Transports BOUVAREL

Réalisé par Kinoroute et SMX.

Un grand merci à Jean-Loup et Christophe Bouvarel pour nous avoir si gentiment reçus.

Photos : Famille Bouvarel, Bernard Romanat, Jean-Pierre Clément, Madame Collin, et SMX.

Textes : J-L Bouvarel et SMX.

 

 

Collecte des photos et buveur de cafés  : Kinoroute

L’ entreprise de transports Bouvarel a été créée en 1933 par Mr Gaston Bouvarel. Le départ de l’activité transports s’est fait par l’acquisition d’une remorque bétaillère pour l’acheminement du bétail. Gaston Bouvarel conduisait lui-même son véhicule. Il embaucha pour l’aider divers conducteurs, dont Mr René Robert qui lui resta fidèle toute sa carrière puisqu’il prit sa retraite au delà de 65 ans, après avoir travaillé près de 40 ans au sein de l’entreprise.

Avec le développement de l’industrie, le transport s’est développée avec elle. C’est alors que sont apparues les semi-remorques. Avec l’arrivée de son fils Jean dans la société, l’entreprise a prospéré. Avec l’apport d’industries dans les régions Valentinoise et Romanaise, de représentants travaillant pour diverses sociétés qui l’alimentait en fret, les axes de transport se sont portés sur la région Parisienne, le Nord, et surtout la Bretagne (spécialité à cette époque de l’entreprise) qui comptait à ce moment là bon nombre de conserveries alimentaires. Les véhicules chargeaient dans la région, livraient et rechargeaient en conserves pour alimenter les grossistes, qui eux-mêmes approvisionnaient les commerces de proximité nombreux en ce temps là. Les grandes surfaces n’existaient pas.

Les chargements et déchargements se faisaient à la main, les moyens modernes tels qu’élévateurs ou transpalettes électriques étaient très peu répandus. Les entretiens des véhicules s’effectuaient sur la Place St Pierre où Gaston Bouvarel possédait un café, ou dans la rue par Mr Romanat (les bureaux de l’entreprise se trouvaient à côté du dit café). L’entretien carrosserie s’effectuait chez Mr Descombes Rue Victor Faisant, où pour pouvoir rentrer avec un ensemble routier, il fallait être un conducteur chevronné.

L’acquisition d’un bâtiment servant de garage et d’un autre servant de petit dépôt succint (se situant où se trouve actuellement l’usine Vuitton ont servi d’outil de travail pour déposer les marchandises et faire l’entretien des véhicules un peu plus confortablement (si on peut le dire ainsi). Le travail mécanique était assuré toujours par Mr Romanat et son fils Bernard qui exploite depuis toujours à la suite de son père un garage automobile Rue Danthony à St Donat.

Les Transports Bouvarel utilisaient en complément à Charmes / Herbasse un quai prêté par un conducteur, Mr Jean-Pierre Ginot, ce qui facilitait grandement la manutention des marchandises puisqu’il y avait la possibilité d’y faire rouler des chariots, d’abord à main, puis plus tard électriques.

Le temps passant, l’entreprise personnelle s’est transformée en société et a continué doucement son développement. Les axes ont changés, la Bretagne petit à petit a disparue de son champ d’action pour laisser place à d’autres destinations, définies par de nouveaux clients.

En 1980, l’acquisition d’un terrain en zone artisanale a permis la construction de locaux neufs comprenants un garage, un quai de déchargement ainsi qu’une station de lavage et a donné la possibilité de regrouper tous les véhicules sur un même site.

 

En Septembre 1997, l’entreprise a rejoint le groupe Bert basé à St Rambert D’Albon d’où est gérée l’exploitation, toujours par Christophe et Jean-Loup.

Le dépôt de St Donat reste en activité, les quais et le parking sont toujours utilisés, alors que l’atelier est lui fermé, ainsi que la piste de lavage et le bureau.

En 2007, les Transports Bouvarel comptent 31 chauffeurs : 12 en zone longue, 7 en zone courte, et 12 en relais sur une ligne.

Jean-Loup Bouvarel.

La Stouff

La trop courte histoire de la STOUFF

C’est grace à la participation d’anciens chauffeurs de la Stouff, des routiers nostalgiques de la trop courte aventure de cette entreprise que ce dossier a pu voir le jour.

La plupart des anciens de la Stouff, sont aujourd’hui retraités, plus de 30 ans ont passé et les souvenirs sont restés intacts. Aussi, nous esperons que cette page suscitera l’envie chez d’autres anciens, de partager leurs photos, textes ou autres documents. Nous souhaitons ainsi compléter cette rubrique au fil du temps.

Pour nous contacter : sitefdr@gmail.com


Stouff MIB

C’est en 1972, que Philippe Stouff, alors co-fondateur de la SAVAM, rachète la société Trans’Mib, spécialisée dans le transport de meubles.

Cette société est très rapidement rebaptisée STOUFF INTERNATIONAL.

A cette époque, le Moyen orient est un eldorado qui attire bon nombre de transporteurs. Les ports étant saturés, la demande de transport routier est très forte, la STOUFF se lance dans l’aventure du Moyen orient en novembre 72.

Le parc est alors principalement constitué de camions remorque bachés, grands volumes, essentiellement des BERLIET GR280 mais aussi des SAVIEM SM300 un peu moins appréciés de par la fragilité de leurs boites à vitesse.

L’extension du parc est telle que la STOUFF recrute à tour de bras, afin d’assurer les transports. Elle recrute malheureusement bon nombres de chauffeurs inexpérimentés, qui abandonnent leurs attelages parfois même dès l’Italie ou se le font…. « Voler ». Certains ensembles finissent dans le ravin, dépouillés ensuite par les autochtones.

A cette époque florissante, la STOUFF loue même une villa à Teheran pour ses chauffeurs bloqués sur place. Pas mal d’entre aux, utilisent alors les camions de la société pour effectuer des transports intérieurs et compte tenu du prix du litre de gazoil (2 centimes), arrondissent largement leurs salaires.

Les Stouff ont connu des moments de gloire, notamment en assurant la livraison de préfabriqués aux sinistrés d’un tremblement de terre, à la lisière du Kurdistan. Prioritaires aux douanes, ils alignent alors les 3500kms du tour en une dizaine de jours. Evidemment, vous l’aurez compris, il y avait peu d’heures de sommeil en cours de route!

Mais, en 1976, c’est une banale modification administrative qui sera la cause du dépot de bilan de l’entreprise.

En effet, cette nouvelle mesure, sensée eviter des fraudes aux taxes en cas d’abandon du véhicule, exigeait du transporteur, une somme de 15000FF par camion. Sachant qu’à cette époque la STOUFF compte 440 ensembles, la somme est colossale.

Les carnets de commandes sont pourtant pleins et malgré la pression des principaux clients, l’appui et les promesses des banques, malgré la mobilisation et la manifestation des routiers, bloquant l’accès au tunnel du Mont Blanc, tout ça n’y changera rien, la STOUFF sera condamnée à la fermeture.

Certains chauffeurs apprendront la nouvelle alors qu’ils sont encore loin et une poignée d’entre eux abandonneront alors leurs vehicules sur place.

