On parle beaucoup des PECOS, pas toujours en bien, en fait jamais ! Ils piquent le boulot des autres, ils sont sales, ils ne sont pas polis, ils sont … On leurs colles beaucoup d’étiquettes, à tort ou à raison, on part du principe que le chauffeur pique le boulot. Ça fonctionne pour ceux qui sont à leurs comptent mais le chauffeur qui bossent pour Hegelmann par exemple, il fait comme tout le monde, ce qu’on lui dit !
J’en vois passer pas mal, du hongrois, du tchèque, du roumain, du polonais. Des gars seuls ou des doubles équipages, des VL ou des PL, des petits LF avec rehausse et remorque. Il est pas facile de discuter avec eux, ce sont souvent des grands muets mais c’est aussi parce qu’ils n’ont pas le temps.
Quand je charge ou décharge un camion français, le chauffeur reste bien souvent dans son camion, attendant sagement que je l’appel pour ces papiers, sauf ceux qui me prennent pour leur room service, attendant du haut de leur cabine que je descende leur ranger dans la pochette dans le camion. Les pécos, c’est différent, ils viennent, baragouine quelques mots en anglais, italien ou allemand, nous donnent les papiers et cherche tout de suite un transpalette.
On voit souvent les mêmes chauffeurs, du coup on arrive petit à petit à discuter, Google Traduction aide pas mal mais c’est plus facile de leur arracher quelques mots avec l’habitude. Du coup laisser-moi vous raconter leurs vies.
Nous avons Barack*, retraité de la police nationale roumaine qui s’est mis à son compte pour gagner plus que la misérable retraite qu’il avait, après 38 ans dans la police. Il sillonne l’Europe au volant de son Man Euro 5 acheté d’occasion et de sa Kogël, partant bien souvent sur 15 jours. Il parle bien anglais mais pour le résumer simplement, il est très loin de l’image que l’on a du roumain. Il vient 1 fois par semaine, par fois une fois tous les quinze jours. Cette semaine ça faisait quinze jours qu’on ne l’avait pas vue, mais il n’a pas oublié la conversation qu’il a eu avec ma responsable, puisqu’il est arrivé avec un pack de bière de sa marque allemande préféré et une bière roumaine.
Nous avons Bruno*, qui travaille pour Psota, la première fois que je l’ai vue, j’ai été surpris par son français, mais c’est normal, il a vécu 12 ans en France. Il n’a pas trop voulu m’expliquer comment il est passé de chez nous à chez lui, par contre il aimerait bien revenir chez nous travailler. Bizarrement ce n’est pas pour la paie ou le luxe de l’assistanat français, juste pour les conditions de travail. A dire vrai je le comprends, après 3 semaines dehors et en sachant qu’il en ferait une quatrième avant de rentrer, je pense que moi aussi je chercherai à venir en France !
Et nos chauffeurs de chez Bil Spedition ? Nos hongrois qui parcours l’Europe avec leur DAF LF de 210cv. Ils viennent toujours pour nous poser et reprendre les mêmes choses, du coup ils sont un peu chez eux chez nous. Si pour certains découcher dans un Premium était une chose impensable, imaginer partir 3 semaines dans un LF, avec seulement deux coffres sur le camion et deux sur la remorque. Ce n’est pas rare de découvrir dans leur remorque un bout de leurs affaires, ce qui est parfois gênant pour moi, parce que là je ne peux pas nier les conditions ! Par moment je l’avoue, quand on a du monde, on leur montre où poser les palettes et celles qu’ils doivent récupérer mais ne croyez pas qu’ils râlent, parce que bien souvent on les voient pas arriver et commence sans nous.
Qu’est-ce que j’ai appris en baragouinant avec eux ? Que bien souvent le métier n’est pas le plus dur pour eux, c’est les conditions. Que ce soit l’accueil chez les clients, le rythme, la façon de payer ; tout ce qui est réglé par la loi pour nous, pour eux c’est autre chose. Les temps d’attentes ne sont pas comptés, le marteau ? Connait pas ! Pour eux ils sont payés pour rouler, rien de plus ! Ce qui me fait en venir à ce double équipage.
Le premier vient me voir, me demande le quai. Vue qu’il est en ligne avec son collègue il dit en direct où aller se poser. Ensuite il me demande de lui montrer la came à prendre. Généralement à ce moment-là le camion vient de se poser à quai et celui qui est avec moi à déjà un transpalette dans les mains, prêt à charger. Pendant qu’on attaque à charger, ils sont toujours en ligne, celui au volant remplit la CMR avec les infos que l’autre me demande, puis il nous rejoint sur le quai, la signature, puis repart dans la cabine. Une fois fini je n’ai plus qu’à signer et tamponner, le camion n’est déjà plus à quai, les portes sont fermées ; c’est comme ça qu’en 20 minutes vous charger 10m de plancher, le moteur tournant prêt à partir au signal.
Et ne pensait pas que ce soit une exception ! Même les gars en solo sont comme ça, les seuls moments où ils sont « posés » c’est quand ils font 15 minutes à quai, certains mettent carrément des alarmes ! Vous aviez déjà pensé faire ça pour vos coupures à quai ? Pour ceux qui en font bien sûr.
Passez de bonne vacances, nos sales pécos sont là pour bosser 😉
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