Faut qu’on m’explique un truc

L’hiver lorsque Météo France annonce de la neige à Dijon, on a déjà vu les autorités bloquer des camions à 2 ou 300km de là. A chaque fois, ils frisent le ridicule, arguant que c’est pour « la sécurité ». Quelques gendarmes bien placés au bon endroit et le tour est joué, les routiers vont la boucler.
En ce début de semaine, s’est déclaré non pas un incendie d’été, mais bel et bien ce qui s’appelle un « méga feu » un incendie qui avançait parfois à 5 voire 6km/h. Alors que les soldats du feu, sous équipés et en sous effectifs prenaient des risques incroyables pour en venir à bout, alors même que des habitants de l’Aude ont tout perdu, que faune et flore sont partis en fumée, aucune décision n’a été prise pour stopper le trafic routier. En vacances, le flot de touristes se demandait avant tout, comment rejoindre les plages et le Buffet Libre de Narbonne !
Et tant pis si les pompiers ont par dessus tout eu les pires difficultés pour circuler.
A l’heure qu’il est, le bilan définitif n’est pas encore connu, mais il semble que des têtes doivent tomber. On est au mois d’août, mais c’est pas une raison pour perdre ses responsabilités, encore une fois, la France a montré son incompétance dans le domaine de la prévention, mais brille toujours dans son rôle de donneur de leçons.

Voir grandir ses gosses 2

L’autre jour, en moto, mon vieux pote a un léger renvoi, je l’entends dans l’intercom, il me dit : « désolé je suis un porc ». Là bien sûr je lui réponds avec la voix de Timon : « mais tu es un porc ». Pas de réaction, il n’a pas la ref. Idem quelques jours ou semaines plus tard avec ma chérie, je m’arrête de marcher pour enlever un gravier dans ma godasse, avec la voix de Woody je dis : « j’ai un serpent dans ma botte ». Elle n’a pas la ref non plus. A nous trois nous avons eu sept enfants, qui s’en ai occupé le plus finalement ?
Leurs mères respectives évidemment. Mais les pères, ils sont quoi là-dedans ? Ils sont là pour faire la police en rentrant du boulot ? Très peu pour moi. Ce serait pas plutôt de les élever dans le sens de les monter, les ouvrir, éduquer par le haut ?
En 2011 j’ai commis un petit billet d’humeur sur ma présence à la maison. Quatorze ans plus tard je peux tenter un petit bilan. Pas plus tard que la semaine dernière j’ai raconté les deux anecdotes à ma fille, elle m’a répondu que je n’ai jamais été un père absent, que j’ai toujours fait des activités avec eux le week-end, elle se souvient de longs moments sur la terrasse à la maison. A contrario le fils de mon pote lui reproche aujourd’hui de n’avoir été que présent physiquement : « tu rentrais du boulot, tu te mettais à ton bureau, t’en avais rien à foutre de nous ». Pour sa défense, artisan il a toujours bossé dur. Mais voilà, les années ont passé et les souvenirs des enfants restent. Je n’écris pas ce billet pour me glorifier, juste pour me dire
que finalement je n’ai pas été trop mauvais, j’ai fait au mieux, rien de plus. Donc toi jeune père qui réfléchit, réfléchis bien, tu n’es pas obligé de te sacrifier, on peut parfaitement concilier un métier passion et l’éducation de ses gamins, après tu feras comme nous tous, tu feras au mieux.

Un petit retour sur le texte de 2001 ici.

Toujours plus loin dans le dumping social

Jeudi 5 juin au petit matin, un camion se couche au milieu de l’autoroute A7. Le chauffeur s’est assoupi, par miracle il n’est que légèrement blessé. A la suite de ce (trop) banal accident, c’est vite le chaos sur les routes de la vallée du Rhône. Passé la description d’un accident comme il en arrive malheureusement tant, on apprend que le chauffeur de nationalité Indienne, circule sur les routes européennes avec un permis de conduire Hongrois. Lequel transporteur Hongrois, Batton (?) est lui même sous traitant de Dachser.

