Les routmans au boulot

Parce que parfois, il leur arrive de bosser, voici un florilège de routiers au boulot, des photos de chargements divers et variés, des sourires et même une jolie lune à découvrir en cliquant ici !!!

Merci Jaka, Mich, Hekel67, Yassine, Adrian pour les photos !!

http://www.fierdetreroutier.fr/piwigo/index.php?/category/147

 

CDB 2018 Samu88 #44 + #45

Encore du retard pour la publication de Samu88 :sweat: , alors ça fera une petite quatorzaine à avaler d’un coup :devil: .
Mais quatorzaine contenant un petit break 🙂

Week 44 et semana 45 en ligne 8) , ça commence le lundi 29/10 :^) 🙂 en cliquant ici !!

http://www.fierdetreroutier.com/carnet/index.php?id_chauffeur=38&periode=2018-10

Nouvelles photos DODGE

Ils sont moches.
Ils tirent pas.
Mais voilà, on en voit plus guère, et ils ont quand marqué une époque, et surtout ont permis à RVI de mieux penetrer le marché espagnol.
Aujourd’hui 30 nouvelles anciennes photos DODGE signées, Le gitan, Wim, Alain, Paul, Ju68, Uwe.

http://www.fierdetreroutier.fr/piwigo/index.php?/category/945

3 vidéos pour démentir des idées reçues

La FNTR a réalisé 3 micro trottoir pour tordre le cou à des idées reçues, n’hésitez pas à partager en guise de réponse à tous ceux qui discréditent en permanence les métiers du transport…

CDB 2018 #45 Pierre70

Cap au nord pour Pierre70 cette semaine. Il a  pas vu de pingouins ,pourtant il était haut, c’est incompréhensible … Mettez votre anorak et Cliquez là !

http://www.fierdetreroutier.com/carnet/index.php?id_chauffeur=20

Andrew, routier slovaque

Ce samedi soir là, il n’y avait pas grand monde pour traverser sur le freteur Zeebrugge-Purfleet, juste Andrew et moi. Nous avons eu tout le temps de discuter et faire connaissance dans la sinistre salle chauffeur de ce ferry. C’est avec mon anglais approximatif que nous avons pu mieux nous connaitre. Voici 10 ans qu’Andrew traine ses roues un peu partout en Europe. Le rêve d’Andrew, c’était le sport, l’activité physique. Mais comme voyager lui plaisait bien aussi, il est devenu conducteur routier. Comme son prénom ne l’indique pas, Andrew est Slovaque. Il est originaire d’un village près de Bratislava, et habite maintenant avec sa petite amie à Poprad. La Slovaquie est comme la plupart des pays de l’est, bien pauvre. La séparation de l’ex Tchécoslovaquie n’a rien arrangé; en Slovaquie on ne produit pas grand chose, et celui qui veut s’en sortir est bien obligé de s’expatrier. Avec l’Euro, les prix des produits de consommation courante sont à peu près équivalents aux notres, seul la construction reste moins onéreuse.

Bien que très attaché à ses racines, Andrew a travaillé en premier lieu pour des maisons Italiennes, la demande il y a 10 ans était trés forte, il a pu ainsi gagner jusqu’à plus de 3500€ mensuels à ses débuts, mais bien entendu les heures étaient nombreuses, le travail épuisant. Petit à petit, les risques comparés aux salaires ne valaient plus le coup. Il a enchainé les postes, et s’est même payé le luxe de pratiquer la Turquie, la Syrie, pour un salaire misereux, mais avec beaucoup d’avantages « en nature ». Jusqu’à ce qu’il trouve une place stable ici en Belgique. Son travail est simple, presque routinier. Il reste 6 semaines durant, entre la Belgique et le sud de l’Angleterre, il s’ennuie un peu à vrai dire. Par contre aucun stress au niveau de la réglementation sociale. Le problème aujourd’hui vient essentielement du fait que son patron Belge ne fait encore pas assez d’économies sur les salaires. Depuis quelques temps, il embauche des roumains à tour de bras. Il y a peu, ils étaient 100 Slovaques dans la société, ils ne sont plus que 23, et le salaire baisse inoxérablement. L’autre problème vient aussi du fait qu’il n’a pas de camion attitré, quand il revient en Belgique, il doit souvent passer plusieurs heures à nettoyer le camion dans lequel il va camper 6 semaines durant. Quand il fait ses comptes, entre le train pour rejoindre Bruxelles et l’avion pour arriver à la maison, le compte n’y est plus… Avec moins de 2000€/mois, il voit le jour ou il va devoir payer pour travailler.