Ainsi s’achèvent quatre années d’un essor formidable, enlisé à jamais dans les sables de l’administration.


Voilà les photos de Raymond dit le « fusillé » (suite à un  voyage en Turquie dans le Tahir). Il habitait à l’époque Annemasse et est maintenant dans les Deux-Sèvres (79). Il y a travaillé environ 18 mois juste avant la fermeture. Vous pourrez decouvrir quelques photos des derniers jours de vie de la Stouff. Photos du bloquage du Fayet ou les chauffeurs se sont pris des pierres par leurs colleges devant l’autoport du Mont Blanc et du siege social à Annemasse.


Les magnifiques photos d’Henri Cardone….


Christian Piochaud a travaillé aux Transports STOUFF à partir de 1973 sur l’Italie en régulier, il avait un camion remorque Berliet 280 ch.

En Mars 1975, à la suite du premier choc pétrolier, il a pris la route vers l’IRAN qu’il a fait jusqu’en AOUT 1975. Ensuite, il a continué sur les routes du Moyen Orient mais dans une autre entreprise.


Voilà les photos de Patrick Stouff, fils de Mr Philippe STOUFF, qui a travaillé lui même quelques temps dans la société et qui a eu l’amabilité de nous faire parvenir ses clichés. Mr Stouff père coule aujourd’hui une retraite paisible et aura 80 ans en septembre.


L’album de JP de brevannes


Pierre, surnommé Pierrot le savoyard, a roulé pour la maison de 1970 a 1975 en inter. Europe seulement…..des regrets !!! bien sur, il aurait aimer faire au moins une fois le Moyen-Orient… Mais parfois, on a des choix a faire…la famille OU la route !!!


L’album de Jean François LLos

J’ai fait environ 3 ans à la Stouff, le camion en photo n’est pas le mien, sur le mien il y avait devant coté chauffeur 2 pieds + une inscription  » la moelle  ».
J’ai fait les 3/4 de mon activité au Portugal où j’ai été en location chez un transporteur inter portugais  » LASEN  ».
J’avais pas mal de potes de la Stouff à Montgeron 94, moi j’habitais à Vincennes.
Un de mes meilleurs amis était Maurice Auguy dit  »l’auvergnat », en quittant la Stouff il a été à son compte chez le transporteur  »Giraud  », malheureusement il est décédé. Je venais de temps en temps sur Annemasse passer de bons moments. J’étais souvent au restaurant à Coulonges sous Salève.


L’album de Jean-Louis

Voici des photos de la Stouff, sur les transports pour le tremblement de terre de LICE en 1975. On parle beaucoup de la Stouff comme quand j’y étais, mais personne ne la voit jamais, c’est toujours « on m’a dit » ou « on a vu », alors j’espère que ces photos feront la joie de tous ceux qui regardent ce site, ce sont mes plus belles années de routier.

Jean Louis

Si mes potes me reconnaissent: jm2.bat@wanadoo.fr 

BAZAGRAN la frontiere entre la turquie et l’IRAN, c’est un entonnoir, tout le monde se retrouve là, c’est la tour de BABEL. Apres avoir traversé DOUGOBAYAZIT, dernier village TURC, tu as sur ta gauche, le mont ARARAT et l’ARMENIE devant toi un immense plateau et l’Iran. La file de camions! Tu attends ton tour, bien sur pas de toilettes, rien pour te laver et tu es bien content d’avoir des provisions. Les turc eux, passent en contrebas de la route et bataillent dans la boue. Un petit gars avec une carte de visite du transitaire ramasse les papiers « TRANSMONDIAL », tu fais confiance. La nuit, si la file avance, personne te reveille et tu te retrouves derriere. Pour passer la frontiere, un porche en haut d’une cote, c’est vraiment une frontiere naturelle, ça frotte sec avec les turcs. Passé la frontiere, tu redescends et il faut trouver une place pour se garer.

Une fois les formalites terminées, tu prends la route et ce qui fait le plus drole, plus un trou, des bandes blanches, tu comprends qu’ici ils ont de la monnaie et c’est plus tranquille.

A la douane

Sur la route, un peu de tout !!

Les photos de Christian Turcutto

Bonjour, voici les photos prises entre 1973 et 1976. Je roulais surtout sur les routes du moyen orient (Iran, Turquie, Syrie, Irak) sans oublier l’Italie et le Portugal et une partie de l’Europe (Angleterre, Allemagne, Autriche, Belgique…)
Sur les photos, on peut y voir des collègues comme Jean (avec sa barbe), Patrick Merle… et bien d »autres.
C’était le bon temps!

Quelques coupures de presse de Christian Turcutto :

Transports Rynart

C’est avec l’inestimable aide de Rinus Rynart que ce dossier a vu le jour.

Nous allons vous présenter un transporteur hollandais mythique, un siècle de transport, ce n’est pas rien et c’est donc Rynus qui vous retrace toute l’histoire :

Frans, mon grand-père a démarré dans le transport en 1920 à l’aide d’un cheval et d’une carriole, il effectuait alors des livraisons de bois pour l’usine de Klundert.

Mon père quant à lui, a commencé sa société en 1930 avec un petit Ford équipé Gazogène et sa remorque. En 1946, à la sortie de la seconde guerre mondiale, il a alors acheté son premier « gros » camion, un MACK avec lequel il roulait en Hollande, en Belgique puis en Allemagne. Son entreprise a ensuite grandi, et son parc s’est étoffé avec des GMC, quelques Scania et Mercedes en camion remorque.

Je suis né en 1944, et immediatement après avoir terminé mes études, j’ai commencé à travailler dans l’entreprise paternelle, tout comme mes frères. Au départ, je travaillais dans les ateliers du garage où je faisais les pneus, le lavage des véhicules et bien sûr la mécanique. Aussitôt après avoir obtenu mon permis de conduire en 1962, j’ai commencé à rouler.

J’ai alors roulé avec du DAF, HENSCHEL, SCANIA et FIAT vers la Suisse, l’Italie à Milan et Rome via le Col du Mont Cenis ou par le Col du Brenner en Autriche. Une fois, en montant le Brenner, je n’ai pas pu arriver au sommet avec mon SCANIA 135cv chargé avec 20t. Il a fallu qu’une depanneuse du coin me vienne en secours. J’ai aussi effectué quelques voyages vers la Scandinavie à Göteborg et Stockholm du temps où on roulait encore à gauche en Suède, car ce n’est qu’en 1967 que les Suédois ont commencé à rouler à droite. De temps en temps, je faisais aussi des voyages vers Barcelone, et aussi vers la Grèce.  Bien que les routes soient en assez piteux état, nous arrivions à boucler le tour Hollande/Catalogne dans la semaine, entre les attentes en douanes, il ne fallait pas trainer… L’entreprise n’a cessé de grandir, le parc s’établissant alors à 35 attelages.