L’imagination des esclavagistes transporteurs est sans limite. Imaginez vous l’inverse, demain vous vous retrouvez parachuté en Inde à devoir conduire un camion sur une ligne de nuit entre New Dehli et Jaipur ? En principe pour obtenir un permis de conduire, il faut au moins pratiquer la langue du pays. Je doute que l’hindou soit proche du Hongrois. Qu’en est il de la FIMO? De l’ADR ? Serait il possible qu’on nous prenne pour des cons ? Notre chauffeur Hindou, il fait comment pour rentrer quand chez lui ? C’est quoi sa vie de famille !? Récemment beaucoup d’entreprises ont dû investir pour changer les tachygraphes, mais à quoi ça va servir tout ça si les transporteurs peuvent impunément tricher avec une main d’oeuvre corvéable à souhait ? Attention, j’ai rien contre les Hindous ni personne. Les Hongrois à ce jeu là, ne sont surement pas meilleurs ni pires que les Lituaniens qui ont tout inventé au sujet du low cost ou presque !

Au plus il y aura du transport pas cher, au plus on assistera à une augmentation du trafic routier à des prix toujours plus bas, et même en camion electrique, c’est pas très eco responsable tout ça. Plutôt que de crier au loup et de se donner une image vertueuse, bien des responsables devraient balayer devant leur porte avant de venir nous chercher des noises pour des virgules sur la carte. A l’Est, les politiques changent de bord, et crachent sur la communauté européenne, et bien qu’ils en sortent, ils ne nous manqueront pas !

Une idée pour lutter contre les prix du Gasoil ?

Une idée parmi d’autres pour lutter contre le prix des carburants.
Sachant que les prix ne sont pas prêts de retrouver des niveaux acceptables, beaucoup de transporteurs cherchent un moyen de pression.
Il va de soi que personne ne va rien bloquer, et personne ne prendra le risque de laisser les camions au dépôt.
Peu de clients acceptent de jouer le jeu et de revoir leurs tarifs, et c’est encore moins le cas pour les gros affreteurs.
Alors pourquoi ne pas limiter la vitesse des véhicules pour faire pression ?
Il n’est pas illégal de rouler à 60/70kmh !
A cette vitesse, la conso baisse rapidement, et les délais de livraisons pas respectés. Il est évident que beaucoup de logisticiens veraient vite les dégats que celà pourraient engendrer et peut être faire pression ??

Intrusion de migrants à Calais, c’est toujours les routiers qui trinquent !

A 57 ans, Bernard n’est plus ce qu’on appelle un débutant sur l’Angleterre. Après une longue expérience chez Dentressangle puis XPO, il roule pour AP Trans chez qui il continue à réaliser des transports vers la Grande Bretagne.

La dernière semaine d’octobre 2021, afin d’optimiser ses heures en fonction de sa tournée, Bernard doit faire sa pause à Calais. Parfaitement conscient des risques avec l’intrusion potentielle de migrants dans sa remorque, il se gare en sécurité (?) au parking C4T de Marck. Aussitôt sa pause terminée et après avoir vérifié le bon état de ses bâches, il file embarquer au ferry, effectue les divers contrôles avant l’embarquement, tout va bien.

Bernard entame sa tournée, tout proche de Douvres, à Hythe distante de 25km du port. Alors qu’il ouvrait ses portes au moment de se mettre à quai, deux migrants apparaissent, le client les a vu, immédiatement les portes sont refermées et la police qui est avertie débarque aussitôt.

Plaidant sa bonne foi, les Policiers sont bien entendu courtois, tout va bien. Un vrai passeur, n’aurait pas pris le risque de rouler jusqu’à sa livraison et ouvrir les portes devant les yeux du client. L’histoire ne s’arrête malheureusement pas là, et réclame 10.000£. 5000£ par clandestin, Bernard doit payer 4000, et son employeur 6000… A ce prix là, mieux vaut arrêter de travailler non ? Pour le moment, rien n’est décidé, et encore une fois il faut toujours être plus vigilant, c’est pas simple. Bernard va retourner avec angoisse en Angleterre et courrir le risque, mais que va t il se passer au prochain controle s’il ne paie pas ? Que faire si on s’aperçoit que des passagers ont prix place dans la remorque, s’arrêter ni vu ni connu en rase campagne ? A l’abri des caméras et des témoins ? On peut se demander si l’honneteté est bien payante !

