits vieux, tel Claude Lévi-Strauss en immersion dans des peuplades reculées je les observe, ils sont vieux, fripés, comment peuvent-ils encore travailler à cet âge ? Ça ne doit pas être marrant, un me dit qu'il a mal à un genou l'autre raconte qu'il a le dos bousillé. La conversation continue et comme par hasard les deux sont nés en 64. Heureusement que j'ai un dossier sinon je tombe de ma chaise...
Réveil 4h30, la mamy est à la barre, apprêtée maquillée, quand même à son âge, elle serait mieux à faire des confitures c'est la saison. Je déjeune, une douche là-dessus et zou !
A 6h je suis chez ITM à Vert St Denis, enfin chez ITM... Comme un benêt que je suis je suis allé à l'adresse qu'on m'a donné, mais ici il n'y a que le frais depuis quelques années me dit le gardien, le sec c'est à 1km de là. On me donne un quai de suite, ici on n'a pas accès à l'intérieur, tu restes dans ta cabine. Ils me prennent avec une heure d'avance il n'y a rien à dire. Kevin m'avait donné l'adresse d'un transporteur et un numéro d'ordre chez un transporteur du coin pour déposer les 33 Europe vides mais ils n'en ont pas à me redonner. La fille au guichet me dit que le bon de palettes est valable 1 an, je ne vais pas pleurer, un collègue en récupérera 66 une prochaine fois et voilà.
Du coup je file à Lisses directement. Google et le GPS Scania ne sont pas d'accord, je tourne un peu dans la zone, c'est le GPS qui avait raison pour une fois.
Idem, on me donne un quai de suite, le 19, détail qui va avoir son importance... J'avais rendez-vous à 11h, à la demi je vais voir le gardien, il me dit qu'ils ont un problème de prépa, faut attendre. A midi rien, je retourne voir le gardien, c'est un autre, lui il s'en branle ouvertement. Toutes les demi-heures je retourne à la charge, à chaque fois on me donne une autre excuse... A 13h30 un type avec un t-shirt ID logistique va à sa bagnole, il me voit, fait demi-tour et me demande pourquoi je ne suis pas parti ? C'est une blague, j'ouvre la bâche je lui montre que je suis vide, il me dit qu'il y a un problème, le quai 19 est chargé depuis midi. Il me demande pourquoi je n'ai rien dit au gardien... Reste calme tonton Pierre, reste calme. En fait ces abrutis ont chargé une semi en débord au quai 18. Oups ! Le mec s'excuse pour la boulette, ils font au plus vite. A 15h je m'en vais enfin.
A partir de là c'est à fond à fond, vent du cul dans la plaine, full autoroute, j'ai bien fait de monter à l'économie hier.
A 19h et quelques je suis chez ITM à la nouvelle base de Dôle-Rochefort, c'est tout neuf. Ici ça va beaucoup mieux, un gamin attaque, de toute façon j'ai une coupure de 45 à faire. Juste avant 21h je suis au dépôt, alors oui l'amplitude a morflé, je tire un ticket avec les explications, plus qu'à serrer les fesses 28 jours, dont deux semaines de congés.
Le camion de mon copain Marc est là, vide. Il a fini ce soir, retraite, enfin CFA. Moi ça me donne le vertige, il est de 64 lui aussi. Mais moi j'ai 25 ans j'ai encore tellement de trucs à voir, à découvrir, à la rentrée je vais à Campo Real et à Majadahonda, encore deux bleds de la banlieue de Madrid que je ne connais pas, mais il y en a plein d'autres... en Catalogne Galice Levante...
Je balance mes affaires dans la 208, en oubliant mon appareil photos c'est pour pour ça qu'il en manque, bon week à tous le ciel vous tienne en joie.
Puisque c'était la consigne de Cyrille, à 9h pétantes je suis au dépôt, c'est le genre de consigne assez sympa à respecter c'est sûr. Je complète le plein, redonne la paperasse, Séverine m'envoie chez Compo.
En août l'horrible boulevard de Besac' est bien tranquille, chez Compo il n'y a personne ou presque, j'ai un quai de suite. 61 palettes de pesticides plus tard je peux me sauver. Pardon faut pas dire pesticides mais produits phytosanitaires, quand papy Roger en balance dans son jardin ça pollue moins la terre d'utiliser le vocabulaire de l'industrie chimique.