Je me suis marié avec Martha en 1966, ce qui a eu pour conséquence de provoquer un sérieux conflit familial du fait que nous avions deux religions différentes, mais j’étais tellement amoureux !! Cette histoire de religion différente ne posait aucun problème à Martha et moi par contre. Plus tard, j’ai donc décidé de créer ma propre compagnie de transport, c’est comme ça qu’est née RYNART-TRUCKS en 1967

Dès le départ, j’ai effectué mes premiers voyages vers l’Asie, mes frères et mon père n’étaient pas aussi enthousiastes que moi, et c’est en 1969 que je suis allé pour la première fois jusqu’à Téhéran en Iran. Mes frères quant à eux ont continué la société de mon père qui avait pris sa retraite. Mes deux frères ont disparu malheureusement prématurément.

J’ai acheté un Scania L-56 de seconde main que j’ai peint en vert blanc et rouge, mes frères ayant le vert, jaune et rouge, je ne voulais pas les copier. Je roulais alors sur la Hollande et tout le reste de l’Europe, je faisais énormement d’heures par semaine et petit à petit, j’ai acheté d’autres camions, des Volvo, DAF, FIAT et plus tard des Mack. Après le 4ème camion, j’ai aussi changé mes couleurs en passant au bleu, blanc et rouge car j’étais affrété et en bon terme avec mon affréteur G+G de l’époque qui avait ces couleurs là.

Rapidement, en 1969, j’ai eu une offre de transport pour livrer un chargement de machines à Téhéran en Iran, à ce moment là, rares étaient les compagnies européennes de transports présentes sur la ligne. Astran à Londres effectuait cette ligne avec quelques camions. Nous avons alors rendu visite au Touring Club Hollandais, acheté quelques cartes routières et c’est comme ça que j’ai fait mon premier voyage avec un Volvo F88, en double avec un de mes chauffeurs. Nous avons bien étudié le parcours et les différents coûts et nous avons même trouvé un retour à Téhéran avec un lot de tapis pour la Hollande. Très vite, nous avons fait plus de voyages et nous avons acheté d’autres camions. A cette époque, le pont sur le Bosphore n’existait pas, seul un ferry effectuait la liaison. Bien sûr, nous n’avions ni téléphone portable ni GPS. Nous ne travaillions alors qu’avec des cartes papier. Les chauffeurs avaient simplement un contact téléphonique ou un telex dans des hotels définis le long de la route. L’hiver il fallait parfois affronter des conditions terribles dans le col du Tahir à plus de 3000m d’altitude et une chaleur horrible en été.

En 1970, nous avons été contacté par Philips Electrical à Eindhoven pour livrer des radios et des téléviseurs à Karachi au Pakistan pour le marché asiatique. 10 camions étaient nécessaires pour ce voyage. Jamais personne avant nous n’avaient été là-bas avec des camions européens, c’était alors une vraie aventure. De la route de Téhéran jusqu’au Pakistan nous ne connaissions que ce que nous disait la carte papier, elle avait l’air toute petite. Nous avons alors effectivement trouvé une route étroite, souvent dépourvue d’asphalte, avec parfois des trous énormes, à travers des déserts, des montagnes et de la boue.

Philips a exigé que le transport se fasse avec le maximum de sécurité pour ses marchandises, les bandits étant nombreux. Nous avons mis en place des containers de 40 pieds, fermés par de gros cadenas. Nos opérations de transport ont été effectué avec sérieux, nous avons finalement fait cette liaison de nombreuses années. Il fallait compter pas loin de 20.000km l’aller retour entre Rotterdam et Karachi et 2 mois d’absence pour le chauffeur. La route nous faisait traverser l’Allemagne, l’Autriche, la Yougoslavie ou la Roumanie, puis la Bulgarie, la Turquie, l’Iran. C’est après Téhéran que c’était le plus compliqué, nous suivions les traces des vieux camions locaux, parfois nous nous enlisions, et souvent ce sont les gars du coin qui nous sortaient des pièges. Pour arriver à Quetta à l’ouest du Pakistan, il fallait traverser la rivière dans son lit à cause d’un pont trop petit pour les semi remorques, ce n’est qu’ensuite que nous retrouvions un peu d’asphalte jusqu’à Karachi. Du fait que le Pakistan était une ancienne colonie brittanique, il fallait rouler à gauche.

Le plus compliqué était de communiquer avec la population, en Europe de l’est on peut se debrouiller si on parle allemand, mais dès la frontière avec la Turquie, les gens ne parlent que leur langue natale, mis à part les gens des hotels, ou dans les bureaux. Il fallait alors parler avec les mains, les pieds, faire des dessins. Nous avions aussi de gros problèmes avec les nombreux changements de devises à chaque frontière. Nous partions avec 5000$ en cash que nous cachions dans un coffre fort sous la couchette, à cette époque il n’était pas possible de régler en carte de crédit, nous devions régler tous les frais le long du voyage en cash. Heureusement dans ces pays, le carburant ne coutait pas grand chose.

Il a rapidement été compliqué de recruter des chauffeurs hollandais, la plupart d’entre eux ne voulaient plus partir de longs mois sans retour à la maison. Ce sont alors des chauffeurs turcs qui ont pris le relais, plus à l’aise avec les langues et la culture locale.

 

Parallèlement, Rynard Truck a developpé le transport vers Bagdad, Mosul, vers le Sud Iran, Kaboul en Afghanistan, Lahore au Pakistan à 25km de la douane avec l’Inde par le terrible col de Khyber, certains voyages nous emmenaient aussi vers le Koweit, Ryadh et l’Arabie Saoudite. Pour ce faire nous proposions tout un éventail de remorques à nos clients, du baché au frigo en passant par les caisses mobiles. Nous transportions de tout : electronique, équipement pour la maison, produits chimiques, machines ; au retour nous revenions avec du textile, des chaussures en Turquie ou en Roumanie vers la Hollande. Il y avait énormement de trafic routier avec la longue fermeture du canal de Suez pendant la guerre entre l’Egypte et l’Israël, ce qui obligeait les cargos à faire le tour par l’Afrique du sud.

Etant donné que je travaillais en parrallèle avec mes 3 autres frères, nous avons décidé de nous réunir pour créer la Rynard-Holding, à nous quatre nous disposions de près de 100 camions, j’en gerais 40, mes frères 60, avec des attelages divers et varié durant quelques années à travers l’Asie.

Dans les années 80 nous avions pas mal de travail vers l’Arabie Saoudite ou nous faisions aussi des transports interieurs. Je me suis alors installé à Damman au sud du Koweit à proximité du golf Persique ou je louais une villa. Ma famille m’a rejoint une fois installé. Sur place nous faisions du transport de materiaux de construction vers Ryadh, Jeddah. Plus tard, mon autre frère Frans et sa famille se sont aussi intallé vers chez moi. Malheureusement ça n’a pas fonctionné très longtemps, j’ai alors quitté la Rynart-Holding pour continuer en « solo » avec la Rynart-Trucking. J’ai repris les mêmes couleurs de flotte qu’en 1969. J’ai repris alors mes trafics vers l’Asie avec une flotte un peu plus réduite de 25 attelages dont 10 Mack, le reste du parc étant composé de Scania, Daf et Volvo. A partir de là, j’ai toujours travaillé seul.