A suivre !

Une journée banale pour presque tout le monde

4h52 mon réveil sonne. WAHOU!! sa pique!
Petit dej, douche et café supplémentaire et let’s go direction le dépôt 10 minutes plus tard que ce que je voulais. 38km en Megane qui tombe pas en panne, ça va!
A 6h05 je suis au dépôt, je jette les affaire dans le Volvo, met la carte et y a plus qu’à atteler sans se tromper de remorque. Vérif faite j’ai pris la bonne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N86, N7 et A7 et 1h55 plus tard je suis à Loire sur Rhone pour vider un complet de palettes vides. 3 camions devant moi, mais ça va vite, en 1h tout est ok, je repars à 9h15.
Rechargement à Saint Vulbas, complet à quai. Je coupe à travers et je suis seul au monde jusqu’à saint Quentin fallavier. Après il y a plus de monde, on se traîne à 60… mais je m’en fou !! Je regarde le paysage.
Plus de quai dispo quand j’arrive à 10h30, mais finalement le complet est chargé, et les papiers sont ok pour midi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je coupe 50 minutes à 1km de là pour grignoter un peu et remettre la carte à 0, et commencer un nettoyage de cabine.
Je rejoins la rocade de Lyon et redescend tranquille par l’A7. À 15h30 je suis au dépôt. Le temps de décrocher et de rentrer le tracteur et à 15h45 la journée se termine..

Cette petite journée est vraiment banale voir même ennuyeuse, mais pour moi elle est exceptionnelle car aujourd’hui j’ai repris le volant après 13 mois d’arrêt maladie. J’en ai apprécié chaque seconde!
Je peux dire combien de litre de GO j’ai consommer, combien j’ai conduit ou « travailler » et les kilomètres que j’ai fais.
La seule choses qui n’est pas mesurable c’est mon bonheur de revenir « parmi vous ». De retrouver mon 500 même si il est sale, de retourner chez mes clients et de voir le sourire de cariste ou secrétaire content de me revoir.
Comme je l’avais déjà dis 2020 pour moi a été compliqué : un cancer assez agressif, une femme en moins, forcé de vendre la maison.. mais tous ça a été oublié au premier vrombissement du 13L du FH! J’ai apprécié chaque instant de cette journée, j’ai aimé les mauvais comportements de certains sur la route car finalement il me manquait!
Je ne fais pas ce post pour être plain, au contraire, je fais ce post pour partager ma joie du moment et peut être apporter un peu d’optimisme en ces temps difficiles.
Prudence à vous tous, et si vous voyez un idiot qui sourit bêtement au volant de son Fh même après une queue de poisson, c’est sûrement moi!

Un regard à l’Est

 

On parle beaucoup des PECOS, pas toujours en bien, en fait jamais ! Ils piquent le boulot des autres, ils sont sales, ils ne sont pas polis, ils sont … On leurs colles beaucoup d’étiquettes, à tort ou à raison, on part du principe que le chauffeur pique le boulot. Ça fonctionne pour ceux qui sont à leurs comptent mais le chauffeur qui bossent pour Hegelmann par exemple, il fait comme tout le monde, ce qu’on lui dit !

J’en vois passer pas mal, du hongrois, du tchèque, du roumain, du polonais. Des gars seuls ou des doubles équipages, des VL ou des PL, des petits LF avec rehausse et remorque. Il est pas facile de discuter avec eux, ce sont souvent des grands muets mais c’est aussi parce qu’ils n’ont pas le temps.

Quand je charge ou décharge un camion français, le chauffeur reste bien souvent dans son camion, attendant sagement que je l’appel pour ces papiers, sauf ceux qui me prennent pour leur room service, attendant du haut de leur cabine que je descende leur ranger dans la pochette dans le camion. Les pécos, c’est différent, ils viennent, baragouine quelques mots en anglais, italien ou allemand, nous donnent les papiers et cherche tout de suite un transpalette.

