Voici Quelques photos souvenirs de Thierry62 sur les routes du Moyen Orient
Je m’appelle Thierry Demeulle, j’ai roulé au Moyen Orient, de 1982 à 1987, j’ai commencé chez Carry International basé à l ‘époque à Gennevilliers, je livrais chez saudi à Ryad, puis j’ai terminé chez Adnet à Reims, avec Roland Bossenauer, dit Boboss ou Hans, Baptiste Manzoni, Jean-Claude Foulain, Michel dit l’angoisse, et Jacky tige de freins… j’ai egalement fait quelques tours de Russie, ainsi que tous les pays de l’Est. Après cette période, j’ai fait du frigo pendant 13 ans chez TransArtoisFrigo, dans le 62. Et maintenant je roule pépère en pulvé, chez MGE à Epinal (routier grand international….Bénélux!!!….). J’ai été ravi de retrouver d’anciennes connaissances sur le trombinoscope, et attristé d’apprendre le décès de Pierrot…
Ma pomme en Turquie
Douane de Fallujah Irak
Kerbala en Irak
Avec Roland (Hans)
Momo et moi en attente trois jours à la frontière irakienne
Voici Quelques photos souvenirs de Georges Badoz dit l’Americain (à cause de son White)
Quelques photos prises pendant la grande epoque du moyen orient, les photos de groupe ont ete prises au Londra camping.
Dans les transporteurs ayant fait le moyen orient, il y avait aussi les transports Louis Hocbon a Ablon sur Seine. Je travaillais pour lui et malheureusement comme bien d’autres, nous avons coulé aussi au moyen orient. Nous avions une trentaine de camions Berliet et Magirus. Je pensais l’autre jour a un ami, le patron des transports Robert a Mer (45) qui, lui aussi, a laissé toute son ecurie au moyen orient. Il etait resté en Iran avec un ou 2 camions pour eviter la saisie, savoir s’il y est toujours, je ne sais pas.
Sur le site, j’ai reconnu plusieurs personnes chez Stouff bien evidemment et chez Iochum. J’avais d’ailleurs aidé un chauffeur Iochum qui avait eu un petit accident sur la route du taurus. J’avais decroché ma remorque a Seriflicochisar ou je me trouvais pour aller l’aider.
Apres la chute de Louis Hocbon j ai modifie ma carriere. Si je suis reste dans le transport, c est avec un costume cravate et derriere un bureau. J’ai en effet exercé le metier de transitaire pour plusieurs grands groupe allemands et americains. J’ai aussi beaucoup voyagé pendant ces 30 dernieres annees mais en avion ( pakistan . inde. etats unis .afrique du sud . mozambique . zimbabwe. etc. etc.) Je ne suis retourné qu’une fois au moyen orient en avion pour la negociation de contrats aux emirats arabes unis, au qatar et a bahrain.
Des copains chauffeurs, je n’ai revu personne depuis. Aujourd’hui, je suis a la retraite avec ma femme bolivienne. Nous vivons a Santa Cruz en Bolivie à la limite de l’Amazonie. Si je voyage aujourd hui c’est uniquement pour le plaisir ( argentine . bresil. paraguay. chili . uruguay )
Londra camping: a gauche moi, a droite un suisse
Londra camping: en partant de la droite je suis le 3ème a cote de Noneuil, danseuse du ventre turque qui avait reellement un oeil de verre.
Moi a gauche, a cote de moi panik dragi chauffeur yougoslave de louis hocbon aussi et 1 suisse retenu a istambul suite a un accident, il etait libre mais sans passeport
Londra camping: moi a l extreme gauche
Mon magirus de Louis Hocbon dans le desert saoudien entre h4 et turaif
un white de jean chavagnon qui ne faisait que la france attele a une citerne de sucre liquide
Mon white quand je travaillais chez Jean Chavagnon a Lyon…
… avec mes citernes de gaz, j ai parcouru toute l’Europe sauf 4 ou 5 pays
chez Jean Chavagnon j’ai aussi roulé sur un Krupp malheureusement il ne me reste pas de photo.