 

Sur le long trajet entre Rotterdam et Dubai, il fallait compter 14.000km aller retour, et entre 5 à 6 semaines pour boucler le tour. Pour reduire les coûts, au Koweit il nous arrivait de composer des attelages longs avec 2 semis, soit 35m de long. Du fait que nous avions un bureau au Koweit, certains de nos camions étaient immatriculé la bas. Durant des années nous avons parcouru les pistes à travers le desert entre le Qatar et Abu Dhabi. La concurence est devenue de plus en plus féroce au fil des années, beaucoup d’Anglais, d’allemands de français et de suédois, mais aussi la très sévère baisse des prix due aux transporteurs du bloc de l’Est, plus particulièrement les Bulgares de la SOMAT et les Hongrois d’Hungarocamion. A force de gratter sur nos marges, nous avons fini par jeter l’éponge, vendre quelques camions et nous recentrer sur l’Europe.

Une sale période…

Mon fils Rob, ses soeurs Carola et Patricia ayant terminé leurs études m’ont rejoint à l’entreprise à la fin des années 80, Rob travaillait au garage pour apprendre à réparer, laver les camions et aussi à rouler. Carola faisait les plannings et Patricia la partie administrative, puis elle a rejoint la grande compagnie Shell ou elle a fait carrière. Dans cette période là, les trafics sur l’Asie commençaient à devenir de moins en moins rémunérateurs, je me suis recentré sur notre bonne vieille europe. Au tout début des années 90, un de mes plus grands clients en France a fait banqueroute, du coup j’ai eu des impayés énormes pour 200.000$. Le choc a été terrible pour nous, mais je n’avais pas tellement d’issues de secours, l’entreprise se prenait des pénalités d’impayés énormes sur le leasing des camions, j’ai à mon tour déposé le bilan en 1991, j’ai eu beau lutter, je ne pouvais rien faire. J’ai alors tout vendu, les Mack, les Scania, les bureaux. Je suis resté assis à la maison, sur la paille.

Après la pluie, le beau temps !

Au bout d’un moment sous l’insistance de mes enfants, je me suis relancé dans la mélée. Nous avons appelé notre société Rynart-Trading. Après un dépôt de bilan, on doit changer de nom, mais bien sûr pas un nom de famille, ça c’est pour la vie !! On a juste ajouter TRADING, parce que ça fait international. Mon fils Rob a pris alors les commandes de notre premier Scania, en Europe, puis petit à petit vers la Turquie encore. Comme nous avions des contacts encore la bas, nous avons repris des chauffeurs turcs. Ce sont des bosseurs et de très bon chauffeurs. Mais l’activité n’était pas aussi forte que dans les années 70/85.

En 1992, sous l’impulsion du président russe Mikhaïl Gorbatchev, le pays s’est ouvert durant cette période appélée Perestroïka, l’Union Soviétique a volé en éclat, tout un tas de nouveaux pays ont emmergé créant de nouvelles entitées : Ukraine, Kazachstan, Azerbadjan, Georgie etc. Des tas de nouvelles entreprises se sont crées achetant des tas de produits en Europe de l’Ouest, bien sûr nous avons fait rapidement des voyages vers ces destinations.

Dès 1993 nous avons réalisé notre premier voyage vers Moscou avec un voyage de vaisselle pour équiper un nouvel hotel. C’était en fevrier, il faisait vraiment froid. J’avais accompagné mon fils pour voir les routes et surtout comment se passaient les frontières. Nos Visas étaient en règle, il fallait compter parfois une dizaine d’heures pour passer la frontière en Pologne, les douaniers passaient cargaison et véhicule au peigne fin, ils étaient encore à l’heure URSS. J’ai trouvé les restaurants assez sales, et les gens pauvres. Le dechargement quant à lui a été rapide. Le gasoil ne coutait pas grand chose, autour de 10c le litre. Au final, on a rechargé à Varsovie, 5000km en 10 jours, c’est raisonnable. Nous avons ensuite renouvellé l’experience vers d’autres villes que Moscou.

C’est en 1994 que nous avons obtenu un très gros contrat d’une compagnie britanique pour livrer du matériel de forage, materiel de raffinage pour Aktau au Kazachstan. Pour faire ce type de trajet, il fallait compter pas loin de 10.000km aller retour et presque 4 semaines dehors. Les routes du Kazachstan étaient parfois en piteux état à travers la steppe et le desert, parfois c’était simplement une piste de sable, l’été les temératures dépassent largement les 40°, mais nos camions étaient équipés pour ça. La compagnie Chevron rapidement satisfaite de nos services nous demandait chaque semaine des camions, j’ai été acheter d’un seul coup 10 Volvo FH et quelques semi neuves aussi. J’ai aussi acheté des frigos pour transporter la bouffe des employés bloqués de longs mois dans la base vie des champs pétroliers.

A cette époque notre souci principal était la difficulté pour obtenir des visas russes pour nos chauffeurs Turcs, qui de plus n’étaient pas très friands de ce genre de destination. De notre côté ce n’était pas évident non plus de les faire rentrer à la maison, il fallait des chauffeurs pour relayer et remplacer les collègues au bout de 4 semaines. Si les turcs sont au top vers le Moyen-Orient, sur la Russie c’était pas aussi simple, il a fallu nous résoudre à nous séparer d’eux. Nous avons alors engagé des chauffeurs Estoniens qui parlent courarement le russe et avec qui il est facile d’avoir des visa, et ouvert une agence à Parnu en 1995, (avec l’aide d’un de nos chauffeur allemand qui vivait en Estonie),  appelée : a/s Rynart-Trading.  Notre porte feuille de client s’est vite garni, nous livrions beaucoup de MARS/Nestlé en frigo pour Moscou, des primeurs pour un gros exportateurs de fruits vers Novo Sibirks, Almaty, Taskent, des tours à 15.000km !

Un jour un de nos camions a été bloqué à Smolensk, à la frontière de la Bielorussie et de la Russie par les douanes, juste parce que les documents avaient été mal redigés, une erreur au bureau. Le camion a été mis sous scellés, et nous devions regler une amande de 50.000$, une histoire de fou ! J’ai bien été voir un avocat à Moscou, mais l’affaire aurait pu durer des mois. Jusqu’au jour ou le chef des douanes m’a contacté au téléphone, me demandant carrement de lui filer 5000$ en cash et qu’il laissait le camion partir. J’avais pas trop le choix, j’ai pris le premier avion pour Moscou et sauté dans un train pour Smolensk. Bien entendu le chef n’a jamais voulu me faire de papier comme quoi il laissait passer le camion… Le type a mis l’argent dans sa poche, mon camion est subitement devenu en règle. Pays de fous, corrompus !