On voit souvent les mêmes chauffeurs, du coup on arrive petit à petit à discuter, Google Traduction aide pas mal mais c’est plus facile de leur arracher quelques mots avec l’habitude. Du coup laisser-moi vous raconter leurs vies.

Nous avons Barack*, retraité de la police nationale roumaine qui s’est mis à son compte pour gagner plus que la misérable retraite qu’il avait, après 38 ans dans la police. Il sillonne l’Europe au volant de son Man Euro 5 acheté d’occasion et de sa Kogël, partant bien souvent sur 15 jours. Il parle bien anglais mais pour le résumer simplement, il est très loin de l’image que l’on a du roumain. Il vient 1 fois par semaine, par fois une fois tous les quinze jours. Cette semaine ça faisait quinze jours qu’on ne l’avait pas vue, mais il n’a pas oublié la conversation qu’il a eu avec ma responsable, puisqu’il est arrivé avec un pack de bière de sa marque allemande préféré et une bière roumaine.

Nous avons Bruno*, qui travaille pour Psota, la première fois que je l’ai vue, j’ai été surpris par son français, mais c’est normal, il a vécu 12 ans en France. Il n’a pas trop voulu m’expliquer comment il est passé de chez nous à chez lui, par contre il aimerait bien revenir chez nous travailler. Bizarrement ce n’est pas pour la paie ou le luxe de l’assistanat français, juste pour les conditions de travail. A dire vrai je le comprends, après 3 semaines dehors et en sachant qu’il en ferait une quatrième avant de rentrer, je pense que moi aussi je chercherai à venir en France !

Et nos chauffeurs de chez Bil Spedition ? Nos hongrois qui parcours l’Europe avec leur DAF LF de 210cv. Ils viennent toujours pour nous poser et reprendre les mêmes choses, du coup ils sont un peu chez eux chez nous. Si pour certains découcher dans un Premium était une chose impensable, imaginer partir 3 semaines dans un LF, avec seulement deux coffres sur le camion et deux sur la remorque. Ce n’est pas rare de découvrir dans leur remorque un bout de leurs affaires, ce qui est parfois gênant pour moi, parce que là je ne peux pas nier les conditions ! Par moment je l’avoue, quand on a du monde, on leur montre où poser les palettes et celles qu’ils doivent récupérer mais ne croyez pas qu’ils râlent, parce que bien souvent on les voient pas arriver et commence sans nous.

Qu’est-ce que j’ai appris en baragouinant avec eux ? Que bien souvent le métier n’est pas le plus dur pour eux, c’est les conditions. Que ce soit l’accueil chez les clients, le rythme, la façon de payer ; tout ce qui est réglé par la loi pour nous, pour eux c’est autre chose. Les temps d’attentes ne sont pas comptés, le marteau ? Connait pas ! Pour eux ils sont payés pour rouler, rien de plus ! Ce qui me fait en venir à ce double équipage.

Le premier vient me voir, me demande le quai. Vue qu’il est en ligne avec son collègue il dit en direct où aller se poser. Ensuite il me demande de lui montrer la came à prendre. Généralement à ce moment-là le camion vient de se poser à quai et celui qui est avec moi à déjà un transpalette dans les mains, prêt à charger. Pendant qu’on attaque à charger, ils sont toujours en ligne, celui au volant remplit la CMR avec les infos que l’autre me demande, puis il nous rejoint sur le quai, la signature, puis repart dans la cabine. Une fois fini je n’ai plus qu’à signer et tamponner, le camion n’est déjà plus à quai, les portes sont fermées ; c’est comme ça qu’en 20 minutes vous charger 10m de plancher, le moteur tournant prêt à partir au signal.

Et ne pensait pas que ce soit une exception ! Même les gars en solo sont comme ça, les seuls moments où ils sont « posés » c’est quand ils font 15 minutes à quai, certains mettent carrément des alarmes ! Vous aviez déjà pensé faire ça pour vos coupures à quai ? Pour ceux qui en font bien sûr.

Passez de bonne vacances, nos sales pécos sont là pour bosser 😉

Vos réactions ici !

 

Le coup de chaud d’Eric

PARCE QUE, ARRIVÉ À UN MOMENT, IL FAUT DIRE LES CHOSES.