Vers l’âge de 15 ans, pendant les vacances scolaires, j’accompagnais ma mère sur les routes d’Europe à bord de son F89 Volvo attelé d’une semi-remorque frigo Chéreau. Un très bel ensemble ! Au début je ne pensais pas faire le métier. Il me paraissait très dur, ma mère dormait très peu et je ne pensais pas être capable de tenir de telles cadences.
Voilà ma mère, y’a qu’un pas qu’elle a franchi allègrement et sans permis au début
Le premier camion de mon père. Un Hotchkiss.
Ma mère au volant de l’Unic
L’Izoard dans la cour de la ferme familiale
Ma mère mon petit frère et le Stradair
Mon père conduisait occasionnellement et dirigeait l’entreprise
Le Volvo F89 de ma mère, sa fierté et son grand amour
Ma mère me l’a cédé lorsqu’elle a arreté de rouler
En septembre 73, la rentrée scolaire me sembla plus difficile que les autres, je me sentais enfermée et frustrée. Le voyage me manquait ! En septembre une agence AFT s’ouvrait à Valenciennes c’est là que mon histoire avec la route a commencé.
Cinq semaines de formation et au bout le permis de conduire poids lourd avant le permis voiture que je n’ai pas obtenu à l’époque. L’inspecteur trouvait que je prenais trop de place quand je changeais de direction dans les carrefours !
Très vite les conditions d’obtention des permis de conduire changèrent et le fait de posséder un permis lourd dispensait de l’obligation de passer le permis VL. J’ai donc fait mes premiers pas dans le métier dans l’entreprise familiale et sur les traces de ma mère.
D’octobre 1974 à début 1976 : Transport Bruyère Angleterre, Italie, Allemagne, Belgique, Hollande, Espagne et même un voyage mémorable en Yougoslavie avec un Daf camion remorque frigo, chargé d’oranges et extrêmement capricieux.
Remorque frigorifique. Quelques chevaux pour sillonner l’Europe
Carte de visite de l’entreprise
Un des DAF, probablement en Italie
La grande lessive !
Article paru dans la presse anglaise
En avril 1976 j’accompagnais Jean Claude pour mon 1er voyage à Téhéran pour les transports Gruau de Rosny sous Bois.
En juin ou juillet 1976 chez Pétricic à Reims : Iracq, Syrie, Iran.
Un accident à la sortie de Tabriz au nord de l’Iran et 2 mois et demi d’attente pour un jugement qui n’a pas eu lieu, avaient un peu freiné mes ardeurs. De retour en France en décembre 1976, alors que Daniel Pétricic me proposait de reprendre mon camion réparé, je préférais quitter cette ligne.
1er voyage à Téhéran 1976
Jean Claude
15 jours d’attente en douane de Téhéran
L’attente en douane, ça crée des liens!
Douane de Téhéran 1976
En cuisine!
En douane de Téhéran
Chauffeurs belges
Attente à la douane de Bazargan entre la Turquie et l’Iran
Aujourd’hui peut-être!
Bourbier turc
Au secours nos amis turques! Une soupape est descendue!
C’est grave docteur?
Est-ce que ça va remarcher?
Ankara 1976
Le ministre
Camion duplex. Le magirus de Jojo que nous ramenions de Téhéran
Camion tpts Gruau, voyage Iran 1976
Salle de bain en Turquie
Roumanie
Damas 1976, mes 20 ans
Damas, Jean-Claude et moi, la petite Marie
Damas 1976 mes 20 ans, à ma droite Jean-Claude et à ma gauche Serge Chemin
Ils se reconnaitront peut-être…
Chez les français de Tabriz qui m’ont hébergée à ma sortie de prison
Istanbul
Istanbul, pont du Bosphore
Istanbul
Le Tahir
Ils ont la bosse du commerce les petits!
