Carnet de bord de Janvier 2022 | Partager sur Facebook |
Pas de surprise le camion démarre, je suis venu le faire tourner hier matin j'avais une course à faire à Belfort. Ça ne m'est jamais arrivé de ne plus avoir de batteries en rentrant de vacances, c'est la honte de se faire baiser avec ça.
Ma mission, puisque je l'ai acceptée, n'est pas vraiment impossible, il me faut être à la galerie marchande de Châteaufarine à 7h30 on charge pour Nantes. Juste avant d'arriver j'appelle le 06 qu'on m'a donné, le gars me dit qu'il est au drive derrière Géant Casino. On a un peu de mal à se trouver mais j'y arrive en passant par le parking bagnoles. Je dois charger des racks contenant des morceaux de chalets de Noël, oui c'est la saison de remballer tous ces trucs kitchs avec la fausse neige et la musique gnangnan. Je gerbe deux racks un peu moins remplis l'un sur l'autre, je gagne une place, on m'avait annoncé 12m de plancher ça tient sur un peu plus de 8.
En redémarrant mon tacot réclame de l'huile, j'ai le temps je file chez Scania. J'appelle Cyrille pour annoncer le plancher qu'il me reste, il cherche... Le chef mécano de chez Scan trouve bizarre que le truc n'ait pas réclamé avant, il pense que c'est la jauge électrique qui déconne, il bascule la cabine. Non ça semble correct. Après faut se calmer, le carter fait 46 litres, il en a rajouté 4, j'en étais pas à couler une bielle ou cramer la segmentation.
Pas loin du dépôt je vais faire le plein et dire bonjour. Cyrille m'a trouvé un complément à Baume les Dames, 5m de plancher pour Angers ça fera le joint pile poil.
A 11h30 je suis chez Locavi, c'est Perrenot depuis un moment, ça charge vite, rien à dire. De retour à hauteur de Besac Cyrille me rappelle, le lot n'est à vider que jeudi, ils ne veulent rien savoir. Il était temps de m'appeler je suis juste avant la sortie Valentin. Donc je vais vider chez nous, j'ai un autre lot à charger, aussi pour Angers, c'est moindre mal. On est du temps de midi , je me vide et je descends pour charger la suite, c'est à 1 km du dépôt. Cyrille me rerererappelle, t'es où ? Ben à Devecey ! -Non reviens, j'ai fait enlever le lot, il est ici. Putain on a des problèmes de communication. Heureusement j'étais vraiment pas loin. Je me charge en latéral 4 grandes palettes de cuivre, ça doit être de grandes feuilles, c'est pas bien lourd, 2 tonnes pour le tout. A 14h je m'en vais enfin. J'ai les crocs je mange un bout en vitesse au premier parking, le petit déj' de ce matin à 5h est loin.
Je finis mes 30 restantes bien après Dijon quand je suis sur l'A6. En piscines je sais toujours 15 jours à l'avance où je vais couper le soir, là je commence à combiner quand je reçois un texto de Nico72. Je le rappelle bien sûr, et il me conseille d'aller à Fréteval chez les Russes. Ah oui je ne m'en souvenais plus, très bonne adresse.
Hier Laurence ne m'a rien envoyé, inutile de me précipiter, café douche et je décolle à 6h30. Bien content de me balader par là, ça fait des lustres que je n'ai pas pris la route de Château Renault à Angers, ça roule toujours aussi bien, une belle route à camions.
Pour 9h je suis à St Sylvain d'Anjou, l'usine est en deux parties, je vois réception, bête et discipliné je vais là mais évidemment ça se vide à l'autre site. Le temps d'ouvrir le cariste arrive, il a de bonnes rallonges de fourches, en deux coups de chariot c'est vide.
Nico La Rillette est à Angers aussi, on n'a pas pu souper ensemble hier mais ce matin on ne loupe pas le café au Pont aux Filles. Ce troquet était le fief des Buffa à l'époque des 307, on chargeait les phares dans de grandes boîtes en polystyrène genre caisse à poissons, je ne sais plus combien de camions par jour, h24. On boit le café avec Nico, un gros quart d'heure pas plus.
Je traverse Nantes en fin de matinée, ça roule malgré les travaux. A 11h je suis chez le loueur, j'entre en marche avant, le mec me fait ressortir pour entrer en marche arrière, je ne vois pas bien la différence mais ça m'a l'air de le perturber, je ne veux pas être responsable d'une crise d'épilepsie.
Il a un bon Fen à grandes fourches, on vide par un seul côté, tip top. 30 minutes plus tard je sors papiers signés. J'envoie un message à Laurence, réponse : rien pour l'instant. Je m'en doutais, je me claque sur le premier bout de parking que je trouve et j'attends...et j'attends...et j'attends... Texto de Chouchen, il m'a vu en passant, il a du taf, il a filé. Il me reste du pain de seigle d'hier, je mange un bout, et j'attends...
A 17h je rappelle Devecey Plage, on recharge demain une bricole foulée pour rentrer en deux fois. Je fais chauffer Truckfly, entre les restos fermés le soir, ceux en congés, c'est compliqué. Je me rabats sur Carquefou, en route. C'est là que je reçois un texto de Nico, il vient à Carquefou, on ne se quitte plus !
Quand je redescends de la douche Nico est au petit déj', on boit une paire de cafés et je file. Je ne connais pas bien Nantes mais je pense que c'est comme toutes les grandes villes, je me casse à 6h45 c'est le moment.
Une grosse demi-heure plus tard je suis dans une usine du groupe Labeyrie. Ici ils font du poisson et des crustacés en barquettes qu'on trouve en libre service dans la grande distrib'. Je vais me renseigner aux expés, je tombe sur un prix Nobel qui me dit qu'ici c'est les expés frais. Oui j'avais bien remarqué... Il ne comprend pas que je vienne charger en tauliner. Après mûre réflexion il m'envoie de l'autre côté de l'usine. Là je tombe sur un jeune bien sympa qui me dit qu'on charge des emballages, ils sont stockés dehors, faut d'abord les rentrer puis charger. Son chef arrive à 8h, le chargement est bien avancé, il me sort les papiers, à 8h25 je me sauve. Le gps me donne une heure d'arrivée à Bessé sur Braye à midi et demi. Si ça vide pas du temps de midi je suis mal, j'ai deux ramasses derrière, ça va être compliqué. Autant dire que je fonce vent du cul dans la plaine, oui je n'étais pas à 60 sur les départementales. Autoroute jusqu'à Angers, mon bébé passe devant sa maternité, il n'a pas vu l'usine il y a désormais un mur anti-bruit, on voit juste l'enseigne Scania sur un bâtiment. Ensuite je coupe par Baugé - Le Lude – La Chartre sur le Loir.
