Ce convoi exceptionnel de 4 camions de chez Van der Vlist (2 DAF et 2 SCANIA) ainsi que 5 voitures pilote est parti le mercredi soir de Born sur l’A2 (Hollande) à Biévre N95(B) où on construit un parc de 7 éoliennes.
La premiere nuit, il s’est déplacé entre Born et Braive N64. En Hollande on roule sur l’autoroute mais en Belgique ils sont obligés de rouler de nuit sur les routes nationales à cause du tonnage (92T et longueur de 38 M par piece), oui on vit en Europe!!!
Le Jeudi soir, j’ai rendez-vous avec Danny le patron de ADPILOTS à Braive, grace à qui j’ai pu profiter de l’occasion. Le départ est prévu pour 21h30 mais on peut partir plus tôt avec l’aide de la police federale!
Le plus beau chez Vandervlist
La route de trente six tournants
Un homme très sympa
Un camion avec des plaques en fer
Il n’est pas simple pour moi de faire des photos avec seulement mon bras droit en dehors de la vitre. Mais je ne rouspette pas, parce que c’était une trés belle découverte que je peux aussi vous faire partager. J’ai pu faire une cinquantaine de kilomètres avec ce chauffeur qui a une longue expérience. Et oui beaucoup d’entre nous pensent que on n’a pas forcement besoin de voiture pilote, c’est vraiment le contraire, ils sont là sur les rond points, carrefours, cotes et même sur les lignes droites pour notre sécurité.
Je remercie Danny de m’avoir donné cette possibilité d’aller avec ce groupe de pro en transports exceptionnels et je remercie aussi Denny, Leen, Cor et Kees les chauffeurs de camions VdV ainsi que Frans et Peter les voituriers pilote VdV et les pilotes François (Swa) et Eric de ADPILOTS.
Ayant du partir à l’étranger pour un stage linguistique, quoi de mieux que les Etats-Unis pour se dépayser durant 6 semaines! Je suis donc parti chez l’oncle Sam, m’imprégner de la culture américaine. Les photos ont été prises dans la région de Miami, Key West, mais aussi durant un road trip de 1500kms à travers la Floride. Durant ce road-trip j’ai pu retrouver une chose, le plaisir de conduire. Qui n’a jamais rêvé de se faire poursuivre par un Kenworth W900 aux chromes rutilants comme dans les films! Les camions roulent aussi vite que les voitures voir parfois plus vite mais dans une parfaite harmonie avec le reste de la circulation! Et pour preuve malgré la présence importante des forces de l’ordre, je n’ai vu que très peu de contrôles contrairement en France; Les Américains ont encore l’esprit de prévention et de sécurité qui les animent…
Quelques photos ont été prise sur Manhattan à New-york, où j’ai séjourné quelques jours. Là-bas aussi il n’est pas rare de croiser de grands ensembles surtout pour des chantiers tels que le nouveau World Trade Center. Malgré la circulation assez dense, ils se faufilent assez bien dans les bouchons. La preuve en est qu’avec un peu de volonté tout le monde peut cohabiter. Une idée très présente là-bas mais qui a disparu en France quand on voit toutes les interdictions…
Beaucoup de livraisons en ville se font en semi, qu’elles soient en un ou deux essieux, contrairement à la France où on retrouve plus de porteur. Vous allez me dire que c’est le pays de la démesure, de la grandeur, mais à voir où certains déchargeaient, je pense que des camions européens auraient aussi eu du mal!
En conclusion, on critique souvent les amerloques, quand je dis « on » je ne généralise pas bien entendu, mais sur certains points on a encore beaucoup à apprendre d’eux, comme eux ont à apprendre de nous! Mais les USA restent tout de même un cran au dessus, mais ça il faut le vivre pour s’en rendre compte si ce n’est pas déjà fait! Scania56 (2011)
Svetoslan, la France à tous prix ! Le low cost, il connait… Trop bien !
C’est sur le tard que Svetoslan est devenu chauffeur routier en Bulgarie.
Voici 5 ans qu’il sillonne les routes d’Europe de l’Ouest bien entendu. Après avoir effectué une carrière de conducteur de taxi, il a dû se reconvertir faute de clients, il a donc passé ses permis PL, ses ADR et l’équivalent de notre FIMO. Même avec une épouse docteur qui plafonne à 600€/mois et 3 enfants, il a fallu se résoudre à quitter le pays voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Bien que la vie soit moins chère en Bulgarie, le travail ne court pas les rues.