Ah le transport!
En 1977 aux transports Franco-Suisse à Gex c’est au volant d’un 6×4 Man porteur benne que je m’essayais aux travaux publics (construction de l’autoroute entre Chambéry et Annecy). Je préférais la route et de loin !
De 1978 à 1980 Transports Gullmann à Chambéry transports sur l’Europe affrétés par Bourgey Montreuil. Une équipe de chauffeurs et des patrons très sympathiques dont je garde beaucoup de très bons souvenirs !
Le fidèle JM cher au coeur de Jean Gullmann, tous mes hommages…
Le PS30 de chez Gullmann
Réparation chez Jean Gullmann, un inconditionnel de Saviem et fou de V8!
Transports Gullmann à Chambéry
De 1980 à 1983 : création de la SARL GBTI Gaugenot Bruyère Transports Internationaux.
Jean Claude et moi avions créé cette société avec l’aide précieuse de Mr Ségissement dirigeant de Sertranex. J’avais passé l’attestation de capacité et étais gérante et chauffeur. Transports Moyen Orient, pays de l’Est et pour mon plus grand bonheur la Grèce.
Mr Ségissement disait : « petite, il ne faut pas confondre financier et philanthrope, moi je suis un financier » Le temps m’a prouvé qu’il était les deux !
Jean-Claude, Marie et puisse-t-il se reconnaitre…
Petite fête à la frontière Italienne avant d’entrer en Yougoslavie.
Même soirée et toujours heureux de se rencontrer
Mon Mercedes au cours d’un voyage en Grèce, affrété par Sertranex
La grande maison Sertranex!
Camions Sertranex au Londra Camping à Istanbul
Jean Claude Gaugenot
Lino
Momo
Mon Mercedes avec sa nouvelle cabine après un accident en Turquie
Bab el Hawa frontière Turco-Syrienne
Victor de Souza
Jean Claude et Jojo
Maurice de chez Gruau
Nord de l’Iran
Turquie
Turquie
Kapicule
Parking du port de Volos avant l’embarquement pour la Syrie
Parking du Londra Camping à Istanbul
Papane,Tony de Souza et… j’ai oublié le nom!
Ensuite la rencontre avec mon « futur ex mari » et néanmoins Ami a donné naissance à trois merveilleux enfants : un fils et des jumelles qui ont aujourd’hui 24 et 22 ans.
Ce fut la fin des voyages au long cours et le début d’une nouvelle histoire très riche elle aussi.
Transports Moriceau, le 1er Ken et mon fils
Mon fils et une de mes filles aux transports Wauthier, superbe W900!
Moriceau père et fils en vadrouille.
De 1991 à 1994 : Transport de linge avec un petit porteur pour une société de blanchisserie industrielle. J’étais chauffeur livreur ! J’en garde également beaucoup de très bons souvenirs.
Notamment les livraisons sur les ferries anglais de la P&O au Havre.
Mon dernier camion
Depuis 1996 : Education Nationale, professeur en lycée professionnel. Je forme des jeunes sortant de 3 ème au métier de conducteur routier.
De 1995 à 1996 : Formatrice chez Promotrans. Photo: Classe de conducteurs routiers du Havre en voyage.
Le W900 de Momo. Ma mère et Robert, un grand routier. Tous mes hommages!
C’est avec émotion que je vous envoie ces photos. Celles du Moyen Orient ont été, en grande partie, faites par Jean Claude au cours de notre 1 er voyage à Téhéran. C’est ma façon de rendre hommage à un grand fou plein de vie et de rêves qui est parti pour son dernier voyage en 1996 je crois. Ma mère aussi a tiré sa révérence en 1999. Elle avait conduit pendant plus de 20 ans et était animée d’une grande passion pour la route et les voyages. A la suite de cet accident à Tabriz j’ai été emprisonnée pendant 12 jours, mon patron ayant versée la caution, je fus donc libérée. Devinez qui m’attendait à ma sortie de prison ? Ma mère et oui elle était là quant il fallait ! Pendant 2 mois et demi j’ai été hébergée par des français vivant à Tabriz certains pour leur travail d’autres coopérants militaires.