 

Du fait que nous faisions pas mal de transport de textiles pas très lourds et que nous avions vu circuler des attelages longs Suédois et Finlandais en Russie, avec mon fils Rob nous avons l’idée d’atteler deux semi remorques reliées avec un dolly comme les Australiens. On a fait le premier voyage comme ça direct depuis la Hollande. On partait tard le soir avec 2 chauffeurs pour rouler au maximum de nuit à travers l’Allemagne puis la Pologne et enfin la Russie et parfois même jusqu’à Taskent au Kazachstan. En Russie quand la police nous arrétait ça se reglait avec un peu de bakshish, par contre en Allemagne on s’est fait arréter une fois, il a fallu payer 100DM (45€), mais surtout faire des navettes entre la frontière NL et PL. Alors plus tard on a affiné le système, 2 attelages normaux se rejoignaient à Brest à la frontière russe pour ne former qu’un seul attelage, et pareil au retour. Mais tout ça n’a pas duré très longtemps, rapidement les prix se sont écroulés, les volumes à transporter aussi, nous vivions un peu la même chose qu’à la fin de l’El Dorado vers le Moyen-Orient.

Donc, à partir 2005 nous nous somme à nouveau recentrés sur l’Europe et particulièrement vers la Grande Bretagne ou nous étions tractionaires pour des grands groupes comme Mammoet, Smeeets, Estron. Durant la même période, nous faisions encore des transports vers le Kosovo pour le compte de l’OTAN, avec des voyages d’aliments, d’outillages via la Roumanie ou l’Italie puis la Grèce. Parfois c’était assez risqué d’aller au Kosovo.

En 2007, fatigué par toutes ces années, j’ai pris ma retraite, mon frère Jeff est décédé d’un cancer à 60 ans, Mon autre frère Ad a lui fait une attaque à 60 ans aussi, j’avais envie donc de me reposer un peu avec Martha, ma femme. Nous avons alors fait du tourisme à travers le monde en avion, et en Europe avec la caravane. Rob mon fils avec Carola ma fille m’ont donc remplacé à la tête de Rynart-Trading. Rob a crée sa propre compagnie Rynart-International avec du nouveau travail vers la Russie et la Kazachstan, mais il ne voulait plus peindre les camions comme avant, ça ne me plaisait pas tellement, mais comme il dit, ça coute 3000€ par camion, et chaque € compte aujourd’hui, je peux pas faire grand chose sinon reconnaitre qu’il a raison.

Epilogue :
Desormais, c’est Rob qui dirige la compagnie, mais ça fait toujours parti de ma vie. Les camions, les remorques sont définitivement blancs, ça diminue les coûts. Au fur et à mesure des renouvellements de parc, les camions en couleur disparaissent. Moi je passe mon temps sur Facebook, et de temps en temps je vais donner un coup de main au bureau et discuter avec les chauffeurs. Dès 2010, la société continue avec des clients historiques, vers Amman, Bagdad. Après la chute de Saddam l’armée americaine a eu besoin d’être approvisionnée, et nous avons répondu à l’appel. La plupart du temps, nous le faisions avec des chauffeurs turcs. Nous livrions alors tout ce dont ils avaient besoin.
Au départ, avant de nous contacter, tout partait par fret aérien, mais celà coutait si cher qu’il valait mieux le faire par la route en camion frigo. Bien sûr les besoin en équipement divers étaient importants aussi, plateaux et tautliners ont été aussi mis à contribution. L’armée americaine nous escortait alors avec leurs Jeep dès la frontière Turco-Irakienne pour éviter les groupes terroristes, et nous avons toujours livré sans trop de dommages. L’aller retour sur Bagdad durait en moyenne 4 semaines pour 10.000km.
A partir de 2014, nous avons été présents sur la ligne de Kaboul en Afghanistan, toujours pour le compte de l’OTAN, pas moins de 100.000 personnes americaines et européennes à approvisionner, encore une fois face au coût prohobitif de l’aviation, c’est par la route que ça s’est fait. Le trajet n’était pas autorisé par la Turquie et l’Iran car ils sont « ennemis » avec les americains. L’Otan nous faisait passer alors par l’est, Allemagne, Pologne, Bielorussie, Russie, Kazachstan, Uybekistan. Le plus compliqué était de passer le Col de Sallang, des grandes montagnes au nord de l’Afghanistan à près de 3000m d’altitude. Les hivers y sont bien évidement très rudes, malgré les chaines, il fallait parfois avoir recours à de gros bulldozer pour grimper.
Nous avons alors testé un Volvo 8*4 attelé à une remorque. Nous transvidions la marchandise lorsque la météo était vraiment mauvaise, ce camion était parfait pour affronter les pires conditions.
L’aller retour se faisait toujours en 4 ou 5 semaines pour environ 13.000km entre le Benelux et Kaboul, suivant la météo et les aléas. Les chauffeurs russes étaient parfaits pour le job, le trajets traversant une bonne partie du territoire Russe. Malgré tout, nous étions parfois la cible des Talibans, une de nos remorques a été shooté par une rocket lancée depuis les montagnes, mais par chance, le chauffeur n’a rien eu. Il a même éteind le début d’incendie, a livré à Kaboul et a ramené le frigo explosé en Hollande, un vrai héros !

En moyenne, chaque semaines, 4 ou 5 camions partent vers Kaboul, et 1 ou 2 vers Bagdad, au total 30 attelages roulent pour l’Otan, c’est du bon travail, mais quand même dangereux.
Pour ma part, je coule desormais une retraite heureuse, et je continue de voyager !

 

Rinus Rynart

 

Les transports Wauthier un super dossier

Un dossier préparé par Luc

A la fin des années 1920, M. Nestor Haurtiaux débute une entreprise de vidanges avec un camion Willème style Liberty, animé par un moteur CLM et équipé d’une cuve à Carvin dans le Pas de Calais entre Lille et Lens.

Son gendre, Jean Wauthier, prend la relève et continue l’activité notamment en assurant des contrats avec la SNCF. Il est secondé par son frère Paul.

Ce premier camion se voit ensuite modifié en porteur, le moteur est changé pour un 6 cylindres Willème ainsi que la direction d’origine par une direction à vis globique.

L’activité des vidanges continue en parallèle avec des GMC et autres camions des surplus militaires.

Jean Wauthier a 5 fils. Bruno, Daniel dit Dany, Luc, Eric, Bernard, l’aîné, se lance également dans le transport. Pour cela il achète un Willème TL 201 cabine Cottard Horizon d’occasion au début des années 60.

Après avoir obtenu ses permis, Daniel, son frère le remplace sur la route et Bernard, entreprend une activité de revente de fuel et dérivés pétroliers Shell.

Il achète un Willème neuf à moteur turbo équipé d’un telma pour effectuer des transports internationaux. Un autre ensemble avec une semi citerne compartimentée à 2 essieux pour le transport des hydrocarbures viendra grossir le parc par la suite.

L’association entre les patriarches Jean et Paul cesse, Paul et son fils concentrant leur activité sur les vidanges et curages, Jean et ses fils poursuivant le transport et l’assainissement général. La SA Wauthier est créée.

Vers la fin des années 60, un contrat pour la fourniture de fuel lourd pour la métallurgie est envisagé et la société investit dans 4 ensembles semi citerne Coder. Malheureusement, ce contrat ne sera pas signé et il faut trouver d’autres solutions.

L’entreprise s’engage alors dans le transport d’hydrocarbures sur tout l’Est de la France et avec les raffineries de Strasbourg et du Havre. A ce moment, l’entreprise compte six véhicules : les deux Willème, deux Scania 110, un Scania 140 super et un Volvo 495.