A titre de comparaison, le loyer moyen en Bulgarie est de 100€/mois, le litre de gasoil lui plafonne à 1€40.
C’est en Hollande, chez Jan De Rijk que Svetoslan a fait ses premiers tours de roues entre la hollande, l’Allemagne et l’Espagne. La considération n’était pas au rendez-vous, les chauffeurs poussés à bout pour un salaire misérable bien sûr, autour de 1200€/mois. Depuis quelque temps, il a changé de crèmerie pour une société Bulgare, mais là encore, ce n’est pas une grande réussite. Il tourne toujours à 1200€/mois. Son employeur le fait travailler pour TRICOLORE un transporteur Danois implanté à Padborg spécialisé France et Allemagne. Durant 3 mois, il doit effectuer ses rotations. Au bout de ce laps de temps, il prend un avion à Hambourg pour Sofia, le camion, un R420 hors d’age reste au Danemark. Le camion rentre au pays une fois ou deux par an pour faire l’entretien. Après avoir travaillé 3 mois non stop, Svetoslan a un mois de repos en Bulgarie, bien entendu ce mois n’est pas rémunéré, tout au plus son patron paye ses cotisations sociales. De plus, bien souvent la paye n’arrive pas en temps en heure, son employeur prétextant des retards de paiement de la part de Tricolore. Impossible bien entendu pour lui de savoir qui dit vrai !
La plupart du temps, Svetoslan essaie de passer ses coupures de week-end à Padborg, mais les sanitaires ne sont accordés qu’aux chauffeurs et employés dechez Tricolore, les tractionaires Polonais ou Bulgares doivent se débrouiller à la station service voisine. A 51 ans, il est pas évident de se trouver dans ces situations là ! Aujourd’hui, il rêve de travailler pour une société française, prêt à quitter le pays pour s’installer sur Paris d’autant qu’il parle un peu la langue de Molière, mais pas pour y être traité comme un chien. Vu de Sofia, la France représente encore un espace de liberté et de progrès social.
Comme il me l’a demandé, je laisse les coordonnées de Svetoslan : 00359897683536 ou 00359896218667
Passionné depuis toujours par les camions, Aly, d’origine Burkinabé né en Côte d’Ivoire voici déjà 35 ans, est routier depuis ses 15 ans. Il a longtemps roulé en Côte d’Ivoire pour des employeurs Italiens et Français qui ont dû quitter le pays en 2007 pour des raisons politiques. C’est aussi pourquoi Aly est parti vivre en 2007 au Mali, à Bamako, où il loue une maison et s’est installé avec sa femme et ses 3 enfants.
C’est grand l’Afrique, les voyages d’Aly s’articulent autour de Bamako ^^
Fort de son experience de chauffeur qu’il doit aussi à son père, Aly travaille comme routier international.
L’entreprise pour laquelle il travaille compte 12 camions specialisés surtout dans le transport de pommes de terre, d’oignons et de mangues entre le Mali et le Sénégal. Parfois il est aussi amené à aller sur la Mauritanie, la Côte d’Ivoire ou le Togo. La plupart du temps, il quitte son domicile pour 15 jours.
Aly au volant, fier d’être routier !
Son camion est comme la plupart de ceux qu’on croise en Afrique, un modèle d’importation Européen, le sien, un Mercedes ACTROS 4148 de 1999 est particulièrement apprecié pour sa robustesse. Ici, la surcharge est un sport national puisque souvent il roule à 60T… Les plus connaisseurs auront remarqué que son tracteur est un 6*4, en fait à la base c’était un 8*4 qui a été transformé par l’industrie locale…
Chargement d’oignons à Dakar
Les routes sont souvent en mauvais état, et sur certaines portions, il faut 6 à 8h pour faire 200km, il faut s’armer de patience !! Mais quand on aime son metier, on ne compte pas. Alors avec le peu de moyens pour boucler le tour, Aly y va molo sur la pédale d’accélerateur, le litre de gasoil coute quand même 0,95€ ici.
Le salaire d’Aly, n’est pas trés elevé quand on le compare aux notres, puisqu’il dispose de 70000F CFA, ce qui correspond à 152€.