Quand on lui demande alors, pourquoi ne pas bosser « à domicile » en Slovaquie, il répond que c’est encore pire! Les rares transporteurs à ne faire que de la Slovaquie-Europe, embauchent des chauffeurs encore moins chers que les nationaux, de plus ils sont payés au chiffre d’affaire et aux kilomètres. Un organisme équivalent à notre « DRIRE » existe, mais dès qu’ils viennent en entreprise, le patron leur glisse une enveloppe et le problème est résolu dans l’heure. Trés récemment, un conducteur Slovaque d’une grosse société, s’est fait pincer en Europe roulant en coupure. Après avoir payé le procès, l’entreprise a fait savoir au chauffeur que les 5000€ seraient retenus sur son salaire, on a retrouvé peu de temps plus tard le pauvre homme pendu dans sa remorque. « Tout cela est désolant, autant pour les routiers Slovaques que pour la Slovaquie en général » se lamente Andrew qui a la rage contre son gouvernement qui ne fait absolument rien pour les habitants. Et c’est trés fierement qu’Andrew me montre les photos de sa maison, de sa région, à laquelle il est attaché. Patiemment, il cherche encore le bon plan, en Autriche ou en Allemagne, car il parle parfaitement aussi la langue de Goethe… On ne peut que lui souhaiter bonne chance, car, il le mérite!

Les camions de Colombie

En visite en Colombie, j’ai profité des 90kms et des 4h de route sur la « 40 », séparant Bogota de Villavicencio (préfecture du département Meta) pour m’exercer à la photographie de poids lourds. Villavicencio est une des rares villes permettant d’accéder aux Llianos puis de continuer vers les villes de la jungle colombienne. De plus, cette ville peu connue est appréciée des amateurs d’avions, car c’est aujourd’hui l’unique endroit au monde où le Douglas DC-3 (avions de transport conçu vers 1935) est quotidiennement utilisé pour apporter vivres et passagers sur des pistes sommaires de la jungle.
Sur place, la ville est aussi un nid de routiers, qui partent avec leurs camions alimenter les villes et villages d’Amazonie accessibles par la route.
Des avions uniques et des camions latinos partout, cette ville est un véritable paradis!

Mixcuac

CDB 2018 Phil26 #45

Une semaine de plus au compteur, une semaine variée, plusieurs frontière et aucune nuit à l’étranger, incroayble ! Bref, si ça vous tente, et si vous avez que ça à faire, cliquez ici !!! 

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Edgardo, routier argentin

Edgardo, un Argentin avec un coeur gros comme ça !

C’est alors que j’étais perdu dans une grosse usine bien pourrie de la région de Barcelone, que j’ai rencontré Edgardo qui m’a renseigné. Une armoire à glace, un type qui force le respect mais qui porte le sourire en permanence comme d’autres portent la casquette ou la moustache. D’emblée, j’ai eu envie de papoter avec lui, et quand il m’a annoncé qu’il était Argentin, j’ai eu plein de questions à lui poser. En pleine période de repli sur soi, chez nous en Europe et de grand retour du racisme le plus malsain, j’ai trouvé ça plutot interessant.

Pour vous brosser le tableau, Edgardo est ce que j’appelle un vrai passionné de transport. Né en Argentine il y a 49 ans, il vit en famille depuis 10 ans en Espagne. Ce jour-là, Edgardo était accompagné de Tomas son garçon d’une douzaine d’année qui n’a pas de souvenir d’Argentine.

