Jeannot 69, portrait

Prénom : Jeannot
Surnom(s): Le vieux, Météor. (L’ingérable69 depuis 2008)
Date de naissance : mars 1946
Chauffeur depuis : juillet 1967
Différents métiers dans le transport : Frigo, baché, benne.
Type de camions : Semi-remorque, camion remorque.
Marques favorites : Scania, Volvo
Marques detestées : Mercedes, Iveco

Citation personnelle : C’est sur la fiche paye qu’on voit l’intelligence de son patron.

Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi (Lyon-69) ou je me suis rendu en camion:

Glasgow ou j’ai livré un chargement de peches .
A Hambourg avec des cerises .
A Berlin un chargement de primeurs.
A Moguer je chargeais des fraises pour la France.

Tout petit, je voulais conduire des camions. Je me mettais sur la table de la cuisine, et j’imaginais que je conduisais un camion : 2 chaises faisaient office de couchette, et je faisait les bruits qui allaient avec. De temps en temps je m’arretais pour manger. Lorsque les professeurs me demandaient ce que je voulais faire plus tard, je leur répondait : routier, mais ils ralaient car pour eux, c’était pas un métier. Mon père était routier, il conduisait des Delahaye, des Saurer ect…Il m’a donné le virus, j’ai toujours eu ça dans le sang.

Les voyages me faisaient rever, je ne voulais pas avoir de patrons sur le dos ; j’aimais les camions. Je voulais des camions qui roulent vite, je peux dire que j’ai été servi.

lorsque j’ai débuté, c’était dur, on n’avait pas de chauffage, pas de clim et il n’y avait pas d’autoroute. On chargeait et déchargeait à la main. Quant on arrivait aux Halles de Paris, s’il y avait un camion devant, on l’aidait pour gagner du temps. Au fil des années il y a eu de moins en moins de manutention, les routes se sont améliorées et on a roulé de plus en plus.

Lorsque les frigos sont arrivés en 1970 pour les primeurs, on nous a promis qu’on allait bosser moins, mais finalement c’était pire qu’avant. On partait le vendredi soir pour Berlin. Mais au fond de moi, j’étais programmé pour rouler.

Le métier a vraiment changé au début des années 90, les contraintes de travail sont devenues différentes, surtout lors de l’ouverture des frontières en 93. Les expéditeurs nous lachaient de plus en plus tard le soir, pour livrer toujours à la même heure. dans le même temps on nous demandait de respecter les heures et la vitesse.

Le respect des heures, c’est bien, mais les petites coupures obligatoires me démoralisent car elles me cassent le rythme. Je n’ai pas été habitué à faire des coupures, il m’arrive souvent de ne dormir que 5h, de n’avoir plus sommeil et de devoir attendre la fin de la coupure en tournant en rond.

Le limiteur est pour moi une grosse merde ; celui qui l’a inventé je serai ravi de faire sa connaissance pour l’atomiser. J’ai conscience d’être à contre courant de la plupart de mes collègues, mêmes certains anciens ; mais moi j’aime rouler vite, disons 100/110kmh, c’est une vitesse à laquelle je me sens bien, je suis plus attentionné à la route. Les camions d’aujourd’hui ont plus de sécurité, de bons freins et des ralentisseurs efficaces et on est obligés de rouler à 90.

La mentalité, également au sein de la même entreprise, est chacun pour soi. Il y a des petits groupes, des clans. Aujourd’hui, la politique des chauffeurs est à celui qui ne force pas trop. mon dada aujourd’hui c’est de prendre la tête à ceux qui font le mauvais esprit d’une boutique.

Le plus pénible pour moi maintenant est d’être parfois commandé par des gens qui ne connaissent rien au métier, souvent aussi les promesses de salaire qu’on m’a faites n’ont pas été tenues.

Place aux photos :

Avec des copains de route :

Quelques pépites :

A Orange, sur l’autoroute, les policiers m’arretent en me disant : « Vous c’est pas Meteor qu’il faut vous appeler, mais VENT VIOLENT.
Ils m’avaient apposé une plaque « Vent Violent » (comme on peut en voir aux entrées des autoroutes) sur les portes arrières du frigo.

Après un accident entre Roye et Peronne (80), mon patron me fait redescendre sur Lyon avec un collègue dans un vieux Hotshkis 4 tonnes. Le mécano nous préviens que la barre de direction était prète à casser.
Le chauffeur s’en fout et roule comme un marteau, prends les descentes au point mort. J’avais la trouille que la barre casse.
En arrivant sur le MIN de Lyon, le chauffeur se met à quai, et bing, la barre tombe à terre.
Je suis descendu du camion et j’ai pris 8 jours de congès.

Barcelone…
Bon tu vois l’échangeur quand t’arrives au marché de Barcelone, eh ben on dirait un paquet de nouilles qu’ils auraient copiés.

Dans ma boite, mes chefs sont tellements chiants, y a des jours ils seraient capables de démoraliser un robot japonais.

…. »De quoi les flics des professionnels? Ils trouveraient même pas une aiguille dans une assiette vide »

La veille de ses congès à son chef:
Comment je vais faire pour piquer du gasoil dans le reservoir du camion si tu veux que je le ramène au dépot?…. Ah mais que je suis bête, j’ai la carte bleue de la boutique, comme ça je ne me salirai pas!

Sweden – Portrait –

Nom Prénom :
ANTHONY

Surnom(s): Fonctionnaire (?!), Sweden pour les habitués du forum

Date de naissance : avril 1976 à BESANCON
Chauffeur depuis : Juillet 1994
Différents métiers dans le transport : Baché, Frigo (en industriel) et tiroir
Marques favorites : une préférence pour les VOLVO
Marques detestées : les RENAULT
Citation : « Demain, il fera jour ! »

Pour me contacter : MailFacebook

Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi ou je me suis rendu en camion :

Je suis fils et petit fils de chauffeur routier, mon papa m’a amené très tôt avec lui en camion. Mes premiers tours de roues , c’était pour des navettes Chalon/ Autun quand papa allait charger les ensembles de chez Raggini chez Dim.

Plus tard il aura l’opportunité d’être un des 6 chauffeurs chauffeurs à faire la navette entre la France et la Roumanie, il fera son passeport avec ma pomme dessus et c’était le début de mes vacances avec lui. Surtout l’été, l’hiver étant souvent compliqué à deux avec tout le nécessaire à amené dans la cabine. Plus tard ( un peu avant la chute de Ceaucescu ) il changera de crèmerie pour faire du ( grand ) régional sur tout l’est de la France. Je grandi et je comprend un peu plus les difficultés de ce métier mais plus ça va et plus j’aime ça. Bientôt je serais le copilote , je regarde plus les cartes , je participe aux dépotage, lavage de la citerne quand il fera de la pulvé chez Aubry. Ma grande taille me fais même passé pour le second chauffeur pour entrer dans les usines alors que je n’ai que 16 ans… une autres époque… L’école et moi sommes un peu en froid, je ne suis pas un mauvais élève mais bon, je ne suis pas destiné à faire de à faire de grandes études. Quand il faut choisir mes orientations pour l’avenir, le choix est vite fait pour moi, ça sera chauffeur. L’idée n’emballe pas vraiment mes parents mais ils me laissent suivre ma volonté.

Je rentre donc au lycéé automobile de Chalon sur Saône préparé un CAP/ BEP conduite et service , ça pète comme titre ! Je démarre avec un handicap pour les cours de conduite, j’ai subi une opération durant l’été précédent d’un genoux , le droit tant qu’à faire et des complications ont suivi. C’est pas ça qui m’inquiète le plus…Les résultats sont un peu mieux dans les matières atelier que général mais je réussi à m’accrocher quand même. je sortirais en fin de 2ème année avec les 2 examens.
Dans la même journée, je reçois un appelle un coup de téléphone de Mr Prudent himself me demandant de venir le voir pour du travail. J’attaque le soir même ; à cette époque les chauffeurs préparent leurs commandes, se chargent et enfin partent faire leurs livraisons… Bon j’avoue que je ne suis pas super emballé de finir ma tournéé à Macon sud, c’est pas l’idée que je voulais pour mon métier, je renonce au job et le lendemain je trouve une place chez Trans Europe à Chalon pour les remplacements de l’été, je saute sur l’occasion et surtout je pars en double avec mon pote Doudou qui travaille içi, une semaine en double mode aviateur et c’est le saut dans le grand bain,tout seul comme un grand. Italie et Espagne, je débute, c’est dur, je fais des conneries mais je m’accroche !

Un vendredi soir, l’entrprise Strabert appelle chez mes parents , ils aimeraient me voir pour me proposer un CDI. Le samedi matin je suis embauché pour remplacé un départ avec l’aval du directeur de chez Trans Euope qui ne peut rien me promettre de mieux à la rentrée.

Là ausi je vais en chier, le rythme est « soutenu », je roule souvent avec des savoyardes d’une autre époque mais je fais beaucoup d’Allemagne et du Benelux ce que je préfère. j’aurais aussi l’occasion de faire mes 1ers tours de Danemark. Je partirais sur un coup de tête au bout de 5 ans, en désaccord avec l’affrèteur plus qu’avec la direction.

Mon oncle chef d’atelier me fait entrer chez les transports Roger Bauland ( groupe Lannutti ). Ce n’est plus du tout le même boulot, je découvre le monde du porte verre. C’est un super boulot, un seul client, pas salissant, on roule, on revient à vide, vraiment pour un feignant comme moi c’est le top ! Je roule, je roule à travers l’europe cette fois !
Du Portugal à la Lituanie, de l’Irlande à la Grèce, en passant par les iles comme Majorque ou la Sardaigne, je m’éclate et m’épanouie dans mon job !
S’il me lit je voulais içi remercier Mr Bauland ( Mr avec énormément de respect !) de m’avoir permis de me rouler ainsi, il n’était pas tendre mais très droit, un patron comme il s’en fait plus beaucoup. Je quitte la boite ( devenue Lannutti France) en 2009 après dix ans, la crise économique nous touchant de plein fouet, et à grands regrets…

Je rejoins mon pote Fredo chez Bresse Fret à Bourg en Bresse, bennes et fond mouvant sur l’Italie ; je ne suis pas du tout à mon aise tant dans le boulot mais surtout la boite, j’ai l’impression de ne faire que des conneries et pire, je vais au travail en reculant, l’histoire se fini en 2 mois…

Autre piston de mon ami Mitchou qui me fait entrer chez Brignier International au Luxembourg. Je refais de la baché, c’est un peu dur de s’y remettre mais je me fais vite au groupage Italie, le boulot est assez sympa, il faut régulièrement se creuser les méninges pour faire un joli chargement, c’est sympa.

J’obtiens un peu plus tard le camion dont je rêvais aussi, le FH 540 XL, le camion de la mort qui tue pour moi !
Malgré tout je m’ennuie un peu, la ligne reste assez rengaine du fait de mon emplacement géographique, je reste cantonné au Piedmont pour faire 2 rotations semaine.

C’est à ce moment que Phil me propose de venir chez Duarig.Je pars malgré tout en bon terme avec la bonne équipe mais je laisse surtout des amis. J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer Stéphane, le patron quelques années auparavant quand je voulais partir de chez Lannutti mais sans succès a ce moment là le staff étant au complet. là je bénéficie d’un départ en retraite, je saute évidemment sur l’occasion !
7 ans en 2018, une boite où je me sens vraiment bien, le boulot est divers et varié et surtout ça me plait.

2014, je touche un 105.510 tout neuf

DAF 106

Mes histoires…

PREMIER JOUR, PREMIER CONSTAT…

Le jour où je suis sorti du LP AUTOMOBILE DE CHALON SUR SAONE, j’ai trouvé du travail le soir même. Bon, ce n’était pas vraiment ce que je recherchais (Livraison de grandes surfaces en régional) alors je cherche autre chose et trouve facilement vu les remplacements de l’été qui se profilent.

Je débute donc chez TRANS-EUROP (GROUPE AUBRY) pour les 2 mois à venir. Je rentre fièrement chez mes parents le vendredi soir avec mon ensemble.

Le dimanche soir, départ 22H pour Marseille à vider lundi dans la matinée, mais je ne veux pas être en retard, je m’arrête pour dormir quelques heures en route. PREMIER PROBLEME PANNE DE REVEIL, le seul depuis 12 ans !!!

Je me magne de descendre à Marseille, je me rends dans le quartier indiqué par mon papa durant le week-end. Je tourne, je vire, et aperçois une station où je vais aller demander mon chemin.

Et là, c’est le drame !

Un panneau indiquant « GASOIL » se trouve un peu plus bas que celui qui indique le tarif des carburants, et bien entendu je le démonte en me garant devant la station. Le pompiste sort à ce moment là et (avec l’accent…) :

« OH PUTAIN, TU ES AU MOINS LE TROISIEME A ME L’ENLEVER CE PANNEAU »

Moi, les boules qui traînent par terre.

« BAH, FAUDRA PENSER A LE METTRE PLUS HAUT LE PROCHAIN »

Voilà comment je remplis mon premier constat amiable dès mon premier jour de boulot.

J’ai eu du bol que le directeur de l’agence était compréhensif, il ne m’en a pas tenu rigueur jusqu’à la fin de mon contrat. A ce jour, je le remercie encore.

Une galère…

Je suis chez mon 1er vrai patron ! Cela fait quelques mois que je suis là et je tourne pratiquement que sur l’Allemagne à ce moment là.

On roule encore pas mal avec des savoyardes d’un autre âge pour faire de la ferraille. Je finis de vider sur KASSEL je crois, et me dit de remonter à SALZGITTER pour recharger des tôles d’acier en précisant que c’est du 2m70, et donc qu’il faudra démonter les côtés.

J’avais appris beaucoup de choses avec les années à traîner avec mon papa, sûrement plus qu’à l’école, mais là, plier une bâche pour pouvoir démonter les ridelles d’un côté, j’étais bien embêté.

J’arrive chez mon client en début d’après-midi, on me dit d’attendre pour charger. Je commencerai bien à débâcher mais il fait un vent à décorner les boeufs, donc mauvaise idée. J’attendrai le dernier moment pour le faire, mais « P… , quelles sont lourdes ses satanées bâches de MER… »

Je démonte les poteaux, les ridelles, tant bien que mal, je charge et m’en vais au milieu de la nuit direction LA FRANCE. Je roule depuis 2 h environ dans les montagnes russes entre KASSEL et FRANCFORT quand j’entends un pneu qui éclate. Une de mes sangles s’est enroulée autour d’une roue après s’être détachée. J’arrive sur un parking, admire le travail et décide d’aller dormir (d’où « DEMAIN, IL FERA JOUR » ). Je dors quelques heures et me réveille avec le soleil qui chauffe la cabine, me lève et décide de changer cette roue sauf que là, pas moyen, les écrous sont presque tous grippés. C’est un peu dépité et me demandant ce que je fous là à l’heure qu’il est, il fait froid, je suis fatigué. Je n’ai qu’une envie, celle de tout laisser sur place. Quand malgrè tout, une lueur se présente sous la forme d’une dépanneuse qui arrive sur le parking pour remorquer un ensemble en panne certainement depuis la veille. Je laisse le gars descendre et prendre la température du camion à ramener. Je me paye le culot d’aller le voir et lui demande s’il peut me donner le coup de main qui me fait tant défaut. Le mec accepte sans condition, sort le pistolet pneumatique et de défait vite ces satanés écrous.

Après ça, j’aurais vite fait de changer ma roue et me de me remettre en route pour enfin rentrer chez moi.

Mes amis de la route !!

Shooté sur la route !!!

Mes routes….

Retrouvez mes anciens Carnets de Route !!!

Mario : La Bio

Prenom : Mario
Surnom : Andretti quand j’étais jeune, parce que je conduisais comme un dingue !
Nom de CB: Etrusque 68
Date et lieu de naissance : 03.07.1961 à Genève
Chauffeur depuis : 1981
Activités transports : Citerne, Frigo, bâché, TP.
Type de camion. Semi, Camion – remorque.
Marques favorites : Magirus, Berliet. Lancia, etc. Les camions récents ne me plaisent pas.
Marque détestée: Aucune mais de nos jours les camions sont presque tous moches.
Citation : Piquée à Goldmann… « Quand la route est belle, peut importe où elle nous mène !

Mes plus lointaines destinations.

New Castle (GB) pour livrer des légumes au marché
Ytterhogdal (Suède) pour charger un camping car en panne
Brasov (Roumanie), Plodiv (Bulgarie) Skopje (Macédoine) Le tout pour charger des voitures accidentées.
Modica (I) je déchargeais du lait qui venait de Ventimiglia
Alicante pour charger une voiture en panne
St Brieuc (F) J’ai déchargé des moules que j’avais chargées à Ravenna

Je suis le fils d’un père qui a touché à tous les domaines de l’automobile et des camions (mais sans jamais rien faire de sérieux).

Tout petit je suis tombé dedans !

Démolisseur, garagiste, mécanicien, chauffeur P.L. mon père m’a fait toucher à tout et je ne pouvais pas faire à moins que de tomber amoureux des véhicules et de la route.

J’avais 13 ans quand j’ai fait cette photos du Mercedes LP 334 de mon père. Nous étions à Zurich en 1974 et nous avions chargé des tracteurs

Après un certificat de mécanicien P.L. réussi en 1981, je passe mes permis (voiture, camion, remorque) à 20 ans après 2 ans de conduite sans permis dans ma voiture !!! Le même mois je pars à l’armée et deux semaines plus tard j’étais viré… L’autorité et moi, ce n’était pas trop compatible ! J’ai passé mon permis sur un Mercedes de 1959, donc plus vieux que moi de deux ans, appartenant à mon père. C’était un petit 4 roues de chantier. Puis j’ai roulé 1 année sur ce camion pour mon père à faire des livraisons de béton à travers Genève.

J’ai passé mon permis sur un Mercedes comme celui là mais en tri-benne

J’ai aussi fait quelques remplacements dans divers boîtes pour me faire la main, toujours dans le chantier.

Après une journée de pluie dans les chantiers !

Ensuite, j’ai fait 1 année de la Suisse pour une boite Suisse – Allemande avec divers camions moyen tonnage sans remorque. Volvo F6, F7 (cabine couchette quand même) Une année après, j’ai commencé l’inter chez un autre patron. sur un Volvo F12 camion remorque. Je me suis fait foutre dehors après avoir renversé ma remorque à Marseille.

J’ai ensuite trouvé un super patron qui m’a embauché pour faire de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Angleterre avec un Scania 140 super de 350cv de 1975 en semi citerne. C’est le milles-pattes que j’ai le plus adoré. Pas parce que c’est un Scania, mais parce que c’était mon premier tracteur et que je préfère les semis. J’allais souvent chez Rhône Poulenc à Commentry. Je prenais la fameuse N79, surnommée de nos jours la « route de la mort » alorss que maintenant elle est presque tout le long en trois ou quatres voies et qu’elle ne traverse plus un seul village. Je me marre, à l’époque, c’était une simple nationale qui traversait tous les bleds, et pourtant, j’ai jamais eu d’accident et c’était une des plus belle route d’Europe. Route de la mort, faite moi rire, c’est les mecs qui sont dessus qui sont « de la mort » !!! Pour aller en Angleterre, je montait par Cherbourg, par la N13. Ces deux routes, N79 et N13 étaient superbes, avec de jolis villages, des monuments, de chouettes parking sous les arbres et de relais paartout. J’ai adoré ces routes. Un jour, j’ai embarqué à Cherbourg pour débarquer à Pool. La compagnie était la Truckline, réservée au trafic commercial. Il y avait une tempête du diable. Comme je ne suis pas sujet au mal de mer, j’ai été manger au resto. Plus on avançait avec le bateau, moins il y avait de mec é table. A l fin du repas, je me suis tapé tous les desserts des macs qui n’avaient pas pu terminer leur repas. Ensuite, j’ai été dormir. On avait des cabine réservées. Impossible de fermer l’oeil. Le bateau craquait de toute sa ferraille et j’étais projeté contre les paroies de la couchette. Je suis donc monté au poste de pilotage. Les gars m’ont accueillit à bras ouvert. Il m’ont offert le café et je suis resté là à regarder la mer démontée, le bateau qui piquait du nez dans les vague et qui, en se relevant, balançait des tonnes de flotte en l’air qt contre le poste de pilotage. c’était géant !

Malheureusement, cette entreprise a été rachetée et je n’ai pas voulu rester chez le repreneur. j’ai donc trouvé une place chez Zingg à Zurich où j’ai roulé en frigo avec un IVECO 190-38. Je suis resté 1 année et je me suis fait retirer le permis pendant 1 mois à cause d’un accident de voiture. Lorsque j’ai récupéré mon permis, je ne sais toujours pas aujourd’hui pourquoi, Zing ne m’a pas repris comme c’était convenu !

Du coup, comme j’ai toujours eu beaucoup de peine avec l’autorité et donc, des pays comme l’Allemagne ou la Suisse sont difficiles à vivre pour moi et comme je suis d’origine Italienne et que je n’avais plus de boulot, je suis parti vivre en Italie en 1988. Là j’ai commencé par faire de l’Italie chez un esclavagiste avec un IVECO 190.38.

Puis, j’ai trouvé un patron à Asti, un mec extraordinairement gentil. Pour lui je faisais en bâché de l’Angleterre en régulier ou en frigo de l’Italie, Allemagne, Hollande, Angleterre, France, Espagne avec un Volvo F12, puis un autre F12 plus récent et pour finir un F16.

Malheureusement, ce gars à fermé boutique car sa boite ne tournait plus et il était gravement malade. Il est d’ailleurs, malheureusement, mort peu de temps après à l’âge de 49 ans. Juste avant de fermer, il a passé deux de ses camions avec le boulot et les chauffeurs à un de ses amis. Je me suis retrouvé à bosser pour ce mec qui était un gros sale con. Là j’ai eu droit à un Globbetrotter et une semi bâchée. Avec cet ensemble je faisais de l’Angleterre, France et Italie..

Au port de Gennevillier en 1990 avec mon Volvo F12 Globe-trotter.

Je n’ai pas fait longtemps chez ce connard car il me gonflait alors je me suis barré non sans lui avoir fait quelques coups tordus avant !
J’ai ensuite trouvé du boulot dans une boite de Turin pour faire du porte char. Le patron était très sympa, mais le boulot trop merdique et les camions pareils. Ils avaient la cabine découpée au niveau de la couchette supérieure pour pouvoir poser plus bas les roues des camions que l’on chargeait. Il n’y avait aucun confort avec ces cabines transformées. Je suis resté 6 mois chez ce gars car je n’arrivais pas à charger ces camions sans en casser un à chaque fois !!!)

Le boulot le pire que j’ai fait. Il faut vraiment être spécialiste pour faire ça, ce qui n’était pas mon cas ! Là j’étais à Rennes avec mon IVECO 190.35

Suite à ça, j’ai rencontré un autre petit patron par hasard dans une station d’autoroute. Il m’a dit qu’il cherchait des chauffeurs, il m’a engagé, et c’était pire qu’avant… Un gros trou du cul qui ne versait les salaires qu’au compte goutte, qui nous faisait rouler avec des bahuts complètement pourris. J’avais un IVECO 190.38 et une semi bâchée. La loi Européenne venait de changer sur les dimensions des P.L. et du coup, j’ai été un parmi les touts premiers en Europe à avoir une semi de 13m60 que ce gros con venait d’acheter !
Ensuite, j’ai été bosser dans une boite de Milan. J’avais un Renault avec une semi frigo. Ce camion était une bombe. C’était un R365 que le chauffeur d’avant avait fait maquiller. (augmentation de la pression du turbo et de la pression d’injection) Avec ce camion, en pleine côte et avec le même tonnage, je suivais les Scania 143 de 450 cv. De plus, ce camion dépassait allègrement les 140 Km/h. Là j’ai fait toute l’Europe de l’ouest. C’était en outre, les tous derniers moments où l’on pouvait encore rouler comme ça nous plaisait sans avoir trop de problèmes. Malheureusement je me suis pris le chou avec les dirigeants et ils m’ont viré. Dommage car c’était une des meilleure place de travail que je n’avais jamais eu. Comme partout il faut toujours qu’il y ait au moins un truc qui ne va pas et là, c’était le patron qui était une crevure et les employés de bureau avaient peur de lui, donc il nous emmerdaient par peur de perdre leur job !