J'ai rendez-vous demain matin à 7h à Laudun, donc j'y vais ultra cool cool par la 83. Comme d'hab quand j'ai le temps je ne paye que de Méximieux à Montluel. Les 4h30 m'amènent à Communay comme quand je pars de Bourogne. Juste après c'est bien rouge sur l'A7. Pendant ma demi-heure la situation s'est un peu décantée, en repartant c'est chargé mais on freine à peine. C'est juste reculer le problème, tout le long jusqu'à Montélimar on roule en accordéon, ça freine pour rien c'est hyper pénible. C'est ma dernière semaine avant les vacances heureusement, j'en ai plus que marre. Quand je vais rentrer on sera presque en septembre, ce bordel sera terminé. Cette année aura été terrible ici.
On se croise avec Baloo, il est dans la misère aussi. Gros soulagement à Montélimar sud quand je quitte ce petit monde. J'appelle aux Terrailles, la mamy me répond, ouf, c'est le troquet le plus proche de Laudun, au top ! J'y suis à 19h, on mange derrière en terrasse à l'ombre, parfait.
Le compagnon de la patronne est malade paraît-il, c'est la mémé qui fait l'ouverture. Café, je monte à la douche et zou !
A 7h moins le quart je suis chez FM. Ici c'est pas comme à Fauverney les bornes automatiques sont masquées, on s'inscrit à l'ancienne sur un papelard. Dans les 5 minutes on m'appelle : quai 27. Je pensais que ça allait durer des plombes, 61 palettes, des réf' en veux-tu en voilà mais non. Juste à un moment le cariste n'a pas levé assez, le ski d'une palette a accroché la lèvre du quai, rapide comme l'éclair j'ai retenu la pile de colis, c'est un miracle que ça ne soit pas cassé la gueule. Truc bien ici, on récupère les palettes vides directement, c'est un autre cariste qui les apporte, nickel.
Comme avec Laurence j'ai reçu mon retour hier en fin d'après-midi, je dois aller déposer les Europe aux transports Bernard à Loriol, c'est le transporteur qu'on voit au bord de l'autoroute. Au bureau et sur le quai les gens sont bien sympas, en un quart d'heure c'est fait.
A 11h30 je suis sur le port Edouard Herriot à Lyon. Arrivé à cette heure je ne me fais pas d'illusions,c'est mort pour charger avant midi d'autant que la fille au bureau, charmante entre parenthèses, me dit que j'ai deux camions devant moi. Pas grave je me suis pris du pain à Donzère, j'avais prévu le coup. Bascule et je vais me mettre derrière les autres. Aussitôt arrive un gars qui me dit qu'on charge de suite, je lui parle, par élégance, des autres camions, mais il me répond qu'ils ne chargent pas la même chose. Donc la fille charmante elle est un peu à l'ouest... On charge des balles de vieux cartons, à la pince, par deux, ça file, les deux dernières par les portes et zou ! Retour sur la bascule, il est midi dix, à l'interphone un mec me dit que je suis pesé mais que les filles sont parties, j'aurai les papiers à 13h. Pas bien grave. Je me tâtais, en carburant je pourrais peut-être livrer cet après-midi, cette fois c'est mort. Je prends le temps de manger, un vrai repas de communion. A 13h05 je me casse.
J'ai le temps je rentre à l'économie, autoroute jusqu'à Méximieux puis N83 jusqu'au dépôt.
J'y suis à 17h15, je vais voir Séverine, c'est elle la cheffe ces jours-ci, elle me dit qu'elle ne sait pas encore ce que je fais demain, mais de ne pas démarrer trop tôt, ça sert à rien. C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd... Je saute dans la Fiat....Richtung maison.
A 7h et demi je suis au dépôt, je descends à Novillars. J'en ai déjà vu des mecs qui se prennent au sérieux mais le gars qui est à la bascule chez Gemdoubs c'est le mètre-étalon du gonz qui se la raconte. Je ne peux monter sur la bascule que quand lui le décide. Ensuite il me fait ouvrir le côté pour jeter un œil au chargement. Ça c'est normal je comprends qu'ils n'acceptent pas de la merde mais pour m'épater il déchire des bouts de carton en jouant à l'expert, mon pauvre t'es juste ridicule. Dommage je n'ai pas pu faire de vidéo mais lui il vaut des points dans la connerie. A part ça, ça va super vite à vider, je passe bien plus de temps à balayer le plancher qu'à décharger.