A midi moins dix je sonne à l'usine qui fabrique les barquettes en plastique, en fait moi j'apporte les conteneurs grillagés repliés. A cette heure c'est sans espoirs, une dame me répond quand même à l'interphone. « Je vous ouvre, vous faites le tour du bâtiment, j'appelle le magasinier. » Yesss !!!
En place, le type me file un trans-pal, en une grosse demi-heure c'est vide, tachy revenu à zéro, que demande le peuple ? Le peuple je sais pas mais moi je demande du pain. Le cariste me dit qu'il n'y a pas de boulan' accessible par ici mais il y a un Super U à la sortie du bled, ça fera l'affaire. Vu le tempo de la journée je pensais ne pas manger, j'ai largement le temps de me faire chauffer une soupe.
A 14h je suis chez Ecofit à Vendôme, là c'est du connu, c'est un client régulier d'ATS, on livre du Bourgeois une à deux fois par semaines. On charge un demi-camion d'emballages Bourgeois, ce sont des caisses en bois démontées, c'est un peu lourd, 6m de plancher vite fait.
Le second lot est à Blois chez Schenker, avenue de Vendôme c'est facile à trouver... Mon cul Paul, je fais deux fois la rue, il y a une quantité de boîtes mais pas Schenker. Gnin ? Je cherche une place pour me garer et téléphoner quand je vois un camion Schenker sortir d'un parking. Putain en fait ils sont au fond d'une cour, vers des bus. Invisible depuis la rue, pas la moindre enseigne...foutage de gueule. Le jeune cariste est bien sympa, il me charge des pneus et des batteries pour l'armée, boulot facile. A 15h45 le chariot est rembarqué, ciao.
Bon ben il ne reste plus qu'à me rentrer, ou disons me rapprocher. Je recoupe 30 après Montargis pour être tranquille puis je sors à Avallon. La Suisse est fermée deux semaines selon Truckfly, je me rabats sur le Petit Train. J'ai bien bossé j'ai mérité mon verre de Petit Chablis.
Voilà un moment que je n'étais pas venu, c'est toujours une bonne adresse, la douche est royale, le top. En passant je vois que chez la Suisse c'est effectivement fermé, merci Truckmachin.
Malgré l'heure je passe Dijon tranquille Mimille, il paraît que c'est à cause du télétravail, ou grâce...
A 9h30 je suis au 19ème Régiment du Génie à Besançon, c'est en ville mais je n'étais pas inquiet pour l'accès, ils ont des engins plus gros que mon petit camion. Poste de garde, identité, puis on vient me chercher. C'est un mécano civil qui commande les militaires : « toi tu prends le Fen, toi tu fais de la place » Les mecs s'exécutent, ça me fait rire. Bien sympas tous ces gars, ils payent le café quand c'est fini.
Ensuite je monte chez Bourgeois pour vider les emballages. J'ai un peu de mal à trouver le bon endroit, ça se vide dans un vieux bâtiment au fond de l'usine, si un écrivain veut faire du Zola il peut venir ici pour s'inspirer de l'atmosphère.
Mon pauvre camion est dégueulasse, j'ai le temps d'aller laver mais c'est pile le moment où il commence à neiger. J'hésite mais non, le ciel est bouché, avec cette couleur typique qu'il a quand la neige arrive. J'appelle Cyrille, il m'envoie faire une ramasse à Dannemarie, c'est à côté. On charge 16 caisses en bois de 3m, ce sont des barres en acier de précision.
Je rentre au dépôt et je me vide. Les caisses sont empilées sur deux, pour les premières ça va, après je prends mes rallonges... Je ne pouvais pas voir qu'une des caisses est plus basse d'un côté, j'enfile ma rallonge et boum... Je fous trois caisses par terre ! Putain je suis vert! Des trucs de 2 tonnes, quand ils sont à plat sur le plancher tu fais comment pour les reprendre ? J'arrive à passer une sangle, je lève, je mets des bois, bref je me fais chier! Après en posant un carrelet sur le goudron, les caisses ont presque envie de retomber sur leurs pattes. Putain Mac Gyver peut venir prendre des cours. Une fois dehors on voit que la caisse a un « ski » plus haut d'un côté que de l'autre. Bon j'ai rien cassé, heureusement que dedans c'était pas des verres en cristal...
Maintenant je vais charger pour moi pour lundi pour mardi même, c'est loin, il me faut monter dans le Haut Doubs, cette fois il neige bien. Pas besoin du chariot, je le laisse au dépôt, ça évitera de patiner.
A 14h30 je suis à Orchamps-Vennes dans une boutique de meubles, c'est un déménageur qui nous affrète, on charge des chambres pour une maison de retraite. J'étais prévenu, faut 3 heures pour charger, tout à la main. J'ai le temps de faire chauffer ma dernière soupe de la semaine. La soupe ça réchauffe parce que cette fois il neige à plein temps...
Bon les gars sont rapides, ils annoncent 3 h pour ne pas que le chauffeur vienne pleurer toutes les deux minutes.
Je redescends à Devecey, la neige disparaît dans la descente, je fais les pleins et je saute dans la 208. A 19h tout pile je suis à la maison, bon week' à toutes et tous, le ciel vous tienne en joie.
En ouvrant le courrier samedi j'ai eu la confirmation que les radars de chantier, ou certains du moins, sont discriminants. En Novembre sur le petit bout de 4 voies après Poligny j'ai doublé un pénible qui me traînait depuis un bout de temps, j'ai bien vu la chariote grise mais je me suis dit qu'il était réglé à 110 pour les bagnoles. Mon cul Paul ! Vu qu'on était deux sur la photo je pensais peut-être y échapper, que nenni. Je me suis acheté des points sous forme de stage entre Noël et Nouvel An, j'ai de la marge, rien de grave.
A 7h30 je récupère mon collègue Bruno devant chez lui à Devecey, on va au dépôt, je vide mes affaires de la 208, il la prend pour aller à l'école, recyclage matières dangereuses. Bon courage à toi mon pauvre.
Au bureau il y a un gars du 58 qui vient vider, sauf qu'il n'est pas au bon endroit. Je lui explique, il n'a pas l'air trop heureux. Sur son adresse c'est bien écrit ATS Miserey Salines et lui il vient à Devecey. Je n'ai pas voulu l'enfoncer en lui demandant comment il fait quand c'est Geodis ou XPO, il fait tous les dépôts ? Pas la peine d'être moqueur, ça arrive de se tromper.
Moi je n'ai rien à vider aujourd'hui, j'ai rendez-vous demain matin dans le centre Bretagne avec les déménageurs, j'y vais à la cool. Surtout en démarrant de Besac' j'ai déjà gagné une heure.
Après Dijon j'ai une bosse dans la bâche, premier parking sur l'A6 je monte dans la remorque, c'est un fauteuil qui a glissé, c'est un machin neuf donc bien emballé, je vais pas aller écraser d'autres trucs pour le remettre, c'est pas grave. Puisque je suis arrêté je fais une 15 avec un café.