Catania 1991 avec mon Renault R-365. C’est le milles-pattes le plus balaise que j’ai piloté. plus de 140 Km/h et aussi rapide qu’un Scania 450cv dans les côtes… Il me coûtait cher en P.V. ce camion !

J’ai retrouvé du boulot tout de suite après chez un petit patron, lui aussi un mec exceptionnellement gentil. Pour lui je faisais du fret aérien. Je trinballais des palettes aviation que je déposais dans des compagnie aérienne à travers l’Europe de l’ouest avec un IVECO 190.38 Ce pauvre gars a eu un terrible accident. En passant à côté d’une semi, il a foutu un coup de pied dans la roue de secours pour contrôler le gonflage et là, le cercle en ferraille qui tenait le talon supérieur de la jante s’est détaché et lui a sauté contre. Ce pauvre gars s’est fait scalper par le cercle qui lui a arraché en passant une partie du cerveau. La boite a forcement fermé du coup. Il n’est pas mort ce pauvre homme, ils ont fait ce qu’ils pouvaient pour le soigner mais il est resté handicapé. Je suis repassé le voir après quelqques années, il avait en partie récupéré de la parole et quelques mouvements, mais c’était moche. Quelques temps plus tard, je suis repassé le voir. Il n’y avait plus personne à cette adresse.. J’en veux à sa famille car ils ont déménagé et ils ne m’ont jamais téléphoné pour me dire leur nouvelle adresse. Je ne l’ai jamais revu et pourtant j’ai essayé de le trouver par différents moyens sans succès ! Quand je repense à ce gars, ça me sert les tripes, il ne méritait pas ça…!

A la douane de Como (I) en 1992 en partance pour le Luxembourg.

Ensuite, j’ai bossé pour une boite d’Aoste, transport Intervallée. Je faisais de l’Italie, France, Belgique, Hollande, Angleterre avec un DAF à la con sans aucune option, vraiment le camion basique. Je le détestais. Par contre, les patrons étaient très gentils. Sur la semi, ils avaient mit une pub pour une station de ski dans le val d’Aoste.

« DAF »: le camion le plus merdique que j’ai conduit, DAF350, le plus basique, sans la moindre option

Dans cette boite, j’ai juste fait un remplacement de 7 mois. Ensuite j’ai trouvé un autre petit patron d’Aoste. Lui aussi un mec incroyable. J’étais plus ami qu’employé chez lui. Là je faisais Belgique – Italie en régulier avec un Scania 142 Intercooler de 420 cv.
En 1994 je suis rentré en Suisse car l’Italie prenait le chemin de l’Europe, et l’Europe c’est de la merde, et aussi pour d’autres raisons personnelles. Je me suis vraiment fait plaisir pendant 12 ans sur la route et puis le métier a changé. Doucement au début, puis de plus en plus vite les entraves ont fleuries. Trop de trafic, d’autoroutes, de contrôles, d’interdictions, le tachygraphe, limiteur, etc., Comme j’ai toujours considéré que la liberté est le bien le plus précieux que l’on ait, et que je suis trop fier pour me faire crâcher à la gueule, j’ai arrêter la route. J’ai fait pendant un grand moment n’importe quoi pour gagner ma vie, mais toujours dans les camions. Chantier, livraison en ville, multibenne, ect.
A côté du boulot, vu que je suis passionné de voitures anciennes, j’ai monté un club avec des amis. Dès que j’avais un moment de libre, j’allais dans mon garage bosser sur mes voitures et celles des potes. Dans notre club, seules les autos d’avant 1985, en propulsion étaient admises. Et, si possible, les coupés 2 portes étaient nos préférées. Pratiquement tous les weekend nous étions dans des manifestations avec nos caisses. Nous faisions des expos ou nous « animions » les fêtes de véhicules anciens comme vous le verrez avec les vidéo ci dessous.

Un échantillon de nos voitures :

 

 

Enfin, après 10 ans à me faire chier à tourner à Genève, un jour j’ai trouvé un boulot qui m’allait bien. Magasinier de nuit dans une boutique de papier. Ce n’était pas le pied comme sur la route de l’époque, mais je m’y trouvais pas mal. J’étais seul dans un grand dépôt sans personne pour me gonfler, avec de la musique, une machine à café, au chaud l’hiver au frais l’été et ça me laissait toute la journée libre pour vaquer à mes autres occupations. Malheureusement, 3 ans et demi plus tard, l’entreprise pour qui je travaillais à vendu le dépot dans lequel je bossais et donné la gérence de leur stock à une entreprise de transport. J’ai perdu mon boulot du coup.
Comme je ne retrouvais rien qui m’allait et que je ne m’imaginais plus à tourner en rond dans cette ville pourrie de Genève, j’ai repris la route chez un transporteur de Fribourg. C’est un bon pote qui m’a fait rentrer dans cette boutique. Entre temps, notre club avait cessé son activité et donc, même ça ne me retenais plus. Là j’ai fait du transport de tout ce qui roule. Motos, voitures, camions, pelles mécanique, trax, etc. J’ai commencé avec un MAN F2000 de 460cv et ensuite avec un MAN TG XXL 460cv et j’avais deux semi à disposition suivant ce que je transportais. Une petite pour les voitures et une grosse pour les gros chargements. Dans cette boite je rapatriais des véhicules accidentés pour les assurances, des véhicules pour les entreprises de locations de voiture et des camions, engins de chantiers et agricole pour les pays Africains et Nord Africains que je déchargeais dans les ports du sud ou du nord de l’Europe. J’ai fait toute l’Europe pour cette boutique, Europe de l’Ouest, de l’Est, du Nord et du Sud. J’ai même failli aller en Turquie, mais j’ai refusé car je n’avais pas de clim’ et on était en plein mois d’aout !
Je suis resté deux ans dans cette boite. Le boulot était vraiment très intéressant mais assez difficile, ce qui me plaisait bien. Il fallait bien calculer son coup pour charger le mieux possible. Le plus gros problème, c’est que l’on était toujours trop lourd, trop haut, trop long, etc. Suivant les machines on devait être en exceptionnel, mais de type 1, sans accompagnement. Il fallait souvent démonter des pièces sur les vlhicules à charger pour gagner de la hauteur et dégonfler les pneus. Une fois, je me suis retrouvé avec les pneus intérieurs d’un camion avec des valves indémontable et indégonflables. je n’avais jamais vu ça. J’ètais à 4m60 de haut. J’ai été dans un petit garage, je leur ai empreinté une perceuse et j’ai percé les 4 pneus des essieux arrières pour les dégonfler. Arrivé à Anvers, il fallait livré les camions avec des pneus gonflés, sinon ils ne les acceptaient pas. J’ai été dans un garage, j’ai gonflé ées pneus extérieurs qui avaient des valves normales et hop, ni vu ni connu !

En 2009 j’ai rencontré mon amie. Elle cherchait du boulot sans succès depuis très longtemps. Pourtant, c’est une grosse bosseuse, mais à Genève, passé 35 ans tu coûtes trop cher à un patron au niveau des contributions, du coup, ils n’engagent que des étrangers à moindre prix ou des jeunes et ceux après 35 ans restent sur le carreau. Comme cette femme cuisine divinement bien, on a pensé à faire un truc esnemble et à se mettre à notre compte. J’ai donc arrêté la route et on a acheté un « food trucks ». On a « tiré » deux ans et ça n’a jamais marché. On a « bouffé la grenouille ».

Du coup j’ai dû recommencer à bosser pour ramener du pognon à la maison pendant que mon amie continuait à essayer de faire tourner notre boutique.
J’ai donc prit le premier boulot qui m’est tombé sous la main, c’était du terrassement (TP). Mon patron voulait me filer un putain de 5 essieux, chose qui ne me faisait pas du tout plaisir n’ayant aucune confiance dans ces camions. J’ai donc eu un 4 essieux Mercedes

Comme mon patron savait que je déteste tourner à Genève, un de ses chauffeur étant parti, il m’a demandé si j’étais intéressé par son boulot qui consistait à transporter des machines de chantier légères. Je me suis empressé de dire « oui » vu que ce camion voyageait en Suisse Romande plus qu’à Genève (Suisse Romande = partie francophone de la Suisse.)

Manque de bol, 10 jours plus tard, le patron a perdu ce boulot… Je me suis au final, retrouvé dans une saloperie de 5 essieux, ce que je ne voulais pas !
4 mois après avoir commencé ce boulot, je me rends dans une décharge pour vider mon camion. J’avais plus de 42 tonnes au sol. Là, la porte de la benne ne s’ouvre pas. Comme il n’y avait aucun témoin lumineux pour m’avertir dans la cabine, je ne pouvais pas voir que la benne est restée fermée. Quand j’ai levé la benne, la terre s’est amalgamée au cul du camion et quand la benne est arrivée en butée, le poids de la terre a tiré le camion en l’air. J’ai ouvert la portière de la cabine pour sauter dehors, mais le camion s’est levé tellement vite que la porte s’est refermée sur moi. J’étais prisonnier dans ma cabine à 6 ou 8 mètres de haut.
A ce moment, le verrin a pété, la benne s’est retournée et le camion est retombé sur ces roues violemment. Je me suis tapé la tête au plafond, ce qui m’a à moitié assomé, mais j’ai malgré tout vu toute la scène. Quand le camion est tombé, il a rebondi sur ses roues. La suspension à ce moment s’est débatue et moi je suis tombé sur le siège au même moment que le camion rebondissait et ça m’a éclaté une vertèbre. Comme j’avais déverrouillé la portière lorsque le camion à commencé à se lever, en rebondissant sur ses suspension, ça a ouvert la portière et ça m’a catapulté hors de la cabine. J’ai fait un espèce de saut périlleux pourri et je suis tombé sur la nuque et les épaule dans la gravière. Je suis resté planté là, sur le dos dans la caillasse. Si ma vertèbre n’avait pas éclaté, je n’aurai rien eu. je n’avais même pas un bleu ou une bosse, rien !

Depuis je ne travaille plus. Je suis à l’assurance invalidité. Après 33 jours de lit à l’hôpital, deux mois de chaise à roulette, six mois de clinique, 4 ans à marcher avec des béquilles, maintenant je marche plus qu’avec une seule béquille. J’ai gardé un gros handicap à la jambe droite, mais c’est une résultante en fait vu que c’est les nerfs de la colonne qui ont été esquintés et non pas la jambe. J’ai aussi de terribles douleurs neurogène que je dois combattre avec des médicaments violents. Moi qui n’ai jamais touché une goutte d’alcool, ni une cigarette ni un pétard ou quoi que ce soit comme drogue, maintenant je me drogue comme un con avec ces saloperies de médic’. Vu comme j’ai déjà récupéré au niveau de ma santé, j’espère qu’un jour je pourrais me passer de médicament.
Pour passer le temps, je me ballade sur les routes avec ma voiture, je recherche les anciennes routes, les anciens panneaux, les anciens garages, etc. et je fais de temps en temps des articles dans les journaux à ce sujet. J’ai aussi un blog dans lequel je parle de l’histoire et l’évolution des routes, je fais beaucoup de photo pour mon blog ou pour mes articles, bref, je passe mon temps à assouvir mes passions. J’écris dans le magazine d’un ami de Paris « Rétro tourisme »

En outre, j’ai connu un journaliste qui se passionne pour l’histoire des routes. Ce gars travaille pour le Messager de Haute Savoie et pour le Dauphiné libéré et il me fait l’honneur de faire des articles sur ce sujet avec moi.

Deux exemples en autres d’article sur les anciennes routes auquels j’ai participé.
L’adresse de mon blog c’est: www.123website.ch/mariooo
Mais la route me manque, celle d’avant, pas de nos jours. J’aimais rouler sur les nationales et départementales sous un ciel étoilé, ou sous les branches des arbres pleines de givre qui me faisaient une voûte de glace au dessus de ma cabine que les phares faisaient briller de milles reflets. J’aimais traverser la nuit les villages endormis avec leurs monuments et châteaux tout illuminés, suivre la route qui traverse un champ de colza en fleur et qui ondule au grés des collines, admirer les étendues de neige à perte de vue, les différents paysages suivant les régions et les saisons. J’aimais m’arrêter faire le plein dans une station sympa, que le pompiste me servait en discutant le bout de gras et boire un jus avec lui avant de repartir, m’arrêter au relais, rencontrer des collègues et raconter des blagues en mangeant. Reprendre la route avec un gars que j’avais rencontré dans ce relais, tout en continuant à déconner à la CB, Et puis quand on devait se quitter c’était dur, car le gars était super sympa. Des fois j’avais la chance de le revoir sur ma route. Combien de gars ont a croisé nous les routiers, que l’on a jamais revus ? Seul reste de bons souvenirs, en espérant que eux aussi se souviennent…
J’aimais changer mes vitesses, entendre mon camion rugir dans les côtes, voir ma semi se déporter dans les virages et la suivre au rétro avec toutes ses lumières alignées, regarder mon camion tout allumé se réverbérer dans les vitrines des magasins, entendre la pluie crépiter sur le toit quand j’étais dans la couchette, voir les flocons de neige qui s’écrasaient sur mon pare-brise. J’aimais aussi rouler sans regarder la montre, m’arrêter quand j’avais la « panne de paupières » (Si je pouvais), rouler très tard la nuit et me poser dans un parking sous les arbres à côté d’une petite rivière, et quelques heures après me réveiller sans réveil avec le soleil et les oiseaux qui chantent. Mon pare-brise était comme un écran de cinéma où tant de belle choses défilaient.
La route c’était la liberté, seul comptaient les heures de chargement, déchargement, ferry-boat, etc. Pour le reste je faisais comme je voulais. Je décidais de mon itinéraire, de l’heure et de l’endroit où je voulais m’arrêter, de la musique que je voulais écouter et si je voulais l’écouter très fort ou non , si j’avais envie de causer à la CB, etc, etc. Et tout ça sans avoir de chef sur le dos.
En plus de la route et des anciennes voitures, j’ai une autre passion, le heavy métal. Vous pourrez vous rendre compte dans quelles conditions j’aimais rouler sur cette vidéo ci dessous !
Voilà comment j’aimais rouler… Sur une nationale et avec du heavy métal à fond ! Ici la N19 entre Langres et Vesoul en 2008 :

C’était ça la route ! Je bossais en me faisant plaisir. Je jouissais de chaque moment et de chaques élément qui constituait ce boulot. Il y a eu de mauvais moments c’est sûr, mais en comparaison du plaisir que me procurait ce métier, ce n’était vraiment rien, sans compter qu’avec la passion, on accepte même les inconvénients. Grâce à mon métier et vu que je suis aussi passionné d’histoire, j’ai pu visiter beaucoup de parcs archéologiques, de monuments, de musées et plein d’autres choses. (Le musée des bateaux et le Towerbridge à Londre, le Louvre, Split, Dubrovnik, l’acropole de Skopje, Pompei, les cité Etrusques en Toscane, la porta Nigra de Trier, et tellement d’autres que ce serait trop long de citer.)

En 1994 j’ai arrêté de rouler une première fois car j’ai trop aimé ce métier pour accepter ce qu’il est devenu. Ces enfoirés de flics qui prennent les routiers pour cible, ces ralentisseur de merde, ces saloperies d’autoroutes, le GPS, tachygraphe, le trafic, la mentalité de certains chauffeurs actuels, les automobilistes, médias, populations, politicards, etc., etc., etc., qui crachent sur les routiers et les camions, ça je ne peux pas le supporter. Si le métier n’avait pas tant changé, je serai mort derrière mon volant. Rien ni personne ne m’aurait fait descendre des camions.
Quand j’ai été obligé à contre coeur de reprendre la route au mois d’aout 2008 je savais que le métier était devenu grave, mais c’était encore pire que ce que je pensais…
Il y a des autoroutes, des giratoires, des déviations partout. Des connards autant en voiture qu’en camion en pagaille. Les interdictions de doubler, de circuler pour les P.L. ont poussés comme des champignons, c’est une horreur. Sans compter le pire, le limiteur de vitesse et le tachygraphe électronique. Et je ne parle même pas des cours de « remise à niveau ». Pour des merdes, c’en est des magnifiques… Chaque fois que je prends la route de nos jours avec ma voiture, que je vois ces routes autrefois pleine de vie et de nos jours désertes, tous ces restau, station services, relais, etc. abandonnés, ça me fout le blues, limite ça me fout les larmes aux yeux. Et surtout, en repassant par ces endroits que j’ai bien connu, il me revient une quantité de souvenir. Je vais vous en raconter quelques uns.
1) Un jour, j’avais 14 ans, je suis parti avec mon père en Italie. On est arrivé à la douane de Turin qui à l’époque était dans la ville même. Comme c’était le soir, on a pas pu rentrer le camion dans la douane et mon père a garé son train routier le long du trottoir en face de l’entrée de la douane derrière d’autres camions qui étaient déjà là.
Une fois garé, on a été au bistrot du coin pour manger. On a rencontré des Français et on a fait connaissance. Après le repas, les Français on dit à mon père quîls connaissaient une boite « à cul » pas trop loins et ils lui ont demandé s’il voulait les accompagner. Du coup, mon père m’a demandé si j’étais d’accord de rester dans le camion pendant que lui allait boire un dernier verre dans cette boîte avec les autres routiers. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème.
C’était la grande époque où en Italie la mafia volaient des milliers de camion par année. Je lisait un bouquin tranquille dans la couchette quand j’ai senti le camion « tanguer » comme si quelqu’un marchait sur le pont de chargement. J’ai cherché à mieux entendre, et en effet, j’entendais des chuchotements. Les mecs étaient monté sur le camion et tranquillement fouillaient dans la marchandise pour voir si quelque chose les intéressaient.
J’ai éteinds la lumière, je me suis planqué sous les couvertures pour que l’on ne voit pas que j’étais un gamin. Précaution inutile car il est évident qu’ils le savaient très bien, mais moi, je ne me rendais pas compte. Mon père avait une superbe matraque dans son camion. Je l’ai prise et planquée son les couverture le long de mon corps. Ensuite de ça, j’ai mis le livre devant mon visage et je surveillais à travers les vitres par dessus le livre pour voir ce qui se passait. Les mecs étaient tellement à l’aise, que un d’eux a lâché un monstre rôt bien sonore !
Peu après, le camion devant moi s’est mit en route. Les lumières se sont allumées et il est parti. Je me suis dit « s’ils se tirent tous, je vais être très mal tout seul ». Et tout s’est calmé.
Mon père arrive avec ses 2 accolytes à 3 heure du mat’. Il me dit « tu dors pas encore ? » et là je lui explique toute l’histoire. En effet, en arrivant il y vu que la bâche derrière le camion était tirée de côté.
Sans même s’occuper plus de cette histoire, il dit aurevoir à ses potes, et vient pour monter dans la cabine.
A ce moment là, un des deux routiers commence à tourner en rond en cherchant son camion. D’un coup il dit « mais il était là devant toi mon camion ? » Alors je lui demandé si son camion était un Mercedes, il me dit « oui » et là je lui explique que son camion étaient parti dix minutes plus tôt… Le mec hurlait « Putain, mon piège, on m’a piqué mon piège. Et voilà comment, le mec est rentré chez lui dans le camion de son collègue !

2) Un jour de 1990, je ciculais sur la « Tengenziale nord » de Milan. L’autoroute de contournement donc. Il y avait pas mal de trafic. D’un coup j’entends des sirènes de partout. La « polizia stradale », les carabinieri, et des autos banalisées avec des girophares nous dépassent par la gauche, par la droite, sur la bande d’arrêt d’urgence et j’en vois même qui arrivaient de l’autre côté de l’autoroute. Toutes convergeaient vers un même pont. Tout le monde s’est arrêté car les fliccards avaient planté leurs caisses en travers de l’autoroute dans les deux sens.
Soudain, à la CB, un mec gueule « Ci sparano addosso, ci sparano addosso » (Ils se tirent dessus). Les fliccards avaient atrrapé des gangsters et ils s’étaient tous mit à se flinguer au milieu de l’autoroute.
Je n’étais pas tout près, mais je voyais les flics courrir vers l’endroit de la fusillade.
A ce moment, un routier crie à la CB « mi hanno bucato il finestrino » (il m’ont « troué » la vitre.). Le mec venait de prendre une balle perdue dans une des vitre latérale.
Au final, les flics ont dégommés 2 gangster et blessé un autre qui a réussi à s’enfuir. Quand à moi, j’ai été réclamer une prime de danger à mon patron !

3) Les Rolls Royce (à l’époque tout au moins) circulaient dans des camions bâchés. Il est clair qu’avec 12 couches de peinture et 7 de brillants avec entre chaque couche des heures de ponçage, les patrons de cette usine ne les mettaient pas sur des portes voiture !
Donc, un jour mon père charge au port franc de Genève une Rolls pour l’Italie. On ne mettait rien d’autre que la voiture sur la remorque, toujours par précaution de la voiture. La voiture était solidement arrimée et, les tube de la remorque qui supportait la bâche devaient être assurée avec du fil de fer car, lors d’un précédent transport, un chauffaur en passant sur une bosse, a eu la désagréable surprise à l’ouverture de son camion de voir une de ces barre être tombée sur la Rolls et la pointe qui se loge dans les traverses de support de la bâche, plantée au beau milieu du toit de la bagnole. Donc, retours en Angleterre aux frais du transporteur, plus le prix de la réparation, et du retour plus tard en Italie, ça ne rigolait pas.
On devait décharger à Turbigo, petit village près de Novara: On pouvait accéder à cette douane en traversant par le village, mais c’était trop étroit pour les camions ou on devait faire le tour du village et on trouvait une grande artère au sud du bled qui portait directement à la douane.
Mon père bien sûr, par moment un peu « gogol » voit les panneaux « Turbigo centro », sans réfléchir, s’engage dans la petite rue qui traversait le village. Il a vu que c’était étroit, mais il n’aurait pas été voir à pied !!! Bref, au bout de quelques centaines de mètre, ça ne passait plus. Trop étroit et il y avait des balcons en plus qui débordaient sur la rue.
Plus que une seule solution, marche arrière. Il est vrai qu’avec un camion remorque, la marche arrière n’est pas simple, mais mon père était particulièrement mauvais à ce petit jeu. Donc il recule un bout et la remorque se déplace sur la gauche vers une maison. Lui essayant de redresser la remorque, contre-braque et l’essieux avant de la remorque se met à l’équerre et la remorque se « gare » nickel entre deux balcons. A vouloir le faire, ça n’aurait pas été possible !
Du coup, mon père avance, mais le camion tirant le timon de la remorque, l’essieux avant ne sortait pas comme il était rentré, soit à l’équerre. Il se mettait en ligne derrière le cul du Mercedes de mon père et la remorque ne pouvait plus se dégager des balcons.
Devant lîmpossibilité de sortir cette remorque, mon père fait avant – arrière plusieurs fois, mais toujours sans résultat. Le dernier coup, il a même arraché un morceau de balcon, qui est tombé par terre. Et bien sûr, avec la Rolls dedans la remorque. Chance, les barres de soutient de la bâche et les ranchets ne sont pas tombé et le morceau de béton du balcon n’est pas arrivé sur la remorque.
A ce moment, plusieurs personnes du village sont venu , dont le boucher avec son tablier blanc, pour aider mon père. On a décroché la remorque, avancé le camion, tiré sur le timon pour mettre les roues à l’équerre, sorti la remorque, poussé la remorque jusqu’à la sortie du village, puis attelé la remorque au camion et nous sommes finalement arrivé par la route prévue à la douane… La Rolls a eu chaud !