Je tiens également à rendre hommage à tous ces copains de route avec lesquels nous avons passé des moments forts, sympathiques et inoubliables. Même si la mémoire commence à faire défaut j’ai reconnu, avec beaucoup de plaisir, beaucoup d’entre eux sur les photos mises sur le site. L’Amitié, la camaraderie, l’entraide étaient des maîtres mots.
Merci à tous ceux qui font partager leurs photos et renaître tous ces souvenirs.
Après l’obtention du permis en 1988, je passe mon armée au 121ème de Montlhery. C’est Jean Francois Callarec qui me donne l’envie de voyager étant lui meme grand aventurier. Personnellement, j’aurai voulu connaitre le moyen orient mais je suis arrivé trop tard. Mes voyages les plus lointains: Kayseri dans le centre de la Turquie, Minsk en Biellorussie et Gibraltar pour le sud, un peu d’humanitaire en Yougoslavie. Voila aujourd’hui, père de deux enfants, Annaelle et Robin, je suis chauffeur chez Point P à Morlaix (29). Salut les lignards, voilà bien longtemps que mes photos sommeillaient dans mon album, merci internet et merci FDR!
Suite à une rencontre virtuelle sur un grand réseau social américain, et à des échanges sympathiques et réguliers, j’aimerai mettre en lumière la vie professionnelle de 2 conducteurs allemands, Sven J. et Henrik N.
Henrik avec son fiston
Et Sven tout sourire sur la ligne-frontière entre la Hongrie et la Roumanie
En cette fin 2015, nos 2 routiers-baroudeurs saxons appartiennent à une race en voie d’extinction, le conducteur ouest-européen « très longue distance ».
Ils roulent pour un gros transporteur autrichien, MÜLLER, basé à Wiener Neudorf en banlieue viennoise.
Cette société de 350 salariés fait rouler presque 300 frigos sur des tours réguliers en Europe, Russie, Turquie, Kazakhstan… Sven et Henrik font partie de la douzaine de conducteurs allemands et autrichiens (sous contrat autrichien) résistant encore au flux de slovaques, hongrois, turcs et autres (contrat slovaque grâce à leur agence de Bratislava….), formant les 95 % de l’effectif des chauffeurs Müller.
Les remorques sont encore toutes immatriculées en A,les tracteurs en A et SK.
Ils transportent pas mal de produits pharmaceutiques divers (vaccins,sérums…) à la montée, et font régulièrement des milliers de kms à vide pour recharger… Ex : ils vident en pharma à Istanbul et rechargent complet d’oignons en sacs de 20 kgs dans le nord de la Roumanie… ou vider 2 clients au Kazakhstan et revenir à Moscou ou Minsk BY pour recharger !….
De 3 à 9 semaines dehors, parfois même plus en fonction des conditions météo hivernales dans l’Oural ou au Kazakhstan (KZ), et de l’enchaînement des tours Europe <> Asie par exemple, sans passer par Dresden,en Saxe (D), où ils résident tous deux.
Entre leurs contrats autrichiens et les slovaques, il y a un écart de traitement important bien sûr… Leurs salaires ne sont pas exceptionnels pour nous français, bien au contraire, puisqu’ils perçoivent 2800 à 3000€ mensuels, plus une prime de 1000 € pour Noël… À fortiori leurs 250 collègues sous contrat slovaque gagnent moins que ça…
Sven et Henrik parlent le russe couramment, logique car natifs de l’Ex-RDA ! Mais également un peu anglais, turc,..