Les 4h30 de volant m'amènent dans le bois entre Montargis et Orléans. Enfin dans le bois, je ne suis pas le Petit Chaperon Rouge, sur la route qui traverse le bois.
Pas de petit pot de beurre, je me fais chauffer une soupe maison concubinale...
J'ai l'après-midi pour combiner mes heures. En fait c'est la traversée de Rennes en fin d'après-midi qui va me décider. Au pire je coupe à Châteaubourg et je traverse demain matin ou je grille une dérogation de 10h mais je ne sais pas de quoi sera faite la semaine, c'est con.
Arrivé à l'entrée de Rennes je vois sur maps que c'est au vert, à 18h15 c'est étonnant. Tant mieux, zou ! Malgré la pluie ça roule vraiment bien, faut dire qu'ici la pluie... Bref.
J'ai l'habitude d'être à Montauban le lundi soir, ce soir c'est pas le Tarn et Garonne mais Montauban de Bretagne. Garé au relais de La Hucherais avec 9h de volant 00, gros coup de bol.
Ici aussi les douches ne sont pas bien larges mais c'est propre, un pain-beurre par là-dessus et zou !
A 8h45 je suis garé devant la future maison de retraite. Le chef d'équipe me dit : « Oh c'est bien tu es venu de bonne heure je suis content. » Punaise j'ai démarré à 7h30 après 12h de coupure, j'ai pas forcé mon talent. Enfin bref, c'est eux qui payent, ils sont contents de nos services, tout va bien. Les bâtiments sont en retrait de la ruelle, je remonte dans le village pour me retourner et j'arrive à reculer dans l'allée. Je me fais chier mais j'y vois mon intérêt, ça va mettre des plombes à vider, si en plus les gars doivent marcher des centaines de mètres on n'est pas sauvés. A 10h je dois bouger, c'était prévu, une toupie à béton arrive pour couler un escalier. Je me remets en place, les maçons avaient annoncé presque une heure mais la toupie est vite vide, je rebouge pour la laisser sortir. Moi qui espérais caler une 3h c'est mort. J'ai le temps d'aller me chercher du pain dans le bled, je trouve une jolie boul' avec un pain « forestier », avec des champignons certainement...
Juste avant midi je suis enfin vide. Laurence m'a envoyé deux ramasses, venga !
La première est dans un stockage des transports Garnier à St Méen le Grand. Un type me dit qu'ils reprennent à 13h, j'ai le temps de faire chauffer ma soupe avec un bout de ce merveilleux pain, une gourmandise ! On charge des sacs de lait en poudre, c'est le pays ici.
Ensuite je vais à Fougères chez les transports Gélin. Je ne connaissais pas, c'est énorme. Ils occupent une dizaine de bâtiment dans la zone. Au bureau affrètement on tombe généralement sur des rombières revêches qui n'ont pour nous que du mépris, là c'est deux types bien sympas qui arrêtent ce qu'ils font quand tu te présentes au guichet, c'est tellement rare faut le souligner. Ils me filent un plan pour aller au bâtiment Hongrie, je vous rassure c'est juste un nom de baptême pas une destination hélas. Là je tombe sur un autre marrant qui me dit que ce sera prêt demain. Je lui réponds que non, je préfère jeudi, je charge et la semaine est terminée, lol. Il m'explique que quand il fait la blague certains chauffeurs courent au camion pour prévenir leur chef. Bah oui, l'humour ça ne marche pas avec tout le monde. Ici aussi on charge de la poudre de lait pour le même destinataire à Dôle. Il reste de la place, j'appelle Laurence, on devait compléter à Vitré mais c'est tombé à l'eau.
On finira de charger demain à Orléans en passant. Je roule.
En chemin Nico 72 surveille maps pour la traversée d'Orléans, il voit que je ne suis pas loin. Texto, on s'appelle, on papote en conférence avec Manolo qui lui monte dans le nord. J'arrive en premier à La Bagatelle, Nico se pointe à 20h30 c'est pile poil l'heure de la soupe.
Passé un certain âge faudrait pas tenter le Dry January, le Perrier citron à l'apéro puis l'eau gazeuse à table c'est trop pour une vieille vessie. Si c'est pour se lever beaucoup trop tôt quand j'ai le temps je vais vite retourner au kir et au gros rouge.
A 9h je suis chez ID logistique pour rdv 10h30, je m'inscris, le gonz à l'accueil prend mon 06 et m'annonce que le rdv c'est 11h30, pas 10 ! Putain la loose ! J'ai de la lecture en retard, c'est bien fichez moi la paix. Je prends quand même le temps de passer le câble TIR. Bé oui, Orléans-Dôle c'est de l'international, depuis l'indépendance de la Franche Comté la frontière est à Seurre, Beauchemin c'était too much...
On m'appelle à quasiment midi, quai 21. Tout est fermé, impossible d'assister au chargement. Dans ce fond de cour les bâtiments font un U avec un quai à chaque, c'est incroyablement mal branlé, j'aide une fille de chez Rouxel à se mettre en place. Je lui coupe son plomb, elle n'a aucun outil, je dirais presque qu'elle n'a que la bite et le couteau mais même pas. A 1h moins le quart je m'en vais enfin. J'ai pas trop l'habitude mais j'ai l'impression que ça passe pas en 4h30 cette histoire.
Donc à passé 14h je me fais chauffer une soupe ça fait toujours une 15.
A Dijon j'ai 4h de volant c'est mort, il reste 50 bornes. Du coup je prends la nationale et je coupe 30 du côté d'Auxonne.
A 18h30 je suis chez ITM, le parking est désert, j'ai jamais vu ça. J'ai même eu un doute, je sais qu'Intermarché construit une nouvelle base de l'autre côté de la zone, j'ai cru que c'était ouvert. Mais non je suis au bon endroit. Le gardien me dit qu'il viendra m'appeler le moment venu. On a reçu, enfin, les programmes Waterair, je m'installe avec mon atlas Michelin tout neuf et le jeune vient me chercher. Quai 40 qu'il me dit. Ça va relativement vite à vider, le réceptionnaire râle un peu, c'est pas chargé comme il voudrait. On n'assiste pas au chargement, la semi est plombée, on n'y peut pas grand chose, pour ne pas dire que je m'en fiche carrément. Il me dit qu'il est surpris, d'habitude le camion de Ormes arrive vers 2 ou 3h du matin. Ils doivent charger le soir alors et pas à midi sinon je ne comprends pas . Ah si, ça y est ! C'est moi qui suis trop fort !
Vu l'heure je n'essaye même pas d'aller vider le lait en poudre, on verra ça demain. Je file chez José à Beauchemin, fin de mission et je valide ma troisième 11h, ce qui ne sert à rien on est d'accord.