Des accidents arrivent à cause des conducteurs inattentifs mais aussi à cause de nos conditions de travail.
En effet, tout semble fait dans ce métier pour nous pourrir la vie : des heures de chargement ou de déchargement non respectées malgré des rendez-vous, des conditions d’hygiènes déplorables, des parkings inadaptés et saturés, les vols de carburant et agressions… Nous devons respecter des protocoles de sécurité qui n’en finissent plus de se rallonger d’année en année. On nous parle comme on le ferait à des chiens (et encore, la plupart sont mieux traités que nous).

Sur la route, le camion, c’est la bête noire ! Il faut absolument lui passer devant ! Et tout ça, dans le mépris total du code de la route. Il n’y a pas un rond-point où la voiture qui arrive derrière n’essaie pas de te doubler dans le rond-point et ce, même avec le clignotant gauche allumé.
Ajoutons à cela la covid-19 et la canicule qui nous empêchent de nous reposer correctement après bien souvent des journées de 15h.
Comment dormir correctement quand il fait 30 degrés dans ta cabine, que tu ne peux pas ouvrir les vitres à cause des odeurs, des risques d’agression et gaz d’échappement des autres véhicules ?
De nos jours, nous sommes capables de mesurer au centimètre près la distance entre la Terre et la Lune mais nous ne sommes pas capables de traiter un homme dignement quand celui-ci conduit un camion.
Avant, on nous appelait « les forçats de la route ». Je trouvais cette appellation exagérée… Mais plus le temps passe, plus je me rends compte de l’exactitude de cette appellation.

Cela fait plus de 30 ans que je conduis des camions. Ils sont de plus en plus modernes, mais le conducteur souffre bien plus qu’avant malgré une législation de plus en plus drastique censée le soulager dans la pénibilité de son travail. Au final, c’est tout le contraire qui se produit : dès son réveil, le conducteur calcule en permanence (même pour aller aux toilettes, il est obligé de calculer ! Et pour la douche, c’est pire encore !)
La profession est en manque de vocations. Notre métier faisait rêver les enfants d’avant, plus aujourd’hui.

Il serait temps de dénoncer cet état de fait, non ?

Pour aller plus loin et débattre, cliquez ici !

Je suis routier, et je me sens écolo.

Comme l’aurait dit en préambule d’un discours Arlette Laguillier : Travailleurs, travailleuses, on vous ment, on vous spolie. Depuis 30 ans maintenant, je sillonne les routes d’Europe, surtout celles de l’ouest européen, j’ai assisté au changement de société qui devient complètement hubuesque aujourd’hui. Je ne ferai pas un texte de vieux nostalgique qui conculerait par un « c’était mieux avant », non, pas du tout.

Lorsque j’ai demarré dans la profession en 1989, le reseau des autoroutes françaises était encore assez limité, rares étaient les autoroutes transversales, ne passant pas par Paris. A propos de Paris, la Francilienne, l’A86, n’étaient encore pas terminées, pourtant, en dehors des heures de pointe, on passait encore la capitale tranquillement par le Periph. A Lyon, seul le Tunnel de Fourvière permettait l’écoulement du trafic NORD-SUD-NORD. Très peu de ces autoroutes étaient en 2×3 voies. Enfin, pour livrer en dehors du territoire, les transporteurs devaient avoir des autororisations pour chaque pays de transit ou de destination, il fallait aussi réaliser des opérations de douanes, souvent longues en Espagne, en Italie, au Portugal. L’Allemagne, et le Benelux étant bien plus rapides. Le distingo était également fait suivant le trafic régional, ou national.

Les camions étaient encore en €0, et à ce que je sache, à la fin des années 80, la plupart des gens de ce pays, vivaient dans un confort assez semblable à celui d’aujourd’hui, tout le monde mangeait à sa faim. On tente aujourd’hui de nous faire croire que le système de consomation des européens est directement lié à l’accroissement du trafic des camions, je n’adhère pas du toutà cette théorie. Prenez l’exemple de votre foyer, vous n’achetez pas un frigo, une télé, ou des meubles tous les jours, vous les renouvellez juste au fur et à mesure de leur usure normale.