A 9h j'ai la suite, Séverine m'envoie chez Easydis. Le boulot est hyper calme paraît-il, on arrive au 15 août c'est un peu normal, je craignais qu'elle me renvoie dans mes foyers et bousiller quelques jours de congés. Mais non, le boulot n'est pas exaltant mais je m'en fiche, on va faire un Casino pour la région parisienne. Je passe au pain et je vais à Planoise, j'y suis à 10h pour rdv midi, j'ai le temps de faire du ménage dans la cabine et passer le câble TIR.
A midi moins le quart mon immat' s'affiche sur l'écran, je vais aux quais des boissons. Voilà un moment que je n'étais pas venu mais c'est toujours les clochards de la distribution ici, les quais dégueulasses, les tires-pals hors d'âge, par rapport à Inter ou Système U, y a pas photo. Je me charge une douzaine de palettes de boissons et je vais en face à l'épicerie. Une fille me dit qu'ils attendent des palettes qui viennent d'une autre base, boh il est midi passé je mange un morceau en attendant. A 13h30 je vais aux nouvelles, les palettes attendues n'arriveront pas, on charge ce qu'il y a. J'ai trois livraisons donc il me faut ressortir les boissons et recharger dans l'ordre. Sauf que devant il y a des chips puis des palettes de Cristalline. Au premier coup de freins un peu sec je ne vous fais pas de dessin. Au premier poteau je mets une barre « stopfret » et je pose les boissons contre. Faudra rouler cool cool. J'ai quelques palettes basses, faut pas déconner je les laisse derrière, je les sortirai demain. Truc incroyable j'ai un pack de Badoit au citron qui va à Honk Kong ! Je viens de regarder sur Google c'est bien ça , c'est écrit « around the world ». Sans déconner ? Je suis content pour Badoit mais il n'y a pas une source plus proche ? D'accord mon pack va pas prendre l'avion tout seul ce sera regroupé mais est-ce bien raisonnable ? Ce soir aux infos on nous montre les incendies monstrueux en Gironde, on va tous crever du réchauffement climatique et on envoie de l'eau aromatisée au citron à l'autre bout du monde, c'est bien sérieux tout ça ?
A 14h40 remorque plombée je prends la route. Autre aberration casinesque, je l'ai déjà raconté ici mais les magasins de la région parisienne sont ravitaillés par la base de Besançon, tant mieux pour nous c'est du transport payé mais il n'y a pas d'entrepôts vides autour de Paris ?
Avec un chargement aussi bancale je ne fais pas le malin, je ne sors pas à Sombernon pour me promener dans le Morvan, je quitte l'A6 à Auxerre nord seulement et je monte par la N6. Comme la semaine dernière je finis cette petite journée au Petit Périchois, ça suffit.
Il y a du relâchement ce matin, la mamy n'ouvre qu'à 4h32, j'ai failli péter un scandale. A 5h je me sauve. Tout va bien jusqu'à Évry où l'A6 est fermée pour travaux, il faut choper l'A104 jusqu'à Montlhéry et normalement aller tourner au diable, je coupe par la N20. C'est interdit aux 3t5 mais un matin du mois d'août à 6h c'est pas trop fliqué. Ensuite j'ai un peu de mal à trouver l'entrée du Géant à Fresnes. A Fresnes je ne connais que la prison... On rigole on rigole mais je perds un peu de temps, à un moment je me décide à descendre au parking voitures et je vais voir à pied. Je ne suis vraiment pas passé du bon côté, en fait quand tu le sais c'est tout facile. Bref, je me fais un peu chier. Il faut reculer sous le magasin au niveau du parking du personnel. Il y a un grand rideau de fer au fond, tu sonnes, un gars vient ouvrir, bien gentil d'ailleurs. Je suis toujours surpris par la crasse de ces magasins, c'est carrément honteux. Le mec sympa me file un tire-pal et on vide. Quand c'est fini je replombe et zou !
Je vais chez Bolloré logistique à Rungis, d'abord tu raques 20€50 pour entrer dans la zone. Grosse déception chez Bolloré c'est pas Vincent qui me réceptionne, il y a la copie d'un mail collé à la vitre de la réception : « vous direz à Pierre que je suis désolé mais je suis aux Bahamas. » Ce sont deux noirs qui se parlent en créole qui me vident, je fais gaffe, pour gagner un peu de place j'ai simplifié le chargement, la Badoit sur une palette de chips et le pq sur une autre. C'est quand même fou cette histoire, j'imagine que ce sont les expatriés à l'autre bout du monde qui en mal du pays achètent ces trucs.