4) Encore une histoire avec mon père… Mais cette fois là je n’y étais pas et c’était mieux !
En rentrant du nord de la France direction Bâle à la veille de Noël, mon père avec son Berliet GCK de 1963, chargé camion-remorque de chaudières, s’est arrêté au relais routier de Lunéville pour manger un morceau avant d’attaquer le col du Bonhomme. ( De nos jours on ne traverse plus Lunéville, le fameux relais à disparu, et le col est interdit aux P.L. Belle époque vraiment !) Tout à coup un routier rentre dans le relais et dit « vous avez vu ce qui tombe… » En regardant par la fenêtre, mon père voit des flocons de neige gros comme des oeufs. Il saute dans son Berliet, espérant passer le col avant que la neige soit trop épaisse. Comme mon père était toujours super équipé, il n’avait évidemment pas de chaînes. Donc le voilà parti. Pas âme qui vive sur la route, le seul barjot à se lancer à l’assaut du col. A cette époque, les ponts et chaussées n’étaient pas aussi éfficaces que de nos jours, et la neige s’amoncelait toujours plus. Arrivé à 300 mètres du sommet le camion commence à patiner. Plus moyen d’avancer. Mon père se dit « tant pis, je vais dormir là, et on verra demain. » Il met le frein à main et voilà que l’ensemble glisse en arrière. Impossible de l’arrêter, même en remettant une vitesse et les gaz, le Berliet glissait à droite de la chaussée, direction le vide. Au moment où le camion allait tomber dans le ravin mon père ouvre la porte et saute de la cabine. A ce moment, la roue arrière droite se plante dans le petit fossé au bord de la route et immobilise le véhicule presque en porte-feuille avec la remorque. Mon père, voyant ça, câle le camion, remonte dans la cabine, allume le chauffage et saute dans la couchette. Il avait un chauffage à gaz et comme – de nouveau – il était super équipé, à 2 heure du mat’ plus de gaz. Les ponts et chaussées sont passé à 9 heures. Mon père n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. il était congelé et tout bleu. Le gars des ponts et chaussées l’a prit dans sa Jeep et l’a descendu au bistrot le plus proche. A peine le barman l’a vu, il a comprit et sans rien lui demander, lui a sorti la bouteille de calva. Le soir il est arrivé pour fêter Noël avec la famille. Il s’est endormi après le repas, à 21 heures et s’est réveillé à 4 heures du mat’ quand tout le monde s’en allait. Joyeux Noël !!!

5) J’avais un cousin éloigné, (plus proche de mon père) qui était chef de la police municipale dans le village de Saint Vincent dans la vallée d’Aoste, sur la route du Petit et du Grand Saint Bernard. C’est de là que j’ai une partie de mes origines. Il s’appelait Piero.
Donc, à la fin des années 1950, Piero habitait un appartement juste au dessus de la place centrale du village. Sur cette place il y avait un restau routier qui était ouvert une grande partie de la nuit. Il y avait donc des camions qui s’arrêtaient jour et nuit dans ce bistrot.
Un soir d’hiver, un Romain avec un Lancia Esatau à museau s’arrête pour manger un morceau tard la nuit. Selon la salle habitude des routiers italiens de l’époque, le gars laisse tourner son moteur pendant qu’il mange.
Mon cousin qui dormait, se réveille. Il patiente un peu en pensant que le gars se buvait un café et qu’il allait partir. Eh non, le temps passe et le camion tourne toujours sous ses fenêtres. A un certain moment, Piero se fâche, il saute dans ses bottes de fliccard, met son képi sur la tête et hormis ces accessoires, descend en chemise de nuit engueuler le chauffeur
Au moment où il arrive près du restau, le chauffeur sort du bistrot pour reprendre sa route. Mon cousin le choppe et l’engueule. Le chauffeur lui répond  » Ma va fan culo… » (je pense pas qu’il y ait besoin de traduction ?!) et monte dans son camion. Piero lui intime l’ordre de descendre et de présenter ses papiers. Le Romain enclanche la première et commence à rouler. Piero se met devant le camion les bras écartés et lui crie « Stop, fermati… » (Arrête toi) Le chauffeur accélère et lui fonce dessus. Mon cousin du coup, a eu juste le temps de sauter sur le parechoc du camion et de s’aggriper à la calandre tout en continuant de gueuler « arrête toi ».
Le chauffeur a continué à rouler jusqu’à la sorite du village, avec mon cousin aggripé à la calandre, en chemise de nuit, en pleine hiver. Arrivé à la fin du village, il s’est arrêté et il a dit à mon cousin « alors, t’es content ? T’as plus qu’à rentrer à pied maintenant ! »
Et du coup, Piero s’est fait le chemin jusque chez lui en pleine nuit d’hiver à pied dans la neige. Mais il avait quand même prit le numéro de plaque du camion et le chauffeur s’est « tapé » 15 jours de tôle à Rome quand il est rentré !
Je me demande ce qu’un chauffeur ramasserait de nos jours pour un truc du genre ???

Lagaffe : La bio

Prénom : Pascal
Surnom : Le Gonflant
Date de naissance : Janvier 1961
Chauffeur depuis : Mars 1982
Différents métiers dans le transport : Bâché, fret aérien, citerne chimique, pulvé
Types de camion : Semi, camion remorque
Marques préférées : Renault Volvo
Marques détestées : Mercedes Scania
Citation personnelle : C’est pas plus mal que si c’était pire.

Mes plus lointaines livraisons.

Edimbourg (GB) : Du poly butène pour la raffinerie de Grangemouth
Huelva (E) : du Chlorate de Sodium pour une papeterie
Crotone (I) : Du catalyseur
Rzeszow (PL) : De l’acide chloro acétique
Aerhus (DK) : De la Base d’assouplissant textile.

Je suis né en 1961 pas loin de Caen en Normandie, cette année là un homme allait faire une promenade en orbite et un mur s’érigeait à Berlin moi je me contentais de dormir entre deux tétées.
Mes premiers souvenirs sont certainement ceux des autres enfants, mes parents quelques fugacité d’un logement inconfortable mais j’allais connaître cette révolution du logement, les HLM. On ne se rend pas bien compte de ce que c’était pour nous, des salles de bain avec baignoire dans tous les foyers quand mes grands parents allaient encore chercher l’eau potable à la fontaine du village, l’eau courante ils l’ont eu en 1976. Enfance banale, vacances avec les cousins paysans comme presque toute ma famille, avec mon tracteur miniature j’ai du passer des heures à parcourir le tapis du salon qui devenait un champs de blé et j’ai parcouru des milliers de kilomètre imaginaires d’une chambre à l’autre avec mes petits camions. Sous la fenêtre de l’appartement il y avait le camion de mon père et ce camion devenait parfois mon carrosse le temps d’un voyage. Caen Le Havre le temps d’une journée me semblait le bout du monde et puis mon père est parti chez les transports Legendre (qui ont fini dans le groupe Gringore) du Caen Côte d’Azur en régulier. Ah oui ça c’est l’autre partie de mes vacances les tours en camion j’ai fait quelques voyages dans les Saviem de l’époque, (les transports Legendre on du avoir un des tout premier SM en circulation).Pour moi c’était le rêve je dormait quand le camion roulait j’était chouchouté dans les restos et à une époque où les voyages étaient rares (en était dans les années 60 hein) moi je connaissais Lyon j’attendais avec impatience le moment où on longeait le Rhône ça me changeait de la petite rivière qui traverse Caen. La RN7 Montélimar, Marseille Nice…… Le relais de Donzère est certainement un de mes plus vieux souvenirs de voyage avec la Rivière Tibouville sur la RN13. Bien sur il faut penser à son avenir et je me suis orienté vers des études techniques avec en vue un BTS de construction navale. Une certaine facilité pour les études et une vraie passion pour les maths m’ont permis d’avancer sans me fouler beaucoup et l’avenir semblait tout tracé.

1980 je venais passer mon permis de conduire (voiture hein) et je suis parti une semaine avec mon père qui tournait pour les transports Godfroy. Descente en frigo à deux attelages, en chemin un de leur copain les avait rejoint avec son F10 simple porteur, il allait chercher des fleurs à Nice histoire de me changer du Berliet GR 350 (un monstre à l’époque) il m’avait pris dans son camion un F 10. Au niveau de Valence il me demande poser mes pieds sur le pont moteur, je n’ai pas trop bien compris sur le coup et une fois au milieu ce con se lève et me dit simplement « maintenant tu prends ma place » Il faut quand même être un peu fou pour passer le volant d’un camion a un novice et aussi fou pour se poser à la place du conducteur sans poser de question…
Inutile de dire que je n’en menait pas large ce bazar semblait impossible à tenir en ligne droite mais je me souviens de ce pied d’enfer et des encouragements des deux autres à la CB qui faisait ses début sur les routes européennes. Si l’on rajoute la sortie du film Convoy vers la même époque on peut affirmer que le virus de la route semblait en pleine forme. J’ai passé mon bac mais j’ai oublié d’apprendre à construire des bateau je suis parti à l’armée et je suis revenu avec un joli permis C1. Première place je faisais des convoyages pour le garage RVI de Carpiquet à côté de Caen j’ai ainsi pu conduire des camions de tous types dont certains ont fait leur dernier voyage avec moi, j’ai même eu la chance de conduire un MAN chantier avec boite verticale et bien sur les Dodge de l’époque avec la boite Fuller. Petits contrats, remplacements j’ai acquis un peu d’expérience dont mes premiers voyages en Italie chez Moncassin j’ai même touché un peu à la citerne alimentaire.

Un jour le mec de ma mère m’a fait entrer chez Petitbon une filiale Bourgey Montreuil basée à Chelles dans la banlieue parisienne. J’ai commencé en faisant un remplacement sur la ligne Caen Paris et comme j’avais l’air de me débrouiller (en fait j’arrivais à l’heure) Monsieur Pipart le chef d’exploitation de l’époque m’a proposé de me garder à condition de trouver un logement pas trop loin dans le mois, je peux le remercier ici de m’avoir donné ma chance. J’ai commencé en dormant dans le camion et puis j’ai trouvé un meublé et j’ai pu faire mes premières vraies armes d’abord sur des lignes régulières, Bordeaux Toulouse ou Nancy de la savoyarde et de la taut bien sur et puis j’ai touché au fret aérien en commençant les voyages à l’étranger, le matériel était au moins cher G260 la cabine sans rideau pour être encore moins cher, Mercedes 1928 cabine pigeonnier… Les premier chauffages autonomes commençaient à arriver sur le marché mais on les faisait démonter pour ne pas qu’on consomme trop de gaz oil les nuits froides mais on dormait peu à l’époque. Se faire insulter à la CB en montant le Fréjus parce que votre poubelle n’avance rien je peux remercier Bourgey Montreuil de m’avoir offert se plaisir. Ma foi je roulais c’était le principal j’ai tenu pas loin de 5 ans j’ai même fini en R 310 (le must du confort avant l’arrivée du Magnum) et j’ai acquis une certaine valeur sur le marché du travail.

J’ai fini par trouver un boulot à Lyon comme détaché parisien chez Road Flight Systems avec enfin un salaire décent et du matériel potable je me suis même cru riche à un moment. Un lundi 26 décembre j’ai été victime d’un coup de foudre au siège social. 30 ans plus tard je vis toujours avec ce coup de foudre qui répond au nom de Anne Catherine.
N’étant pas parisien (et détestant cette ville) il ne me fut pas bien difficile de déménager, j’ai entassé mes affaire et mes piles de bouquins dans la voiture et je suis devenu lyonnais aux transports Barbier avant d’aller faire un tour en Chimie chez Begey qui cherchait des chauffeurs basés à Lyon, l’entretien du matériel était au top et j’ai eu droit à la dernière génération des F10 ce fut même mon premier camion neuf. La citerne c’était les voyages internationaux Allemagne, Espagne Anvers et Rotterdam et même un tour en Tchécoslovaquie pas longtemps après la chute du mur je peux dire que je me suis bien régalé sur le plan professionnel. Mais la mauvaise gestion a entraîné la boite vers le gouffre je suis vite parti quand les salaires ont commencé a être versé en retard, un an plus tard la boite posait le bilan avant d’être reprise par BM. Je n’ai pas de photo de Begey alors j’ai trouvé une maquette sur le net.

Norbert Dentressangle commençait a se développer en citerne je n’ai pas eu de mal à me faire embaucher en profitant de mes deux ans d’expérience chez Begey et je me suis retrouvé au volant d’un attelage tout neuf R340 que j’ai gardé jusqu’à sa revente il a été remplacé par un des premiers Premium (et toujours la même citerne). J’ai adoré ces camions malgré tout leurs défauts pour la première fois de ma vie je me tenais debout dans la cabine et ils m’ont emmené partout en Europe, Danemark Irlande Angleterre, Ecosse et bien sur et les pays habituels de la CEE plus quelques voyages en Pologne Hongrie… Les pays de l’Est faisaient leur entrée en Europe et nous n’étions pas beaucoup de français à aller là bas. Je me suis régalé pendant 7 ans et puis je me suis fait muter en pulvé, j’ai découvert un boulot bien à part mais plaisant avec une seul grain de sable un chef d’exploitation caractériel qui trouvait normal d’insulter les chauffeurs je n’aurais pas du lui répondre on m’a mis à pied je ne suis jamais revenu. On a beaucoup bavé sur le groupe Dentressangle mais les salaires étaient corrects et j’ai même acheté des actions quand le groupe est rentré en bourse, ça m’a fait un petit pécule que j’ai laissé dormir dans un coin sans trop y penser. Malheureusement s’ils n’ont pas été les premiers les dirigeants ont vite pris le train du travail sous payé avec des polonais et on a vu les chauffeurs français disparaître petit à petit. Depuis le groupe n’existe plus, des roumains encore moins chers remplacent les polonais et les derniers français sont poussé vers la sortie parfois avec de jolis chèques moi j’ai vendu mes actions le jour où j’ai appris la reprise par XPO qui est en train de faire ce que font les fonds de pension américains, on démonte la boite petit à petit. Maintenant je vois ces même boites chercher désespérément des chauffeur et je me marre doucement.

Intermède chez Lurit, je ne suis pas resté longtemps les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent je n’aurais pas du y croire le salaire était au raz des pâquerettes. Dommage je faisais pas mal d’Italie pour Leroy Merlin j’ai même été jusqu’à Bari. Au passage j’ai aussi touché mon quatrième camion neuf un FH 12 le premier que j’ai eu avec la clim mais je n’en n’ai pas eu le temps d’en profiter au mois de mars j’était parti.

Coup de chance Goubet cherchait à développer son agence de Marseille et le fait d’être lyonnais les intéressait, c’est vrai qu’habiter le couloir de la chimie ça aide en citerne. Le directeur d’agence était un certain Jean Claude Digrazzia, les anciens Onatra ou Debaux Chimie le connaissent bien , le genre de personne pour qui j’aurai été au bout du monde, j’ai découvert une ambiance du tonnerre une boite où j’étais vraiment respecté. Le matériel n’était certainement pas celui des « king of the road » mais mon Prémium me suffisait il était bien équipé et j’avais un grand coffre sur le châssis ça me permettait de ne pas encombrer ma cabine. C’est vers cette époque que j’ai acheté mon premier ordinateur en me demandant bien ce que je pourrais faire de ce bazar à part des parties de solitaire. Le déclic est venu de petits autocollants posés sur les cabines de péage sur l’A7 « fierdetreroutier.com » j’ai fini par aller faire un tour et je suis tombé sur une des premières moutures du site qui en était à ses balbutiements. J’ai contacté Phil et je me suis aperçu que nous étions sur la même longueur d’onde, quand j’ai proposé l’idée d’une charte il a tout de suie manifesté son accord de la manière la plus simple du monde « vas-y écris la » C’est comme ça que je me suis vu embarqué dans cette aventure. Le procès de l’incendie du Mont Blanc nous a valu un joli coup de pouce de la part du journal « Les Routiers » mais il faut croire que ça ne suffisait pas à notre Phil puisqu’il a réussi à me convaincre d’écrire mon carnet de bord, je notais la semaine pour écrire tout ça le week end puis j’ai fini par acheter un portable pour écrire au jour le jour, l’aventure Goubet rejoignait celle de Fdr et je peux me vanter d’avoir passé de super moments dans cette boite les voyages sur l’Europe étaient ma routine j’ai vu le sud de la Calabre, la côte croate avant qu’elle ne devienne une banlieue allemande les pays de l’est bien sur mais tout a basculé à partir de 2007 les pays de l’est devenaient ultra compétitifs la boite se réorganisait et de transporteur différent nous sommes devenus l’égal des grosses boites de chimie, camions au moins cher, sans régulateur (60 € d’économie) ambiance qui se dégradait l’exploitation est devenue centralisée et le dispatch de Grenoble donnait les bons voyages à ses préférés, ceux qui ramenaient des cigarettes ou des bouteilles d’Italie ou d’Espagne, un mois après avoir touché un camion neuf j’ai fini par me barrer la rage au cœur. Au passage j’ai apprécié le grand courage du directeur de l’époque celui qui me demandait de débaucher des chauffeurs de chez ND chimie quelques années plus tôt, il a tourné la tête pour ne pas avoir à me saluer quand je suis parti.

Il me fallait rebondir et j’ai opté pour un changement radical, je suis parti chez Jacquemmoz avec le pari de maîtriser le camion remorque traditionnel. Bon d’accord la marche arrière c’est pas évident au début mais la tenue de route et le confort c’est le top. J’ai (re) découvert les horaires serrés, les rendez vous à la con dans les centrales de super marché, les clients coincés dans des endroits improbables, le débâchage et les passages de sangles… Le boulot de bâché dans toute sa splendeur quoi. Un mois après mon arrivée la crise de 2008 s’installait durablement et je me suis demandé si je n’allait pas faire partie de la première charrette mais non la boutique a réussi à traverser la crise et du vieux DAF avec ses 960 000kms je suis passé à un plus récent pour finir avec le FH 480 qui n’avait pas tout à fait 100 000, vu mon peu d’ancienneté c’était plutôt inespéré et c’était la revanche sur tous ceux qui avaient bien bavé sur mon dos quand je suis parti de Goubet. En fait Stéphane Jacquemmoz avait voulu me faire plaisir en m’attitrant ce camion qui venait de se libérer. Putain de FH c’est certainement le camion que j’ai le plus kiffé, porteur avec remorque tradi en 3 essieux la plus belle configuration pour moi. Avec Tarja et Jimmy mon carnet de bord continuait de plus belle je participais aussi au site de tests des restos routiers ce qui m’a valu un passage dans « Reportages sur TF1 avec en tête l’idée de donner une bonne image des routiers au lieu du cliché à la M6. Le pari m’a semblé réussi et puis ma maman a pu voir son fiston à la télé. Je me suis bien plus chez Jacquemmoz malgré tout le mal que j’ai pu entendre mais à plus de 50 ans que j’en avais un peu marre et je voulais me poser un peu alors j’ai cherché un boulot plus tranquille, je suis parti en très bons termes avec la famille Jacquemmoz que je remercie ici pour son aide lors de certains « coups dur ». Pour ma semaine de préavis je suis parti avec deux journaliste de TF1 pour une nouvelle cession de « Reportages » Le sujet et passé 6 mois plus tard mais ma maman n’était plus de ce monde. Je pense avoir encore réussi à donner une bonne image de notre métier et ça m’a valu d’être reconnu par mon boucher le jour même.

Passage à la télé :

 

Grâce à l’entremise d’un copain (qui a touché 200€ de prime au passage) j’ai pu m’inscrire chez Rhônatrans la filiale lyonnaise de Charles André, je repiquais à la citerne mais cette fois en gaz. Le boulot était simple, distribuer du GPL dans les stations service ou du propane chez les gros clients avec découchés à la clef. Salaire à la convention la réputation de GCA en matière d’entretien du matériel aidant j’ai dit oui tout de suite et un mois de formation plus tard j’étais sur les routes de la région à livrer mon gaz. Sympa comme boulot sauf que les promesses n’étaient pas là, j’étais plus souvent en petit régional ou en congé parce que le boulot était calme, on m’a passé en bitume pour l’été ça me convenait bien mais là aussi j’ai beaucoup plus tourné autour de l’église de Feyzin qu’autre chose. Si l’on rajoute les problèmes inhérents aux grosses boutiques que j’avais oublié comme les camions sans régulateur et la barre de cric coincée entre le boîtier du levier de vitesse pour appuyer sur l’accélérateur à la place, les économies sur l’entretien, les pannes qui traînent et les primes impossible à toucher puisque les objectifs sont toujours revus à la baisse, je me suis aperçu que la réputation de GCA ne correspondait pas vraiment à l’image que je me faisais de la boite. En fait depuis mes années Bourgey Montreuil je n’avais pas connu un tel mépris affiché pour les chauffeurs, Au bout d’un an j’ai eu la chance d’avoir une opportunité je suis parti sans dire au revoir. A ce jour on n’en est pas encore à placarder des offres d’emplois comme XPO mais la prime pour faire embaucher un chauffeur est passée à 650€. Bizarrement personne ne se bouscule.

Coup de chance, une connaissance me propose de travailler chez SATM en hydrocarbure, je réponds simplement qu’il n’en est pas question mais que si un de ses tractionnaire tient la route je suis prêt à venir en pulvé j’ai reçu un coup de téléphone le premier jour de mes vacances, rendez vous le lendemain. Je tombe sur les associés, une dame et son fils au bout d’une heure l’affaire était conclue de toute façon ça ne pouvait pas être pire que Rhônatrans. Deux jours en régional et en double pour me remettre dans le bain et je suis parti. Les débuts ont été un peu fébriles surtout que je n’avais jamais travaillé pour un petit patron. Je me souviens de mon premier voyage en Allemagne et en République Tchèque j’étais passé par Titisee pour économiser sur la taxe autoroutière et quand j’en ai parlé à Vincent mon patron la réponse a été laconique. « Vous faites au mieux je vous fais confiance ».
Voila le résumé de mon ambiance de travail, je gère mes itinéraires, mon gaz oil, j’ai appris à regarder les prix avant de faire le plein je ne rends pratiquement pas de compte mais il faut que je sois rentable. Du Premium je suis passé au MAN 440, je ne connaissais absolument pas cette marque la cabine est un peu austère mais le sommier à lattes de la grande couchette m’a surpris en bien. Pour la boite de vitesse par contre, j’en suis venu à haïr ZF qui semble aussi doué pour faire des boites de vitesse que moi pour la danse classique. Grosse frayeur en 2016 une série noire de pannes mécaniques sur une remorque ont mis les finances à mal mais un texto reçu quelques jours avant Noël m’a remis du baume au cœur : « Votre MAN 500 est commandé » Finalement il est arrivé fin avril et comme Vincent voulait me faire plaisir il y a quelques petites options sympas clim de nuit, siège confort, une casquette et des trompes pour faire comme les vrais parce que le klaxon d’origine du MAN… Si j’ai bien compté c’est mon septième camion neuf et certainement le dernier alors je l’aime et tant pis si mes collègues tracos aux camions suédois décorés me snobent superbement mon camion me suffit quand je vois ce que j’ai conduit depuis mes débuts. Le boulot je commence à bien le connaître et je me régale même si je ne vais plus aussi loin qu’avant, beaucoup de vallée du Rhône et quelques voyage dans l’ouest de la France un peu de Belgique et d’Italie. En fait je suis devenu casanier je ne roule que rarement le samedi mais ça me va bien et puis je peux aller à ma leçon de roller du vendredi soir parce qu’en plus du cheval je me suis mis en tête de me promener en roller pour faire jeune (et puis c’est un rêve de gosse).
Merde je m’aperçois que j’arrive au bout de ma vie professionnelle (enfin pour l’instant) et je regarde comment le métier a évolué, des camions avec peu de confort on est arrivés au matériel actuel, le fan de musique que je suis a remplacé la valises de cassettes par des clefs USB qui prend quand même nettement moins de place et le pire des Mercedes Axxor m’aurai paru une bête de concours il y a 30 ans. Finis les disques noirs et les nuit à lutter contre le sommeil en s’autorisant des courtes poses la tête sur le volant en contrepartie la législation est devenue tatillonne à l’excès. J’ai des souvenirs plein la tête, des bons et des moins bons bien sur, des galères infernales et des paysages à couper le souffle, des gens formidables rencontrés dans tous les pays (et pas mal de cons aussi) ma vie professionnelle n’est peut être pas la plus palpitante mais c’est ma vie à moi et je m’en accorde.
La pénurie de chauffeur actuelle me fait franchement rire les boites ont méprisé les chauffeurs et viré les français pour mettre des PECO sous payés à la place et on les entends crier misère parce qu’ils ne trouvent plus de personnel mais si on commence à parler salaire ou conditions de travail pas question pour eux de se remettre en question c’est à nous de nous adapter. Les jeunes ne veulent plus faire ce métier ? Ils ne veulent pas plus faire des métiers manuels tant on a dévalorisé les boulots artisanaux, le must c’est de passer son bac dévalorisé qui ne suffit même pas à décrocher un boulot d’hôte(sse) de caisse au LIDL du coin quand un CAP ouvre plein de portes. Tant pi ou tant mieux si mon métier se revalorise mais je n’ai pas choisi de faire routier pour être aimé des gens.
Bon il me reste encore quelques kilomètres à parcourir.