La serveuse habituelle du matin a le covid, c'est le José qui s'y colle donc la douche est gratuite.
A 8h je suis chez Bouvard à Dôle, c'est pas chez le retraité homophobe et réac c'est une grosse biscuiterie. Il y a plusieurs portes, rien d'écrit, je sonne, un petit porteur frigo qui connaît en profite pour me passer devant. Bonne mentalité. A la réception un Hollandais termine, le petit camion se met en place, il n'a que deux palettes de beurre je vais pas faire un caca nerveux non plus. Le beurre vient du Haut Jura, ça se présente en blocs d'une dizaine de kilos je pense, emballés dans des sacs en plastique bleu, genre sac poubelle, c'est bizarre. Le cariste et son chef jouent aux mecs débordés, ouh lala oui vous avez reçu trois camions dont un avec deux palettes, il y a de quoi se plaindre.
A 9h je suis vide, j'appelle Cyrille, il me dit d'aller à Dijon et de le rappeler. Les instructions tombent en cours de route, je vais au groupage de pinard ITM pour les trois bases habituelles : Savigny, Mauchamps et St Hilaire. Si c'est pour faire de l'Intermarché j'aurais préféré Loriol mais vous avez remarqué que c'est pas moi qui décide.
A Dijon il est bien trop tôt, c'est pas prêt. Je vais au gas-oil à l'AS24 juste derrière, c'est toujours ça de fait. A midi on m'appelle, après ça va vite, il faut pointer les références avec des nombres à rallonge puis le cariste charge, en 45 minutes c'est torché.
J'ai rendez-vous demain à 7h à Courtenay, autant dire que j'ai largement le temps de monter. Je prends la nationale tout du long, j'ai le temps d'admirer le Morvan, faire une sieste, fignoler ce carnet.
A 18h15 je suis au relais de Savigny, à 200m d'Inter, jusque là tout va bien.
En sortant de la douche la mémé habituelle, ça fait mille ans qu'elle est serveuse ici, tient toujours le même discours ; ah les jeunes veulent plus bosser, c'était mieux avant, patati patata, et l'autre abruti de chauffeur qui en rajoute. J'abrège leur conversation de vieux cons en réclamant ma clef de camion, j'ai pas que ça à foutre de bon matin.
Je dérange la gardienne d'ITM, elle fait du tricot, elle me dit que depuis l'ouverture à 5h je suis le premier camion. Du coup elle ne me donne pas de bip, j'entre directement. En un quart d'heure c'est vide et contrôlé. Je monte à Mauchamps 91. Je ne sais pas trop par où passer, autoroute et Francilienne, bof, j'esquive par Pithiviers, en arrivant par le bas c'est probablement plus tranquille.
Ici pas de bip, on te donne un talky walky, à 10h le gardien m'appelle, pour rendez-vous 11h c'est correct. Je tombe sur un jeune contrôleur en formation sur le quai, un ancien lui explique le topo, c'est bien un peu long, m'enfin, à 11h je sors, palettes récupérées.
Je redescends à Montargis, vous aurez noté la logique du truc... En fait la base de St Hilaire est en travaux, il en manque la moitié, donc le matin ils chargent leurs camions et à partir de 13h c'est réception. Donc à 13h c'est un peu la cohue mais ils prennent à l'heure, au poil.
Le type qui doit être chef de quai me dit : « tu te mets au quai 29, tu verras c'est un peu juste pour ne pas accrocher, fais gaffe. » Ah mais c'est pas un peu juste, c'est impossible, devant le grillage des travaux ils n'ont rien trouvé de mieux que d'entasser des emballages vides. Heureusement le mec du 30 a fini, j'attends qu'il s'en aille. Le truc bien c'est qu'avec les travaux le parc à emballages est fermé donc on récupère les Europe à quai. Il est 14h15, j'ai rendez-vous à Antartic entre 14 et 15h, il y a une heure de route, c'est mort, je suis bon pour rentrer samedi. Pas grave.
Je passe aux transports Stefanski à Pannes, ils sont des les locaux de l'ancien garage RVI, on les voit depuis la 4 voies. Je dépose mes EUR sur le compte PFM, pour recharger à Antartic la semi doit être impérativement vide. Ça va super bien c'est le patron qui est sur le Fen, en 2 minutes c'est fait.
Sans illusions j'arrive à St Martin d'Abbat à 15h30, ici quand tu as loupé le rdv, ben t'es mort. Sauf qu'il n'y a pas un chat sur le parking, je suis tout seul. Eh oh ! Les copains vous êtes où ? C'est une caméra cachée ? Le gardien me donne un bip, je retourne au camion, le zinzin sonne de suite, quai 4. Idem personne à quai, les types se mettent à deux pour me charger. A 16h15 j'ai mes 33 palettes, 27 tonnes de jus de fruit Paquito, eau Ondine, Look cola ou jesaispasquoi, tout de la marque distributeur quoi. Dans notre métier il est de bon ton de critiquer ITM en disant Intermerdier, ben là pour le coup je peux attester que c'est faux. Mon histoire a marché comme sur des roulettes.
J'ai de l'amplitude jusqu'à 21h54, fonce Tonton, fonce !
J'avais évidemment coupé 15 minutes à quai, je finis mes 30 restantes avant Dijon, je calcule et recalcule, sauf accident je suis bon. Après Dijon je m'offre même le luxe de garder la nationale jusqu'à Genlis. A 21h45 j'ouvre le portail à Devecey, au poil l'histoire.La 208 est gelée alors qu'il n'est pas bien tard, je la laisse chauffer pendant je remballe mes affaires, quelqu'un a eu la gentillesse de faire le plein, merci à toi. Allez zou, je me rentre. Bon congé de fin de semaine à tous, le ciel vous tienne en joie.
Ce week-end je me suis fait 4 petites tôles carré dans un bout de galva récupéré dans une benne chez Waterair parce que mon aile arrière gauche a une forte envie de se faire la malle. Je viens trop tôt au dépôt pour bricoler ce truc. C'est propre, je compte déposer un brevet, je vais certainement faire fortune avec ça. Dans l'attente de me barrer aux Seychelles je prends quand même la direction de Rochefort.
Je passe chez Jeantet pour laver, mon pauvre camion est honteux. Moment de solitude ; pendant que je faisais mes jantes j'ai pas vu que le portique roulait sur le tuyau. Le bordel s'est foutu en carafe. Heureusement un mécano a tapé un code et fait rouler le truc en arrière, ouf !
A midi et demi je suis chez Inter, rendez-vous 13h06, c'est ridiculement précis. J'ai le temps de casser la graine. A 1h10 on m'appelle, quai 79. Les boissons ça va super vite à vider et contrôler c'est des produits à eux ce serait bien le diable. Je récupère 13 Europe et zou ! Je file à Dijon.
Il n'y a pas un chat chez Martelet, je pointe les réf', on charge. Ça speede, rien à dire.