Merci à eux de nous faire partager leurs photos … 😉
Au KZ, ils roulent souvent en convoi, escortés j’imagine, avec 1 garde armé par camion… Henrik l’a pris discrètement… Le « Huber POP » de la steppe, covoiturage obligatoire et pendant 3 jours…
À Alma-Aty, terminus du voyage, dans l’extrème sud-est du KZ… et à 6200 kms (?!!) de Dresde, la maison… Au fond derrière les cimes des montagnes de l’Altaï, ce doit être les confins de la Chine et du Kyrgystan.
Tombé en panne au KZ,Henrik a attendu chez Scania à Astana ou Alma-Aty pendant …. 7 jours l’arrivée de sa pièce de rechange.
Entre Kapiküle et Istanbul,puis le passage du Bosphore dans la mégapole turque.
Russie / Bielorussie / Kazakstan
Quelques vues du poste-frontière de Sarpi, entre la Turquie et la Géorgie, entre Trabzon TR et Batumi GEO, sur les bords de la Mer Noire.
Pour monter vider à Tbilissi GEO, et même parfois en Arménie à Erevan, ils optent pour le transit entier de la Turquie, et ce poste de Sarpi, pour éviter en partie la poudrière quasi-permanente du Nord-Caucase et du Donbass
En Sibérie, il n’est pas rare de voir – en général de loin- de grandes prisons entourées de barbelés. C’est encore les camps de travail du Goulag (on les appelle souvent le goulag tout court). Entre Chita et Khabarovsk, quelques 2000 km avant Vladivostok, la route est en construction. Morceaux de pistes longeant les voies du transsibérien, passages à gué et autres merveilles, la région est super pauvre, l’ambiance embuée de vodka et les villages très rares. Un matin, je passe sur un tronçon qui explique d’où vient le terme « montagnes russes » : à peine plus large que le camion, ça se faufile sur le dos de mille ânes entre les voies du train (qui passe justement dans un vacarme assourdissant) et les palissades grises et miradors d’un de ces riants camp de travail.
Ça donne pas très bien sur la photo, mais la route entre la prison et le train donne presque le mal… de mer
Le seul trafic sur cette route, c’est les voitures d’occasion japonaises que des russes ramènent vers l’ouest pour quelques roubles. Autrement presque rien et peu de piétons. Le lendemain, j’aperçois 2 clowns qui font mine de marcher en sens inverse du trafic (je rentre de Vladivostok). Normalement, je ne m’arrêterai pas dans cette région pour des stoppeurs, mais eux me font de grands signes. Je pense qu’ils ont dieu-sait-quelle info à me donner sur la route et m’arrête, portes verrouillées et barre de cabine à portée de main. Popaul et Raoul me demandent en fait si je ne peux pas les prendre avec moi dans ma direction. Comme ils me voient très méfiant, ils me montrent qu’ils n’ont aucune arme de cachée et que dans leur sac en plastique il n’y a qu’une bouteille d’eau et quelques biscuits. À vrai dire, même s’ils sont habillés un peu bizarre (Raoul porte des pantoufles) ils ont l’air franchement sympas et inoffensifs. Alors finalement je les fais monter, ma copine la barre de cabine à deux doigts.