Sur la route, la brigade mobile senegalaise est aussi là pour ponctionner leur maigre salaire, à chaque fois, ce sont 1000 à 3000 F CFA, soit 1,52 à 3€ qui s’envolent. Il faut bien donner le billet caché dans un papier, les policiers apprecient le geste !!!
Dans le cadre du transport International que pratique Aly, il se trouve souvent avec 4 containers 20 pieds dans son chargement, mais le client ne declare pas tout, si bien que lorsqu’il arrive à destination, le chargement est souvent bloqué. Mais d’un autre côté, ça permet à Aly d’attendre tranquillement chez lui à Bamako.
Attente en frontière, parfois ça peut durer une dizaine de jours
Pour Aly et son aide conducteur, pas question de dormir dans la cabine qui de toutes façons, est trop petite, alors le soir venu, ils sortent la tente pour dormir. Pour manger, il faut faire soi-même sa popotte… Et entre Dakar et Bamako il n’y a aucune douche donc, la toilette se fait au seau.
Ici, pas question de disques ou de carte de chronotachygraphe et encore moins de code du travail, Aly étale des journées longues, de 7 à 23h, il s’arrête manger quand il a faim, son but est de boucler son voyage le plus radidement possible, il peut même rouler 7 jours par semaine.
Comme de partout, les jalousies entre les differents pays ne font pas forcement bon menage avec la solidarité, Aly en a déjà fait les frais. Sur ses épaules, il a une veritable pression, il est responsable de tout ce qui peut arriver sur son trajet, en cas de panne, ou de vol, c’est à lui de payer sur son déjà maigre salaire, d’autant plus que l’on ne lui donne pas assez pour payer le carburant et boucler un voyage, il faut donc rouler à l’économie et surtout faire trés attention aux vols de gasoil qui sont courants ici.
Il faut aussi être vigilent contre « les coupeurs de route », des bandes de voleurs, armés, qui pour arrêter les camions, mettent des grosses pierres au milieu des routes, obligeant ainsi les chauffeurs à s’arrêter et en profitent pour les racketter. A celà, il faut ajouter les risques d’accidents, qui sont malheureusement trés fréquents.
Le poids des chargements, la route difficile et le manque de puissance des camions ne permettent pas des vitesse elevées, mais la nuit, avec le manque d’éclairage, et des véhicules parfois arrétés n’importe où, le danger guette. Le plus grand danger vient des chauffeurs de bus, qui sont payés au voyageur et roulent comme des fous.
Quand il y a accident au milieu de nulle part, il ne faut surtout pas compter sur les pompiers, les blessés sont évacués par les véhicules les plus rapides, les blessés les plus graves decèdent bien souvent faute de soins et parce que les postes de secours peuvent se trouver parfois à plusieurs centaines de kilomètres. Le manque d’experience, la drogue, n’arrangent pas la situation sur la route.
Mais tout ça n’empêche pas Aly de retourner chaque jour sur la route, en hommage à son père qui lui a donné le virus, l’envie de toujours en découvrir un peu plus, voir de nouveaux paysages, en apprendre chaque jour davantage sur la mecanique lui donne toujours un peu d’espoir en l’avenir.
Ce samedi soir là, il n’y avait pas grand monde pour traverser sur le freteur Zeebrugge-Purfleet, juste Andrew et moi. Nous avons eu tout le temps de discuter et faire connaissance dans la sinistre salle chauffeur de ce ferry. C’est avec mon anglais approximatif que nous avons pu mieux nous connaitre. Voici 10 ans qu’Andrew traine ses roues un peu partout en Europe. Le rêve d’Andrew, c’était le sport, l’activité physique. Mais comme voyager lui plaisait bien aussi, il est devenu conducteur routier. Comme son prénom ne l’indique pas, Andrew est Slovaque. Il est originaire d’un village près de Bratislava, et habite maintenant avec sa petite amie à Poprad. La Slovaquie est comme la plupart des pays de l’est, bien pauvre. La séparation de l’ex Tchécoslovaquie n’a rien arrangé; en Slovaquie on ne produit pas grand chose, et celui qui veut s’en sortir est bien obligé de s’expatrier. Avec l’Euro, les prix des produits de consommation courante sont à peu près équivalents aux notres, seul la construction reste moins onéreuse.