Je rentre à Devecey pour compléter avec du terreau pour Aubenas. Ça vient quasi aux portes, nickel.
Je quitte le dépôt à 18h, c'est pas trop la bonne heure pour passer Micropolis, je perds 5 ou 6 minutes, rien de grave.
Les radars de chantier de la 83 avaient été enlevés pendant les fêtes, l’État a dû se dire que les Jurassiens bourrés allaient s'en prendre aux tirelires. Cette fois ils sont revenus, y compris celui qui m'a coûté 45 balles le week-end dernier, méfiance...
A 20h30 je suis au Mas Pommier, pour une coupure réglementaire, pas plus.
Je fais l'ouverture à 5h, café croissant douche et zou ! Ce matin le problème est assez simple j'ai rendez-vous à 10h à Loriol et à 10h à Aubenas. Qui sont les moins souples, Leclerc ou ITM ?
Si ça merde à Loriol je vais tanquer à Aubenas, qui ne réceptionne que le matin. Le choix est vite fait. A 9h10 je suis au Leclerc d'Aubenas, on me fait mettre à quai directement. Le temps de vider et récupérer les palettes consignées j'ai même pas un quart d'heure de coupure, je dois attendre un peu. Le top !
Je redescends à Loriol sauf que ça ne passera pas en 4h30 à cause de la déviation du Theil, depuis le tremblement de Terre, c'est interdit. J'aurais dû rouler un peu plus hier soir, tant pis.
A 11h et demi je suis chez Inter, avec un tel retard c'est pas gagné... Le jeune pompier d'opérette au poste de garde me dit que ce ne sera pas long, il n'y a pas grand monde selon lui. Il a raison, dans les 5 minutes le bipeur me siffle. Quai 104, c'est juste là devant. Une sympathique jeune femme contrôle pendant que je vide, quand j'ai fini elle me donne mon bon de palettes, je vais aux emballages pendant qu'elle termine, pas de perte de temps. Parfait.
En ce moment on a du terreau à ramener de Lyon à Besac' mais bien sûr aujourd'hui Laurence a demandé mais il n'y en a pas. Elle me cherche quelques lots, on commence à Eurre avec un volet de piscine. Je suis à 13h à l'usine, oh mais je connais ici je suis déjà venu il y a des années je ne m'en souvenais plus. Un coup de fourches et l'affaire est dans le sac. Je demande la suite, un voyage de terreau vient de tomber, c'est du boulot à nous faut le faire. J'ai l'air con avec ma longueur de 4m. Putain je regrette de ne pas avoir mon chariot. Pas le choix faut qu'on trouve un transporteur pour laisser le lot. Elle trouve aux transports Félix à Décines. Sur place je tombe sur un type bien cool, il me vire ça en moins de deux.
La déchetterie-usine de terreau de Décines ferme à 16h, faut être entré à 15h45 dernier délai. Je me présente à 16h15 en faisant l'innocent... Il reste un cariste qui termine un camion du 74, il me dit : « ah mais faut pas venir à cette heure-là moi normalement j'ai fini, mets-toi au milieu je te charge. » J'ai pas osé lui dire que justement j'ai bien fait de venir au contraire. Il change de Fen, il prend un chariot à 4 fourches, en une demi-heure j'ai 24t dans la caravane. Il me demande si on peut faire les papiers avant que je referme pour qu'il puisse s'en aller. Bien sûr ! J'ai besoin de personne pour rebâcher.
Je retourne chez Félix pour récupérer mon volet de piscine, je le fais poser sur le terreau évidemment, ça va c'est pas franchement fragile.
Je finis la journée à Ambérieu, ça doit même être Château Gaillard ici je crois, et je valide une 11h, vu la tournure ce matin c'était inespéré.
Hier soir j'ai appelé le client pour le volet, son bled est dans les environs de Dôle, je ne vais quand même pas remonter à Devecey pour récupérer mon chariot, à la voix il m'a l'air jeune ça va le faire. Il doit emmener ses gamines à l'école, je peux venir après.
Donc à 9h je suis à St Seine en Bâche, curieux nom. La maison est à droite je cherche à faire demi-tour, un paysan en Kangoo me dit d'aller retourner dans sa cour. Sympa. C'est vrai que ça ferme est énorme, je tourne dans la cour fastoche. Je me sers devant la maison, je grimpe sur le terreau et je passe les colis au client. Il y a juste deux longueurs un peu plus lourdes que le reste mais ça se fait. J'ai bien fait de ne pas me taper 100 bornes aller et retour pour chercher l'engin.
Ensuite je vais vider mon terreau à Roche. Il y a pas mal de monde, c'est le début de la haute saison ici, la grande distrib' prépare le printemps. Un cariste me dit que ça se vide à la première rampe, il n'y a qu'un camion devant moi. C'est là que passe Cuicui, on papote 4 secondes il est en double file. Ici ça va super vite, un gros Fen chope les palettes deux par deux, à 11h et demi je suis vide, la suite est tombée, je remonte à Dijon.
Je n'y arriverai pas en moins de 4h30, je prends le temps de manger là le long.
Je pensais planter au groupage de pinard mais il n'y a pas grand monde, on me fait mettre à quai direct. Je pointe mes lots, j'ai du Pagny sur Meuse et Toul, petit tour pour finir la semaine, vendredi j'ai piscine je ne pouvais pas aller bien loin. En partant le cariste rigole et me dit que moi il ne me voit jamais mais en ce moment je suis là tous les deux jours. Je lui réponds que cette fois c'est fini pour 2022, les choses sérieuses reprennent.
Rendez-vous 7h demain, j'ai le temps de monter full nationale, voire départementale. Le vin c'est lourd mais j'y vais à la cool. A 19h tout pile je suis garé à la Favorite, à 1km de la base ITM, on peut pas faire mieux.
La journée commence par un drame, les douches sont en travaux ! Putain, je retourne me coucher ! Nan allez va, à 6h45 je suis chez les Mousquetaires, le gardien peu aimable, me donne une galette lumineuse. Elle sonne dans le quart d'heure. Je me vide une moitié de remorque. Le contrôleur est un vieillard, il a les mains qui tremblent, il enlève une bouteille pour la scanner et n'arrive plus à la remettre. C'est sympa de repousser l'âge de la retraite, et c'est qu'un début...
Au quai d'à côté un chauffeur Jacky vide aussi, lui il colle toutes les palettes les unes contre les autres. Le contrôleur lui demande comment il va scanner les étiquettes. Visiblement le gars, qui a bien la cinquantaine, n'a jamais vidé dans une base. C'est étonnant, chez JP ils ne font que ça. Bref, il est bon pour recommencer et espacer les palettes. A mieux regarder, il a quand même une bonne tête de vainqueur. Oui je sais c'est mal de critiquer son prochain.