 

Bon ben j’ouvre la boite à souvenirs

Un jour de décembre 1991 mon chef m’annonce que je dois récupérer la semi d’un collègue pour vider à…
Pardubice en Tchécoslovaquie…
Jusqu’à présent mon plus lointain voyage avait été Hambourg mais depuis un an que le mur était officiellement tombé on commençait à aller un peu plus loin que les frontières de la CEE, on m’avait donc demandé de faire mon passeport et puis voilà, c’était tombé sur moi. La remorque avait été chargée à Lacq par un collègue et je ne sais plus trop bien où avait été fait l’échange mais je me souviens des quelques recommandation de l’exploitation avant de me lancer et puis je suis parti avec l’excitation et l’angoisse que peut prodiguer ce genre de nouveauté. La traversée de l’Allemagne ne m’a pas laissé de souvenir probant il faut dire que je connaissais déjà bien mais la petite boule d’angoisse à commencer à se mettre en place à partir de Nuremberg elle a commencé à prendre de l’importance sur la nationale (il n’y avait pas encore d’autoroute) mais une fois sur le parking (après une légère queue sur la route d’accès) j’étais dans le bain et plus moyen de faire demi tour. Je ne sais pas combien de guichet j’ai fait côté allemand mais je sais que j’ai passé pas mal de temps à faire la queue au milieu de chauffeurs de toutes les nationalités, je me souviens aussi que j’étais le seul français, pas facile d’engager une conversation dans ce cas. Au bout d’un certain nombre d’heures je me retrouve dans l’espèce de No Man’s land entre les deux postes frontière, la nuit tombe sur cette journée brouillardeuse et la vision des miradors en bois et des barbelés me file un grand coup de spleen et je me suis demandé ce que je fichais dans ce bazar à un mois d’être papa.
Il faisait complètement nuit quand je suis enfin entré sur le parking de la douane Tchécoslovaque on m’a pris mon passeport et on m’a garé juste devant la barrière de sortie en clair, tant que je n’était pas sorti personne ne pouvait bouger, inutile de préciser que j’ai fait le plus vite possible pour faire les papiers, peine perdue d’ailleurs parce que s’il y a un truc qui ne marche pas à la même vitesse dans une douane, c’est bien la pendule. Ignorant de la théorie d’Einstein sur la dilatation temporelle je file dans le bâtiment en cherchant frénétiquement le bureau du transitaire qui bien sur ne se trouve pas dans le bâtiment central. Je trouve finalement ce bureau dans un cabanon et là, grand moment de solitude on me demande mon passeport. Comment expliquer qu’il est entre les mains d’un douanier dont je n’ai plus de nouvelle d’ailleurs. Retour au bureau central où une queue s’est formée avec tout les collègues qui sont arrivés sur le parking et j’arrive à comprendre que les passeports ne vont pas tarder à être distribués après le contrôle par les autorité compétentes je me colle donc dans l’attroupement et un mec ouvre enfin le guichet et commence l’appel. Quand il a gueulé « Francia » j’ai compris que c’était pour moi (facile j’étais le seul), je récupère le précieux document enrichi d’un tampon posé au hasard dans les pages du milieu et je file au bureau pour enfin faire mon transit. Retour au bureau central avec mon transit, je refais la queue pour faire tamponner le bazar et là le douanier me demande le nombre de plombs. Quand je lui en ai demandé 6 il a pas tout bien compris puis quand il a réalisé que j’étais en citerne il m’a tamponné le papier et m’a laissé filer et c’est tant mieux parce que je ne me voyais pas monter sur la citerne plomber tous les couvercles en plein hiver. Je me suis donc retrouvé dans le camion tout content de ne pas avoir fait attendre les autres prêt à partir sauf qu’il y a avait juste un détail que j’ignorais, personne ne part tant que le dernier n’a pas fini, j’avais paniqué pour rien et j’ai fais comme les autres, je suis parti au bout de deux heures.
Voilà j’étais de l’autre côté du mur qui étais tombé depuis plus d’un an, je découvrais les pays socialistes, route de nuit jusqu’à un restos ou j’ai dormi et je me souviens vaguement de ce voyage sauf que je me suis paumé dans le centre de Prague parce que j’avais foiré dans l’échangeur à l’entrée de la ville et les premières surprises des ces pays, les lignes de tramway au milieu des boulevards, les miradors aux carrefours et ces grosses conduites de chauffage collectif qui longeaient les routes je me souviens aussi avoir pas mal galéré à Pardubice pour trouver le bureau de douane tout ça parce que sur le plan on avait inscrit « Zoll » et que j’étais passé 3 ou 4 fois devant un bâtiment marqué « celnice », je me souviens aussi de la douche dans l’usine qui m’avait coûté un paquet de Marlboro, du café des pays de l’est qu’il ne fallait pas boire trop vite sous peine de manger le marc avant qu’il ne se pose au fond du verre, de l’odeur de charbon dans les villes, de la galère pour trouver un téléphone qui puisse contacter l’étranger, heureusement que j’avais tous les éléments pour le voyage de retour.
En parlant de voyage de retour, j’ai rechargé un truc à base d’ammoniaque à Ostrava mais n’allons pas trop vite. L’avantage du produit que je venais de vider c’est que c’est très volatil, on m’avait filé un tuyau de vapeur dans l’usine je l’avais coincé dans la vanne de dépotage et une demi heure plus tard on pouvait considérer qu’il ne restait plus de produit dans la citerne et j’ai eu la soirée pour me rendre à Ostrava pour finir ma semaine sur le parking de l’usine le samedi après midi (j’avais pris mon temps pour y aller) un peu de neige en route quand même parce que les pays de l’est sans neige ça compte pas un peu comme une soupe à l’oignon sans oignon quoi donc j’en ai pris un peu (et la carrosserie aussi surtout le sel) . Un week end comme beaucoup d’autres, farniente, décrassage au lavabo de l’usine un peu de promenade dans la ville avec le tracteur parce qu’à cette époque on ne nous emmerdait pas avec la coupure de 24 h et puis je me suis retrouvé au chargement le lundi matin. Je n’ai pas trop de souvenir du chargement, je me souviens quand même de la douane où j’avais retrouvé un autrichien ce fut le seul camion occidental que j’aurai vu de mon voyage parce que je n’avais croisé que des camions nationaux dont les fameux SG SAVIEM revus à la sauce tchécoslovaque. Brno, neige, Austerlitz (enfin pas loin mais il y avait un panneau le long de l‘autoroute) pluie, Prague, temps gris Plzen ça m’a emmené jusqu’au soir et pas loin de la frontière j’ai croisé deux camions de chez Coing.
C’était bien la CB, ça nous a permis de causer vite fait et surtout d’apprendre que la frontière était complètement engorgée, il fallait pas loin de deux jours d’attente pour y accéder parce que le conflit yougoslave venait de s’allumer et l’Autriche fidèle à sa tradition de courtoisie avait tout simplement fermé sa frontière si bien que tout le trafic se reportait sur la frontière de Waidhaus. Les deux gars de chez Coing étaient des vieux habitués des pays de l’Est j’ai donc réussi à faire demi tour et je les ai suivi pour passer par Cheb, je peux dire que j’ai vraiment eu de la chance de tomber sur ces deux là mais nous ne sommes passé que dans la nuit, je n’ai pas demandé mon reste, j’ai dormi sur place et je me suis occupé des papier d’entrée en CEE le lendemain. A midi j’étais à la SHELL d’Aurach qui allait devenir le rendez vous des réguliers du pays je me souvient du bonheur de prendre une douche bien chaude, de mon camion tout noir de la crasse qu’ils mettaient sur les route (de la poussière de terril) du bonheur de le voir enfin propre à après le passage à Belfort de cette impression de faire partie des grands routiers (alors qu’il y a moins loin de Lyon à Prague que de Paris à Madrid) et je garde une tendresse particulière pour ce pays qui est devenu la République Tchèque et j’avoue que je suis excité comme un gosse les rares fois où j’y retourne.

 

C’est en discutant dans un resto que j’ai trouvé ce souvenir, un gars avait trouvé une plaque TIR sur un parking et l’avait ramassée sans savoir pourquoi, il se demandait bien quoi en faire, je l’ai débarrassé et j’ai gardé ce trophée en me remémorant mes deux voyages parce que du TIR, je peux dire que j’en ai fait même si je n’ai pas été bien loin.
Bon reprenons, je devais charger pour la Pologne et ce n’était pas mon premier voyage à l’Est mais cette fois le client voulait cette formule pour une question d’assurance à ce qu’on m’a dit alors je me retrouvais dans la file d’attente de l’usine de Berre avec mes cartes grises, mon ADR et le fameux carnet TIR en m’efforçant de prendre l’air de celui que rien n’étonne, le style baroudeur du bitume que je n’était certainement pas mais, à’intérieur ça bouillonnait un max tellement j’étais content de tutoyer la légende en ne me rendant pas compte que le seul à être impressionné c’était moi. J’avais encore le R340 et j’avais posé le carnet bien en évidence derrière le pare brise et me voila parti avec mes plaques TIR sur la remorque (on ne les plombait plus comme à la grande époque). Le carnet TIR c’est sympa parce qu’il n’y a pas besoin de faire de déclaration à chaque pays traversé, un volet au départ, un pour chaque sortie, un pour chaque entrée et un pour la douane d’arrivée, ça simplifie bien les passages (et c’est économique aussi) donc j’avais 4 volets
Le voyage ??? Comme tout les autres, une traversée de l’Allemagne jusqu’à Gorlittz / Zgorzelek avec la différence que je n’avais pas à faire ce fameux accompagnement pour la Pologne, un sacré temps de gagné quand même. La Pologne ses forêts de boulots et de sapins, ses autoroutes tellement défoncées qu’il fallait tenir le levier de vitesse en permanence sinon sa se décrochait et on se retrouvait au point mort mais ça n’avait pas d’importance j’adorais aller là bas. Dédouanement à Nova Huta banlieue industrielle de Krakovie et livraison à Czestochowa la ville de Jean Paul II et un détour de plus de 100kms au passage mais les itinéraires des donneurs d’ordre sont plein de mystères (et puis ça me promenait).
Bon ben, voilà qui j’avais fait mon voyage en TIR, j’avais l’impression de faire partie des grands, cette montée m’avait tellement marqué que je ne me souviens même plus
où j’ai rechargé en Allemagne…. Souvenirs souvenirs…
En parlant de souvenirs, j’ai vu un jour dans une file d’attente de je ne sais plus quelle douane un gars avec un carnet de 12 volets… Bon passons.

Avec toutes mes salutations.

Phil26, portrait

Prénom : Philippe
Surnom(s): Chevelu, Pénible…
Date de naissance : juillet 1970
Chauffeur depuis : septembre 1989
Différents métiers dans le transport : Baché, tautliner, Frigo, container, pulvé, plateau
Type de camions : Semi, camion-remorque
Marques favorites : Volvo, Daf, Scania
Marques detestées : AE Renault, Man, Mercedes
Citation personnelle : Il faut battre le fer quand il est chaud.

Mes plus lointaines livraisons :

  • Agadir (MA), chargement de tomates
  • Frovi (S), chargement de rames de papier
  • Drogheda (IRL), livraison d’une machine pour une imprimerie
  • Athènes (GR), livraison de poulet congelé
  • Hungaroring (H), livraison de carburants
  • Thurso (GB), livraison d’équipements electriques
  • Riga (LV), livraison de materiel de spectacle

En 2004, j’avais rédigé mon « portrait » de chauffeur, il était grand temps que je fasse un peu de ménage.
Contrairement à beaucoup de mes collègues routiers, je ne suis pas passé par la case « école de routiers », mais je suis tombé dans la marmite tout petit. J’ignore pourquoi. Mes parents se sont séparés alors que j’étais très jeune et très tôt j’ai eu la chance de voyager par la force des choses, j’étais toujours emmerveillé par les camions de l’époque. Je vivais au sud de l’Avenue Victor Hugo à Valence, près de la nationale 7, de la STEF. Mon grand père maternel était concierge aux Menuiseries Françaises, souvent les chauffeurs m’installaient dans leur cabine pour être sûrs qu’il ne m’écraseraient pas avec mon vélo ! Les paroles des chauffeurs Debeaux, des grumiers de chez ORARD resonnent encore dans ma tête, ils me racontaient des histoires, me parlaient de Paris, d’Italie et ça me faisait rêver.
Les chauffeurs Debeaux me faisaient monter dans leurs TR250 et m’expliquaient comment on se mettait à quai, et à quoi correspondait chacun des instruments de bord.

Ils m’ont expliqué aussi qu’on ne pouvait pas » faire la route » si on n’aimait pas ça, et qu’on pouvait gagner de l’argent mais qu’il ne fallait pas compter ses heures. L’amitié et la solidarité n’étaient pas des mots vains. Il m’arrivait aussi de faire des photos au bord de la N7 avec un « pocket », mais j’ai hélas tout perdu.

Grâce ou à cause de la revue France-Routiers, mon plus grand rêve à toujours été de partir loin. J’étais avide de grands espaces et de liberté. J’ignore pourquoi, mais le train train quotidien, une vie bien cadrée, m’aurait ennuyé. Mon père qui avait un peu le feu, m’emmenait souvent en « ballade », c’est comme ça que dès le début des années 70, j’ai vu plusieurs fois, le Maroc, la Hollande, la Belgique et surtout la provence et les retours souvent tout seul en train ou en avion, un début de mise en condition en somme.

L’école m’ennuyait au plus haut point, mis à part la géo, l’histoire et les cours d’éco. Je detestais le système scolaire, heureusement, il fallait prendre le bus, c’était le meilleur moment de la journée. Comme j’avais sympathisé avec quelques chauffeurs, il m’arrivait souvent de faire « craquer » les cours, et de me ballader avec certains chauffeurs avec qui je suis encore en contact aujourd’hui. Je peux le dire maintenant, mais il y en avait un assez fou pour me confier le volant quand le dernier client était descendu pour rouler jusqu’au terminus ! Les bus en boite automatique c’est facile ! Du coup j’ai eu la chance de conduire des BERLIET PR100 et des Mercedes 0305.

Dès que j’ai eu mes 18 ans, mes parents m’ont payé le permis B. J’étais alors en Terminale G1, secretariat, 30 filles 2 garçons, c’était le pied. J’avais choisi cette filière pour éviter un redoublement et vite sortir du système. Pour me faire un peu d’argent de poche, j’avais trouvé un job le soir. Et je suis rentré dans le monde de la livraison par la toute petite petite porte : le soir après les cours, je livrais des pizzas à Scooter. C’était génial, on se marrait bien, et surtout on finissait souvent en boite de nuit après le boulot, je loupais la plupart du temps les cours du matin, et je m’en foutais tellement… Au bout de quelques mois de livraisons de pizzas, une opportunité s’est présenté à moi, à savoir de la livraison en VL. Le seul problème c’était que le jour de l’embauche tombait le jour du BAC de philo. J’ai fait pile ou pile, et je suis rentré chez FRANCE ACHEMINEMENT ou après une rapide formation on m’a donné un Renault Master, j’avais un bon job. Je faisais 2 tours par jour dans la Drôme, je livrais pas mal de garage Peugeot. Ceux qui faisaient le centre de Valence croulaient sous le boulot, c’était loin d’être mon cas, si bien que souvent j’emmenais des copines avec moi et on allait se baigner l’après-midi dans la Drôme. Mais un jour, suite à un banal accrochage, ils se sont rendus compte que l’assurance ne marchait pas vu que je n’avais pas 3 ans de permis. J’ai été licencié.

Comme j’étais un peu en galère, je suis allé demander un coup de main à mon père, et j’ai passé le permis C. Au mois d’Août 1989 j’ai passé le code PL, et le permis avec Michel que j’ai revu en temps que formateur chez Chazot pour les conduites en FCOS. Comme nous étions très peu nombreux, nous avons passé la conduite sur un antique car Berliet, avec boite à crabots. C’était assez comique. Avec ma feuille rose, et mon permis C limité à 7t5, j’ai eu tout de suite du travail, dans une toute petite boite à Romans, LLTD. Il y avait 4 ou 5 camions et tous en régional. On m’a donné un Renault S170, un ancien des DSB (Les chemins de fer Danois) baché avec hayon et sans aucune explication, on m’a dit, RDV demain 5h chez Bonnardel à Valence pour charger du groupage pour Marseille. Du coup j’étais tellement heureux que j’ai été arroser mon premier camion en allant le montrer à tous mes amis autour de Valence, si bien que couché à 2h du matin, je n’ai pas entendu le reveil à 4h et que je me suis loupé en arrivant à 8h chez Bonnardel, ça a été ma première leçon ! Durant des années, j’ai révé la nuit de partir à bord de mon camion et de prendre mon ticket d’autoroute à Valence sud, le rêve est devenu réalité ce 29 août 1989. Je me suis bien galéré dans Marseille, ça été un vendredi mémorable ! J’ai quand même livré mes clients, mais je suis rentré à vide à Valence. La suite de ma prestation chez LLTD a été catastrophique, j’avais aucune notion de calage, d’arrimage. Mais j’étais à l’heure. Il m’arrivait parfois de devoir découcher, je dormais en boule sur le siège passager, un jour le moteur du S170 a cassé, et j’ai alors eu d’autres 4 roues, Mercedes 1922, Mercedes LP1113, et Renault S150. Petit à petit j’ai appris à caler les palettes, jusqu’au jour ou pour une fois c’était pas moi qui avait mal chargé, une palette de pinard s’est écroulée et mon patron m’a viré.

C’est pas mes camions vu que j’ai pas de photos mais ça y ressemble :

J’ai ensuite enchainé les missions interim, j’ai fait du quai chez Ducros messageries, déchargé des camions en vrac, roulé dans une boite pourrie en messagerie, les transports TRAM ou il y avait des camions plus vieux que moi comme des Bedford !!! Et puis j’ai rencontré Bibi. Elle vendait de la peinture dans un magasin en face de chez Mory, ou justement ils refaisaient les peintures, en vert et jaune évidement. Le gars du service entretien m’a alors pris avec lui, et si vous avez remarqué des coulures de peintures dans les chiottes de chez MORY, et bien c’était de ma faute !! De temps en temps je prenais un camion pour aller livrer ou faire quelques ramasses avec des IVECO Turbo.

Vint alors l’appel de l’armée, j’avais devancé l’appel, et grâce à un coup de piston, je me suis retrouvé au 516e Régiment du Train à Toul un 1er fevrier 1990. Il fallait prendre le train tous les lundis matin à 1h, essayer de dormir dans le couloir des wagons qui étaient bondé de bidasses. Mais on ne se posait pas de questions, c’était pour tout le monde pareil. A 7h on arrivait à la gare, et il fallait taper un sprint pour être à l’heure et en tenue à l’appel, ça rigolait pas, et ceux qui voulaient pas venir, ils réglaient ça avec la gendarmerie. Le 516e RT était spécialisé transport. Après 2 mois de classes à se les peler, j’ai été affecté au 101e escadron de porte chars. Nous avions des Renault R390, v8 bien sûr, attelés avec des porte chars NICOLAS de 3m10 de large, on partait en convoi de 17 chercher les chars dans les casernes pour les amener sur les camps d’entrainement. J’ai écumé les routes de l’EST, de Champagne et la nationale 4. Là, j’ai connu Tony Gabelle et Kamel Bouhamdani. On a conduit des Berliet TRH350, et TR280. C’est à l’armée que j’ai passé mon CFP transports, avec l’ADR et tout !

C’est encore une fois par connaissance que je suis rentré chez Michel Comte. J’ai su par une copine de ma femme que cette boite faisait des fleurs et partait un peu partout en Europe, ça m’a fait envie. Si bien qu’alors que j’étais encore bidasse, j’ai fait mon premier voyage pendant une longue « permission ». Avec un Turbostar 190.33 IVECO, j’ai descendu une remorque au port de Marseille, et j’ai rechargé à la « bourse » chez EGTL place de la Joliette. Pas mal de primeurs partaient de là, la chef de EGTL me traitait de « minot », et je me suis retrouvé avec plusieurs clients à livrer au MIN de Lyon, c’est là que je me suis rendu compte que je ne m’étais jamais mis à quai en semi, quelle galère !! De là, je suis monté à vide à Kloten en Suisse, dans la banlieue de Zurich pour charger à destination de l’Algérie. J’ai ramené tout le bazar à Valence, et j’ai été terminer mon service militaire gentillement avec plein de projets dans la tête.

Le lendemain de ma libération en janvier 1991, j’ai attaqué à temps complet chez Michel COMTE, dans les premiers temps je faisais du boulot tranquille. J’allais charger les camions au port à Marseille ou les complets en camion remorque chez Allibert à Grenoble, La Mure, Voreppe, je faisais de la traction pour MERTZ en Container, j’avais alors un Volvo F1020, Bibi enceinte jusqu’aux dents venait alors avec moi, je me souviens de mon premier voyage à Hambourg, l’autoroute avec les plaques de béton mal jointes, la declaration du litrage de gasoil en frontière et les douanes… De temps en temps, je tirais des remorques pour Gery, c’est là que j’ai compris ce que voulais dire le mot « clandestin ». On descendait sur Bari avec des complets d’oignons, avec le F1020, il fallait pas regarder les heures moi qui pensais qu’une fois passé Nice c’était plat…

Les tous débuts après l’armée, 1er week end planté à La Mure avec Bibi

J’ai eu mon premier tracteur « potable » quelques mois plus tard, un 36 Turbostar, suspension à air, clim, téléphone (radiocom2000). Quand Michel m’a attribué le camion, il m’a expliqué quelques bricoles et notamment ce petit fil qu’il fallait mettre à la masse pour « quand on a plus d’heures ». Je ne sais pas pourquoi, mais je lui ai dit que quoi qu’il arrive, je roulerais 20h par jour à 130 s’il le faut mais que tout serait marqué sur le disque. Il a rien dit, et j’ai tenu parole, j’ai jamais magouillé un disque, du moins chez Comte. J’ai fait mes premiers tours de GB. Ramasses à Cavaillon, montée direct sur Londres, ou le Kent, et j’ai eu la chance de me faire arrêter par les flics en GB, un vendredi, prison, tribunal, la totale. Mais ça m’a pas découragé pour autant, je faisais aussi les marchés en Allemagne, c’était plus facile, mais on dormait pas beaucoup non plus. A la naissance de notre fils fin septembre 1991, j’ai un peu pété les plombs et decrété qu’il fallait que je sois plus souvent à la maison, du coup j’ai quitté COMTE.