Le 1er janvier 1993, les frontières douanières ont disparu. La plupart de ceux qui ont connu cette transition se souviennent avec bonheur de ce gain de temps. Les industriels aussi. En France, on continuait le programme de construction des autoroutes, facilitant toujours plus les déplacements à l’interieur du pays, l’idée étant de lutter contre le desanclavement des régions les plus éloignées de la capitale. Les parkings autoroutiers ne cessaient de s’aggrandir, pour accueillir toujours plus de camions. Dans le même temps l’industrie française ne cessait de regresser, les usines de fermer, un peu partout sortait de terre des batiments dédiés à la logistique autour des grandes agglomérations. Construits la plupart du temps sur des zones agricoles, les élus étaient trop contents d’accueillir chez eux cette mane financière, avec quelques emplois à la clé, pourtant quand l’industrie detruit 100 emplois, seulement 10 sont crées par la logistique, les zones portuaires ont également explosé et demandent toujours plus de camions, s’etendent même parfois sur des zones pourtant écologiquement protégées comme c’est le cas en Camargue.

C’est ainsi, que d’Almeria à Varsovie, toutes les entrées de villes ont finit par se ressembler. Les centres villes se sont vidés, poussant les gens à toujours plus se deplacer pour le travail ou les loisirs. La moindre petite ville, est aujourd’hui noyée dans d’interminables bouchons, les gens devant toujours faire plus de kilomètres pour aller travailler.

Pour donner une démonstration de la mondialisation, je prendrais un exemple simple, la comparaison entre une 4L Renault et une Clio Diesel. La première, fabriquée à Paris, les tôles provenant sans doute de Lorraine ou du nord de la France, avec des composants fabriqués pour la plupart en France. Un circuit de fabrication relativement court. La Clio est assemblée à Bursa en Turquie, ses composants proviennent par la route, de toute l’europe et même du Maghreb, pour finalement être vendue ici en France. On a idée du nombre de camions, des kilomètres parcourus pour la frabrication d’un seul véhicule ?

La chute du mur de Berlin, l’élargissement de l’Europe vers les pays de l’EST, la facilité toujours plus grande de déplacer des marchandises, a encore accentué le phénomène. Là, ou certains dont je faisais parti ont vu une liberation des peuples, les économistes, y ont vu une liberalisation encore plus grande. Les industriels, profitant de cette manne de transporteurs à faible cout, on encore plus misé vers les délocalisations de l’industrie. Pire encore, beaucoup de nos collègues de l’est ne font pas ce métier par goût ou passion du transport, non, pour la plupart c’est un moyen de sortir un salaire point barre. Aucune loi n’oblige leurs employeurs à faire rentrer leurs chauffeurs au domicile en fin de semaine. Vouloir lutter contre le dumping social, et les délocalisations n’est pas incompatible avec notre profession.

Les constructeurs de camions, ont tout interêt à ce que perdure ce système, trop content de livrer des véhicules neufs à des entreprises de transport sorties de nulle part ces 15 dernières années et dont certains comptent près de 10.000 attelages. Alors pour faire bonne figure, les constructeurs misent sur la reduction des gaz à effet de serre avec des normes toujours plus exigeantes, €4 €5, €6, camions electriques, à hydrogène, à gaz, autonomes, mais à quoi ça sert de faire des camions toujours moins polluants s’ils sont toujours plus nombreux ? Mis à part se donner une bonne image, mais personne n’est dupe.

De leur côté, les écologistes montrent le camion du doigt en prenant souvent l’exemple de ces camions chargés de fruits et légumes qui traversent l’europe. Mais quoi qu’il arrive, un Norvegien aura toujours du mal à faire pousser des fraises en hiver chez lui. Bien sûr, ils manquent d’information de ce qu’est la réalité du monde du transport et surtout de la logistique. Ce n’est pas que de vouloir revenir à l’âge de Pierre que de vouloir remettre un peu de logique dans les échanges commerciaux, contrairement à ce que tente de faire croire les anti écologistes. En France, en Europe et dans tous les pays de l’est, il y a pénurie de chauffeurs, c’est peut être une occasion inspérée de remettre un peu d’ordre. Si on aime ses enfants on a forcement envie de leur laisser un monde meilleur.