Je vais récupérer mes Europe et je file à l'autre entrepôt.
Grand moment de solitude, je présente mes papiers au réceptionnaire, « tu as bien lu l'adresse de livraison ? » Oups ! Cet entrepôt est à moitié vide, ils ont ouvert un truc dans la ZI Croix de Metz. Demi-tour. J'avoue que je n'ai pas regardé l'adresse, je suis venu ici parce que je connaissais et voilà. Si dieu existe il m'a puni de m'être moqué de l'autre. Bon heureusement c'est pas loin. En plus la sortie Croix de Metz est fermée, faut sortir de l'autoroute ici, l'honneur est sauf. Donc arrivé au bon entrepôt on me donne un quai de suite, ça file. Ici pas de parc à emballage, on récupère les Europe sur place, parfait.
Comme d'hab' Laurence m'a envoyé mon retour hier soir, on va aux transports Vigneron à Ludres. Coup de bol, ils sont agréés PFM, je me débarrasse de mes vides et je recharge sur place. Sur place pas tout à fait, je dois charger dans un truc de l'autre côté de la zone. C'est un vieux bâtiment, ici ils mettent en big bags le sel de déneigement. Je fais le tour, je ne trouve personne, le désert. Je finis par dégoter un gamin qui me dit que ce n'est pas là, ça doit se charger au-dessus chez ID logistics. Ça doit, mais bien sûr, des big bags de sel alors qu'il y a plein la cour. Je téléphone chez Vigneron, je parle à la fille de l'affrètement, elle se renseigne. Dans les 5 minutes un gars arrive, il s'excuse. Il est en panne avec une machine, tu m'étonnes avec le sel et l'humidité tout est pourri. Après ça va bien vite à charger, on n'ouvre qu'un côté, son Fen est rongé par le sel mais il prend les sacs trois par trois, en 25 minutes c'est chargé.
Je redescends jusque du côté d'Epinal, je casse la graine. Arrivé à Luxeuil j'appelle Cyrille pour savoir s'il a du taf pour moi demain matin, non puisque je vais chez Wat. Cool ! Je vais pouvoir faire une grosse coupure à Baume les Dames. Nan je déconne, je me rentre. A 15h30 je suis à Bourogne, la Fiesta qui n'a pas tourné depuis trois semaines démarre au quart de tour. Venga !
Ce matin il gèle, je gratte le pare-brise de la Fiesta mais pas du camion, il doit faire meilleur à Bourogne. Ceci dit c'est plus facile sur une bagnole que le camion.
La route est gelée par endroit, après Rougemont dans les mauvais virages je ne fais pas le fifou. Avec 24 tonnes sur la longueur du plancher ça tient le parquet mais je ne tiens pas à vérifier l'adhérence.
Hier soir j'ai appelé le gars il m'a dit : « vous verrez à l'entrée du pays il y a un tas de bois ». Effectivement, c'est un gros tas de bois. Ils ont pas mal de matos, ils font travaux forestiers, agricoles, bois de chauffage. Et donc déneigement puisque maintenant ce sont les ETA qui déneigent à la campagne. Les ETA ce ne sont pas les indépendantistes basques espagnols, mais les Entreprises de Travaux Agricoles. Un gars monte sur un Bobcat, il me dit que son frère arrive, un autre frère est au bureau, je ne sais pas combien ils étaient dans la portée mais ils sont bien sympas, et efficaces surtout. Les fourches du Maniscopic ont bien souffert mais c'est pas grave, il sort les sacs du bord 4 par 4 puis ceux du fond par 2. Là il met une palette sinon les sacs glissent le long des fourches et ça coupe les anses. Une fois ou deux j'ai eu peur pour ma lèvre en caoutchouc en haut. Quand il manque un bout ça fait dégueulasse, et à changer c'est une chierie. Pas de quoi pleurer ça s'est très bien passé, les frérots m'offrent le café, perfect job.
Je coupe au travers pour rentrer à Devecey. Je fais les pleins, embarque le chariot, lundi j'aurai pas le temps de passer le chercher. Pauline m'a commandé des calottes d'aile, elles sont arrivées, je m'empresse de les mettre, c'est plus propre.
Je passe manger chez ma chérie vite fait et à 14h je suis à Seppois. J'ai un peu d'avance mais Sylvain a fini, je prends la place tant qu'elle est chaude. J'ai un petit chargement, j'étais inquiet mais ça va, je n'ai pas trop oublié comment ça marche. Mon poto Marc arrive avec son Renault tout neuf, il est content le boss lui a prit en grande cabine. On boit un café et je me rentre.
A 16h je pose le camion à Bourogne, pile poil pour le goûter. Bon week' à toutes et tous, le ciel vous tienne en joie.
Réveil 5h comme les vrais routiers, c'est plus tôt qu'en trois semaines de fret mais mon pote Philippe m'attend à Montpellier, faut pas niaiser. Souvent le lundi matin c'est un peu le bouz au péage de Valentin mais c'est hyper calme, ça m'arrange. Première pause à Villemotier bien sûr pour ranger mes affaires, faire mon lit, boire un café-torsade aux pépites et prendre du pain pour midi, le tout en 15 minutes pas plus. Ce matin ça roule vraiment bien, à Lyon je fais le grand tour et en 4h30 tout pile je suis à l'aire de Communay.
Sur les coups de 14h je mange un bout après Tavel, on se cadre avec Philippe pour l'assistance petit camion. En fait il n'est pas loin, il termine de refermer le terrassement d'une piscine que j'ai livrée à l'automne.
A 16h je suis à Ganges, je dis bien à Ganges pas dans le Gange, inutile d'aller polluer ce pauvre fleuve avec mes cendres. Je ne trouve aucune place correcte pour m'arrêter et transvaser, j'appelle Philippe, il me dit : « souviens-toi pendant les travaux le pont interdit aux PL ne l'était plus, gare-toi entre ce pont et l'ancienne coopérative, il y a un parking. » Ah oui effectivement une fois sur place ça me revient. Je commence à déballer, il arrive avec Eric son collègue monteur et un autre gars, à quatre ça devrait le faire. Je dépose la piscine sur le petit camion et le filtre à sable dans le Trafic d'Eric et nous vlà parti. Purée c'est une expédition, on monte dans Ganges, à un moment le goudron s'arrête la rue rétrécit, le chemin est bétonné sur un bon bout puis plus rien. J'appelle la cliente elle me dit de continuer dans la garrigue, le chemin est à peine praticable, il ne peut pas y avoir de maison par là. Tel Christophe Collomb cherchant les Indes, quand l'équipage a des envies de mutineries on voit enfin la terre, ou plutôt la maison. La baraque en bois de bobo-babacools est dans un vallon sous les arbres, aucun accès correct, ça descend sec, je décide qu'on se fait l'escalier à la main pour ne pas laisser les clients dans la merde mais pour le reste ils se débrouillent. Eric me repose au camion il est 18h, ça fait deux heures qu'on est là, incroyable ! Aucune assistance n'était prévue, c'est quand j'ai vu le problème sur maps en faisant le programme que j'ai demandé de l'aide, j'ai eu le nez fin putain !