Mes deux nouveaux co-pilotes s’appellent en fait Sergueï et Jenia. Il m’expliquent qu’ils sortent de la prison que j’ai du voir sur ma route (en fait le goulag du jour d’avant). Ils cherchent à rentrer chez eux, l’un au Kazakhstan, l’autre en Ouzbékistan. Je leur demande pourquoi ils ne prennent pas le train qui passe justement là. Ils me disent qu’ils n’ont pas un rond. Je leur réplique qu’ils n’ont qu’à prendre un boulot sur le chantier de la route en construction ( vu le rythme où elle avance, ils auront certainement besoin de personnel motivé…). Et c’est là qu’ils me répondent qu’ils n’ont aucun papiers…
Je sais pas vous, mais moi ma seule expérience carcérale je la tire des films de ma jeunesse et de quelques heures passées dans une cellule en Biélorussie (pour m’être endormi sur un banc public), mais il me semble que normalement un pékin qui sort de prison sans ses papiers, c’est pas par la grande porte… Une fois cet aspect de leur histoire plus ou moins défini, il n’est pas nécessaire de s’étendre sur le sujet. Ce qu’ils ont fait j’en m’en bas le jonc. On est juste 3 êtres humains au milieu de rien. Content du moment. Et c’est aussi ça la route. Et contents ils l’étaient mes Daltons : Ils n’avaient jamais vu un CD, mais quand ils ont réalisé qu’ils pouvaient choisir de la musique, je crois que je n’ai jamais vu des gars aussi heureux ! Ces gars qui n’avaient presque rien avec eux, ont absolument tenu à partager leurs très maigres provisions.
Cha sliva les gars – bonne chance
Je les ai déposé seulement 30km plus loin (2 heures de route quand même dans ce coin !), non loin d’une voie où les trains marchandises semblaient faire un stop. On en avait presque les larmes aux yeux les 3. Je ne pense pas leur faire du tort en publiant leur photo et souhaitent qu’ils aient entre temps trouvé leur famille et qui sait, un boulot peinard (comme chauffeur de Kamaz par exemple…).
Pour donner une idée de la distance : ce panneau artisanal annonce Moscou à 7200km et Vladivostok à 2400km.
Il y a des journées où la piste est tellement mauvaise que t’es content de faire 200km en 14 heures de route… alors quand pour une fois il y a une belle piste comme sur cette image, on la prend en photo
Allez, une petite dernière pour la route : un pont, parce qu’ils sont rares. J’ai souvent passé à gué
Sur la fameuse route de l’Amour, décrite dans une précédente histoire, il n’y a pas (encore) de station service. C’est l’anarchie. Les machinistes ici ou là vous font un signe du pouce vers le bas quand vous passez pour vous montrer qu’ils ont du carburant à vendre. Dans ce coin là, pas grand-chose à craindre, ils ne vont pas le mixer avec de l’eau. Il n’y a pas de concurrence et il fait de toute façon trop froid. On s’arrête donc ici et là pour enfiler quelques bidons au dessous du prix du marché. On ne négocie pas longtemps, vu le prix où ils l’ont « acquis » leur mazout, ils feront de toutes façons un bénéfice…
Un jour, un type nous fait signe et on s’arrête pour aller nous cacher un peu plus loin. Ça tombait bien parce que le camion a soif. Sur ces routes-là, on consomme une craquée à rouler à 2 à l’heure. Serguei nous dit qu’il a 400 litres à nous vendre. Il n’en croit pas ses oreilles d’ancien entraîneur de ski (et oui, ça paie mieux de vendre de l’huile au noir) quand je lui dit que je prends tout. Alors on commence : un bidon de 40 litres, puis un autre puis un de 20 litres et encore un, le tout à travers un entonnoir de fortune et un filtre de chiffon. On vide sa camionnette jusqu’à ce qu’il sorte un quarantaine de bouteilles de 1.5 litres… ça fait plaisir ! 45min pour faire le plein.
Et le sympathique pompiste et toujours le même rituel : une coche dans la poussière du camion à chaque tour de cadran de la pompe.