A cette époque, le nord de le France compte peu de spécialistes en transports chimiques. Une nouvelle semi citerne Coder en inox calorifugée viendra grossir le parc.

L’entreprise prend alors un nouveau départ et commencera sa montée en puissance en effectuant des transports vers le Benelux, l’Allemagne, l’Italie puis toute l’Europe. Quelques Saviem et Berliet porteront également les couleurs mauve et blanc de la société.

Daniel ayant une formation de mécanicien, gère l’atelier. Les Willème ont une base solide mais la mécanique d’origine s’essouffle et connaît des soucis de fiabilité. De plus, pour passer les alpes il faut de la puissance. Il est donc décidé d’installer un moteur plus performant et le choix se portera sur le moteur Détroit Diesel de General Motors 8V71N de 340 CV avec ralentisseur Jacob . Ce moteur est très puissant comparé aux standards de l’époque. De plus avec le Telma, les freins ne sont quasiment pas sollicités dans les descentes ce qui en fait un camion redoutable en montagne. Le reste des Willème du parc sera également équipé de la sorte.

Beaucoup de chauffeurs qui se faisaient doubler par ces Willème se sont posé des questions et n’hésitaient pas à tâter la température des freins et à aller voir quelle mécanique animait ce camion, dès que celui-ci s’arrêtait.

En 1976 les locaux du centre ville deviennent trop exigus et la société déménage en périphérie de la ville sur le carreau de l’ancienne fosse 14.

L’activité se diversifie dans le transport de produits chauds et le transport de produits alimentaires, les premières citernes bi-tronconiques font leur apparition. Une station de lavage et dégazage des citernes est également installée.

Daniel Wauthier s’occupera du garage, Bruno du transport et Luc de la station de lavage.

Alors que les Willème commencent à accuser le poids des ans, Daniel Wauthier se tourne vers Bedford qui propose des camions équipés du fameux Détroit Diesel. Il crée la Navi Norpen, une société qui distribuera les produits GM dans le nord de la France et sera concessionnaire Bedford.

Les premiers camions britanniques poseront quelques soucis car les moteurs étaient mal assemblés, causant des ruptures prématurées des joints de culasse, les couples trop rapides, occasionnaient des problèmes avec les boites de vitesse. Ces soucis seront résolus avec la commercialisation de la série 92 Silver de Détroit Diesel.

En 1980, l’opportunité d’importer des camions de USA se présente. Le GMC Astro 95 est désigné, de plus il est possible de composer ce véhicule « à la carte ».

Le premier exemplaire arrivera en 1981, d’autres suivront ainsi qu’un Brigadier, équipés de V8 et de V6 Detroit Diesel.

Quelques années plus tard, GM se sépare de sa division poids lourds en la cédant à Volvo.

Dany Wauthier se tourne alors vers Kenworth qui dans un premier temps refuse l’exportation vers la France suite à des problèmes d’homologation rencontrés auparavant. L’accord sera finalement conclu fin 1988. Kenworth sera importé homologué vendu mais les modifications pour la mise en conformité sera faite en France par la Navi Norpen.

En 1989,un K100 et trois T 600 suivis de Foden de la série 4000 intègreront le parc d’une trentaine de camions qui se compose alors de GMC, Bedford et Renault.

Les conditions du transport évoluant, la société passera la même année dans le giron de Charles André et intègrera par la suite le dépôt Citernord situé à quelques kilomètres.

Nombreux seront les chauffeurs qui regretteront cette époque.

Gabriel Pochet dit Gaby, a été chauffeur chez Wauthier du début des années 70 jusque sa retraite dans les années 90. Il avait toujours son appareil photo avec lui et aimait photographier son camion et celui des autres en situation partout où il allait. Je tiens à le remercier ainsi que les autres chauffeurs et leur famille qui m’ont prêté leurs collections pour perpétuer cette mémoire.

Photos de Luc :

Quelques photos signées Richard :

Les photos de Michel Ange :

Les photos d’Astro51 surnommé “Vla ch’curé” par ses collègues. « Willème affecté en août 1976 quelques mois après mon embauche, à l’époque avoir un Willème voulait dire promotion. »

Les photos de Lopès :

Quelques photos de voyages en Russie entre 1993 et 1994. Les camions transportaient de l’antigivre pour les aéroports russes. 4 chauffeurs étaient de la partie : Francis Lopès dans le K100, Jean Pierre Marin dans le T600, Michel Grodziski dit Michel Ange dans le Foden et Richard Marciniak en moniteur accompagnateur.

Les photos d’Arnaud Lopès, fils de Francis malheureusement décédé.

Quelques photos de René Fonteyne dit le curé et son fils Jean Luc.

Quelques photos de Uwe

Un GMC a été retrouvé dans les ronces et sauvegardé par un collectionneur du 54. On ne sait pas ce qu’il est devenu depuis.

Quelques photos glanées ici ou là sur la toile

 

Transports BOREL

C’est avec gentillesse que Pierre Borel a reçu la fine équipe de fierdetreroutier. Alain26, son père Jean ainsi que Phil26 se sont régalés à écouter la belle aventure humaine des transports BOREL, il faut aussi saluer les quelques photos de SMX et Routier51 dans ce dossier.

Bien des années après la fin de la société, la direction et le personnel continuent encore aujourd’hui à se retrouver chaque année autour d’une bonne table, repas organisé par A.A.T.B.F (Association anciens transports Borel Frères – loi 1901), ce qui doit être un des rares exemples dans notre pays.

C’est en 1939 que Paul et André Borel (l’oncle de Pierre Borel) créent à Vinay (38) une entreprise spécialisée dans les transports de matériaux de construction ainsi que de charbon en régional. Avec l’évolution des matériels et de la demande , l’entreprise se developpe dans le transport public de marchandises diverses, plateaux et savoyardes. Au départ de Sète, les transports Borel chargent du vin en provenance d’Algérie, il y a alors entre quinze et vingt véhicules.

Après guerre, l’entreprise redémarre avec des véhicules issus des surplus des alliés avec diverses marques comme Mack – White – Brockway et les inevitables « fiche 75 » pour les semi. On assiste alors au developpement des transports spéciaux et des carburants pour chauffage (fuel), bitume liquide pour la construction des routes au départ des raffineries de Berre, La Mède et Frontignan. Il y a alors entre 20 et 30 camions. Compte tenu de l’importance de l’activité des années 50-55 et du rayon d’activité, l’entreprise s’installe à Valence sud afin d’optimiser ses parcours; point central de l’ensemble des destinations du moment : Loire, Haute-Loire, Cote d’or, Isère, Savoie, Haute-Savoie. Ce qui permettait de relayer facilement les chauffeurs qui effectuaient alors entre 500 et 600 kms par jour. C’est aussi à cette période là que l’on voit apparaitre les premiers « mouchards » sur les vehicules de la société.