En 1991, quand on avait pas de boulot sur valence en temps que chauffeur, il y avait 2 solutions, soit rentrer comme chauffeur à la base intermarché de Loriol, soit composer le 021751, transports SNTV à Romans. J’ai pris l’option #2, j’ai appelé le matin, et l’après-midi je partais avec un R340 pourri jusqu’à la moelle pour Orléans. Je suis resté 10 jours dans cette boite crasseuse pour rentrer chez un petit transporteur à Margès. MONTALCO. J’étais tombé la veille sur Bernard Lamheri mon 1er patron LLTD au centre routier à Bron, qui m’a dit d’aller voir, ils cherchent un pilote. Bernard est décédé il y a quelques années, c’était un bon mec. Je me vois attribuer un MAN 332, petite cabine, mais qu’importe le flacon ! Chez MONTALCO je fais principalement de l’Espagne, de l’Italie. Quelques semaines après mon embauche je récupère un F10 320, suspension à lames, pas de webasto, mais je m’en fous c’est un Volvo. Je pars souvent le dimanche soir pour faire la douane à La Jonquera ou au terminal TIR de Barcelone, c’est un bon job, mais j’ai des relations difficiles avec le chef qui me parle de coupure, je comprends que dalle à tout ça, moi je roule comme j’ai envie et je dors quand j’ai sommeil. Du coup je me suis bien amusé, Marcel mon beau-père m’accompagne souvent, il dort pas beaucoup. Après une carrière de cheminot à faire du Dijon Marseille, ça le sort. Mais à la fin de 1991, les affaires de MONTALCO ne sont pas au beau fixe après avoir perdu beaucoup avec Escudé de Grenoble. Du coup, avec le coup de main de Philippe Dausson, je reviens chez Michel COMTE.

A mon retour j’ai longtemps remplacé Julien avec son F12-360 et j’ai ensuite récupéré mon 36, le 3500SR26. Le boulot est toujours dur, mais plaisant, on avait carte blanche du moment qu’on était à l’heure. Le boulot est speed, je retrouve des potes de l’armée, Tony et Kamel rentrent à leur tour chez COMTE. Quand je ne fais pas de GB ou d’Allemagne je fais de jolis tours, on charge du poulet congelé en Bretagne pour Athènes, et des oranges dans la Péloponèse en retour. Le premier tour, c’est Bibi qui a vécu à une époque à Athènes qui fait l’interprète. C’est une de notre premiere sortie en amoureux depuis la naissance de notre fils. Après avoir rechargé, on a fait la douane à Katakolo, une sorte de paradis sur terre, un parking TIR avec une seule place et l’accès direct aux restaurants du port, on s’est posé la question de savoir s’il était raisonnable de retourner en France. Le second voyage pour moi s’averera être une véritable épopée après que « le Belge » du restaurant du pont de Corinthe m’ait mis la puce à l’oreille en me disant que mon patron ne serait jamais payé pour son transport. A cette période là, pas mal de transporteurs français s’étaient rués vers la Grèce comme Frandjan ou Aquilino. La plupart se sont mangés de grosses ardoises. J’avais alors demandé à la livraison combien le client payait le transport depuis la France, le prix annoncé était bien sûr de moitié inferieur à ce que l’affreteuse Grecque proposait à mon patron. Le téléphone fonctionnait déjà bien sur Athènes puisque 2 mecs plutôt baraqués m’ont bien fait comprendre que je ne devais plus remettre les pieds dans le quartier si je parlais trop. Du coup, on a rechargé à Bari en Italie ce qui a limité un peu la casse.

Ensuite j’ai touché mon premier attelage neuf, un IVECO Turbostar SPECIAL, 480cv V8, avec un des premiers frigos 33 palettes avec le groupe extra plat SMX. Ce camion s’avère être une véritable bombe, j’ai pris un pied extraordinaire avec. J’avais besoin de CV et surtout de garder une bonne moyenne sur certains trafics, nous étions 3 avec des 48 IVECO à faire un boulot de dingo avec les fleurs coupées. On montait en primeurs toujours en Angleterre ou Allemagne, de là on fonçait au marché aux fleurs à Aalsmeer en Hollande faire nos ramasses, on repartait en gros vers 18, 19h en route on posait parfois Langres, et à chaque fois Chalons sur Saone, Macon, Villeurbanne pour finir avant 7h du matin à Veurey ! A fond, à fond ! Même en roulant comme un furieux j’arrivais à prendre de gros coups de pompe, la nuit Michel appelait pour nous tenir compagnie au téléphone et aussi pour être sûr qu’on fasse l’heure. Quand j’étais pas sur la ligne, on avait de bonnes tournées en plantes sur l’Italie, et le must c’était de recharger les Phoenix et les lauriers roses à Elche.

L’hiver, la Valentinoise nous affrètait pour recharger des tomates au Maroc, on descendait à vide avec seulement du matériel pour les stations d’emballages, palettes vides, cartons, transpalettes. On rechargait à Oualidya ou Aït Melloul à côté d’Agadir. C’était le top, et je tombais amoureux du Maroc. Malheureusement les prix chutaient vite et les espagnols raflaient tous les marchés. Je me souviens des Frigopuerto avec leurs AE520, on sortait en même temps du ferry à Algéciras, on les croisait du coté de Castellon, ils redescendaient déjà de Perpignan, de vrais kamikazes ! La route en Espagne était dure et truffée de pièges, le défilé de Despanareros sur la NIV, la N310 entre Manzanares et Iniesta avec ses longues lignes droites et parfois un virage ou inmanquablement il y avait des épaves de frigo, puis la longue descente sur la NIII jusqu’à Valencia, mémorable.

On roulait vraiment comme des débiles !!!

Après avoir usé le 48 turbostar, je me vois attribuer un Renault AE420. Je rêvais d’avoir ce camion pour l’espace, j’ai été déçu à tel point qu’au bout de quelques mois je l’ai échangé avec Julien contre son Eurotech 420. Heureusement, on ne fait plus de fleurs coupées, un Hollandais a pris le marché, il livre plus tard, mais il est moins cher et ils roulent en double, grand bien leur fasse. Si l’Eurotech est plaisant à conduire et surtout avec un gros couple, c’est souvent que je suis en panne avec. Quand Charly demissionne pour partir rouler chez ND en frigo, je le remplace avec un super boulot. Je me retrouve avec son Turbostar 380, boite fuller, camion remorque et un boulot bien cadré. J’ai pas dit facile. Le dimanche soir, je monte des rolls vides que je ramène chez les clients, en Belgique autour de Gent, Wetteren, Lochristi, Melle et je recharge complet en plantes 49 rolls pour redescendre sur Veurey, de là, je me mets en place chez Allibert à Moirans recharger des abattants de chiottes pour Allibert à Nivelles. C’est du chargement en vrac, ça laisse le temps de dormir un peu la journée, la redescente se fait en plantes, systématiquement. Avec Patrick, Poney26 on fait le même boulot, mais décalé d’un jour. Michel COMTE qui a toujours de bonnes idées fait carrosser un camion, un attelage unique en son genre. Après avoir fait réaliser un Eurostar 520 camion remorque pour Lambert et Samro, il me propose un Volvo FH12-420 en camion remorque traditionnel. J’accepte immediatement, pour un VOLVO, on ne refuse rien ! La seule condition, c’est de rouler en double. Le système est simple. pendant qu’un chauffeur se repose chez lui, le second fait la ramasse à cavaillon ou Perpignan, recupère en montant le second chauffeur qui se met en coupure mais en roulant, et on livre tout en foulée, direct. On a inventé une RSE speciale COMTE, ou, au lieu de faire 4h/4h on fait 8h/8h, c’était pas con, mais ça ne nous empechait pas parfois de prendre des prunes. Au départ Tony a roulé avec moi, puis ça a été rapidement Alain qui voulait faire du camion remorque. On a fait une campagne de cerises pour Gonnet en mai, un tour de nord par jour : On chargeait le soir à Bessenay, on vidait dans la nuit au quai Roca à Rungis, le matin on rechargeait chez Gonnet à Lesquin, on vidait le soir à Valence et ainsi du suite. Avec Alain on a appris à se connaitre et on est devenus très vite trés bon copains. Malheureusement l’aventure du Volvo a été de courte durée, puisque je l’ai couché une nuit du samedi au dimanche sur une grosse plaque de verglas à Lauterbourg, 6 mois, 160.000km. J’étais tellement dégouté !! Le dimanche je l’ai passé à refaire toutes la palettes de noix et de pommes, au final on a pas eu de litiges de marchandises, incroyable. En sanction j’ai eu 2 jours de mise à pieds, 26 et 27 décembre 1996. Pour continuer le boulot on a eu ensuite un Eurotech 380cv, ça nous a pas empêché de bien se marrer. Nous avions l’habitude de rouler sur la nationale la nuit pour rejoindre Bruxelles via Chalon/Marne, Suippes, Charleville.
Or cette nuit là, la route était particulièrement grasse, nous étions en pleine campagne de betteraves; tout à coup on entend un énorme bruit. Nous sommes surs d’avoir éclaté un pneu.
On s’arrete, on se regarde sans un mot en se demandant lequel de nous 2 va descendre et aller mettre le cric sous le camion.
Finalement on s’aperçoit que la rouille avait eu raison du garde boue de notre tracteur et nous avons éclaté de rire.

Les nerfs, sans doute.

Au début 1996, rien ne va plus chez COMTE, et l’entreprise dépose le bilan. Comme on n’a pas envie de se quitter avec Alain, on cherche une place introuvable en double. Et faute de trouver, on tente l’aventure en pulvé chez Debeaux. On est pris tout de suite, à cette époque c’est Robert Batistel qui s’occupe des nouveux et des tests de conduite, il finira sa carrière à l’AFT, un bon mec là encore. Du coup, on fait le même taf mais chacun de son côté. J’avoue que ça me plait pas plus que ça. Le boulot de la pulvé est pas désagréable, mais j’ai du mal avec les grosses boites chimiques et leurs reglements, et surtout chez Debeaux, faut jamais avoir une pointe qui dépasse le 100. Tu peux rouler 20h par jour, mais pas vite, c’est tout ! Il me faut un temps d’adaptation, j’ai eu pour commencer un R340 avec lequel je suis tombé en panne en plein milieu du tunnel dans la montée juste avant Oulx, j’ai trouvé le temps bien long ! Puis ensuite un R385, bien propre, mais tous les matins en me levant je me cognais la tête au plafond. Au final le boulot était pas mal, beaucoup d’Italie, dans le Veneto, et des retours en riz pour Charmes dans le 07, de l’Allemagne, de la GB. Je faisais comme les anciens, énormement de gratte avec les lavages, Debeaux remboursait tout en liquide, net d’impôts, j’ai jamais gagné autant que chez eux.

A cette époque Debeaux était en concurrence serrée avec Norbert Dentressangle et Aubry. Malheureusement pour moi, il m’est arrivé une carambouille 15 jours avant de signer mon CDI. Un vendredi soir j’avais rechargé à Engis en Belgique pour Vicenza, donc je devais laisser le camion au dépôt de St Priest. A l’époque, les vendredi soirs et les samedi matin, une navette nous ramenait au dépôt à Livron, mais ce samedi là, j’avais pas envie d’attendre la navette. Je me suis donc arrété à Villefranche en quête de calandre connue pour me prendre en stop à St Priest. C’est alors que j’ai vu passer un traco Dentressangle qui vivait à Cavaillon, j’avais fait l’armée avec son fils. Pour pas perdre de temps, il s’est mis en travers du portail à St Priest, je saute dans son camion et là, c’est le drame, le portail s’est posé sur sa citerne et bien sûr on l’a arraché en partant. Bon, pas grave, le samedi au reveil, j’appelle l’exploitation à Livron, je me dénonce, affaire classée…

Sauf que le lundi, les chefs se sont appelés, y a pas de traces sur ma citerne, c’est donc que quelqu’un d’autre a accroché ce portail, mais qui ?? J’ai droit à une série d’appels de la pupart des dispach, puis même du directeur des pulvés pour que je dise qui a accroché. Je refuse de donner le nom bien sûr, jusqu’au moment ou un chef à l’idée lumineuse de me faire du chantage : Si tu donnes pas le nom, on te fera pas signer ton CDI… Et puis si je donne le nom et que je signe pas le CDI, je passe deux fois pour un con, NIET. Donc j’ai été au bout des 6 mois, et je suis parti la tête haute.

Ma femme ayant trouvé un bon job, et moi n’ayant rien sous le coude, je me suis dit que je devrais peut être essayer autre chose, je me suis mis en tête de passer mon permis D. Repasser le code, la conduite du car, c’était rigolo. J’ai passé mon permis sur un S45r Saviem fin 1997. A l’issu de l’examen, l’examinatrice m’a reproché de conduire souple mais trop doucement, au fond de moi je m’étais dit, connasse, si tu savais !!! Me voilà avec le permis en poche mais aucune experience dans le domaine, j’ai galéré a trouver une place. J’ai fait un peu d’interim en attendant, jusqu’à ce que je trouve 2h de ramassage scolaire à Montélimar chez TESTE. Lui avait trouvé la combine, il embauchait personne mais prenait en interim des chauffeurs via sa propre agence interim « comme ça je les vire plus facilement m’avait-il dit ». Donc je faisais mes 2h le matin et basta. Et puis rapidement, il m’ont collé du bus urbain l’après-midi, des deplacements sportifs le dimanche. C’est en mars 1998 que je suis rentré chez Cariane, à temps partiel, 100h par mois. Jusqu’en juillet ça a bossé dur, mais sorti de la période scolaire, j’ai compris que j’allais galerer, j’ai donc changé mon fusil d’épaule. A cette période, beaucoup de transporteurs cherchaient des bouche-trou, alors j’ai fait bouche trou et c’était sympa. Chaque jour je changeais de service, mais tous les 15 jours je faisais la même chose, et je me suis mis à « re »faire n’importe quoi. Par exemple, le vendredi soir je quittais le bus à 18h30, et je fonçais à Loriol faire un relais pour TLR, un affrété à TFE et je montais direct à Strasbourg. Quelques temps plus tard, c’est Alain que je relayais une fois qu’il a quitté Debeaux. En saison de primeurs, il m’arrivait le matin tôt de descendre sur Cavaillon pour Lubac, et reprendre un bus l’après-midi, c’était marrant, je faisais comme je voulais et je pouvais dire non, je me sentais vraiment libre. Certaines années je cumulais jusqu’à 5 employeurs différents. Et puis un jour j’en ai eu marre de ne pas être stable, en fevrier 2002, j’ai envoyé 3 lettres de demissions en même temps, Cariane, Courriers Rhodaniens et TLR, et je suis rentré chez Lubac.

Avant de m’embaucher, on s’était bien mis d’accords avec Robert , l’été je devais faire les ramasses dans la vallée du Rhône et le reste de l’année, de la route. Personnellement ça m’allait très bien. La boite était en pleine expansion, et ils venaient juste de s’installer dans leur nouvel entrepôt à Montéleger. J’étais vraiment heureux de retourner charger chez les paysans, les petits producteurs, j’avais de bonnes relations avec certains, c’était vraiment cool. Chez Lubac, j’ai retrouvé une vieille connaissance au bureau, Bernard qui bossait avant chez Philippe Rey et m’affretait sur l’Allemagne quand j’étais chez Comte, du coup, je montais encore de temps en temps en Allemagne, moins fort qu’à l’époque évidemment ! On montait souvent avec des complets de salades, de kiwis, souvent sur Munich, on rechargeait aussi des complets de bière Sturm à Straubing pour rentrer. Après avoir roulé un moment dans un FH12-460 j’ai eu un camion mythique, le FH16-520. Interieur cuir, une vraie machine, mais fragile. La plupart du temps je partais le dimanche après-midi sur Bordeaux et je rechargeais sur Marmande pour Bourg en Bresse, ou sur Nice et on rechargeait des bananes au port de Gènes. J’avais besoin de mes samedi à l’époque pour faire les courses et visiter ma vieille grand mère…

Un jour de mars 2004 sur l’A7 vers Vienne, je croise Philippe Dausson qui bossait aussi chez Lubac, qui m’appelle à la CB. « Arrête toi à Roussillon, y a les pros de la route de France Routiers, si tu signes leur papier, ils te filent des autocollants Michelin » Comme j’adore les autocollants Michelin, j’ai pas resisté. J’ai fait la queue aux pros de la route, et au moment de rendre ma fiche signée, le gugusse de France Routes me dit : à partir de maintenant, tu t’engages à respecter la loi… ça m’a fait rire, et je lui ai dit que si demain la loi me dit de me peindre la bite en bleu, je le ferai pas. Là, il a pas rigolé, il a déchiré ma feuille et j’ai pas eu mes autocollants. J’étais à la fois vexé et enervé de m’être fait ejecter de chez France Routes. Je repensais au début de la revue au discours de l’époque, et aujourd’hui ces mecs qui jettent des chauffeurs !!! Du coup, l’idée m’est venue de faire un site internet ou je donnerai la parole aux routiers, c’est comme ça que fierdetreroutier est né. J’ai réuni quelques proches collègues, diffusé leurs photos et leurs textes et ça a commencé comme ça. Le plus dur a été de se faire connaitre. J’avais imprimé des étiquettes que je collais à chaque cabine de péage et très vite la mayonnaise a pris. Le week-end, je croulais sous les mails, heureusement ma femme m’a bien aidé. A ce moment là, la plupart des chauffeurs ne se connectaient que le week end et depuis leur domicile, il y avait pas de Facebook, on a un peu joué les apprentis sorciers en créant sans le savoir le premier reseau social de routiers. Bien sûr rapidement sont apparus les pros et anti FDR, les pros et anti Phil26. Ce qui m’importait et m’importe toujours est de donner une bonne image de notre corporation.

Les années passant, les transports Lubac se sont bien developpés, des agences à Valence, Feillens, Perpignan. Les accords passés entre Robert et moi se sont oubliés, sauf durant la période estivale ou là par contre je faisais bien la merdouille en Vallée du Rhône. Dans le meilleur des cas, je faisais encore un peu de Gènes, parfois du Barcelone, et beaucoup de Rungis. Après le FH16 j’ai touché un FH12-500 Turbocompud et une Chereau neuve, sur le papier ce camion était séduisant mais j’ai detesté le système qui obligeait à tirer les rapports pour profiter de la puissance, c’était juste rigolo dans les grands cols comme celui del’Arche ou le camion sifflait tant qu’il pouvait, on aurait dit une cocotte minute. Je faisais parti du camp des ingérables. Mais lors des pointes de chargement de chocolat entre Arras et le sud, ça genait pas de devenir un ingérable qui faisait les 3 tours via Rungis en montant, Fabien, Roger et moi sommes partis presque en même temps. Et bien sûr en étant « clean » niveau heures. Un chef s’est même amusé à me faire partir des dimanches après-midi juste pour livrer à Cavaillon, là, il m’a rêvé le mec… Etant donné que j’étais en contact avec Stephane Giraud et que j’ai eu un peu de piston par Alexandre Chevalier et Eric Durand j’ai quitté Lubac en fevrier 2008. La dernière semaine a été horrible j’ai fait que du Cavaillon-Lyon, ils avaient peur que je plante un voyage, alors que jamais j’aurai fait un truc pareil. La plupart de ceux qui sont ensuite partis lors de la debandade les ont mis à l’inspection du travail, moi c’est pas mon truc, je pars, je pars ciao ! Mais je suis ingérable, j’avoue !

En rentrant chez Duarig, je ne savais pas trop ou je mettais les pieds, c’est vrai. J’avais assez peu gouté aux joies du transport industriel, et j’avais un peu oublié ce qu’était une vraie boite familiale. J’ai commencé avec un FH440 de location de chez Amao, mon premier tracteur en boite automatique. Il m’a aussi fallu apprendre les joies de l’ADR, et à refaire de l’International, surtout de l’Espagne au départ, de l’Italie, de la GB. Je sais que des anciens Lubac se foutaient de moi avec mon 440, mais je m’en foutais vraiment !!

Au bout de 6 mois j’ai eu mon premier neuf chez Duarig, un Volvo 440XL EGR. Un incroyable moment de bonheur ou tu peux choisir la déco de ton camion, c’est con, mais ça fait beaucoup. A la même période, d’anciens collègues sont venus rejoindre la team Duarig, Alain, et Adrien. Tout le monde en FH au début. Ensuite la boite a déménagé à Jarcieu dans un dépôt tout neuf, tout beau. Un bel outil pour bien bosser. Rapidement j’ai commencé à faire des livraisons sur les circuits. Au départ pour remplacer Arthur qui s’est cassé le bras, et puis j’y ai pris goût. Au départ ça me plaisait pas trop, j’avais pas le sentiment de faire du transport, mais plus de la prestation, et finalement c’est assez cool, et surtout ça fait sortir des sentiers battus. Je suivais le superbike, Assen, Brno, Portimao, sorti des frontières françaises on voit plus beaucoup de français…

J’ai pas gardé le 440 très longtemps, souvent des petites pannes de vannes EGR, alors avant d’être plus embété, Nicolas s’en est séparé, et pour me consoler j’ai eu un FH500 gris métal assorti à mon frigo. C’était tellement beau, j’avais presque honte d’avoir un attelage pareil. Anthony et Régis nous ont rejoint au même moment, et on a commencé à bosser pour GN sur la Suède et en traction un peu partout, d’autres méthodes de travail, et toujours du bonheur. Toujours des livraisons sur les circuits pour moi et souvent avec Arthur. La boite grandit toujours, mais l’esprit ne change pas trop. La meilleure preuve c’est le peu de turn over dans les chauffeurs, bien sûr ça râle, mais au final, on est bien. Le travail n’est jamais simple, souvent prise de tête, mais souvent en dehors des sentiers battus, chaque année de nouvelles destinations. J’ai lâché au bout de 5 ans le FH500 avec une peu plus de 700.000km sans emmerdes, un vrai bon camion.

Un très mauvais souvenir sur l’A61. J’étais en queue de bouchon ce 15 juillet 2015, quand un type a pas vu le trafic arrété parce qu’il était en train de prendre des commandes. Un vrai miracle qu’il n’y ait pas eu de blessé grave voire pire… Mais à la fin les emmerdes, c’est pour le chauffeur !

Depuis septembre 2016, je me promène avec un FH500 phase IV, j’ai été un peu dérouté au départ, mais déjà fait de beaux voyages avec : Riga, Tunis, et tout au nord de l’Ecosse à Thurso. Depuis 2 saisons, je livre la F2 et GP3 qui eux-mêmes suivent la F1, c’est toujours interessant, prenant et les destination sont variées, le programme est un peu connu à l’avance, c’est bien aussi de temps en temps de savoir ou on va mettre les pieds. Voilà en gros ou j’en suis en cette fin juillet 2018 ou je redige ces quelques lignes, j’ai envie de dire…. A SUIVRE !!!!

Quelques souvenirs en Vidéo :

Manolo84 : Le portrait

Prenom : Emmanuel

Surnom : Manolo

Date et lieu de naissance : 04.10.1973 à Marseille

Chauffeur depuis : Novembre 2002

Activités transports : Essentiellement que du baché.