Au retour un mois plus tard, j’ai rappelé Serguei et on s’est donné rendez-vous. Il avait pu se procurer depuis des bidons plus gros et en homme d’affaire averti, m’a offert un cadeau fidélité: un carton de pives à pignons que les russes rongent avec délice. Ce cadeau m’aura été fort utile plus tard, alors que j’ai dû récompenser des gars qui m’on sorti d’un très mauvais pas… mais c’est une autre histoire…
Le splendide véhicule de notre ami Serguei
A l’arrière de la station…
Si je ne lui avais pas donné un coup de main, on y serait encore… mais ces petites capsules, c’est tellement mignon…
Un autre type de station service : le camion pompe. Ils sont corrects à peu près partout, sauf dans l’Oural où il est recommandé d’utiliser une barre de cabine pour signer la note.
cette photo a été prise juste après l’Oural, donc assez proche de l’Europe. un Aubry en Sibérie ??!! on respire par le nez les amis, il a des plaques russes. Bon nombre de camions européens finissent là-bas avec leurs couleurs d’origine. L’AE est un peu fragile pour ces routes là…
A LA FORCE DES BRAS…
Lors de mon 3eme voyage en Mongolie, on a est rentré par l’ouest du pays, dans les montagnes de l’Altaï, peuplées de nomades kazakhs, pour y livrer 2-3 écoles, puis le Foden et mecolles avons rallié la capitale distante de 1200km, dont seulement 200 étaient goudronnés. Ça sonne sympa et rigolo (et à quelque part ça l’est !), mais ‘faut compter avec pas de route, pas de panneaux et souvent tout simplement pas un pelé à voir pendant un jour ou deux… mais pas mal de casse aussi.
Voilà le seul véhicule vu après 2 jours de route
On avait prévu le coup en partie et le camion était équipé de 2 réservoirs de 400l chacun, ainsi qu’une batterie de jerricans sur la remorque pour un 200 litres de plus. Ça fait rigoler la bouche des nord américains avec leurs réservoirs chromés de 3 millions de gallons, mais nous on pensait avoir déjà des réserves… sauf que sur ce genre de pistes, c’est pas 32.5l/100 , mais pas loin du double que malgré tes précautions tu envoies soigner le trou d’ozone, de sorte qu’à mi-parcours, la jauge pointait déjà sur soif. Au premier bled venu, tu n’hésites donc pas à rallonger une bricole tes précieuses réserves. Ce que je fis à Tosontsengel, petit village oasis doté… d’une station service.
J’arrête donc le camion et son excellence le pompiste s’enquiert tout sourire de la quantité de diesel que je pense lui acheter. Je lui révèle que je compte prendre 200 litres et plus. Dans ce pays, où l’on mesurait la capacité d’un camion non pas à sa puissance ou à son tonnage, mais à la capacité de son réservoir, on ne prend jamais plus que le strict minimum ; un réservoir peut se percer en route et on perdrait tout et de toutes façons on a rarement plus d’argent que ce qu’il faut pour rallier un point A au point B. Donc 200 litres c’est une pétée et je pensais faire plaisir au maîtres des pompes.
À la place son visage se décompose, et voilà pourquoi:
Il n’y avait pas d’électricité ce jour là ( et pas d’ailleurs depuis plus d’un mois), et il a fallut pomper les 200 litres à la main. Après 20 litres déjà il m’a passé la manivelle et on a joué à chacun son tour pendant l’heure qui a suivi…
Ensuite j’ai fait un petit stop au village pour acheter de l’eau et du pain et j’ai ressenti le feeling que peut avoir un extra terrestre quand il parque sa soucoupe sur le parking d’un Intermarché le samedi.
côté Zil articulé, voilà la classe: un fier road train à 6 cylindres en ligne à essence et carburateur de la guerre… ça marche aussi chargé… mais encore moins bien…
Petit exemple aussi de l’éducation et du bon sens de ce peuple extraordinaire : pendant qu’un équipe de techniciens essayait de comprendre le fonctionnement des suspensions à air sous ma remorque (et y parvenait facilement), une autre me demandait d’où je sortais avec mon vaisseau spatial. Quand j’ai dit « Suisse », on m’a tout de suite demandé si la capitale était bien Berne. Ce qui a eu pour effet de me remettre à ma place, moi qui avais attendu longtemps avant de connaître le nom de la capitale de la Mongolie….