Edgardo lui, a débuté comme apprenti routier en accompagnant son père transporteur dès ses 12 ans, puis il a roulé sa bosse au volant de son propre camion en Argentine jusqu’en 2003. Puis un jour, il a décidé de rejoindre l’Espagne. Qu’est ce qui peut pousser un homme à quitter sa terre natale et son univers pour venir en Espagne? En premier lieu, c’est l’insécurité qui règne en Argentine. Si ici on se plaint de la recrudescence des vols, là-bas, les bandits de grand chemin n’hésitent pas à tuer pour voler les cargaisons, le metier est devenu dangereux. La vie n’a pas la même valeur, les gens qui n’ont rien, sont prêts à tout pour s’en sortir. Alors, l’envie de sécurité d’un père de famille, mais aussi l’envie d’améliorer l’ordinaire et d’offrir le meilleur à ses êtres chers, l’Argentine n’offrant que bien peu de perspectives, ils ont quitté leur pays. Après avoir passé un an sans papier et après avoir effectué toutes sortes de petits boulots, Edgardo a pu faire convertir son permis de conduire et enfin retoucher un volant.

Une petite année à faire du frigo en international, et depuis il bosse en national pour une maison de Lugo, au volant d’un Fh12-420. Son salaire est le même qu’un espagnol moyen en national, il tourne autour de 2200€ tout compris. C’est bien entendu pas assez, mais c’est déjà trés bien. Quand on parle de la crise à Edgardo, il rigole immédiatement : Quelle crise ? Mais il y a pas de crise ici ! Les gens arrivent à se payer du pain tous les jours, et dans les champs, la plupart sont encore immigrés, les gens peuvent encore se permettre de « choisir » de ne pas bosser. Les gens ici parlent de crise, mais au fond, ils ne savent pas ce que c’est.
Je n’ai pas pu m’empêcher de demander à mon argentin, ce qu’il pensait du fait que des routiers de l’est venaient en masse s’installer en Espagne pour 2 fois moins de salaire. Interessant le point de vue d’un immigré hispanophone ! Pour lui, même s’il est vrai que ça peut paraitre injuste cette histoire de salaire, c’est quand bien la seule manière pour ces gens là, d’échapper à une vie de misère à Bucarest ou Sofia. C’est leur seule issue, et il est bien conscient qu’un jour peut être il pourrait perdre sa place.

Bien que son intégration dans la société espagnole est facile du fait de la langue, il n’en reste pas moins qu’il est souvent victime de remarques plus ou moins drôles de la part de certains collègues de travail, ou dans son environnement quotidien. Il y a des jours ou c’est supportable, d’autres moins. Malgré tout, Edgardo reste lucide et ne voudrait pour rien au monde retourner vivre en Argentine : « Ici en 10 ans, mon niveau de vie s’est plus amélioré qu’en 40 ans en Argentine ». Il possède un appartement, et n’a pas la boule au ventre au travail… S’il compare sa vie de routier ici, les choses sont differentes, les opérations de chargement et dechargement bien plus rapides, en Argentine, il faut des journées entières car l’administration dans les usines est lente et tatillonne. En International, il faut parfois attendre une semaine en douane, tout le monde se fout de tout, et la corruption est partout. Par contre l’absence de tachy rend la vie du chauffeur plus simple. L’entraide entre chauffeurs n’est pas vaine et souvent nécessaire pour survivre, les chauffeurs restent groupés la plupart du temps, font la route et mangent ensemble. Ici, c’est le tachy qui décide, et les grands voleurs de la route sont plutot ceux qui te plument à coup de 301€ de procès pour des péccadilles. En Argentine, c’est bien moins cher…

Nos chemins se sont séparés sur cette belle leçon d’optimisme et d’humanisme, ça fait du bien par les temps qui courent ! Hasta luego Edgardo !