Le jour décline quand je prends la direction de Clermont-l'Hérault. Je devais faire une rénovation demain matin mais la cliente sera absente, il va faire nuit ça me saoule mais j'ai accepté. A 19h je suis à Péret, dans le village. Je laisse le camion a un semblant de carrefour et je finis en chariot. L'impasse des clients est archi-étroite, les pneus de l'engin frottent contre les pierres, à un endroit une porte s'ouvre vers l'extérieur, j'ai mis du noir de pneu sur la charnière du bas. Eh ben purée pour une reprise ! Je vais demander à rester en Intermarché moi ! Peut-être pas quand même.
Je finis la journée au Commerce à Paulhan avec 9h54 de volant et 731 km, c'est bien pour un lundi.
J'ai droit au dernier croissant dans le panier, c'est un bon présage. Si vous n'avez jamais vu une douche vieillotte faut venir ici, le carrelage bleu ciel c'est quelque chose. Ma foi, c'est propre et gratuit, c'est mieux que moderne sale et payant.
Je démarre à 8h pour monter au nord de Béziers. Je livre une rénovation chez une brave dame, la fin de quarantaine pimpante. Je me fais le liner à la corne jusque dans l'abri de jardin. Comme j'ai pris de l'avance hier soir, là je n'ai plus rien jusqu'à midi, c'est con. J'appelle le client de 13h je fais chou blanc. La cliente de 15h répond, je file à Luc sur Orbieu en passant par la Minervoise. Luc sur Orbieu c'est un village typique du midi, pas facile. Je reste garé au bord d'une départementale, je finis en chariot. Je livre en vitesse, la dame est pressée elle doit aller chercher sa petite fille au collège, je lui range ça vite fait et elle file.
Le client de 13h m'a rappelé, on se cadre pour 14h. Je prends le temps de manger au pied d'une éolienne. C'est bien ces éoliennes à la campagne, les morceaux sont venus en convoi exceptionnel c'est donc accessible et il y a des parkings bien pratiques.
Je déteste Sallèles, c'est étroit, biscornu, heureusement les gens en voiture sont conciliants, ils se serrent. Je fais demi-tour et je me gare à l'entrée du pays, à 200m de la maison en gros. Le client est un grand black de 2m, pas pourri, en discutant il me dit qu'il a joué en Pro D2 à Lyon puis à Narbonne, il termine sa carrière en Fédérale 2 par ici. Sa maison est mitoyenne des deux côtés on passe tout par la porte d'entrée, y compris l'escalier, faut le tourner, c'est pas facile mais avec un gaillard comme ça de l'autre côté ça le fait bien.
Normalement là j'ai fini la journée, j'appelle le client de demain 8h il est sur messagerie, j'appelle celui de 10h, ils ont ok pour cet après-midi.
La route de la côte du Barcarès à Canet est en travaux, fermée aux 15t, il me faut passer par Perpignan. 16h15 c'est déjà un peu tard. Les clients ont un tout petit terrain, on range les colis dans le garage, la structure dehors. Je les remercie bien. Ça me laisse un peu de latitude demain matin, et ce qui est fait n'est plus à faire comme dirait l'autre.
Je remonte à Fitou, il est 18h30, j'ai bien avancé.
Je me lève un peu trop tôt mais ce matin je suis un peu inquiet. Donc café croissant douche et je démarre à 6h45.
J'arrive trop tôt à Estagel. Depuis hier le client est sur messagerie. Vous savez ces messages qui se veulent humoristiques. C'est pas drôle et ça me casse les couilles, on ne sait pas à qui on a à faire, donc je n'ai pas laissé de message. Au vu de Google Maps ma rue est complètement inaccessible en camion. Estagel est un bled vachement étroit, c'est impossible de stationner en semi. Il y a juste à l'entrée du pays un semblant de parking avant une boulangerie. La place, quand j'arrive, est prise par un petit camion de poubelles. Ça commence mal mon affaire, je traverse le village, ça prend du temps, je me dis qu'en revenant les éboueurs auront bu le café. Mon cul Paul, je me serre au mieux derrière eux. Je suis garé à 600m de la rue, ça va. J'empile l'escalier sur les margelles, je ne fais qu'un voyage. Le quartier est tout petit, on ne croise pas en voiture. Toutes les rues ont des noms de révolutionnaires : Robespierre, Marat, St Just, Rouget de Lisle, moi je vais rue Lamartine. A la mairie d'Estagel ils sont au courant que Lamartine c'est pas la même révolution ? J'ai pas vraiment le temps d'aller leur parler d'anachronisme, tant pis. Je compose une énième fois le 06 qu'on m'a donné, cette fois je pense que je réveille une jeune femme à la voix. Elle me dit que son compagnon doit être à la maison. Effectivement un petit gars m'attend dans une Sirocco. Il est avec un pote, ils sont bien gentils ces gamins. La maison est en construction, puisqu'ils sont sympas je le suis aussi, je dépose au mieux dans le garage, c'est pas facile dans les tas de gravats. J'y aurai passé un bon moment, j'ai bien fait de faire St Nazaire hier soir.
La suite est au Boulou. Ppffiioouu ! C'est Le Boulou mais dans la montagne, en semi je pense que c'est impossible, j'appelle le client pour confirmer, il me dit de ne même pas essayer. Je décroche en face des transports Cabaillé, je pose la réno sur la passerelle et en avant ! Vous allez trouver que j'exagère mais même en solo j'étais pas tranquille ! Ce chemin c'est un truc de fous, mais où ils habitent les gens ? Depuis où j'ai décroché il y a 20 minutes de route. Ça grimpe tellement que par endroits je patine. Le client m'a raconté qu'il n'y a pas longtemps il a commandé du carrelage, les lacets sont tellement en dévers, le gars a benné la palette du camion, incroyable. Je suis redescendu vraiment cool cool, ultra cool même.
Petit arrêt à La Jonquera, Martine m'a demandé des clopes et j'ai besoin de quelques douceurs.
J'ai rendez-vous avec David le concessionnaire de Barcelone à 15h. Je monte par Olot, à 14h30 je suis au village, j'ai le temps de manger un bout.
A 3h il arrive avec son monteur. Je les suis jusqu'à la maison, je m'y reprends à deux fois pour tourner dans la rue, c'est tout petit. Comme souvent par ici la maison a juste un petit portillon. On passe l'escalier par-dessus la clôture, je mets les deux gars d'un côté et moi de l'autre, c'est moins facile qu'avec le rugbyman d'hier mais ça le fait. En resserrant les fourches j'arrive à déposer les margelles de l'autre côté d'unn autre portillon, j'ai cru que David allait m'embrasser, on a gagné du temps et de l'énergie. Ciao, on se revoit dans deux semaines.