Après je vais à Pontault Combault 77, j'entre dans une toute petite cour, il y a déjà un frigo en place, le gars me dit qu'il vient charger 19 palettes, selon lui ils n'ouvrent qu'à 9h et encore. Moi qui me croyais en retard... En fait ce boui-boui est un magasin en ligne. C'est bien un peu long l'affaire mais à 10h je suis vide.
Un peu avant 11h je suis à St Soupplets chez Knauf pour rdv 12h je suis bien. Je vais aux expés, déjà le rendez-vous c'est pas 12h mais 15, m'annonce-t-on. Ça commence... le gars me donne un bip. Je fais du ménage, je mange, je m'occupe. A 13h30 c'est Kevin qui m'appelle : « chez Knauf ils te cherchent. » Gnin ? Je remonte au bureau, c'est un autre gars bien sûr, l'équipe de l'après-midi : « ah ben selon où vous êtes garé le bip ne marche pas c'est trop loin. » Mais l'autre con du matin ne pouvait pas me le dire ? Bien sûr quand ça veut pas... J'ai 3 points de chargement. Du placo sous un hall, je tombe sur le cariste le plus mou de l'usine, 20 minutes avant qu'il revienne avec la première palette. En désespoir de cause j'ai demandé à un autre d'envoyer les secours, je pensais que le mien s'était perdu dans l'usine. Après une grosse demi-heure je vais au deuxième truc, on charge de la colle. « Ah mais qu'est ce qu'ils ont fait en haut, c'est pas comme ça qu'on charge, on revide. »
Au troisième il y a de l'attente, un Polonais livre des bobines. Quand c'est mon tour de charger les rails à placo le cariste me dit : « ah mais c'est pas comme ça qu'on charge, faut revider. » C'est un sketch, une caméra cachée ? « Ouais, pis quand c'est comme ça, faut venir charger ici en premier. » Ils sont tous débiles ici ? Comment je le sais moi ? Le mec aux expés m'a dit chargement point 1 puis 2 puis 3. Logique ! Je ne suis pas madame Soleil, je n'ai aucun don de divination, elle non plus mais c'est pas le sujet. Le cariste de la ferraille appelle celui de la colle pour qu'il vide. Encore un truc complètement con, le cariste n'a le droit de toucher que les rails. Je vous la fais courte, on charge, l'autre revient pour remettre les palettes de placo et de colle, il est 18h quand je me casse ! Pour les non-initiés, dans le métier on a une expression très technique dans notre jargon pour qualifier ce genre d'entreprises : une boîte de merde !
Je coupe tout au travers par Meaux, le rond-point de l'obélisque ainsi j'évite Melun et Montereau, à 19h30 je suis à Champigny sur Yonne, j'ai mérité un demi et une douche avant de manger. J'en ai un petit peu ras le cul...
Le troquet ouvre à 5h, c'est une dame anglaise qui tient l'affaire le matin, elle est bavarde et sympa, je la laisse papoter avec un autre gars, je file à la douche.
Juste avant Auxerre mon petit camion tout neuf passe le cap des 400000km. Comment vous dire que c'est juste un bonheur ce tacot, c'est vrai qu'après un Mercedes ça ne peut être que mieux mais quand même aucune panne, juste un capteur NOx changé à Tarragone sinon tout est d'origine, y compris les batteries ce qui semble être un exploit comparé à d'autres marques. Avec ces chaleurs en ce moment j'ai de la clim toute la nuit, souvent même dans la nuit je remets la couette j'ai froid. Un bonheur je vous dis.
A 10h et demi je suis chez Gedimat à Franois, en fait c'est sur la commune de Franois mais le magasin est dans l'énorme zone commerciale de Châteaufarine. Je suis le seul Scania, euhhhh le seul camion. J'ouvre, une fille des bureaux vient voir, elle attendait une sorte de placo spécial paraît-il, elle est toute contente. Oh tu sais ma chérie si je peux t'apporter du bonheur, je suis ton homme. Blague à part je suis content, hier les gars au chargement m'ont dit que ce n'était pas bon comme ils ont fait, trop de paquets superposés. J'ai roulé cool cool, rien n'a bougé mais à l'avant un paquet du dessous commence à faire la gueule il n'y aurait pas fallu prendre cinquante ronds-points de plus.
A midi moins le quart j'appelle Séverine, je connais la réponse... « rentre chez toi ».
Je passe au dépôt pour redonner les papiers et embarquer mon chariot, le lundi de la rentrée je n'aurai pas le temps. Ensuite je passe au resto de ma chérie pour virer le couchage, les housses de sièges, je vais faire des lessives.