Bien que très attaché à ses racines, Andrew a travaillé en premier lieu pour des maisons Italiennes, la demande il y a 10 ans était trés forte, il a pu ainsi gagner jusqu’à plus de 3500€ mensuels à ses débuts, mais bien entendu les heures étaient nombreuses, le travail épuisant. Petit à petit, les risques comparés aux salaires ne valaient plus le coup. Il a enchainé les postes, et s’est même payé le luxe de pratiquer la Turquie, la Syrie, pour un salaire misereux, mais avec beaucoup d’avantages « en nature ». Jusqu’à ce qu’il trouve une place stable ici en Belgique. Son travail est simple, presque routinier. Il reste 6 semaines durant, entre la Belgique et le sud de l’Angleterre, il s’ennuie un peu à vrai dire. Par contre aucun stress au niveau de la réglementation sociale. Le problème aujourd’hui vient essentielement du fait que son patron Belge ne fait encore pas assez d’économies sur les salaires. Depuis quelques temps, il embauche des roumains à tour de bras. Il y a peu, ils étaient 100 Slovaques dans la société, ils ne sont plus que 23, et le salaire baisse inoxérablement. L’autre problème vient aussi du fait qu’il n’a pas de camion attitré, quand il revient en Belgique, il doit souvent passer plusieurs heures à nettoyer le camion dans lequel il va camper 6 semaines durant. Quand il fait ses comptes, entre le train pour rejoindre Bruxelles et l’avion pour arriver à la maison, le compte n’y est plus… Avec moins de 2000€/mois, il voit le jour ou il va devoir payer pour travailler.
Quand on lui demande alors, pourquoi ne pas bosser « à domicile » en Slovaquie, il répond que c’est encore pire! Les rares transporteurs à ne faire que de la Slovaquie-Europe, embauchent des chauffeurs encore moins chers que les nationaux, de plus ils sont payés au chiffre d’affaire et aux kilomètres. Un organisme équivalent à notre « DRIRE » existe, mais dès qu’ils viennent en entreprise, le patron leur glisse une enveloppe et le problème est résolu dans l’heure. Trés récemment, un conducteur Slovaque d’une grosse société, s’est fait pincer en Europe roulant en coupure. Après avoir payé le procès, l’entreprise a fait savoir au chauffeur que les 5000€ seraient retenus sur son salaire, on a retrouvé peu de temps plus tard le pauvre homme pendu dans sa remorque. « Tout cela est désolant, autant pour les routiers Slovaques que pour la Slovaquie en général » se lamente Andrew qui a la rage contre son gouvernement qui ne fait absolument rien pour les habitants. Et c’est trés fierement qu’Andrew me montre les photos de sa maison, de sa région, à laquelle il est attaché. Patiemment, il cherche encore le bon plan, en Autriche ou en Allemagne, car il parle parfaitement aussi la langue de Goethe… On ne peut que lui souhaiter bonne chance, car, il le mérite!
En visite en Colombie, j’ai profité des 90kms et des 4h de route sur la « 40 », séparant Bogota de Villavicencio (préfecture du département Meta) pour m’exercer à la photographie de poids lourds. Villavicencio est une des rares villes permettant d’accéder aux Llianos puis de continuer vers les villes de la jungle colombienne. De plus, cette ville peu connue est appréciée des amateurs d’avions, car c’est aujourd’hui l’unique endroit au monde où le Douglas DC-3 (avions de transport conçu vers 1935) est quotidiennement utilisé pour apporter vivres et passagers sur des pistes sommaires de la jungle.
Sur place, la ville est aussi un nid de routiers, qui partent avec leurs camions alimenter les villes et villages d’Amazonie accessibles par la route.
Des avions uniques et des camions latinos partout, cette ville est un véritable paradis!
Edgardo, un Argentin avec un coeur gros comme ça !
C’est alors que j’étais perdu dans une grosse usine bien pourrie de la région de Barcelone, que j’ai rencontré Edgardo qui m’a renseigné. Une armoire à glace, un type qui force le respect mais qui porte le sourire en permanence comme d’autres portent la casquette ou la moustache. D’emblée, j’ai eu envie de papoter avec lui, et quand il m’a annoncé qu’il était Argentin, j’ai eu plein de questions à lui poser. En pleine période de repli sur soi, chez nous en Europe et de grand retour du racisme le plus malsain, j’ai trouvé ça plutot interessant.
