Tout avait commencé comme un lundi classique. Ce 7 juillet, je remontais tranquillement et presque en avance chargé en primeurs au départ du Marché de gros de Barcelone. Dernier lundi avant des vacances méritées, je me suis arrêté rapidos chez Padrosa à Figueras. Prochaine étape prévue : Lansargues, non loin de Mauguio ou je dois prendre 4 palettes de melons.

Repart de là avec une bonne dose de déo Axe sous les bras, mon GPS m’annonce 800km pour rejoindre Lansargues, ça y est, il a craqué l’autre. Les douaniers veillent au grain au péage du Boulou provoquant un bon bouchon, mais qui me permet de me tenir informé. Un méga incendie s’est déclaré entre Sigean et Narbonne, avec le vent de fou qu’il y a, la tâche des pompiers n’en est que plus compliquée. Malgré tout, bêtement je fais confiance aux autorités, ils ont bien trouvé un plan B. 107.7, annonce que l’A9 est fermée à Sigean, et qu’ensuite, il y a une déviation, alors prudent quand même, je sors à Perpi Nord. Je me gare et réfléchis : Si je fais le crochet par Limoux, je perd 1h45. Par la déviation des Corbières, il y a à peine 40km, même si je mets 1h ça sera pas trop grave…
Plus je monte vers Sigean, plus l’A9 est pleine, je me dis que j’ai bien fait de prendre la nationale… La file de camions fait froid dans la dos, mais les autorités dont c’est le travail, laissent les gens s’engouffrer la dedans.
Sorti à Sigean, je prends la direction du Portel, ou c’est déjà bien le Bordel. Naïvement, je me suis dit que passé ce charmant village, celà irait mieux. Quel naïf je fais. Pris dans la nasse, aucun gendarme pour faire la circulation, c’est déjà difficile de croiser une voiture, alors des files de camions perdus, c’est encore pire !
La nuit tombe vite, les esprits s’échauffent et du moindre chemin, de la moindre route arrivent des camions des voitures qui suivent leur GPS. Par ici, les routes, c’est pas large du tout, le pire est la traversée des villages. Aucun gendarme posté à chaque extrémité des villages, ou ça ne croise pas. La plupart des chauffeurs sont perdus, livrés à eux-mêmes. Les traversées du Thézan-des-Corbières et surtout Fabrezan et Ferrals sont un véritable cauchemard. Retros cassés, arbres au branches basses. Le pire, c’est qu’avec un tel chaos, même les pompiers ne peuvent pas passer.
Avec la nuit qui avance, se pose le problème du sommeil, certains se couchent en plein bouchon, il faut aller les reveiller juste pour avance de 100m parfois. Au bout de 7h d’horreur, et à peine 40km, je finis par atteindre l’A61 et le péage de Lézignan. Des camions garés n’importe où et de partout. Au loin, on voit les flammes, on sait pas finalement comment ça va se terminer. Mieux vaut s’escamper !
Il fallait que je sorte les melons au moins aujourd’hui, fermement décidé à me coucher après ça, mais voilà, la place était prise, alors foutue pour foutue, j’ai terminé la journée à Ambrussum au petit matin. J’ai tiré le ticket le plus long de ma vie pour justifier d’un dépassement d’amplitude.
Par ce texte, je voudrais saluer les pompiers qui ont pris tous les risques pour combattre ce terrible feu et probablement sauver des vies et des biens. Ce sont de véritables héros. Je voulais aussi, une fois de plus déplorer le manque d’efficacité de tous ceux qui gèrent les routes et le trafic. Certes la situation était exceptionnelle. Mais quand un incendie se déclare à 15h après des semaines de canicule en plein vent, il ne fallait pas s’attendre à un miracle. Il existe d’autres routes pourtant, la situation extrème à laquelle on a dû faire face aurait pu s’arranger un peu, si tous ceux qui arrivaient de Toulouse à destination de Perpignan avait été invités à passer par Limoux. Quant à ceux qui allaient directement sur Barcelone, rien n’empéchait de les devier via le col du Puymorens, en juillet, il y a plus trop de neige là haut. Il y a qu’en France ou l’on peut voir des situations pareilles avec des milliers de personnes, en pleine période de départs en vacances prises au piège. En France, on est vraiment à la ramasse une fois de plus !