A 14h je pose le camion à Bourogne pour deux petites semaines, vendredi 26 retour aux piscines mais d'ici là c'est sea sex and sun. Bon week à tous ou bonnes vacances, le ciel vous tienne en joie.
Cure de poisson grillé : check
Cure de bacalhau: check
Cure de pastel de nata : check
Bouffe avec mon homme à Nancy : check
Bouffe avec ma fifille à Audincourt : check
Bricolage au resto de ma chérie : check
Chargement vendredi matin : check
Bon ben puis que toutes les cases sont cochées, faut y retourner.
A 7h et demi je suis à Bourogne, vamos. Comme souvent le lundi j'évite Besac' en passant par le haut, la route va fermer un mois vers septembre octobre, faut que je pense à ne plus passer par là. Je pensais que les travaux seraient finis dans le petit col après Arbois, que nenni il y a toujours la circulation alternée, je m'arrête en haut pour ma demi-tradition traditionnelle.
Cet après-midi j'ai une assistance petit camion dans le 43, le gars m'appelle on se cadre pour 15h. Au poil. En fin de matinée j'appelle le client j'avais dit 16-18h, il sera chez lui. Je comprends que c'est un inquiet, il me dit que je n'arriverai pas à rouler avec le tire-pal dans l'herbe ; ça tombe bien j'en ai pas. Il me dit qu'il faut impérativement venir en porteur, on n'en a pas. Je lui dis de ne pas s'inquiéter, qu'on transvase sur un plateau et qu'on se paye tout à la main. Il ne comprend pas. Je garde mon calme.
A midi je suis à hauteur de Feyzin, j'agresse ma demi-baguette. Le client me rappelle, il ne comprend pas comment je vais faire, pour la dixième fois je lui dis de ne pas s'inquiéter, on a l'habitude. Oui mais chez moi c'est petit, j'explique une nouvelle fois qu'on dépote à la main. Comment à la main ? Je m'énerve, j'avoue, je lui dis : « les trucs qu'on a au bout des bras » et je raccroche. Putain c'est pénible.
J'arrive au Puy un peu avant mon assistance, je trouve une place potable pour transvaser, il arrive dans le quart d'heure. On est un peu loin, on fait le tour avec son plateau et on trouve une route, interdite aux 19t mais ça passe tranquille. Du coup je suis à 300m de la maison, on la voit en contre-bas au fond de la vallée. Le temps de faire notre mamaille le client nous a vu, il vient à pied. C'est un gars de mon âge, visiblement un grand brûlé, il me racontera après qu'il a été pris dans l'incendie de sa maison. Je me rappelle que je lui ai dit que les mains c'est les trucs au bout des bras, eh ben lui il n'en a plus, ou que des moignons ! Putain j'ai l'air con ! Je mérite des baffes. Bon il est quand même bien casse-couilles, directif, mais je n'ai pas le cœur à l'envoyer bouler.
Pour repartir la route n'est pas bien large mais je retrouve assez facilement à Solignac puis sur la N88. Sauvé.
La route jusqu'à Aubenas c'est un régal, le col de la Chavade, il fait grand beau, avec la neige c'est moins marrant c'est sûr. Je finis cette journée de reprise à Villeneuve de Berg, c'est d'ailleurs plutôt St Germain mais on s'en fout c'est par là. Après souper j'écris ces quelques lignes et je me fais aborder par un lecteur des carnets de bord, un homme de goût bien sûr, Pierrick, il roule chez Avi Euro Trans du 85, on a papoté un moment. Il regrette le carnet de Samu, lui aussi …
Café croissant douche, à 8h je démarre tranquille. J'aime bien la route d'Alès par St Ambroix, l'été se termine il y a moins de touristes, ça roule. Au vieux pont de pierres avant Sommières je ne vois personne en face je m'engage, un vieux en Clio force le passage. La deuxième voiture se sert avant le pont, la troisième double la seconde ! Ils sont débiles les gens par ici ? Arrivés à ma calandre, ben les deux ont reculé ! Quand je passe, tout doucement donc, devant la première bagnole arrêtée le gars à sa fenêtre me dit : « il y a quand même des abrutis ». Oui c'est comme ça que ça s'appelle. Bof je ne suis pas pressé, moi ça me fait rire des idiots pareil.
Juste avant 10h je suis à Vic le Fecq, le client n'est pas très causant mais pas chiant. Pour repartir je m'inquiétais un peu mais je traverse le village fastoche, les camions passaient là avant la déviation. Ceci dit, à deux face à face ça ne devait pas être bien marrant.