Marques favorites ou détestées : Aucunes
« T’occupes pas de la marque du vélo et pédales. »
Mais une préférence pour le Daf XF

Citation : « Je n’ai pas peur de mourir mais juste peur de ne pas avoir assez vécu. »

 

Absolument rien ne me destinait à prendre un jour le volant d’un camion.
Dans mon entourage personne n’exercait ce métier.
Un papa fonctionnaire une maman au foyer.
Comme beaucoup de garçons j’étais plus attiré par les petites voitures le foot ou mon vélo que par les échecs ou la littérature et j’avais un rite tous les samedis je lavais la voiture de mon père……..j’adorais ça.
Bref une enfance ordinaire à la campagne à l’est de Marseille à Allauch précisément, un parcours scolaire classique où je fournissais le minimum syndical pour que l’on me foute la paix.
Puis un jour en classe de 3e stage découverte dans les différentes orientations que mon lycée proposait et j’ai découvert l’orthopédie.
Oui oui le paramédical.
J’ai passé 2 ans à survoler tout le monde avec des moyennes de folies en bref j’avais trouvé ma branche.
Juillet 1992 BEP en poche j’ai trouvé très très rapidement du taf.
A Toulon tout d’abord où pendant 7 mois je fabriquerais des prothèses pour anciens combattants amputés de membres inférieurs

Puis retour Marseille où pendant 19 mois je fais de la traumatologie.
Fracture colonne vertébrale et autres articulations

Seulement voilà Octobre 1994 le service militaire me rattrape.
J’ai pris ça comme une tuile au début et bien plus tard j’ai réalisé que ça avait été une formidable chance.
Affecté au régiment de Carpiagne à 80 kms de la maison j’ai très vite compris pendant les 3 semaines de classe qu’il fallait trouver la planque.
J’ai donc demandé à être affecté à l’escadron transport du régiment, ce fut chose faite.
Permis pl (permis C) dans mon packtage j’ai passé le reste de mon service à me promener sur route et sur piste à bord de jeep wyllis , Peugeot P4 , Simca marmon et autres Berliet .
J’ai vécu des moments inoubliables des situations que je ne revivrais certainement jamais.

Juillet 1995 c’est la quille retour au civil avec un permis pl validé en civil,c’est toujours ça de pris.
Naturellement je reprends l’orthopédie où pendant 5 ans je confectionnerais des prothèses pour personnes actives et sportives.
Des prothèses à l’époque à la pointe de la technologie.
J’ai travaillé avec des personnes extraordinaires (Michèle et Jean Yves si vous me lisez)…….mes meilleures années dans le métier d’ailleurs.

Puis changement de boutique pendant 2 ans je réaliserais de l’appareillage pour enfants lourdement handicapés (paralysie,myopathie)


Jusqu’au jour où je fais la connaissance de quelqu’un lors d’un repas de famille qui changera ma vie…….un routier.
Je le bombarde de questions.
Ce monde là m’attire je me renseigne je questionne je fouille et après plusieurs semaines de réflexion je prends la décision de changer radicalement de vie.
Je quitte Marseille pour le Vaucluse , lâche l’appartement que j’avais acheté et vire la copine du moment.
En 5 semaines de congés je passe la visite médicale repasse mon code et obtiens le plateau et la conduite du Ec le tout en candidat libre et en autofinancement.
Je négocie un licenciement à l’amiable sans préavis avec mon patron et part illico pour 5 semaines de Fimo.

Novembre 2002 permis Fimo et adr en poche je rentre chez les Trs Bert à Orange pour y faire du régional et grand régional.
Je fais essentiellement de la vallée du Rhône, du Marseille et un petit peu de Toulouse c’est d’ailleurs à Toulouse que je repérerais celle qui deviendra ma future boîte.
Je me fait la main chez eux pendant 18 mois où j’arrache quelques pare chocs et marche pieds.

 

Mais ce que je veux c’est aller plus loin.
Je postule et rentre chez les Trs Ovalie de Toulouse au printemps 2004.
Beaucoup de national et très peu d’international au début (Belgique- Allemagne-Luxembourg-Espagne)

J’y reste 13 ans ou durant les premières années je découvre la zone longue aux 4 coins de la France mais voilà la conjoncture fait que les voyages se rétrécissent de plus en plus.

A partir de 2010 -2012 l’essentiel des voyages se limitent à faire du Toulouse Lyon ou du Toulouse Nice.
Très rapidement cela devient rébarbatif ,je sers les dents pour tromper mon ennui et la peur du changement me fait rester là.
En 2015 la société Ovalie est mise en redressement judiciaire et comme un bon soldat je me bats pour tenter de sauver ce qui est sauvable à savoir mon emploi.
L’aventure s’arrête en Mars 2017.
L’ambiance des débuts n’est plus là et l’envie non plus d’ailleurs.
Une opportunité se présente à moi alors que la société Ovalie va très mal.

Par le biais d’un bon copain et du site fierdetreroutier (encore une fois merci à vous) j’apprends que la maison Gamba Rota de Vendeuvre sur barse (10) recherche un chauffeur dans le sud de la France.
Que faire ???
Attendre la liquidation de la maison Ovalie et toucher quelques indemnités de licenciement en laissant passer l’opportunité Gamba Rota??
Non!!!
J’ai une famille , une baraque à payer et surtout ce que je veut c’est rouler dans une bonne boutique et dans une bonne ambiance.
Je prends contact avec eux pour un entretien.
Je me tape 1200 kms aller retour en bagnole pour les rencontrer et 3 jours plus tard c’est ok.
Donc à la grande surprise de mes collègues « Ovaliens » je démissionne.
Et depuis Mars 2017 j’ai repris goût à la route et à repartir à la semaine……..pourvu que ça dure.
Je ne fais que du national et ça me convient très bien ainsi qu’à mon épouse et mes 2 filles.
Je crapahute dans quasiment toutes les régions de France,pas une semaine ne ressemble à une autre et ça je doit dire que j’apprécie.
………on the road again l’aventure continue………………….

 

Je n’ai fait que très très peu d’international , quelques voyages par ci par là.
De mémoire en voici quelques uns.

– En 2005 un voyage en ADR de Offenbourg (D) pour Toulouse.

– En 2005 ou 2006 un voyage en bobine papier au départ de la banlieue de Bilbao (Esp) pour la région parisienne qui se terminera par une livraison à Port st louis du Rhône…..discrétion commerciale oblige.

– En 2007 un voyage en poutrelles béton de Courtrai en Belgique pour un immense chantier à Foix (09).

– En 2010 ou 2011 au départ de kronospan à Sanem au Luxembourg pour Valence et Marseille.

Sinon en national j’ai fait à peu près tout ce qu’il est possible de faire d’est en ouest , du Nord au Sud et en diagonal.

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Novembre 2002 mon tout 1er voyage.
Je débute ma carrière de chauffeur chez les Trs Bert Provence à Orange un vendredi soir.
J’ai pour mission de prendre un camion et de descendre charger à Nîmes chez Auchan logistique pour 2 livraisons de nuit à Auchan st genis laval et Dardilly dans le 69.
Début de soirée je décolle de Nîmes.
Je me retrouve seul , novice dans le métier de nuit sous la pluie au milieu d’une horde de frigoriste……pas à l’aise le type.
J’ai du paumer pas loin d’une heure pour trouver ce satané Auchan st genis et au moins autant pour Dardilly.
En milieu de nuit je suis enfin vide et j’ai pour 2e mission d’aller me mettre en coupure à Meyzieu pour un chargement en fin de matinée dans une autre base logistique Auchan pour redescendre ensuite sur le 84.
Problème à l’heure de mon rdv la coupure de 9h n’est pas finie , qu’à cela ne tiennes je parcours les quelques centaines de mètres sans disque pour ne pas planté le rdv.
Une fois chargé les 9h ne sont toujours pas finies et c’est qu’ en début d’après-midi que je peut enfin décoller………..cap au sud.
Je peux dire maintenant que cette fameuse nuit j’en ai bien chié que j’ai douté une multitude de fois sur ma capacité à faire ce métier mais bon dieu qu’ est ce que j’étais heureux ce fameux samedi après-midi seul derrière mon volant en redescendant la vallée du Rhône.

Hiver 2003 nous sommes 2 camions de chez Bert Provence à charger à Chorges dans le 05 pour la banlieue lyonnaise.
Nous partons en fin d’après-midi, passons le col de la croix haute et décidons de s’arrêter au seul relais entre le col et Grenoble.
Au petit matin toilette , petit déjeuner et de retour au camion c’est le drame.
Mon ensemble s’est littéralement enfoncé dans le sol enneigé.
Pare choc réservoir porte palette tout est posé au sol impossible de bouger , on a bien essayé mais en vain, à part casser quelques sangles c’est tout ce qu’ ont à pu faire.
J’ai attendu 4h la dépanneuse et je me suis même pas fait engueuler.
(Jicé si tu me lis).

Une immobilisation que je suis pas prêt d’oublier.
Automne 2007 fin de matinée je roule tranquillement dans les landes.
A Aire sur l’adour gros contrôle de Dreal et bien sûr je n’y coupe pas.
Contrôle dans les règles du véhicule et de mes papiers personnels.
Je suis serein je sais que je n’ai rien à me reprocher.
Seulement voilà au bout de 10 minutes le contrôleur m’informe qu’il est dans l’obligation de m’immobiliser.
Raison invoquée : visite médicale du permis dépassée depuis ………..10 jours.
Pas moyen de négocier il me faut impérativement passer une visite chez un médecin agrée pour me laisser repartir avec le camion.
Confiscation de tous les papiers du véhicule ainsi qu’ une partie des miens pour s’assurer que je me fasses pas la malle.
J’ai passé toute l’après-midi à courir après un rdv chez un médecin ainsi que tous les papiers nécessaires (photos, enveloppes ,timbres, argent liquide) et le tout à pied.
J’ai fait Aire sur l’adour -Barcelone du gers à pied et ce n’est qu’ en fin d’après midi que j’ai obtenu le fameux sésame qui me donnait le droit de reprendre le volant.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Ils s’étaient installés là pour la journée et je devais récupérer tout mes papiers après présentation de mon certificat médical et bien évidemment de retour sur les lieux il n’y à plus personne.
J’ai eu la riche idée d’appeler la gendarmerie de Aire sur l’adour qui m’ont annoncés que tout les papiers étaient dans leurs locaux.
Ni une ni deux je saute dans le camion et direction la gendarmerie et ce n’est qu’en fin d’après-midi que j’ai pu reprendre définitivement la route.
Bilan de l’histoire: 1 journée de perdue pour mon patron et 4 points en moins et 135€ d’amende pour moi.

 

Mikaël -Jean Christophe -Manolo : l’anecdote sympathique
-Lors de mes débuts en 2002 chez les Trs Bert j’ai fait la connaissance de 2 chauffeurs qui sont devenus de très bons copains puis par la suite des amis.
Mikaël et moi sommes partis en 2004 chez les Trs Ovalie,et par un beau matin de Février 2006 nous nous sommes retrouvés tous les 3 par hasard au même endroit et au même moment.
Petite photo souvenir et l’anecdote pourrait s’arrêter là.
Mais c’était sans compter sur le hasard encore une fois puisque 10 ans plus tard au même endroit nous nous retrouvons pour à nouveau immortaliser cet instant.
Rdv en 2026 les filles.

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Outre ma petite famille et mon métier je voue une autre passion.
Cette passion à 4 pattes dure depuis près de 20 ans.
Elle s’appelle les bouledogues français.
J’en ai eu 4 , que des femelles.
C’est une race fantastique douce câline et rigolote c’est pourquoi les 2 dernières ont eu droit à des prénoms rigolos.
Praxia la noire et blanche.
Rivka pour la noire.
Spaghetti pour la marron.
Coquillette pour la blanche.

Burn out pour praxia. 

C’est carnaval pour coquillette et spaghetti . 

Mon harem presque au complet. 

Les 3 inséparables.  

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Je dois remercier beaucoup de personnes grâce à qui pleins de bonnes choses me sont arrivées.

Tout d’abord tous ceux qui m’ont donné une chance.

Ceux qui m’ont donné des bons tuyaux (ils se reconnaîtront).

La maison FDR où j’ai beaucoup appris et grâce à qui j’ai rencontré des gens extras.

A mon épouse ainsi que mes filles qui me laissent vivre ma passion du métier.

Mais surtout à mon papa.
Sans lui tout ça ne serait peut être pas produit.
C’est à lui en 1er à qui j’ai parlé de mon projet de changement de vie.
Il m’a encouragé, aidé financièrement pour mener à bien ce projet.
Il à cette philosophie de dire « peu importe ton âge dans la vie fait ce qu’il te plait mais fait le bien ».

MERCI PAPA………

Léo Le Mongol – Portrait

Léo Alain JEAN-JACQUES dit MONGOL 34 sur la CB à l’époque du Moyen Orient, est né le 10 Avril 1948 à Paris 14eme.

1976 CAP de conducteur routier au centre FPA de Rivesaltes 66.

Premiers débuts dans le transport, avec Koch Favéro (région Avignon) et premier tour, seul avec 18 tonnes de raviolis (Buitoni je précise), direction Liverpool chez les GB. Permis tout frais, conduite à gauche, traversée de Londres et KK dans la culotte. Mais à cette époque l’entraide était au top.

Après quelques mois d’Angleterre, je tombe sur un patron encore plus fou que le premier. Premier tour, Bassorah, sud Iraq, c’est-à-dire Italie, Yougoslavie, Bulgarie, Turquie, Iraq et reKK dans la culotte. Après, on s’y fait, on met des couches.

Voici donc mes débuts dans le transport, avec quelques entractes, puisque j’ai passé entre temps un cap de mécanique, un cap de déclarant en douanes et un bep d’électronique sur les automatismes. Je suis toujours revenu au transport avec lequel je suis toujours marié.

Ma période Moyen Orient totalise environ 12 ans de conduite.

Donc : 1er fou, Koch Favéro, 2eme Camperi Ginestet de Vendargues 34, 3eme Courty Jean Paul de St Gély du Fesc 34, petit intermède avec Miraglia de Cuges les pins 13 et enfin pour Tati, autrement dit la mère Iochum de Marignane 13. Je rends hommage à tous ces transporteurs qui m’ont fait confiance, grace à qui j’ai vécu des aventures extraordinaires et que je salue.

J’ai aussi travaillé pour les transports RDT 13 à Arles, Sur l’Europe, Sicile comprise. Grâce aux Trps Iochum, j’ai eu la chance de livrer plusieurs fois en Grèce sur l’île de Samos, île de Pitagorion où est né Mr Pytagore qui m’a un peu gonflé au lycée avec son théorème.

Puis j’ai travaillé pour les transports Pivet de Balanod, actuellement TeamPivet, où j’ai là également, de très bon souvenirs même si quelque fois, ce n’était pas rose. Il est vrai qu’à l’époque j’avais une copine Roumaine… Nous tractions les remorques de textile pour DIM et autres spécialistes de la confection à l’étranger. Lieu du transport: Besancon. Remorques SNTO. j’ai roulé pendant 2 ans, pratiquement non stop, entre Besançon (Doubs) et la Roumanie et la Bulgarie avec du textile. Mon record: 9 mois et demi sans rentrer chez moi. Domicile de l’époque Montouliers 34, mais une belle Roumaine à destination. Par contre une petite culotte en soie et dentelle de chez DIM devait côuter en France, le salaire d’une ouvrière Roumaine.

Mais comme dirait notre ami François de Montouliers, nous avons mangé notre pain blanc.

Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi ou je me suis rendu en camion:

Vu que j’ai souvent déménagé, entre l’est l’ouest le nord et le sud , je prendrais Nevers comme point de départ. Il parait qu’on ne meurt ni de faim ni de soif à Nevers. Il parait.

Pour le Nord, disons une livraison sur Moscou ou j’ai planté 5 jours pour les transports Iochum de Marignane, vu que le destinataire n’avait pas les cautions pour dédouaner sa marchandise. Ce qui m’a permis de connaître le marché aux chiens de Moscou. Les connaisseurs apprécieront. Puis, rechargement à St Pétersbourg de 21 tonnes d’assiettes chargées cartons par cartons, par des femmes moscovites d’un certain âge. Le tout à livrer dans un magasin de la région parisienne, genre foire fouille.

Pour le Sud, disons un séjour d’un an en Algérie avec des rotations entre Gazahouet, port d’Algérie (près de la frontière du Maroc) et le grand sud Algérien : Reggane, Tamanrasset, Timimoun…en passant par El Goléa, Ghardaïa, Ouargla…

Pour l’est, ou plutôt le Moyen Orient avec Dammam en Arabie Saoudite avec tous les pays de transit. Léo ne connaît pas l’Iran anciennement la Perse.

Pour l’Ouest, mon premier tour en temps que chauffeur puçeau, disons Liverpool GB, pour les transports Koch Favéro de la région d’Avignon. Koch (décédé) faisait du transport et Favéro avait une entrprise de palettes euros.

Mais le rêve de ma vie, voir Nevers et mourir. Y en a c’est Venise, et bien moi c’est Nevers, ses restaurants, ses débits de boissons, ses routiers et ses routières huummm !

Quelques photos prises au cours de ma carrière :

Londra Camping : Je n’ai pas la mémoire des noms, surtout que certains n’ont pas roulé très longtemps sur la ligne. Mais ça leur fera toujours plaisir de se retrouver sur le Net. A moins que leur femme ou le percepteur les recherche…

Amis, famille

Quelques aventures….

Avant de vous parler de mon premier tour folklorique sur le Moyen Orient, j’aimerai vous parler d’une galère, concernant mon premier contact avec Phil26. Parking d’autoroute de l’Isle d’ Abeau , 2h du matin, passerelle fermée la nuit et moi debout la veille depuis 6h du matin, je « précise ».

1/ Traversée de l’autoroute à pied, allé et retour pour se faire la bise.

2/ Je me suis ouvert le genou.

3/ J’ai cassé mon portable.

4/ J’ai failli me faire castrer par le rail de sécurité.

Bon, je n’ai rien dit, vu qu’il est plus grand que moi, mais quand même… En bref, mieux vaut traverser la Turquie que de rencontrer Phil26. Peut être que je rencontrerai Bibi07, mais le plus tard possible SVP…

PREMIER TOUR SUR LE MOYEN ORIENT

(Transports Camperi Ginestet 34 Vendargues, AL BASRAH terminus Sud Iraq)

Déjà, au départ de Paris, parti en solo avec un tracteur tout neuf, Volvo 88 à l’époque, afin de récupérer une remorque, je perçois de sournois à coups vers le pont ou la boite de vitesse. Direction Volvo Paris, essais, contrôles, essais, recontrôles. Défilé des mécanos, arrivé des techniciens, consultation au sommet… ??? Et là, le miracle, l’ange Gabrielle de la mécanique est apparu. Le Mongol (ce n’était pas encore mon surnom à l’époque), en freinant brutalement en solo, avait fait un léger plat sur un jumelage. D’où les petits à coups repérés en roulant. Les mécanos sont repartis discrètement à leurs occupations, les techniciens aussi, très discrètement, la queue entre les jambes, avec peut être les félicitations de leur grand Gourou. Une journée de perdue, facturée à l’œil, mais à l’époque on était pas à 1 jour près pour des voyages qui duraient quelquefois plus d’un mois.

Je passerai sur les détails du chargement, les préparatifs, les courses au « super conserves » du coin, les douanes, et le futur Mongol, fier comme un Bar Tabac. YALLAH ! Italie, Yougoslavie, Bulgarie, Turquie et pas le temps de faire 10L d’huile avec une olive puisque « Inconscient » Et là, à l’entrée de Bagdad au Check point (point de contrôle militaire à l’entrée et sortie de chaque ville )j’arrive avec une rage de dent à me faire sauter le caisson. Et là je suis sérieux. Explications avec les militaires, en Anglais, et direction je ne sais où, dans une grosse voiture noire, les pieds callés sur 2 Kalachnikovs. Arrivée à l’Hôpital, de nuit, et réveil d’un pauvre bougre qui dormait sur un carton, avec sûrement fonction d’infirmier de garde. Reexplications et prise de cachets. Lesquels ? Je m’en fous, je suis preneur, j’avale tout, j’ai trop mal. Retour au camion, atténuation de la douleur et stationnement sur place. Bagdad by night, Shereazade and Co, les milles et une nuit, ce sera pour plus tard. Echangerai danse du ventre contre dentiste.

Entre parenthèses, chaleur lourde, air difficilement respirable, pays inconnu, panneaux directionnels inexistants, certain écrits en arabe, stress, sommeil agité et pour couronner le tout de très nombreux ronds points, comme en Angleterre, avec plusieurs avenues…LE PIED. Comme fait exprès, mes quelques collègues du moment m’avaient largué pour d’autres destinations douanières, mais aucun en direction du sud.

Vers 7h du matin, réveil de la douleur, retour au Check point, explications avec la relève, retour à l’Hôpital et là arrivée d’un médecin. Piqûre dans le cul, debout dans une salle austère, pantalon baissé. Grosse prise de risque si vous voyez ce que je veux dire. Un certain PLANTADE, chauffeur de son état a failli, au sujet d’une piqûre de vaccin obligatoire, se prendre une très grosse piqûre en Iraq, par contre, si pour moi c’était sur la fesse, lui s’était entre. C’est tout nouveau, ça vient de sortir. Si un jour il vous raconte son histoire, avec l’accent « d’Agen, » les dames se feront pipi dans la culotte. Par contre, lui, sur le coup, était plutôt crispé (de partout).

Je poursuis donc, retour d’un infirmier, avec un cornet en papier journal dans lequel, différents cachets inconnus prirent place. Retour au camion et vite, vite direction le chantier français d’Al Basrah où je devais livrer. Mais voilà, plein de ronds points, pas de panneaux, une ville immense, la piqûre et les cachets qui commencent à faire effet…T’en VEUUUUUUUUX !

Je tourne en rond, je demande plusieurs fois ma route dans un état second, encore quelques ronds points, et je parle Iraquien couramment. Puis je me colle comme un morpion, sur 2 camions étrangers, « puisque moi je suis français, » qui semblent avoir une immatriculation bulgare. Je suis euphorique je me suis trouvé 2 copains. Apparemment ils viennent du Nord et se dirigent vers…l’est, l’ouest, ou le sud. INCH ALLAH. Drogué comme je suis j’irai même faire une belote avec Saddam Hussein.

Je sors de Bagdad, toujours collé à mes 2 « amis », vu qu’on fait la route ensemble, et j’aperçois le premier panneau m’indiquant Al Basrah. Je suis sauvé, la route principale va me conduire à destination. J’arrive sur le chantier français, je leur explique mes aventures style Burt Lancaster dans « La dernière caravane », je joue un peu les héros, les dames se pâment, leur petit cœur palpite d’émotion… non, là j’exagère, trouvez moi vite un dentiste. THE DENTISTE.

Quand j’ai vu l’installation du cabinet dentaire, j’ai regretté. Des fois on se dit qu’il ne faut pas remettre au lendemain, ce que l’on peut faire le jour même. Je pensais à mon testament. La roulette, avec ses courroies style western des années 40 avec en prime, les flèches des indiens en anesthésie. C’est psychologique, « a pu mal ».

Enfin de compte, ce chirurgien iraquien, qui avait fait ses études aux Etats-Unis, mais qui possédait un très beau matériel de musée, de l’époque de l’inquisition, à la vue de l’état de ma gencive, m’a rédigé une ordonnance en arabe, direction la pharmacie avec mon cady d’antibiotiques. Si on arrache vous êtes mort m’a-t-il fait comprendre, en Anglais, alors que j’aurai très bien pu parler iraquien au premier tour de roulette.

Je vous passe le retour sous antibiotiques, vu que j’allais mieux et que j’ai pu regagner la France. Chose curieuse et inoubliable, passé Vintimille, côté français, passé la douane, je me suis mis à trembler ?? Le choc du retour, la joie d’avoir réussi « MON PREMIER TOUR » ?? Aussitôt les effusions familiales consommées, les cadeaux et souvenirs distribués, les coups de téléphones donnés, direction……et oui le dentiste.

Je lui explique le pourquoi du comment, la souffrance endurée, le confrère iraquien, l’abcès, l’hôpital, la pharmacie etc etc…Bon assez parlé, on pique, on arrache, et on se casse. La steppe attend le Mongol pour de nouvelles aventures. Et non mon bon monsieur Mongol, on continue les antibiotiques pendant une semaine, sinon DANGER. Une semaine après, et après une dizaine de piqûres, tout était anesthésié : le nez, la bouche, les oreilles, les yeux, les agmydales, sauf la dent. THE DENT en iraquien.