Je suis monté par Olot, je redescends par Vic, on recharge demain à Gérone. J'aurais aimé couper à l'Altamira mais la dernière fois j'ai eu un coup de cutter dans la bâche, je m'en vais couper à Les Mallorquines c'est le repaire des Français, ce soir on est cinq. Il y a de grandes tables en bois, des bancs, c'est très convivial et on mange fort bien.
Je démarre un peu avant 7h, le troquet est fermé et de toute façon il n'y a pas de douche. Donc je vais déjeuner et me laver à l'Altamira, à cette heure le risque d'une virgule dans un rideau est faible. Je ne m'en souvenais plus mais la douche est à 4 balles, ça commence à faire...
Pour 8h je suis à l'usine de chaux, à chaque fois que je viens ici je suis toujours tout seul en bâché, c'est pas pour me déplaire. On est en Catalogne mais il gèle ; -1 ce matin. Les bâches sont raides à ouvrir. C'est le même cariste que l'autre fois, pas causant mais bosseur, ça me va bien. A 9h15 je me casse. Je n'ai plus qu'à remonter tranquille. Tranquille pas trop, faut vider demain matin à la première heure si je veux être à l'heure aux piscines.
Je passe au gas-oil à Figueras, à la Petrem il y a désormais un autocollant sur chaque pompe pour dire qu'il faut rester en travail pendant le plein. C'est gentil mais de quoi je me mêle ? Moi avec mon petit réservoir j'y reste moins d'un quart d'heure, je ne suis pas concerné par une éventuelle coupure. Donc, j'enfile ma carte AS24 dans le lecteur...et ...le trou !!! Plus moyen de retrouver le code, Alzheimer ! Et je réfléchis, et ça dure... On en connaît tous plein des codes, toute notre vie en dépend : ma carte bancaire, celle de ma chérie, sa carte pro, le code du portail, le code de ce carnet de bord, plein ! Mais l'AS24, y a pas moyen. J'appelle Céline chez ATS, dès qu'elle me dit les deux premiers chiffres ça revient. La honte !
A La Jonquera le péage est presque fini d'être démonté, le goudron est neuf, on passe à 90, parfait pour avoir de l'élan pour grimper le col.
Je mange un morceau du côté de Montpellier, compteur revenu à zéro. Il fait super beau jusque de l'autre côté du Grand Bœuf, c'est marrant c'est vraiment la limite géographique. De l'autre côté il y a une chape de nuages, c'est lugubre, et les panneaux indiquent une réduction de la vitesse à cause de la pollution, tu m'étonnes !
Je fais ma dernière coupure avant Bourg. Je pensais couper chez à Montchauvrot à la sortie de Lons mais sur place il me reste trente minutes de volant. Venga ! J'arrive à Mouchard avec 9h58 de guidon, le top !
Réveil 6h moins le quart, c'est fête j'ai la grande douche. Ce qui est moins la fête c'est la météo, c'est gelé devant le troquet, un mec sortant devant moi a fait une figure, il peut rivaliser avec Candeloro.
Je recharge à 10h et demi, faut pas je merde, je vais donc faire les pleins avant de vider, c'est toujours ça de fait. C'est là que mon patron m'envoie un texto, il a des trucs à faire passer chez Waterair. Je l'appelle, je lui dis qu'il a plus facile de venir vers moi en voiture que moi de retourner à Devecey en camion. Il en convient. Je donne des ordres au patron, chez ATS c'est le début de la dictature du prolétariat, non mais ! Blague à part c'était plus simple.
Pour entrer dans la cour du client tu plonges dans le trou juste après le portail, je ne laisse pas prendre d'élan, je freine, sur le verglas ça part en sucette, je roulais tout doucement heureusement. Petite angoisse quand même. J'ouvre les côtés, ça ne bouge pas beaucoup.
Mon boss arrive, il me file les trucs, on papote un peu et il file s'enfermer dans son bureau, une vie de looser quoi, alors que moi je suis au grand air.
Ce n'est qu'à 8h30 qu'un cariste se pointe. Entre temps un mec du 05 est arrivé, il charge 9 palettes, le cariste veut le charger avant, ce que je comprends. Je descends mon chariot et j'attaque à vider en attendant, quand le jeune revient j'ai presque fini. Il me remercie, je lui réponds que la prestation ne sera pas facturée.
J'arrive à Seppois avec un quart d'heure de retard, je suis le dernier camion c'est moins grave je n'emmerde personne. Joli chargement avec une jolie destination finale, je vous raconte ça le week-end prochain. En attendant je rentre à Bourogne, il est 13h quand même. Bon week' à tous le ciel vous tienne en joie et attention aux entorses sur le verglas.
Avant de démarrer je prends le temps de décrocher pour remettre mes calottes d'ailes blanches, je les ai refaites ce week-end, ça me plaît mieux. Les puristes non-daltoniens me diront que ce n'est pas exactement le même blanc. Samedi matin j'ai appelé chez Scania Besac' pour avoir la bonne nuance, le mec m'a dit qu'il y a dix blancs différents chez Scania. J'avais jamais remarqué et ça sert à quoi ? Chez Norauto j'ai trouvé un blanc ivoire, on voit à peine la différence, et puis avec le temps qu'il fait aujourd'hui ça va être vite crépi.
Je m'arrête quand même chez Jeantet pour passer un coup de Karcher et de balai, ça enlève la boue, je sais bien que dans dix km ce sera bon à refaire mais faut pas déconner, sinon on lave jamais.
Ça roule normalement jusqu'après Digoin, la RCEA est à nouveau fermée, tout le monde passe par Le Donjon et Lapalisse, c'est bien pénible. On ne peut pas en vouloir aux étrangers de rouler tranquille quand on ne connaît pas, même si ça me casse les bonbecs. Il y a même un petit bouchon à cause d'une circulation alternée au Donjon. Quelques minutes perdues, fait chier mais il n'y a pas d'alternative. Du coup j'arrive à mon petit parking avant Lapalisse avec 4h30 tout pile.
Après Vichy c'est autoroute tout du long, là je rattrape quelques précieuses minutes. L'idée c'est de ne pas griller une 10h et de valider une coupure de 11. La 11 je l'aurai c'est sûr, la seconde sera faite demain, je rentre samedi il m'en faudra deux, pas le choix.
Au péage de Cahors sud j'ai 8h45, allez fonce tonton. Je tombe sur un camion de l'Aftral, je sais pas s'il a vu que je suis pressé mais il se sert sur un dégagement pour me laisser la route, merci la station. Je me gare au Relais d'Auvergne à Caussade avec 9h04 de volant. D'un commun accord avec moi-même je compte ça pour 9h et basta.