Au début des années 60, des agences d’affretement sont créees à Grenoble, Marseille et Rouen, avec une activité particulièrement soutenue, le parc passe progressivement à 130 tracteurs et 180 semi remorques. Petit à petit, l’activité des transports de vins est abandonnée au profit des matières dangereuses. C’est Jean Dejean qui a ouvert la ligne Gonfreville-Granollers dans la banlieue de Barcelone, chargé en phénol. Face aux lenteurs administratives et à l’état piteux du reseau routier espagnol, il mettra 10 jours pour faire le tour.

A la fin des années 60, l’ouverture de la raffinerie de Feyzin, vient bouleverser les parcours et réduire les distances. Un véhicule assurant alors le travail de quatre, une agence est ouverte à Lyon pour le fuel et une base technique est ouverte à Belleville sur Saone. S’en suit la création d’une agence à st Quentin et la reprise d’un transporteur à Nesle, spécialisé dans l’alimentaire, le jus de betterave et la mélasse.

Au début des années 80, on assiste au developpement des transports pulvérulents mais l’activité des transports en « direct » et celle des affretements sont à égalité, il y a alors un accroissement des transports sur l’Europe, un accord de coopération avec les Tpts Rodriguez à Oliva est mis sur pied jusqu’à la fin de l’activité de la société en 1985, date à laquelle la SAMAT reprend l’entreprise.

Les citernes et les pulvés

Bennes et Lots

Manutention et Convois exceptionnels

Près de 35 personnes étaient affectées à l’entretien des vehicules, du laveur au chef d’atelier en passant par les pneumatiques, tous les corps de métiers étaient représentés. L’entretien des véhicules ne se faisait pas chez les concessionnaires comme aujourd’hui et les camions étaient beaucoup moins robustes. jugez plutot: la durée de vie d’un moteur excédait rarement 400 000 kms et il fallait faire les vidanges tous les 5000. Ce sont donc tous de véritables artistes, témoins d’une époque aujourd’hui révolue.

Une entreprise en avance sur son temps, elle a toujours tissé des liens avec ses employés au fil des années et au gré des saisons.

La formation a toujours été un élément essentiel dans l’entreprise car sécurité rime souvent avec régularité. La formation était si rare dans les entreprises de transports des années 70 que les journaux s’en faisaient l’echo.

Le commercial de chez Berliet présente aux conducteurs les dernières innovations du TR280, il y a fort à parier que certains d’entre eux ont du « se battre » pour en avoir un neuf, tant la cabine du TR280 était spacieuse en comparaison du TR12, ahhh c’est beau quand c’est neuf !!!

Les repas des anciens BOREL (2006/2007)

La Valentinoise

Au début des années 70, Jean-Paul Thiers fonde « La Valentinoise » spécialisé sur l’achat et la vente de primeurs sur la région Valentinoise.

La Valentinoise durera jusqu’en 2000, reprise par le groupe Canavese.

Amoureux des camions et de la route, les Thiers, père et fils, marqueront d’une pierre blanche le monde du poids lourds en France. Ils se sont illustrés avec leurs camions décorés sur le Castellet, Dijon ou le Mans.

Ils ont aussi été les premiers à s’insatller en 1985 au Maroc, à Oualidyia pour y produire des tomates. Ils ont fait le bonheur de centaines de chauffeurs de Rhône-Alpes, en leur permettant de s’évader un peu. Charger en direct au Maroc n’était pas chose courante en ce temps-là. Et celà à duré jusqu’en 2002. Une grande et bien belle époque.

C’est Corentin, le fils de Philippe Thiers qui a réuni tous les documents et qui a dû insister auprès de son père pour qu’il nous devoile une partie de ses souvenirs.

En 1989, La Valentinoise se déplace au Castellet, ou elle remporte avec son Scania 143-450 superbement peint par Win-Gone de Villefranche sur Saône le 2e prix.

Tout Bourg lès Valence était réuni ce jour-là, avec entre autres le Scania Benne de chez Gallet.

Un petit tour au marché de Milan ou l’on trouve tous les meilleurs fruits et légumes de toute l’Italie, à la fin des années 80.

Une partie du parc de la Valentinoise au dépôt à Bourg lès Valence à la fin des années 80

1985, La Valentinoise part installer une station frutiere à Oulydiya près d’El Jadida, à 500km de Tanger. Dans la station on trouve tout ce qu’il y a de moderne, calibreuses, cercleuses ect. Les transporteurs du sud de la France viennent charger dans ce coin de paradis pour La Valentinoise à Valence, Avon à Avignon et pour le reste de la France de belles tomates en plein hiver.

Le Maroc s’est aussi le pays des souvenirs, loin de tout, le restaurant « l’Araignée » au centre du village, aura vu se créer et se tisser des liens privilgégiés avec les gens du pays. Tous ceux qui y ont fait un tour se souviennent des crevettes royales servies avec le sourire au restaurant l’Araignée.

Quelques annéesplus tard, Laurent Carbone a retrouvé le 143, dans une ferme de Chateauneuf/Isère. Depuis, il est definitivement parti au Gabon, la remorque, quant à elle a été demontée et posée sur un porteur IVECO à Chateauneuf/Isère également.

Le tout nouveau tracteur de Dylan, péparé en Hollande shooté par Nicolas Lassiaz

Transports DELISLE

Un dossier réalisé par Olive66 et Fred77

C’est en septembre 1977 que Jean-Louis Delisle acheta son tout premier ensemble , un Berliet TR 320 attelé à une citerne pulvé . Avec James (Capucin 77) , son tout premier chauffeur , ils se relayent pour enchaîner les voyages et faire grandir le parc . Le Berliet laissera sa place à quelques Scania 110 et 111 , et par la suite à deux Volvo F1020 ainsi que de nouvelles citernes .

En 1982 , date à laquelle Didier , le frère de Jean Louis , rejoint les troupes (comme moi) , dix ensembles forment la flotte . Huit se garent tous les samedis dans l’ordre de départ du lundi matin dans une petite cour non loin du centre ville de La Ferté Gaucher , les deux autres étant tractionnaire se garent chez eux . Les transports se font majoritairement sur la région parisienne , la Normandie , l’Est de la France et une ligne sur la Vendée et Poitiers . En 1983 , c’est le gros déménagement , la cour étant devenu trop petite pour accueillir les nouveaux ensembles supplémentaires . C’est à l’entrée de La Ferté en arrivant par la route de Provins , que s’est construit le nouveau hangar , bientôt suivi par la construction de hangars de stockage pour différents clients . Plus tard , les voyages commencent à s’étendre sur toute la France grace principalement aux contrats décrochés en sucre et en farine de blé .

Les marques se suivent elles aussi , après avoir été fidèle pendant des années à Scania et un petit peu Volvo , c’est sept Renault AE380 qui sont commandés dès leurs sorties . Les retour chez Scania s’est fait de suite après suivi plus tard de l’arrivée de Volvo et Mercedes . Les rachats de différents transporteurs permettent aux Transports Delisle de se diversifier dans des domaines autre que la pulvé . De nos jours , nous pouvons voir des tautliner , des bennes céréalières , bennes de carrière , citernes liquides et pulvé alimentaires sillonner les routes françaises et étrangères .