Et bien croyez le si vous voulez, mais le Mongol a fini sous anesthésie générale, en clinique. Et il est reparti, un croc en moins, mais déjà accro d’aventure, de grands espaces, de découverte, de vie tout simplement.

Un peu moins douloureux, les dysenteries dont je vous parlerais plus tard, à l’heure du repas.

Bon appétit à tous.

CHIMIE

Votre serviteur, Léo dit « Le Mongol » a inventé il y a quelques années, un nouveau produit chimique « inoffensif et dangereux à la fois », dont il n’a pas encore déposé le brevet.

A l’époque, il n’y avait qu’un grand pont à Istambul, reliant la partie occidentale de la Turquie, à la partie orientale.(Depuis, un 2éme pont a été construit afin de désengorger les flux abominables de circulation automobile)

Pendant quelques temps, il fut possible de traverser ce pont en PL, sans problème. Mais transports dangereux aidant, les autorités turques décidèrent de stocker les dits camions, de les faire « payer » et de les « convoyer » pour la traversée.

UNE VRAI GALERE .

Pour les transports Iochum nous transportions en fûts, du scuranate, produit toxique employé à la fabrication des mousses (matelas et autre), chargés dans une usine de la région de Grenoble. Destination, la partie orientale d’Istambul.

Une guérite de contrôle, nous obligeait à stopper (tous les PL), et présenter les papiers de la marchandise. Au début, il fut aisé d’échapper par toutes sortes de stratagèmes, aux contrôleurs, qui nous attendaient de pied ferme.(l’esprit gaulois).

CONTROLE=PAIEMENT=CONVOI=NUIT BLANCHE

Voici donc le contrôle qu’a subit, avec succès, Léo l’inventeur :

Léo : bjr (en français)

Le contrôleur : Salam. Marchandise ?

Léo : des fûts

Le C : ?? marchandise ?

Léo : des fûts

Le C : chimikal ?

Léo : non, liquide.

Le C : chimikal ?

Léo : non, des bidons.

Le C : (en turque) quel genre de marchandise ?

Léo : des bidons de liquide, comme l’eau.

Je vous passe les minutes interminables de notre échange, sans que je ne reconnaisse que je transportais des produits chimiques.

A la fin, un peu impatient, car le contrôleur sûr de lui, flairait l’arnaque.

Je lui déclarais donc, la main sur le cœur que je transportais des BIDONS DE FUTS.

Hé Hé, je suis passé, mais j’ai très honte. Ce n’est pas bien de mentir.

Plus tard, les contrôles se sont renforcés et une voiture de police stationnait en permanence, afin d’intercepter les fraudeurs et les chargements de « bidons de fûts ».

Vous pouvez voir sur quelques photos d’Herold notre collègue de chez Iochum, le déchargement de ces fûts qui étaient jetés de la remorque et réceptionnés sur de vieux pneus.

Sécurité oblige.

Mais c’était le bon temps.

Je suis certain que d’autres chauffeurs ont des tas d’anecdotes à raconter sur les transports de produits dangereux qui transitaient l’eldorado, pardon, la Turquie.

Christine

Léo n’oublie pas celle qui a sû lui donner un serieux coup de main en Iraq alors qu’il était au plus mal. Rouler en double dans ces pays là, peut déboucher sur des quiproquos, mais Léo saura mieux vous raconter ça que nous….

Christine, dont on ne connaît que le prénom et qui de toute façon, a changé de nom de famille (aux dernières nouvelles qui datent de mathusalem), qui a épousé un chauffeur (trps Frédéricci peut être), qui habiterait probablement en Alsace, a fait des enfants, je suppose, a effectué quelques tours sur le moyen orient, d’où quelques souvenirs bons et moins bons.

Mais je ne les connais pas tous. Au tout début, elle voyageait en compagnie de son chien loup, afin je pense d’avoir une certaine sécurité.

Ce qui a généré des allusions douteuses de chauffeurs jaloux et zoophiles, genre : elle doit se faire m….. par son chien. Tout dans la dentelle. C’est un peu le côté obscure de la force, (Dark Vador), comme dirait mon ami le Jedi, Obi-Wan Kenobi.

Plus tard, constatant que cela lui attirait plus de problèmes que de confort, elle s’est séparé de son chien, au grand désespoir des mauvaises langues…avec de grandes gueules.

Un jour, en frontière Turque/Iraq, côté iraquien, accompagnée de trois ou quatre chauffeurs français, alors que nous faisions la queue, de nuit, à une station service, un cri retentit. Christine s’était fait mettre la main dans son décolleté, pourtant sobre et sage, par un militaire iraquien en chaleur, porte fermée, mais vitre baissée à cause de la chaleur. Trop tard, la prude Christine, s’était fait mettre la main au balcon. Ce qui bien sûr n’est pas aussi intéressant que la main au panier. Question de goût ou d’opportunité.

Quelques temps plus tard, à Bagdad, alors que votre serviteur « Le Mongol » se payait une crise de coliques frénétiques, comme dirait Coluche, soigné par le médecin d’un chantier bulgare, vu que le médecin FRANÇAIS, n‘avait pas daigné se déplacer, (Même dans les médecins il y en a…si si ), dame Christine arrive seule à Bagdad, direction Bassorah.

Elle me trouve dans un état lamentable (les connaisseurs apprécieront), tant et si bien que je l’envoyais balader, n’acceptant pas qu’elle me voit dans cet état. Quelques heures plus tard et une piqûre de cheval dans mon postérieur de colibri, nous décidâmes d’un commun accord, qu’il serait préférable que je l’accompagnasse (c’est de l’iraquien des quartiers chics) destination le sud. Nous partîmes donc tous les deux, bras dessus bras dessous, amoureux et heureux, la tête et le cœur pleins de projets… En réalité, elle avait caché ses cheveux longs et dissimulé au mieux sa poitrine, afin de passer pour un chauffeur mâle et viril. Je pouffe… Léo, lui, le Mongol de la steppe, s’était transformé en carpette de couchette vu son état. Le Rambo bo bo. Mais prêt pour l’aventure.

Iraq= guerre contre l’Iran = convois militaires en permanence, contrôles etc…LA GALERE.

Plusieurs fois donc, Christine, en doublant des camions militaires, s’était faite repérer par des chauffeurs iraquiens, la prenant tour à tour j’imagine pour un travelo, un mignon ou une femme tout simplement. Et que je te double, que je te ralentisse, que je te fasse des signes amicaux, genre : viens donc goûter à mon narguilé et que je te redouble etc… Bref ! elle arrive tant bien que mal sur le chantier iraquien de Bassorah où elle devait livrer, accompagnée de son garde du corps et agent secret Léo. Mon nom est Bond « Léo Bond ».

Pendant le déchargement, alors que l’iraquien responsable lui proposait de se rafraîchir par une bonne douche, elle partit confiante, trousse de toilette à la main afin de se décrasser de la sueur, des vents de sable etc…

Mais voilà que Christine réapparait deux minutes après.

Il n’y a pas d’eau demandais je intrigué ?

Non me dit elle, il n’y a pas de porte.

Hé Hé ! nue sous la douche, seule femme au milieu d’un groupe de saints hommes, refoulés sexuels*,prêts à lui frotter le dos, je pose la question : où est le problème ? Même se payer Léo, pourquoi pas vu que , quand il y en a pour un, il y en a pour deux .

Quelques centaines de kilomètres plus tard, sur un chantier bien français, elle pu se faire belle et propre.

Depuis ce jour, on peu trouver dans le nord de l’Iraq, des mouches du sud. Elles avaient suivi notre camion. Document Géo. Mais le pire dans tout ça, est que le bruit couru, que Le mongol s’était payé Christine, ou que Christine s’était payé Léo. La parité il parait… Pensez donc, un allé retour en double…Et bien non, bien que…Mais c’est une autre histoire.

Je garde d’elle le souvenir d’une femme de caractère, sympathique, douce et gentille.

On s’est perdu de vue. Dommage, mais le monde est petit. Qui sait.

* Refoulés sexuels parce que dans ces pays, beaucoup d’hommes n’ont pas les moyens de se payer une femme.

Pas d’argent = pas de femme = célibat forcé avec tout ce que cela entraîne.

 

COUP de GUEULE

J’ai jeté un oeil sur les coups de gueule de nos collègues du bitume. Rien à ajouter. Je suis tout à fait d’accord avec ceux qui intelligemment, essaient de changer les choses car nous sommes très mal.

Liberté Egalité Fraternité sont remplaçés par Lois contrôles Répression. Bientôt, petit à petit, on fiche, on trace, on espionne, on surveille… La nouvelle boîte noire pour VL a vu le jour. Pas obligatoire. Pour le moment… Une civilisation de numéros qui marchent au pas, encadrée par des cerveaux manipulés et conditionnés… Mais tout ceci bien sûr pour notre SECURITE.

Et bien moi, ça fait 2 années de suite que je passe au tribunal de Bressuire, suite à des contrôles de Percepteurs du gouvernement pour de petites infractions à la règlementation.

Par contre j’aurai été curieux de voir le comportement de certains T du C dans l’Iraq en temps de guerre par ex.

J’ai été une fois en Russie pour les transport Iochum. Déchargement à Moscou et rechargement à St Petersbourg. 500kms d’une traite, non stop, because gros risques à l’époque de se faire détrousser. 6h de conduite d’affilée. J’ai honte. Demain j’irai me constituer prisonnier.

(je préfère les pommes aux oranges)

Actuellement, je suis toujours en activité dans le frigo, mais sans commentaires. Le transport est entrain de rendre l’âme. Fini l’inter, du moins pour les Français. Aujourd’hui, pour faire de la route, il faut travailler pour les Irlandais, les Anglais, les Hollandais…

Gendarme=Percepteur. Gendarmerie= Perception.

Plus le droit de boire, plus le droit de fumer, plus le droit de rouler… Alors, interdisons les fabriquants de boissons, alcoolisées « ou sucrées », les fabriquants de tabac, les véhicules dépassant les 130 kms /h… Mais ils n’ont pas les couilles pour ça.

J’ai décidé de ne plus baiser. Résultat de tout ça, je vais devenir IMMORTEL.

Poèmes écrits par Léo :

Dans le mauvais alcool qui empeste à plein nez

Et dans l’odeur âcre du tabac qui m’enfume,

Je suis là comme un con près d’une putain fanée

Qui pour se faire sauter sensuellement se parfume.

Et ça sent la matrone, le touriste et la bière,

Ca pue par vagues fades le fric et le mégot,

De derrière le comptoir sous sa gueule de gruyère,

Il y a le caissier qui ramone ses naseaux.

Ca grouille de madame, de messieurs distingués,

De filles à la hauteur qui parlent avec leurs fesses,

De jeunes demoiselles sans nul doute bien nées,

Qui pour se cultiver acceptent des caresses.

Dans le fond de la salle, un pauvre type souriant,

Glisse un œil abruti sous les jupes d’une voisine,

Et il bave comme un porc dans son verre de vin blanc,

Avec la face de cul du mec qu’on assassine.

Sous l’effet du gros rouge, vautré sur une table,

Affalé dans un plat où trône un cassoulet,

Un gros monsieur ventru à l’allure convenable,

Chatouille en rotant, une vieille desséchée.

La voila en chaleur dans un prompt retour d’âge,

Comme un vieux camembert elle coule vers son amant.

Elle lui tend sans façon le vide de son corsage

Et lorgne instamment, l’intime de l’inconscient.

Dans la lumière blafarde d’un néon tamisé,

Un couple de poivrots, un couple de cochons,

Sur un divan crasseux et cent fois retraité,

Essaient ce que souvent, ils font à la maison.

Alors dans ce décor d’un brillant avenir,

Où se corrompent la vierge et le digne bourgeois,

De tout sage conseil je préfère m’abstenir,

Et je laisse à chacun la liberté du choix.

 

Le corsaire du roi

Il était grand capitaine

Il était corsaire du roi

Et en lui quoiqu’il advienne

Tous ses hommes avaient la foi

Sur les mers, les continents

Ne résonnait que son nom

Sa justice, ses châtiments

Et la voix de ses canons

Lorsqu’au loin vers le levant

Se dessinait son galion

Et que flottait dans le vent

L’invincible pavillon

Le silence s’installait

L’angoisse était à son faîte

Pour ceux qui déjà savaient

Que proche était leur défaite.

Pour ceux qui avaient osé

Sur l’océan le défier

Et ceux qui n’avaient osé

Dans un combat s’édifier.

Jusqu’où irait son audace ?

Quand prendraient fin ses exploits ?

Jusqu’à quand fera-t-il face

Aux ruses que l’ennemi déploie ?

Puis un jour vers les tropiques,

Quatre navires apparurent.

Quatre équipages fanatiques

Et payés pour sa capture.

Il comprit que le destin

Ne lui laissait aucune chance,

Que ne servirait à rien,

Une ultime résistance.

Mais fidèle serviteur

De son roi, maître après dieu,

Nul ne dira que la peur

Fut inscrite dans ses yeux.

Il rassembla ses marins,

Demanda des volontaires

Et tous levèrent la main,

Ils finiraient tous en frères.

Aujourd’hui au bout d’une chaîne

Il se souvient qu’une fois,

Il était grand capitaine,

Il était corsaire du roi.

 

L’Auberge du grand Dédé

Dans un quartier mal fréquenté

Se tient l’auberge du grand dédé

Et c’est dans la salle enfumée

Que se retrouvent les mals aimés.

Pour être admis, faut être grossier

Sale puant et mal rasé

Savoir jurer, savoir cracher

Et du couteau savoir jouer.

Ici vous êtes en société,

Pas besoin de vous présenter

Démocratie et liberté

Choucroute , saucisses et cassoulet.

En mille et une spécialité :

L’coup de rein sur canapé

L’coup d’surin improvisé

Celle du passant dépouillé

Du poulagat éventré

Et l’coup d’sang du curé.

Pas de pucelles éploréees,

De clients non balafrés

De travelos de poules mouillées

De cols durs amidonnés.

A l’auberge du grand dédé,

Venez tous vous amuser,

C’est l’endroit tout indiqué

Pour passer une bonne soirée.

———–

A la table d’une auberge, un homme se restaure,

Son esprit semble lié au journal qu’il lit,

Que de tristes nouvelles, que de drames que de morts,

L’anxiété sur son front visiblement s’inscrit.

Pense-t-il au Vietnam, à Cuba ou ailleurs,

S’est il transporté aux Indes ou en Afrique,

Il partage sans doute le poids de ces malheurs,

Peut être qu’il se transpose noir, en Amérique ?

Que fait il brusquement, il s’agite, vocifère,

Va-t-il mettre un terme au monde qui s’enlise,

Peut être a-t-il trouvé solution à la guerre ?

Une goutte de sauce a taché sa chemise…

Proverbes : Petites pensées philosophique de votre serviteur:

LORSQUE LES HOMMES SE SERONT EMANCIPE DE LEUR RELIGION PAR LA CONNAISSANCE, LA SAGESSE ET LE RESPECT D’AUTRUI , L’HUMANITE AURA FAIT UN PAS DE GEANT.

Comme dirait Coluche : on est pas arrivé.

Plus rigolo :

Dans la vie, il y a des hauts et des bas, j’aime bien les bas, même sans porte jarretelle. (ça commence bien)

Même si le bonbon est délicieux, il ne faut pas négliger l’emballage. (un peu coquin ce Léo)

Afin de sauver une commère inanimée, il faut lui faire le bouche à … oreille (ça cogite dur au volant)

Pour finir du sérieux:

La terre est une cellule vivante de l’univers, attaquée de toutes parts par un virus appelé « Homme », lui-même atteint du cancer de l’argent.

 

 

Patrice69

C’est toujours les meilleurs qui nous quittent en premier, ce dossier rend hommage à Patrice Rose, disparu au début de l’année 2018.

Mon gout pour le métier m’est venu grace à mon oncle qui était chauffeur à la STIP à Rouen. Il roulait avec des Willème. Je profitais de mon jeudi de libre pour l’accompagner (quand il était d’accord).

J’étais attiré par la route, la liberté, j’avais envie de voyager et ne pas avoir de chef sur le dos.

J’ai commencé à rouler à l’armée en 1965.

Dans le civil, j’ai commencé par faire de la messagerie avec un Saviem SG2, puis un Mercédès 1319 ou je faisais du Annecy- Chambery. Durant cette période je ne pensais qu’à une chose : partir loin. Un beau jour, mon patron me fait remplacer un collègue pour aller en Grèce. Moi qui n’étais jamais sorti de France, j’étais partagé entre deux sentiments : la joie de partir et l’angoisse du trajet. Finalement, je suis tombé sur des gars super qui m’ont mis le pied à l’etrier.

Après ce voyage, j’ai vraiment commencé à aller loin. Ce n’est pas finalement le nombre de kilomètres qui me faisait plaisir, c’était avant tout l’ambiance, la fête et les copains.

Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi (St Bonnet-69) ou je me suis rendu en camion :

  • A Kirkaldy (GB) j’ai livré du plastique.
  • En Suède, je ne me souviens pas du nom de la ville, c’était à 200km au nord de Malmö, j’y ai livré de la poudre de fer.
  • COIMBRA (P) J’ai livré des balles de coton qui venaient d’Italie.
  • MOSCOU (RUS)J’ai livré des éléments de stockage pour un entrepot L’Oréal en construction.
  • A BASSORA (IRAK), J’ai livré des cuves vides.

Quelques combines de linards :

On achetait en France des revues pornographiques, on les revendait 10 fois leurs prix aux philippins qui travaillaient sur les chantiers en Irak.

En Yougoslavie on échangeait du café contre les faveurs des filles yougoslaves. On l’achetait 20 Frs le Kilo, il valait 450 Frs la-bas. Ceci explique cela.

En Irak, on allait dans les chantiers Dumez. A la base vie, on prenait 800 litres de gasoil que l’on échangeait contre une bouteille de pastis. Arrivés en italie, on encaissait la différence en liquide avec la carte de gasoil.

Les éléments étentiels pour réussir la traversée du Moyen-Orient, des papiers en règle, et le bakshish au milieu du passeport. Quand on a compris ça, on a tout compris.

Mes amis de la route…

D’autres souvenirs :

 

Moustique57 – Le portrait

Nom Prénom : POSTEMA Frédéric

Surnom(s): Moustique57

Date de naissance : 15/01-1962

Chauffeur depuis : 1980

Différents métiers dans le transport : Bâché, benne, porte-voitures

Type de camions : Semis, Camions Remorques

Marques favorites : ScaniaV8 et Volvo

Modèles detestés : Iveco et Renault

 Citation : Oeil pour oeil et dent pour dent...

 

 

 

Itinéraire :

  • Chez Altrans : Italie, Espagne et Allemagne en pneus.
  • Chez Transak : Portugal, Gilbraltar, Pologne, Glasgow, Reggio de Calabre avec des pneus ou du film plastique.
  • Chez JPB transports : Arjeplog Kiruna au cercle polaire et Fianlande avec des voitures Smart ou des Mercedes pour test de grand froid.

Mes copains :

La plupart de mes copains sont des routiers, car j’ai malheureusement perdu mes copains de classe de vue, même si j’aimerais beaucoup en retrouver certains. Hélas beaucoup d’entre eux nous ont déjà quitter. Avec les autres, nous continuons de nous voir régulièrement, soit sur la route, soit les week-end ou encore lors de sorties diverses tels que restos ou carnaval par exemple.

Mes passions :

Depuis mon plus jeune âge, je suis fasciné par les camions et les engins de TP, et tout ce qui a trait à la mécanique. Même si beaucoup me reproche d’être toute la semaine dans un camion, je n’y peut rien, c’est une passion dont je n’ai nul honte, car les gens passionnés sont tellement rare de nos jours. C’est ainsi que je participe régulièrement  à des Grands Prix Camions, des Truckers Festival ou bien encore à des journées de F3 à Magny-Cours comme en 1992 avec le team transak par exemple. Je suis quelqu’un de curieux par naissance et m’intéresse beaucoup à tous les défis techniques et lorsque je peux voir, visiter ou assister à une première lors de mes déplacements, je n’hésite pas à le faire, c’est ainsi que j’ai pu assister au premier vol de l’Airbus A380 en direct à l’aéroport de Toulouse 31, à l’inauguration du Viaduc de Millau, à la visite d’un Boeing 747 lors d’un déchargement à l’aéroport de Luxembourg ( voir photos), idem dans les cales-moteurs des ferry. Cependant, j’ai quand même d’autres activités ou passions dans la vie tel que la natation ou le ski, et je m’intéresse particulièrement à la vie politique, même si bien souvent j’en suis dégoûté.

Enfance et famille :

Je suis née le 15 janvier 1962 à Orléans 45, six ans après ma grande soeur Dolorès née à Paris. Ma maman d’origine Portugaise et Espagnole et mon papa Hollandais m’ont très certainement donné le goût des voyages d’au temps que par la suite celui-ci travailla pendant 28 ans pour l’armée américaine en tant qu’analyste de transport ce qui nous conduisit à déménager régulièrement et à aller habiter à Orléans 45, Francfort RFA, Strasbourg 67, Melun 77 et enfin Sarreguemines 57. Passionné depuis mon plus jeune âge par les camions et les engins de TP, le goût des voyages, l’aventure et le besoin d’indépendance, c’est en 1978 avec l’aval de mes parents que nous decidâmes de m’inscrire dans la célèbre école de Bosserville 54, pour y passer un CAP de conducteur routier en 2 ans et de ce fait pouvoir faire la route dès mes 18 ans en 1980. A 21 ans, je décidais de passer mon attestation de capacité transport à l’AFT de Jarville 54, mais malheureusement je ne m’en suis toujours pas servi à ce jour, soit sur les mauvais conseils des autres transporteurs défaitistes ou tout simplement par manque de courage. De 1980 à fin 1984, j’ai roulé chez les transports Altrans ( Alsace/Lorraine Transports) de Frauenberg 57. Ensuite, du 12/1984 au 12/1985 j’ai fait mon armée dans le train. De 1986 à 2000, j’ai roulé chez transak à Sarreguemines 57 jusqu’à sa fin. De 2000 à aujourd’hui c’est à dire avril 2007, je me suis mis avec mon copain de classe de Bosserville pour qu’il ouvre une entreprise de transport de voiture spécialisé dans les « SMART » où il travaillait.

A l’armée :

J’ai été incorporé en décembre 1984 dans le 516ème régiment du train à Toul 54, après avoir reporté mon service militaire à 23 ans afin de faire la Route jusqu’à cet âge-là. Après y avoir effectué mes 2 mois de classe, j’ai été muté au GMR 6 de Metz 57, également régiment du train. Comme je possédais tous mes permis, j’y ai également fait la Route en partant pour des missions de 2 à 3 semaines dans toute la France ainsi qu’en Allemagne. Nous dormions dans les autres casernes en gîte d’étape. Lorsqu’il n’y avait pas assez de transports à effectuer, j’étais moniteur de conduite super lourd à la caserne. Pendant mon armée j’ai eu la chance de pouvoir partir une quinzaine de jours pour apprendre à faire de la plongée sous marine à St Raphaël 83, ainsi que de partir au ski dans les Vosges. Après avoir eu des Berliet GLR, GBC et conduit des Jeep et Peugeot P4, j’ai surtout conduit des camions remorques Unic P270 que j’avais équipé de CB, de plaques de QRZ, de chaînes hi-fi ainsi que d’autres accessoires routiers comme des trompes par exemple. Tout le monde était étonné dans les autres casernes et parfois même les autorités des autres régiments se plaignaient aux nôtre. Même si l’on râlait parfois, je pense que l’armée était une bonne chose pour beaucoup de jeunes et permettait de confondre toutes les classes sociales et les différents milieux ou environnement.