Les 15 ans de FDR par Routard74

FDR à 15 ans, mais c’est bien sur, j’avais posé une question sur les portes voitures à l’époque de mon BEP en 2004 !
Puis j’y suis revenu, parce que ça avait l’air sympa et j’étais loin de me douter que ma vie allait basculer ! Oui sans FDR ma situation actuelle ne serait certainement pas la même !
Je m’explique donc,en 2005 je prends poste au transport CSD, place que je n’ai pas vraiment choisie d’ailleurs mais ce n’est pas le sujet.
Je reviens donc sur FDR, parce que ça à l’air sympa de partager et de lire nos expériences. Et à l ‘époque, mon ordinateur c’est 90% de ma vie faut être honnête, internet m’a ouvert au monde . Ouais bon vivre en ermite dans sa chambre, en faisant croire qu’on s’ouvre au monde, c’est un poil paradoxal.
Bref, je m’égare encore une fois, je squatte le forum puis le tchat, y a une ambiance de folie là dessus, certains voulaient se faire attacher au fond de leur remorque et demandaient à Bibi de les flageller (j’ai des noms !). Y a les croisettes en réel, qui restent des amitiés encore présentes, avec des gens géniaux ( Bill d’Isere, Mumu, Ozo, etc…)
Puis un jour, c’est une future routière qui croise mon chemin, de fil en aiguille, de MSN en Texto, se créent des liens. Elle s’appelait Nalmay, c’était une fille pas comme les autres, merde je divague encore. Puis lors d’un repas FDR mémorable, je me lance à sa rencontre à 750 kms de mes montagnes. J’avais jamais fait un truc aussi dingue de ma courte vie, mais quand la vie te tend la main, claque pas la porte, à part si elle veut te parler de Jéovah.
Après ce repas dont il reste des traces sur le site, vous me verrez faire le morse et le pire c’est que j’ai réussi à la séduire comme ça. J’ai fini par claquer la porte du domicile parental, chose tout aussi énorme, parce que j’ai été éduqué à l’étouffée.
Je vais pas vous raconter ma vie, mais en somme Papa prenait les décisions à ma place et Maman me couvait tel le dernier oisillon qui est pas parti du nid.
Donc en 2008, je quitte mon climat tempéré, teinté de caractéristiques continentales, mais aussi quelquefois d’influences méditerranéennes pour un climat tempéré de type océanique, plus connu sous le nom de douceur Angevine (Merci Internet). Mais ce fut une sorte de renaissance, même plutôt une deuxième naissance, devoir prendre des décisions tout seul, gérer des papiers, trouver un boulot, etc… Woh mais c’est galère de prendre son indépendance ! Mais je me rends compte après des années, que j’étais une tête pleine d’eau, Sainte Ingrid, je loue encore ta patience ! J’avais aussi trouvé du boulot grâce à un certain Globule 16, ce n’esti plus un site c’est un canot de sauvetage pour naufragé de la vie !
Mais encore une fois, le sujet n’est pas là, le sujet est que sans FDR, l’impulsion de partir loin de mes parents n’aurait certainement pas été aussi rapide, ni aussi loin. Mais je me rends compte, de tout ce que ça m’a apporté, il y a déjà toute une forme de sagesse pour le métier qui vient de conseils des uns et des autres .
C’est au fil de mes pérégrinations , qui m’ont emmené jusqu’en Bretagne, que j’ai pu avoir 2 merveilleux enfants.
Je n’ai pas peur de le dire, contrairement à d’autres qui préfèrent cracher dans la soupe (là aussi j’ai des noms), que FDR a changé ma vie ! Merci Phil et Bibi, pour ce merveilleux site, pour la montagne de boulot et d’emmerdes que ça engendre. Merci pour tout et bon anniversaire au site, je lui souhaite encore de tas de belles années bien que je ne sois plus aussi assidu . Comme dirait un youtubeur, dans une langage fleuri, « je vous aime putain ! »

Routard 74