Et zinguezinguezingue…Madame, Monsieur, ne vous affolez pas, je vais tout expliquer… Mais je gage que ce post là i’ va être lu plus d’une fois. On est tous les mêmes. Non il ne s’agit pas de mon coming out, mais plutôt d’une suite sur les routes mythqiues à l’attention de PKW90… Je m’essplique:
En Russie, les routes principales sont appelées les Magistral. La M10, la M51, etc… Elles portent aussi souvent le nom de la région, la M5 Oural ou la M55 Baïkal par exemple. Mais dans l’est de la Sibérie, il y a une route qui n’existait pas vraiment il y a quelques années encore ( et pas sûr que ce soit beaucoup mieux aujourd’hui) : la M58 Amour. Amour du nom de la région et du fameux fleuve du même nom. Et cette route je l’ai prise avec mon camion et Nikolaï, un chauffeur russe (qui pour d’amusantes histoires de mafia n’aura pas fait le trajet du retour en camion, mais c’est une autre histoire…).
Je peux donc sans craindre la honte de ma maman dire que j’ai fait l’Amour avec Nikolaï en camion. Et je rassure tout le monde, dans cette histoire personne ne s’est fait aléser le pot d’échappement et je peux toujours fièrement vous péter un si bémol après le cassoulet.
L’entrée de l’Amourskaya Oblast (département de l’Amour- en rose sur la carte – bravo). Sur la carte on voit le fleuve Amour qui sépare la Chine (en beige) de la Russie.
Le fameux Nikolaï et meszigues. Aucun relais routier sur 2000km et souvent trop froid pour faire plus que le minimum de toilette, alors c’est la grève chez Gilette.
Je te dis que je déconne pas : ça fait déjà plusieurs centaines de kms qu’on longeait la Chine. Mais de voir le panneau en vrai, je crois que j’ai versé une larme
Au retour, un bout de route aménagé… avec un panneau ! Ça fait plaisir… La ville de Chita à 1734km c’est là que la « vraie » route recommence. Jusque là bas elle est tellement pourrave en fait que la moyenne était de grand max 300km en….12 à 14h de route.
Une jolie faucille à l’entrée de Magdagachi à mi-chemin, avec le trans-sibérien en arière plan.
ais quand ça va lentement, t’as le temps d’admirer le paysage et tu t’arrêtes prendre des belles photos pour te reposer les lombaires…
le tout début de la fameuse M58 « Amour », une route qui n’existait tout simplement pas encore officiellememt quelques mois avant la photo…
je me suis rendu compte quelques jours après cette même photo que la route n’existait en fait pas encore vraiment
c’est tellememt pourri que tu casses souvent. Les ponts ne sont pas terminé et tu prends de l’élan pour passer la rivière. C’est solide un Foden…
quand j’ai vu l’autre côté du panneau au retour, je me suis suspendu au klaxon pendant 2 min et ai versé une petite larme. il ne m’est jamais arrivé autant d’aventures sur un seul voyage…
C’est par l’intermédiaire de notre bien aimé Wim, que nous avons pu récupérer ces chouettes photos de chauffeurs belges sur les routes du Moyen orient. Ces photos proviennent de la collection personnelle d’Eric, qui n’a hélas pas d’infos supplémentaires sur les chauffeurs en photos.
Voici quelques vieilles photos récupérées par la femme de Rémy (Claudine). Ces photos ont été prises au cours d’un voyage vers le Niger. Rémy a travaillé pour les transports Bianchi de Mougin 06 et Iochum de Marignane 13. Il a toujours été un bon collègue de travail plein d’humour. J’ai personnellement roulé avec lui jusqu’en Arabie Saoudite mais j’ai perdu les photos de ce voyage. Dommage. Rémy est décédé il y a quelques années, suite à une longue maladie comme on dit. Il habitait Nice 06. (Léo le mongol)