Mes Regrets :

Depuis le milieu des années quatre vingt, nous assistons lentement mais sûrement au déclin de la profession, du tant au niveau du comportement des chauffeurs de plus en plus personnels, égoïstes et de leurs laxismes ( celui-là même que la profession reprochait aux automobilistes envers nous même ) et à celui des transporteurs qui sont lentement entrain d’enterrer la profession de chauffeurs grands routiers en la comparant à celui d’employés d’usine qui n’ont qu’une envie tout au long de la journée, c’est d’arriver en fin de poste pour rentrer chez eux. Même s’il est incontestable que les temps sont de plus en plus durs pour les transporteurs, cela ne devraient pas cependant oublier que les entreprises de transports qui possèdent des dizaines, des centaines voir des milliers de camions aujourd’hui en sont arriver là grâce au durs travails des chauffeurs et ce bien souvent sans avoir été rémunérées à leur juste valeur, car pratiquement toutes ces entreprises ont commencé à zéro et ne devraient l’oublier si souvent.

La profession de routier ne peut être exercée que par des gens qui aiment leur métier et non pas qui en sont de plus en plus dégoûtés comme c’est souvent le cas aujourd’hui vu les conditions de travail de plus en plus déplorable de par le stress. Je ne suis pas du tout un anti patron ni même un syndicaliste, car je pense qu’il y a autant de bons et de mauvais employeurs que d’employés. Bien souvent, suite aux conflits routiers du passé comme par exemple celui de 1992 ( voir photos ), nous n’avons pas su nous faire entendre, comprendre ni même nous faire représenter par des personnes de valeurs, c’est ainsi que s’il y eut des amélioration ( CFA à 55 ans et contrat de progrès par exemple), d’autres problèmes comme le départ le dimanche soir ou avant 5 heures le lundi matin, le problème des petits dépassement d’heure de conduite pour aller manger ou trouver un parking correct et sûre ou les pouvoirs publics et les forces de l’ordre nous harcèlent, les problèmes de chargement et déchargement chez certains chargeurs, les interdictions de circuler des gens qui travaillent au profit de ceux qui partent en vacances.

Je voudrais aussi dire à mes autres collègues de travail qu’ils prennent conscience de ne plus continuer à transformer les parkings ni les accotements en porcherie ce qui a pour conséquence d’être mal vu par les autres usagers de la route, de ne pas accélérer lorsqu’on les doubles (jeunes et vieux le font ) et qu’ils aident leurs collègues lorsqu’ils sont en panne et qu’ont leur demande un coup de main.

Ce que je regrette également malgré avoir traversé de nombreux pays, c’est de ne pas avoir fait La Ligne du moyen orient où mon enfance fût bercé par de nombreux reportages télé dans les années 1970, période faste. Bien souvent, il ne suffit pas seulement de critiquer dans les bistrots, mais il faut aussi essayer de mieux se vendre soi-même en sachant se faire respecter et obtenir un travail qui correspond mieux à ses attentes et ses ambitions. En conclusion, essayons avant tout d’aller de l’avant en croyant à ce que l’on aime et en ayant un comportement constructif et le courage de ses revendications.

Altrans :

C’est en 1980, après être sorti de l’école de Bosserville 54, pour y avoir préparer un CAP Routier en 2 ans que j’ai fait mes débuts sur la Route au sein des transports Altrans ( Alsace/Lorraine transports ) qui ne comptait que 9 camions à l’époque, l’entreprise datant de 1974. D’abord pendant 5 mois sur un MB 709 puis 2 mois sur camion remorque MB 1113B, avant de pouvoir enfin accéder à un ensemble semi-remorque MB 1926 avec une Fruehauf tridem. A cette époque j’étais tout petit et tout maigre, une quarantaine de kilos c’est pourquoi l’on me donna le surnom de 25 Kg, ce n’est qu’après que Gilbert des transports TRF. Fetter de Carling 57 me donna le QRZ de « Moustique 57  » à la CB. Puis, le patron monsieur Jean-Paul JUNG m’acheta un Scania 142 v8 pour ne pas que je quitte la société Altrans qui ne possédait que des camions Mercedes à l’époque et que j’allais toucher pour mes 20 ans. Le 142 venait de sortir, et c’était le véhicule le plus puissant à l’époque ( 388 ch din, environ 400 ch iso de nos jours ). Avec le recul, je me rends compte que ce véhicule était beaucoup trop puissant pour un jeune de 20 ans même si en dehors de quelques accrochages j’ai eu l’immense chance de ne pas avoir d’accident grave. Durant les presque 5 années passées au sein des transports Altrans, c’est à dire jusqu’en décembre 1984, pour faire mon service militaire, j’y ai appris énormément de choses, découvert la France de part et d’autres ainsi que de nombreux pays qui n’étaient pas encore dans la CEE à l’époque et où il fallait faire un TIR comme l’Espagne par exemple et même les autres pays où il fallait encore dédouaner à la frontière avec les fameux T1 et T2 ou encore faire tamponner les carnets d’ATIE qui remplaçaient les licences en zones longues entre 2 tours d’inter. ou encore les tank schein allemand pour les entrée avec plus de 50 litres de gasoil au départ puis 200 litres ensuite. Parfois, vous faisions des transports exceptionnels et c’était Mr Jean-Paul JUNG, PDG des transports Altrans qui conduisait la voiture pilote ( une Mercedes bordeaux voir photo ). Les premières années furent parfois un peu dur pour moi, mais j’y ai appris beaucoup de chose et en garderait un très bon souvenir.

Transak :

C’est en février 1986, que j’ai commencé à rouler chez les transports transak à Sarreguemines 57, alors même que je partais avec leur camion lors de mes congés scolaires depuis l’âge de 15 ans. Cependant, je n’ai pas osé y commencé à 18 ans de peur peut être de ne pas être à la hauteur. Ce fût certainement la période de ma vie ou je me suis senti le mieux au travail, tant au niveau de l’ambiance entre la majorité des chauffeurs que celle avec le patron, Mr Michel Akhverdoff. J’y aurais travaillé jusque fin septembre 2000, année ou les transports Munster nous ont rachetés à l’exception des 3 plus anciens chauffeurs dont je faisais partie et de la majorité du personnel sédentaire et qui ont été licencié économiquement comme moi-même. P.S: Voir également reportage photo sous la rubrique « transporteurs-transak » dans FDR.

JPB Transports :

SEVA Transports :

Après la fin de JPB Transports au mois de mai 2007, c’est en juin 2007 que Jean-Pierre Bahr (mon ex. Boss ) et moi-même sommes aller chez mon ex-patron de Transak, Michel Akhverdoff qui faisait encore du négoce de poids lourds et d’automobiles avec sa femme Maryvonne dans leur société nommée SEVA. (Société européenne de Vente Automobile).

Cependant, comme beaucoup de gens qui ont touchés au transports, et ce malgré toutes ses contraintes et problèmes,ils voulurent après sept années « d’abstinance  » se relancer en créant << SEVA Transports >> une petite entreprise basée sur la qualité et l’exception. Jean-Pierre repris sont ancien Mercedes Actros 1850 méga-space porte-voitures pour rouler principalement des Smart et véhicules accidentées au retour. Quand à moi, j’ai aidé Michel pour la vente, me suis occupé des importations de véhicules avec la DRIRE et le contrôle technique etc… avant de rouler à mi-temps en benne avec un Scania R 164.580 v8 Topline puis un autre Scania 143.450 v8 de collection.

Puis au bout de quelques mois, ce fut Denis allias Moustache 57, également un ancien de chez Transak, qui fut embauché pour chevaucher le magnifique Volvo FH 16. 660 ch. 80ème anniversaire.Quand à moi, ce ne fut qu’au mois de mai 2008 que je pu enfin reprendre la  » Route  » également pour refaire du porte Smart c’est à dire du porte  » Push  » avec un magnifique Scania R 620 v8 Topline tout équipé avec une structure porte voitures Rolfo Formula . Il y a également un Superbe Volvo VNL 770 integral-sleeper équipé du célèbre moteur Detroit Diesel, le tout venant tout droit du Canada.

Si tout va bien,il devrait y avoir un quatrième chauffeur pour cet automne , qui conduira un Scania R 580 v8 en frigo.

Michel AK à pris sa retraite en janvier 2011 et a donc arrêté le transport . Mais avant d’arrêter, nous participé au chantier du TGV Est avec 5 ensembles benne dont j’ai fais partie .

BP TRÄNS :

‘’ Début de  BP TRÄNS en mai 2011  ‘’  Ma dernière entreprise de transport j’espère après que Michel AK nous ait vendu 2 ensembles à moi-même et mon collègue Jean-Pierre B . Ainsi commence donc une nouvelle aventure, nous reprenons le MB 1850 porte voitures ainsi que le Scania R580 Topline  pour créer  ‘ BÄHR – POSTEMA  TRANSPORTS d’où  BP TRÄNS.  Mon collègue JP fera encore du porte voiture pendant 2 ans avant de faire comme moi de la traction et de l’affrètement permanant .

Tim – Le Portrait

Nom-prénom : Pennetier Vincent
Surnom : Tim
Né le : 5 décembre 1967
Différente métier dans le transports : livreur, savoyarde, taut, plateau, surbaissée, porte-engins
Marques favorites : Nooteboom…..
Marques détestées : aucunes
Citation : « quand un con voit, c’est exceptionnel… »

Itinéraire : juste les plus lointaine…


Prudoe (GB) en 30 mètres de long
Hollande, Allemagne de l’ouest en machines agricoles et Manitou
Poysdorf (A) à la frontière tchèque avec des machines à vendanger
Emmen (CH) en 6,10 m de large
Udine (I) en machines à vendanger
Jerez de la Frontera (E) en récolteuse à haricot vert
Algarve (P) en récolteuse à olives
Arcos de Valderez (P) avec des cuves en deuxième catégorie
Borgo en corse avec des cuves

Ma carrière à débutée en 67, si si, en 67……. En poussette deux essieux….

Petit garçon je n’étais pas plus attiré que ça par les camions, enfin un peu quand même, comme tout les petits garçons parce que c’est gros, y’a des couleurs, ça fait du bruit mais de la à en faire un métier, non. Et pourtant j’avais de la famille dans le transport.
Sorti du collège major de ma promotion, enfin, en partant du bas de la liste… je me retrouve dans un centre de formation autour de la métallurgie, je vais y rester 4 ans (un ans préparatoire, un CAP de tourneur en deux ans et un CAP de fraiseur en un ans avec mention complémentaire d’ouvrier qualifié sur machines-outils à commande numérique).
C’est au début de cette période, vers 82-83 que je fais la connaissance d’un chauffeur de mon village, il travaillais chez Williamson avec un Ford Transcontinental avec un bras de levage. Vous vous doutez bien que c’est à partir de la que tout à commencé. Ont se met à parler de son métier, des voyage qu’il à fait, en déménagement avec un 809, Scandinavie, Yougo….ça me passionnais. Le centre de formation ou j’était se trouvais juste à coté du centre routier de Nantes, alors le matin je partais un peu plus tôt et j’allais faire un tour sur le parking, je commence à reconnaître les marques, puis je vois les immatriculation, les gars qui sortent de la couchette, puis j’achète mon premier France-Routier , et puis, et puis… me voila pris par le virus.
A la fin de la dernière année de formation, j’ai voulu rentrer à l’AFT pour passer mes permis avec une formation pour adultes, mais mes parents dans leur grande sagesse n’était pas vraiment pour surtout qu’une entreprise de métallurgie Nantaise m’embauchait direct à la sortie de mes CAP pour un cdd de 13 mois, alors j’écoute mes parents et vais bosser à l’usine, passionnant……
A la fin du cdd, j’avais trouvé un CAP de chauffeur chez Promotrans. Formation pour adultes au chômage en 9 mois et en plus c’est rémunéré.
Là, mes parents me laisse faire, ils ont bien compris que c’était vraiment ça mon truc, il puis merde, j’avais plus de 18 ans non mais…
J’ai eu du mal au début à conduire les porteurs, je me croyais au volant de ma Renault 5, alors forcément ça le faisait pas. C’est un des formateur, qui m’à vraiment appris à prendre conscience par moi-même du gabarit du camion, Mr Valles, un dieu de la conduite pour moi, simple, discret, ancien chauffeur international, lui, avec les Iveco à boite Fuller, il te montait tout les rapports à l’accélérateur avec une petite boite d’allumettes debout sur la planche de bord et sans la faire tomber s’il vous plait. C’est vraiment le seuls des formateurs qui m’as appris à conduire un poids lourd.
Bref, en Mai 88 je réussi mon CAP, avec tout mes permis bien sur, à moi la belle vie du routier…

Mais avant cela, il vas peut-être falloir faire l’armé. Sitôt le CAP fini, je pars faire faire mes classes à Nantes, au neuvième RCS puis le reste à Bruz (35) dans un petit régiment du train, l’ERT3. Ma fois, plutôt peinard, souvent parti sur les routes de France avec un Berliet GLR160.
Très peu de mannoeuvres, j’en garde plutôt un bon souvenir et puis ont était plusieurs routiers alors forcément ça parlais camions.
Fin Mai 89, je suis libérable, zéro dans le bordel !!!

Début Juin 89, j’embauche chez Williamson pour un contrat de trois mois, en fait c’est le chauffeur que je connais qui me fais rentrer, merci Yves. Le but c’était de faire un peu de tout pendant les remplacement d’été pour ensuite partir sur la route. Alors je fais de tout, taxi-colis, manutention, puis comme j’habite pas très loin d’un de leur nouveau client en location, ils me mettent à remplacer les chauffeurs du client, une minoterie, avec un porteur de chez Willi, d’abord un Daf 2100 puis un Ivéco 190-24.
Et me voila à faire les livraisons de sacs de farine de 50kg dans les boulangeries du grand ouest, un boulot de fou. Partir à 3 heures du matin, avec 10tonnes de sacs à porter à l’épaule, rentrer à 18 heure, un boulot de malade. Vers la fin ils me font remplacer les gars qui sont sur les petites pulvé à un essieux avec des petits scania , c’est un peu mieux mais il y à toujours des sacs à l’arrière….
Bref, à la fin de mon contrat, ils veulent me garder mais pour continuer à la minoterie et moi je veux rouler…

J’ai pas eu besoin de trop chercher de boulot, le vendredi en quittant Williamson, Jean-Pierre, le patron des Transports Richard viens me cherchez sur le parc, (Richard était déjà chez Willi et JP était au même comptoir que les gars de chez Willi, donc ils avaient parlez entre eux.) Dit donc, ils parait que tu veux rouler ? heu oui, parce que j’ai un chauffeur qui c’est blessé et il faut que je le remplace. Alors j’ai rendez-vous lundi avec deux autres transporteurs pour me présenter et je vous dit ce qu’il en est. Ok.
Le lundi ça le fait pas avec les deux autres, bon ben, si vous voulez m’embaucher je suis partant, ah ben très bien, toi c’est Vincent moi Jean-Pierre, pas de vouvoiement ici. Tu vois le porteur la bas ? (un merco 809 plus tout jeune) dedans y’à quelques palettes avec deux clients sur Nantes, tu livres ça, tu reviens, ont te fais ton contrat et demain tu pars avec TON camion, un Mercedes 1928 et une savoyarde Fruehauf, le pied… je suis le dixième chauffeur de l’entreprise, le blessé ne reviendra pas.
Le lendemain, premier chargement chez Manitou, avec débâchage de la remorque bien sur, heureusement d’autre chauffeurs sont là, présentation tout ça, kir de bienvenue au resto le midi, bref, très bonne ambiance, passage au dépôt dans l’après midi puis je monte sur Périgueux, et là, je peux vous dire que j’étais heureux.
Ha tu voulais rouler, et bien roule !!! comme beaucoup de transporteurs à l’époque, ça roule sans s’occuper des heures. Chez Richard il n’y avais pas de filtres, tu partais toujours en fin d’après midi de Nantes, livraison le lendemain matin, rechargement l’après midi et retour à Nantes le surlendemain matin. Si tu faisais un tour de Mont De Marsan, ça allait, mais si c’était du Marseille c’était plus la même histoire.
Descente en Manitou, rechargement en industriel, débâcher, rabâcher, mettre la savoyarde en plateau, remonter la cabane, on s’ennuyait pas.
Que du sud, sud-ouest et de l’Espagne ou là ont respectaient un peu plus les heures car les amendes étaient trop chères.
Début 90 je change tracteur, le 28 est vendu et je récupère un vieux 1935 avec une nouvelle savoyarde avec les demi-poteaux Kinegrip et une planche sur le toit au lieu des tubes, impec. Espagne de plus en plus, quasiment toutes les semaines. Très grosse demande en équipement, ont vas partout en Espagne, mais vraiment partout et surtout du Séville pour l’expo universelle de 92. Retour en industriel, granit ou ardoise quand ont est vers le nord ouest, ferraille dans le pays basque, des qu’ont est plus bas, c’est les clémentines à Gandia en hiver, un client historique à Jean-Pierre, ou du carrelage à Castellon.
Il y avait que deux surbaissées à l’époque, il m’arrivais d’en prendre une, je trouvais ça sympa comme boulot et oui vous l’avez compris, les transports spéciaux commencent à m’intéresser. Mon tout premier convoi c’était une pelle en première catégorie pour Argentan.
A l’été 91 c’est décidé, je récupère un 1935 neuf et une surbaissée toute neuve après mes congé fin septembre.
Dernière semaine avec le vieux 35, il est vendu et moi je pars en congé, enfin, c’est ce qui était prévu…
Semaine très calme, je réussi à respecter toutes les heures, première fois en deux ans que cela arrive, d’ailleurs, c’est aujourd’hui, le 4 septembre que j’ai embauché, et pour « fêter » ça, je m’assoupis sur la rocade de saintes en plein après midi. Je mords à droite, réveil, coup de volant à gauche, j’ai juste le temps de me dire que si je me couche il n’y à personne en face. Je me couche sur la gauche, traverse les trois voies, dégringole un talus de 4-5 mètre de haut, impact, ce qui remet l’ensemble sur ses roues et moi je suis éjecté, heureusement. Coté chauffeur la cabine faisait un mètre de large. Tracteur mort, semi vrillée, et moi….. pas une égratignures, rien. Le lendemain je fais la une du Sudouest local, avec une petite pointe d’humour…

Jean-Pierre me dit rien, moi je voulais arrêter, lui ne voulait absolument pas que je parte, il était bien conscient de la façon dont ont roulait.
Donc après mes congés je récupère l’ensemble prévu, et la je commence à faire de plus en plus de transports dit spéciaux, notamment beaucoup en grande hauteur. Je commence aussi à aller ailleurs que dans le sud, toute la France, Benelux, Allemagne…..
Et je m’intéresse de plus en plus aux convois
En 95 je change de tracteur pour un Fretliner 385, le confort absolu pour moi à l’époque, grande cabine, suspension pneumatique, clim, coffres… et une surbaissé vraiment basse avec élargisseur. De plus en plus de convoi, surtout en machines agricole, beaucoup d’Espagne, un peu d’Italie, Autriche.
En 97, un FH380, mais j’aime pas trop, je le garde un an, retour en Merco avec les tout premier Actros et du convoi, de la hauteur, je m’y intéresse de plus en plus, je me démerde par moi même pour trouver les itinéraires, j’adore ça.
2001, je passe en camion remorque pour faire du mobil-home, mais c’est vraiment pas ma came, par contre le matos était au top.
2003, retour en semi, j’en pouvais plus de leur mobil-home. Avec la 4 essieux extensible qui rentre, tout bien.
Mais voilà, le convoi me démange, je veux vraiment faire du gros, ce que l’ont ne fais pas chez nous, alors en 2004 je commence à chercher dans d’autre boite, en étant bien conscient de se que j’allais perdre. J’en ai parlé avec Jean-Pierre, il s’en doutait que j’allais vouloir partir faire du plus gros, bien conscient que c’était « mon truc ».
Après moultes hésitations je quitte l’entreprise au début 2005 la boule au ventre. C’est là que l’ont ma tout appris, donner ma chance alors le départ est vraiment pas facile…

Dèbut 2005 je commence donc aux transports Brangeon. Ils recherchaient un chauffeur pour faire les remplacement sur les trois ensemble en convoi plus un camion remorque bras de levage. Très rapidement je me rend compte que c’est pas pour moi. Bon l’essentiel, j’apprends à me servir des grosses remorques, un porte-char à 5 essieux et une déboitable 3+1.
Ca dure 4 mois, puis je cherche ailleurs…

Début Juin 2005 j’embauche chez Capelle à Chantonnay (85). Ils viennent de racheter les transports Thomas et ils ont besoin d’un chauffeur pour les remplacement d’été. Dès le début ils me font confiance, surtout que j’ai déjà fait du convoi et de la remorque hydraulique.
Je remplace un peu tout le monde, 6-4, surbaissé, extensible.
Beaucoup de grande longueur.
Octobre, me voila attitré sur un vico, en décembre, ils me demande de faire un voyage en 6,10m de large à 70cm du sol, heu….. les gars, j’ai jamais fais ça, mais tu vas bien y arriver…
Tout ce passe bien, 15 jours pour traverser la France, 1750km. J’adore ça, il n’y à pas que la conduite proprement dite, faut organiser les étapes en fonction des horaires de traverser de ville, trouver les hotel pour les flics, etc, etc..
Dans le foulée j’enchaine le deuxième voyage, personne voulais le faire à l’agence. Du coup au début d’année 2006 rentre une extensible toute neuve, ils me l’attitrent, je dis rien, faudrait être bête, mais j’aurais trouvé logique qu’elle soit attitrée à un ancien et que je récupère la vieille, mais surtout j’aurais préféré qu’ils me laisse en surbaissé, mais bon…
Et ça y vas, beaucoup de grande longueur, plus de trente mètre souvent, des poutres, des poteaux et aussi des pièces en tout genre et toujours quelques gros convois avec les flics, tout va bien, ça m’éclate, en plus une super ambiance à l’agence de Chantonnay.
Mais voilà, beaucoup de choses ne vont plus, en particulier le manque de kilomètres, ben oui, à la base je suis un routier, j’ai besoin de « bouffer du kilomètres », bref, mai 2011, je commence à chercher ailleurs, j’ai deux-trois touches, mais rien de bien bandant et v’la t’y pas qu’un patron que je connais bien m’appelle…

Vincent ?, c’est Jean-Pierre Richard, dis voir je t’appelle parce que le chauffeur qui est sur l’ensemble de la déboitable vas quitter l’entreprise et je cherche un chauffeur qui s’y connais pour le remplacer, bon j’ai pensé à toi, mais je veux pas te débaucher de chez Capelle hein !
Attend bouge pas je t’explique la situation… le lendemain soir j’étais dans son bureau, ont se met d’accord et 15 jours plus tard je recommence chez Richard pour mon plus grand bonheur. En fait, secrètement, j’en rêvais, surtout depuis qu’ils avaient acheté la déboitable.
Et donc me voila reparti à bouffer du kilomètres sur un ensemble au top pour le boulot que l’ont fait. Les gros convois c’est fini, mais c’est pas grave, je fais vraiment un boulot qui me plait, avec du bon matos, une bonne équipe, du boulot varié et jamais de routine.
J’espère que ça vas continuer comme ça encore longtemps, jusqu’à la retraite ce serais le top.
Fin 2014 Jean-Pierre à pris sa retraite, il la laisse à une Holding composé des cadres de l’entreprise. Ca c’est mis en place tout doucement, ils les à accompagné. Commencé en 78 en achetant son premier camion, il à repris la boite de son père en 85, j’étais le dixième en 89, et maintenant ont est plus de cent employés, je pense que l’ont peut parler de réussite.
Ca ma fait drôle qu’il soit plus là, ses coup de gueule, son foutu caractère, il savait se faire obéir mais toujours à l’écoute surtout en cas de problèmes personnels. Il revient nous voir de temps en temps, détendu du slip, nous parler de ses voyages et de ses treks, et puis si un camion neuf est dans la cour, il va l’essayer…camion, quand tu nous tiens.

Tim et les média…