Tout IOCHUM en une page !

Fondés au début des années 70 à Marignane (13) par Gérard Iochum, la société s’est spécialisée rapidement sur les trafics internationaux, voire intercontinentaux.

Un immense merci à Serge Baguès pour sa précieuse collaboration, mais aussi Max Leprotti, Léo, François, et bien d’autres…

S’il y a des sociétés de transports qui ont fait rever une grande partie des chauffeurs d’aujourd’hui, c’est bien les transports Iochum. De nombreux reportages ont relaté les histoires de ces aventuriers modernes, tant dans le presse locale (le provençal) que dans la presse professionnelle nationale (l’Officiel, France Routiers) Des reportages télévisés ont aussi été réalisés (Km0). C’est avec une grande chaleur,amitié et humilité que Mme Iochum et son fils ont su accueillir le www.fierdetreroutier.com.

C’est avec ces 2 porteurs Mercedes que les Transports Iochum se sont lancés dans le transport entre Marseille et le Rhone Alpes, mais très vite, Serge le chauffeur de Gérard a eu envie de mettre les voiles… C’est au port de Rotterdam, que Serge a rencontré un camion Turc de chez TurcSped, et que Serge a eu envie de voir ce pays. C’est de là que tout a demarré avec un magnifique Scania 110 qu’ils sont partis à l’aventure, à l’assaut du Moyen- Orient.

L’entreprise IOCHUM se forge rapidement un nom et une réputation dans le transport International, c’est alors que la flotte devient vite reconnaissable avec ses couleurs orange et blanc. C’est alors qu’en en scène le mythique Volvo F1220, puis F12 et quelques Renault R310.

Du Moyen-Orient, à l’Afrique en passant par les pays de l’EST on voit des camions IOCHUM un peu partout, le transport étant une grande famille, Iochum se partage alors le transport avec d’autres grands noms de l’époque comme Riand ou Collomb Muret.

Parmi les destinations exotiques, les transports IOCHUM ont desservi le Niger. Débarquement à Alger, puis la longue descente plein sud à travers le desert Algerien jusqu’à la douane de Tamanrasset et enfin le passage au Niger, dans les traces des transports CHAPUIS de Lyon.

Si la Turquie était une destination presque routinière, les transports IOCHUM poussaient aussi jusqu’aux Emirats avec ses galères bien sûr mais aussi ses joies. Le mot liberté et solidarité faisant encore parti du vocabulaire…

A la fin des années 80, le parc passe au Blanc avec l’arrivée des Scania série 3. La ligne est sur le declin, la concurence se fait de plus en plus féroce. C’est la société STGC S.L basée en Espagne qui a repris la majeure partie de la clientèle sur la Grèce, la Turquie et les pays de l’est.

Quelques vidéos : 

PATINTER – Paris Aquitaine Transports

Un dossier réalisé par Hakim

Il y a longtemps que je souhaitais faire un reportage sur Paris Aquitaine Transport. Pour moi c’est une très grande partie de mon enfance, mais c’est aussi mes débuts de routier. J’ai eu le plaisir et la chance de connaître des chauffeurs qui aimaient leur travail et leur entreprise.

Cette entreprise avait autant de chauffeurs que de tractionnaires, dont mon père a fait parti pendant 13 ans, de 1983 à 1996.

Comme beaucoup le savent, j’ai passé mes vacances en camion. Les chauffeurs que connaissait mon père je les ai connu gamin. Et quelques années plus tard, je les ai retrouvé sur la route, mais là c’est moi qui conduisait.

Les années passent mais les souvenirs restent. Comme je suis quelqu’un qui a tendance à vivre dans le passé, il y a des jours où j’ai envied’en parler. Un de ces jours, je pensais à Michel, un chauffeur de la PAT, je me souvenais de son nom et de son adresse. Un clic sur le net et j’ai eu son numéro de téléphone. Je l’ai donc appelé, il s’est tout de suite souvenu de moi. On a parlé du passé, des collègues qui sont malheureusement partis, et de ceux qui sont encore du monde.
Et tout en discutant je lui ai demandé s’il avait fait des photos quant il roulait. Et quelle fut ma surprise quand il m’a dit qu’il en
avait depuis ses débuts. Je lui ai parlé du site fierdetreroutier, et de tous ses reportages. Il m’a tout de suite proposé ses photos pour les mettre en ligne. Quelques semaines plus tard j’ai reçu un colis avec les albums photos et un petit message « fais en bonne usage et garde les le temps qu’il faut, Michel ».

 

Michel DUBROUSSE a commencé à l’age de 24 ans chez PARIS AQUITAINE TRANSPORT à Bordeaux Mérignac, il y est resté 37 ans. Paris Aquitaine Transport était une grande société de transport. Quand Michel y est rentré dans les années 1968, quelques chauffeurs avaient déjà 25 ou 30 ans d’ancienneté.

Du Willème au Magnum, en passant par des Henschel, des Magirus et des Berliet, Michel aura traversé l’Europe et le Maroc et tout ça sans oublier son appareil photo. On peut voir sur ses photos qu’il aimait poser devant les camions qu’il aura eu. Un passionné comme le montre la touche d’esthétique qu’il rajoutait sur les camions.

L’activité de Paris Aquitaine était concentrée sur l’industrie automobile et le transport de pneumatiques tel que Michelin. Paris Aquitaine a été une des premières entreprises Française à avoir fait le Portugal. Il en reste encore des traces aujourd’hui avec PATINTER qui voulait dire PARIS AQUITAINE TRANSPORT INTERNATIONALE.

Il y avait aussi le transport de noir de fumée, dans des semis en forme de trémie. Que ce soit des chauffeurs ou des tractionnaires personne ne se battait pour le faire. De la poudre de pneumatique, je ne vous dis pas l’état du véhicule et du conducteur après le chargement et le déchargement.

Chargement de noir de fumée avec un SAVIEM SM260

Au fil des années, la concurrence était de plus en plus féroce, comme Paris Aquitaine ne voulait pas travailler à perte, il préférait
se retirer de certaines lignes, comme le Portugal en 1985. De là a été vendu le dépôt de Mongualde ainsi que les véhicules, pour laisser place à une société cent pour cent Portugaise. Le peu de camion qui restait, faisait la ligne Poissy-Madrid, ou Mulhouse-Madrid pour Peugeot. Il restait d’autres destinations, mais très peu par rapport au passé.

 

Dans les années 1990, OLLOQUIEGUI a racheté CONEUROPA à Pamplona. Une société qui avait pris des parts chez Paris Aquitaine quelques années avant. Ni une ni deux, Paris Aquitaine est passé totalement OLLOQUIEGUI. Les grandes destinations sur différents pays sont donc revenues, OLLOQUIEGUI roulait sur toute l’Europe. OLLOQUIEGUI qui a été créé en 1955, sombrera en 2006, et cessera toute activité peu de temps après.

Michel n’aura pas eu besoin de chercher du travail ailleurs, la retraite aura sonné juste à temps. Pour lui Paris Aquitaine a été une très belle entreprise, les chauffeurs y étaient respectés et étaient payés convenablement. (Hakim)