Pour vous brosser le tableau, Edgardo est ce que j’appelle un vrai passionné de transport. Né en Argentine il y a 49 ans, il vit en famille depuis 10 ans en Espagne. Ce jour-là, Edgardo était accompagné de Tomas son garçon d’une douzaine d’année qui n’a pas de souvenir d’Argentine.
Edgardo lui, a débuté comme apprenti routier en accompagnant son père transporteur dès ses 12 ans, puis il a roulé sa bosse au volant de son propre camion en Argentine jusqu’en 2003. Puis un jour, il a décidé de rejoindre l’Espagne. Qu’est ce qui peut pousser un homme à quitter sa terre natale et son univers pour venir en Espagne? En premier lieu, c’est l’insécurité qui règne en Argentine. Si ici on se plaint de la recrudescence des vols, là-bas, les bandits de grand chemin n’hésitent pas à tuer pour voler les cargaisons, le metier est devenu dangereux. La vie n’a pas la même valeur, les gens qui n’ont rien, sont prêts à tout pour s’en sortir. Alors, l’envie de sécurité d’un père de famille, mais aussi l’envie d’améliorer l’ordinaire et d’offrir le meilleur à ses êtres chers, l’Argentine n’offrant que bien peu de perspectives, ils ont quitté leur pays. Après avoir passé un an sans papier et après avoir effectué toutes sortes de petits boulots, Edgardo a pu faire convertir son permis de conduire et enfin retoucher un volant.
Une petite année à faire du frigo en international, et depuis il bosse en national pour une maison de Lugo, au volant d’un Fh12-420. Son salaire est le même qu’un espagnol moyen en national, il tourne autour de 2200€ tout compris. C’est bien entendu pas assez, mais c’est déjà trés bien. Quand on parle de la crise à Edgardo, il rigole immédiatement : Quelle crise ? Mais il y a pas de crise ici ! Les gens arrivent à se payer du pain tous les jours, et dans les champs, la plupart sont encore immigrés, les gens peuvent encore se permettre de « choisir » de ne pas bosser. Les gens ici parlent de crise, mais au fond, ils ne savent pas ce que c’est.
Je n’ai pas pu m’empêcher de demander à mon argentin, ce qu’il pensait du fait que des routiers de l’est venaient en masse s’installer en Espagne pour 2 fois moins de salaire. Interessant le point de vue d’un immigré hispanophone ! Pour lui, même s’il est vrai que ça peut paraitre injuste cette histoire de salaire, c’est quand bien la seule manière pour ces gens là, d’échapper à une vie de misère à Bucarest ou Sofia. C’est leur seule issue, et il est bien conscient qu’un jour peut être il pourrait perdre sa place.
Bien que son intégration dans la société espagnole est facile du fait de la langue, il n’en reste pas moins qu’il est souvent victime de remarques plus ou moins drôles de la part de certains collègues de travail, ou dans son environnement quotidien. Il y a des jours ou c’est supportable, d’autres moins. Malgré tout, Edgardo reste lucide et ne voudrait pour rien au monde retourner vivre en Argentine : « Ici en 10 ans, mon niveau de vie s’est plus amélioré qu’en 40 ans en Argentine ». Il possède un appartement, et n’a pas la boule au ventre au travail… S’il compare sa vie de routier ici, les choses sont differentes, les opérations de chargement et dechargement bien plus rapides, en Argentine, il faut des journées entières car l’administration dans les usines est lente et tatillonne. En International, il faut parfois attendre une semaine en douane, tout le monde se fout de tout, et la corruption est partout. Par contre l’absence de tachy rend la vie du chauffeur plus simple. L’entraide entre chauffeurs n’est pas vaine et souvent nécessaire pour survivre, les chauffeurs restent groupés la plupart du temps, font la route et mangent ensemble. Ici, c’est le tachy qui décide, et les grands voleurs de la route sont plutot ceux qui te plument à coup de 301€ de procès pour des péccadilles. En Argentine, c’est bien moins cher…
Nos chemins se sont séparés sur cette belle leçon d’optimisme et d’humanisme, ça fait du bien par les temps qui courent ! Hasta luego Edgardo !