Franck Marty, le chauffeur multi fonctions

Depuis que j’ai lu le fabuleux portrait de mon camarade de chambre et d’école à Andrésy où nous avions obtenus nos CAP de conducteurs routiers, Yannick alias Yaya m’a motivé à vous livrer le mien.

Moi je suis un fils de fonctionnaires et j’ai grandi dans un monde bien éloigné du transport routier. J’avais cependant un souci ; le moment préféré de mes vacances était les trajets…. Eh oui la route. Et plus on allait loin mieux c’était. C’est venu comme ça.

 

Je me rappelle le jour de l’Annonciation, enfin la mienne, à mes parents lors des orientations en fin de troisième sur mon choix, mon adoré Père s’en est étouffé… Et il a repris 
Quoi rou.. quoi ??? Routier mais c’est un métier ça ???
Je lui ai répondu non c’est une passion..
Bon comme il était gentil, il m’a aidé pour que je m’accomplisse. 
Et me voilà au CFT de la CCIP – AFT d’Andrésy avec Yannick et tout les autres.. Une sacrée équipe.
Il y’avait aussi des enseignants hors pair que j’embrasse avec affection. Ils ont su motiver et préparer chacun pendant toute la scolarité à la réussite et à nous rendre  le plus professionnel possible à la sortie d’école.
Merci Paulo et bonne retraite.
Ce professeur ou copain , les 2 en fait, à généré des générations de passionnés, merci poto encore pour les voyages d’étude, les sorties nocturnes où on partait comme des voleurs avec le jp11, les 24 heures de Charade en J9 et tutti quanti. 
Nous sommes sortis le 27 /06/ 1984 avec le diplôme en poche et je me suis lancé chez le premier transporteur au plus près de chez moi.
Les transports Lemarchand au Perray en Yvelines. J’ai fait un remplacement pendant Juillet d’un gas qui partait en vacances. J’ai eu un PS30 attelé à un semi savoyarde en sur baissée avec 3 essieux jumelés en pneus pétard, Trailor location pour ceux à qui ça parle.
Je chargeais chez feu Line pack au Perray pour Bordeaux puis du vin pour Wolverhampton en Angleterre.
Rechargement à Leeds chez Line pack pour le Perray en Yvelines et le tour est fait.
Au bout du mois je me suis rabattu sur la CGEA-CONNEX pour des tournées de benne à ordures ménagères sur Rambouillet.
En septembre je suis rentré chez Calberson par le biais d’une connaissance. J’étais au paradis. Je prenais mon service au 1 bd ney sur la terrasse Calberson porte d’Aubervillier. Les bureaux du service location étaient les anciens studios de Max Meynier.  Le rêve.

 

Après une période d’essai en livraison, vl puis pl, j’ai eu la chance d’être placé sur un ensemble R310 cabine courte avec couchette suspendue et un fourgon Fregat à rouleaux de chargement pneumatiques. Ils étaient intégrés dans le plancher et se levaient ou descendaient par le biais de robinets. La cabine courte était due à la longueur du fourgon qui devait pouvoir prendre une palette de frêt aérien de 40 pieds. A l’époque les semi remorques ne devaient pas dépasser les 15,50 mètres.

Comme nous étions loués à l’année chez Air France, nous dévions être blanc et non avec les magnifiques couleurs entreprises malgré que nous soyons géré par Calberson international, la TME sise à la même adresse que la location, porte d’Aubervillier.