Je passe chez Ange à Narbonne, le multi-graines me finira la semaine. J'arrive un peu en avance à Villardonnel malgré des travaux après Carca, j'ai pris une interdiction aux 26t, pas le choix je ne vais quand même par aller tourner à Mazamet. Villarmachin c'est super étroit, impossible de tourner en semi je fais le tour par une autre route, j'arrive pile poil chez les clients. Des jeunes retraités picards, bien sympas, quand on a fini monsieur fait péter le café. Pour repartir je suis un peu dans la mouise, ça ne passe pas dans le bled, il y a plusieurs km à reculer, tant pis il fait sec je recule dans un champ, en laissant le tracteur sur le dur, faut pas exagérer.
Il est 16h et quelques et j'ai fini la journée à cause d'un report à Montpellier que j'aurais dû faire juste avant. Je téléphone au client de demain matin : messagerie. Je fais une coupure sous un platane, je rappelle deux ou trois fois, nada.
Le bled, Ventenac est au bord du canal du midi, c'est joli en vélo... Je me gare au niveau d'un joli pont bien étroit et je vais en reconnaissance. Au pire je gagnerai mon temps demain matin. C'est vraiment petit et serré. Je sonne à la maison et un gars vient m'ouvrir. Trentenaire, beau gosse, petit tatouage discret dans le cou, là tu te dis, les filles ça doit tomber comme des mouches. J'explique mon cas, j'ai fini la journée, est-ce-qu'on peut livrer ce soir ? Il me dit que ça lui est égal : « mon compagnon bosse en télé-travail demain, il aura ça de moins à faire. » Ah oui donc les filles.... encore que j'en sais rien, va savoir... Bref, je retourne au camion en marchant le long du canal, c'est chouette. Je me suis garé au mieux mais c'est bien étroit, je me fais un peu chier faut reconnaître. L'escalier de 3m de large dans les ruelles c'est fin, faut lever pour passer au-dessus des voitures mais pas trop pour ne pas arracher les fils de téléphone. A 19h30 j'ai fini mon truc, au poil !
Demain je reprends vers Le Boulou je finis donc la journée à Fitou, bien sûr à cette heure il n'y a plus de place, je vais me garer au St Roch le resto fermé à 200m.
Je refais les 200m à pince, café pain-beurre, douche. Je recadre un peu la patronne, c'est une vieille raciste pénible, sur le thème : quand on est commerçant on garde ses idées pour soi. Surtout quand elles sont puantes... Elle me dit : on est en République je dis ce que je veux. Ben non justement la République c'est pas ça, le racisme c'est pas une opinion c'est un délit. Enfin bref, je pense qu'elle me déteste mais c'est pas grave.
Pour 9h je suis à Reynès, je suis venu dans le quartier il y a peu pour livrer une couverture. Je me gare au même endroit, faut dire que la route est interdite aux 10t. Je vais voir à pieds, je peux me retourner un peu plus loin, j'économise 300m de chariot mais surtout j'évite de sortir à l'aveugle en marche arrière. Je tombe sur des Savoyards bien sympas qui préparent leur retraite. Malgré un gros dévers je descends les tôles au bord du trou, le client est super content. Un chèque un café et je file.
J'ai le temps je passe à la Jonquera pour refaire le plein de douceurs. C'est plein de Français, je ne m'éternise pas. Ensuite je passe au gas-oil à Figueras, le dernier plein date d'Auxerre en redescendant de la région parisienne, autant dire que c'est marée basse dans le réservoir. Si je soulève les pierres je dois trouver des crabes...
Il ne me reste plus qu'à me rapprocher de Madrid au mieux. J'écris à Iñaki qui ne me répond pas. J'agrémente la route de quelques petites coupures réglementaires, un café à Fraga. Sur l'A2, dans l'autre sens, heureusement, un camion a cramé, l'autoroute est fermée, je vous laisse imaginer le bordel à la sortie juste avant...
Dans l'après-midi c'est le gros Javi qui m'appelle, j'aime bien ce gars, toujours jovial, toujours d'humeur égale, il me demande à quelle heure je pense arriver. J'avais dit 10-12h mais je propose 9h, ok on fait ça.
Comme prévu je finis la journée au km 103 avec 8h58 de volant. J'ai encore mes deux cartouches de 10h, ça ne servira probablement à rien mais c'est pas grave.