Le rythme était soutenu nous livrions tous les aéroports d’Europe, Magheb, Scandinavie et pays de l’est. Le plus loin pour moi fut Ankara.
Si si en r310, cabine courte, sans climatisation, juste un petit webasto pour l’hiver… En 1988, je crois, j’en ai eu ras la casquette… 4 week-end entiers seulement sur 1987 !!! La réglementation pfff, les disques mauvais étaient jetés par la fenêtre… je n’avais pas compris que je jetais également mes heures supplémentaires. Jean Pierre un de mes collègues a repris le 310 et à continuer l’aventure Air France.
J’ai ensuite fait de la location sur Paris avec un autre 310, que tout le monde prenait, le T 37. Il y’avait le siège un autre endroit mythique, le 183 avenue de Clichy où un dispatche de messagerie était organisé chaque nuit.Au bout de quelques mois j’en ai eu assez de faire des trajets travail de Rambouillet à la porte d’Aubervillier et j’ai cherché à me rapprocher de mon domicile, hors de question de déménager.
J’ai commencé l’aventure Prost transports.
Je faisais la ligne régulière Trappes Tours Bordeaux de nuit. Top. Un jour sur deux à la maison et tout les week-ends et les fériés et les ponts , les viaducs.. J’avais oublié ça. Obligé de prendre le mois d’août en congés, un scandale..
J’avais peur d’une certaine routine, mais il y’avait tellement de copains lignards avec qui je discutais à la CB.que non. Nous roulions en camion remorque , des Ford Transcontinental et des Scania 92/93 intercooler. Il y’avait le pote Jean René avec moi , Andrésien lui aussi qui  était tractionnaire, il venait du sud. Il avait le plus beau camion, sacré Jean René. 
Si ça n’avait pas été racheté par UPS , j’y serai peut-être encore . Bon point de vue peinture c’était pas Calberson.
Après le rachat , l’agence de Trappes devait être vendue et moi muté à Lyon…
Déménager, hors de question !!
Je venais de rencontrer la femme de ma vie avec tout les projets qui vont avec, qu’est-ce que j’aurais pu faire à Lyon même si la région et la ville sont superbes ??? 
Et là besoin de sécurité je suis rentré à la… attention ça va faire mal !!!
RATP !! Je suis devenu Machiniste Receveur… Bien pompeux pour dire conducteur de bus.. J’ai obtenu le dépôt de point du jour à la porte Saint Cloud et je m’étais donné un temps de réflexion de deux, trois ans pour me marier et me fixer tout en recherchant un boulot de routier stable au départ du 78..
J’ai fais 18 ans..
Confort de travail, salaire, repos compensateurs et choix des horaires.. Bref mais il y’avait l’ennui et c’est pas peu dire. En 2008 , 3 enfants plus tard, pétage de plomb, je me suis barré pour rentré chez Toussaint au Perray en Yvelines, je faisais de la région en semi avec un Premium, je livrais des grues à tours. 
3 mois plus tard je rentrais chez Norbert Dentressangle, à l’agence de Brétigny sur Orge. On faisait de la traction pour Aldi avec des livraisons de supermarchés dans un rayon de 3/400 km au départ d’Ablis. J’ai roulé d’abord en Premium puis en Actros. Ensuite je suis allé toujours pour Norbert chez France boissons à Trappes pour livrer en bâché les magasins Métro. J’avais le tracteur  à la maison.
Après il y’a eu Renault à Guyancourt et le top Hachette à Maurepas.
Suite à un vol de camion sur Trappes la direction décida de ne plus laisser de véhicule seul sur la voie publique et je devais ramener le Mercedes tout les soirs à Bondoufle puisque l’agence avait déménagée.Je l’ai fait plus d’un an, 130 km/ jour avec la voiture en plus du boulot….14 à 15 heures d’amplitude tout les jours.
Je n’y avais jamais pensé mais à Coignières il y’avait une entreprise de travaux publics qui recrutait. La SEMAT. Kesako ? Je suis allé voir et j’ai déposé un c.v. 
J’ai commencé 8 jours plus tard.
Au début j’ai pleuré ma maman… Bon Dieu que c’était sale, de la terre partout, même sur les sièges des camions. A mon bel Actros  !! J’ai eu un Premium Kerax 420 d’ci, 4×4 en benne alu  3 essieux , un retour en arrière de 15 ans tout était dur, sale, mais à 10 minutes de la maison. Tout le monde connaît la benne, des rotations à la journée, ça démarre un peu tôt mais ça ne finit pas tard non plus sauf galère. Et dans ce secteur, vu que nous quittons souvent le bitume, chaque jour peut en amener une. 
Éclatement, crevaison, casse, renversement, l’adaptation fut dure. Et puis il y’a la mentalité… Bref de jour, à la journée et à 10 minutes de la maison. Méthode Coué…Heureusement entre conducteurs l’entente était bonne, très bonne. Donc on faisait tout les chantiers Parisiens et Franciliens avec des livraisons en remblais ou décharges du coin. Un secteur d’activités du 45 au 60 et du 27 au 77. Donc varié.

Au bout de deux ans lors de ma fco, je me suis fais débaucher par un centre de formation transports à Trappes. La RFT entreprise familiale tenue par les Lecanu. La première fois que je suis aux 35 heures. J’ai pratiqué le job de formateur fimo, fco marchandises et voyageurs pendant 5 ans. Mais la aussi j’ai finis par m’ennuyer, toujours à répéter les mêmes choses, je suis retourné d’où je venais et j’ai réintégré la Semat.

Désolé j’ai pas réussi à monter sur les rétroviseurs.. 
J’y suis encore et malgré que nous ne savons jamais ce que réserve la vie, je pense y rester jusqu’à la retraite… 
So  long …

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