Lundi 07 Juin
, il est 4h10 lorsque j’arrive au dépôt de mon employeur à Villars 42 , en banlieue stéphanoise.
No stress aujourd’hui , l’objectif du jour est de rouler 9h maxi , pas de livraison ce lundi , c’est rare et vraiment agréable ! Je range mes affaires tranquillement , les automatismes du lundi matin, la bouffe dans le frigo , les packs d’eau , fringues et affaires de toilette à leur(s) place(s) , le tour du camion , réservoirs GO , pneus , selette , bâche , éclairage , RAS …
À 5h00 pétante je lâche le frein de parc et file direction Lyon accompagné par 4 ou 5 collègues qui montent en Suisse , routine pour eux aussi.
Pas exactement la routine pour moi , car j’ai un voyage un peu exotique cette semaine , par rapport à mon régulier hebdomadaire en multi-lots entre le Rhône-Alpes/Auvergne et l’ Ouest-Allemagne , la Rhénanie du Nord-Westphalie principalement.
Je monte un voyage très cool de 2 clients en ex-RDA , Dessau ( Saxe) et Jüterbog (Brandebourg , 50 kms au sud de Berlinnnn), et j’ai un rechargement prévu la journée de jeudi à environ 140 kms au Nord de la capitale germanique , à D17 Uckerland , dans une ferme perdue dans les champs du länder de Mecklembourg-Poméranie Occidentale .
Autant dire que la motivation est bien là , entre cette promenade et un groupage ADR de 8 ou 9 clients sur la Ruhr …. Y a pas match !
Pause réglementaire de 50′ à Besançon , une seconde de la même durée environ du côté de Bruchsal , au nord de Karlsruhe, pour remettre les compteurs à zéro , après avoir perdu une vingtaine de minutes dans les stau quotidiens des travaux de la jonction A5/A6 …. Rien de nouveau dans le quartier …
Je me pose à la station Bergstraße sur l’A5 entre Heidelberg et Darmstadt avec 8h45 de conduite, il est 15h30 , parking déjà bien plein , j’ai une bonne place à droite de la station sans vis-à-vis côté passager , au top , journée facile.
Un peu de polissage de mes réservoirs ,histoire d’avoir transpiré un peu aujourd’hui , une douche , une gamelle , réveil 4h30 demain pour un départ 5h00…
Mardi 08 juin
Comme hier , décollage à 5h00 , l’objectif (modeste) serait de vider mes 2 clients aujourd’hui , jouable sur le papier, j’ai 480 kms jusqu’au premier à D06 Oranienbaum , et encore 90 jusqu’au second à D14 Jüterbog.
Première pause après 3h15 de route sans encombre , un endroit que j’affectionne particulièrement , en bon passionné d’ Histoire contemporaine , l’ancienne douane d’Eisenach sur l’A4 , un des principaux postes-frontieres Est/Ouest jusqu’en 1989.
Un tour à pied pour shooter quelques restes de » wachturm/mirador » , de chaussées en béton typiques et autres lampadaires d’époque , il en reste quelques uns


….Avant on trouvait des vieux autocollants ici à la station , siglés DDR ,Thüringen , bref du local , mais tout à disparu , avalé par l’uniformisation galopante qui fait se ressembler tous les rayons d’accessoires des stations-service d’un bout à l’autre de ce pays …. Bien dommage ….
J’entre donc en Thüringe après ces 48 minutes de coupure , passe Erfurt , Weimar , Jena et tient une bonne moyenne , faut dire que sans le moindre » stau » , et avec seulement 7500 kgs dans la Schmitz….Kein problem !
Nouvelle coupure sur une station de l’A9 pas très loin de Leipzig pour prendre une douche rapidos , car j’ai aucune idée de là où je vais atterrir ce soir , dans la pampa certainement car mon second client est une ferme perdue dans le Sud du Brandebourg , et vaut mieux prévenir que guérir…
J’arrive à 13h05 à Oranienbaum pour vider mes 16 palettes , client facile à 1km500 de la sortie d’autoroute, dans une grande ZI tranquille avec plein de places PL , je retiens ce bon plan coupure , qui effectivement…me servira bientôt.
À 13h30 je repars , et renquille l’A9 direction Berlin.
Je téléphone de suite à mon client pour les prévenir de mon arrivée vers 15h/15h15 , je livre 5 tonnes de barrières en galva pour le bétail , en Allemagne à cette heure c’est déjà souvent trop tard pour vider ou charger…. Mon contact me dit qu’ils quittent l’exploitation à 15h45, ce n’est pas un site chimique pénible ( pléonasme) , donc ça s’annonce bien.
Les 30 derniers kilomètres ne sont pas rapides , beaucoup de traversées de villages , routes étroites, vieilles friches industrielles typiques dans leurs jus, des maisons à l’abandon aussi , un plaisir pour les yeux ce retour dans le Brandebourg , 11 ans après mon dernier voyage à Berlin.
Arrivé à 15h20 , ils m’envoient vider dans une autre de leurs exploitations, à 4 kms de là , je leur demande juste de prévenir leurs collègues que j’arrive sous peu…
Je visualise sur Google Earth et Maps, c’est pas loin , prochain bled.Juste avant la ferme je traverse un hameau où se trouve une portion pavée limitée à 30 , naïvement j’arrive à 30/40 ,mais j’ai cru perdre toute la boulonnerie de la Schmitz en la voyant danser dans les rétros , 15 à l’heure c’est suffisant ici , langsam fahren comme ils disent….
Sur place à 15h35 , j’ouvre mes 2 côtés ,
vire et range mes 9 sangles , à 16h00 je repars CMR signée , vide et semi balayée , l’efficacité germanique toujours !
Mon affaire a bien marché , il me reste 300 kms à faire d’ici jeudi 7h30 , demain c’est tourisme !
Par acquis de conscience je veux quand même valider une 11h aujourd’hui, j’ai repéré ( merci Google encore , comment faisait-on avant ?!



) que 10 bornes plus haut à Luckenwalde , il y a une ZI paisible avec de la place et le site d’un ancien Stalag à visiter , y en aura assez pour aujourd’hui , à 17h je valide ma fin de journée sous mon lampadaire , au calme , parfait.
Un peu de ménage et de rangements, d’études d’itinéraires pour demain, et je file à pied à 800m de là , un bois à traverser , une clairière , et j’arrive au cimetière / mémorial de ce qui fut un des plus grands stalag du 3ème Reich. Beaucoup de prisonniers français, polonais , soviétiques furent retenus et moururent ici des suites de leurs conditions de détention, du typhus ,….
J’ai une pensée pour mon arrière grand-père qui , comme 1 800 000 soldats français prisonniers en 1940 , a fait ses 5 ans dans un stalag à Perleberg entre Berlin et Hambourg , lui a eu la chance d’en revenir.
Pendant ce temps, en 2021, sur les réseaux sociaux , on parle de dictature

….Autres temps , autres moeurs…
Après un bon tour à pied de 2h je retrouve le DAF , une toilette au bidon , une gamelle au réchaud derrière la cabine , fin de cette sympathique journée, pas de réveil pour demain !!
Mercredi 09 Juin
J’émerge vers 6h00 , traîne jusqu’à 7h , toilette au bidon , pour une fois je prends le temps de petit-déjeuner assis côté passager , et non pas en roulant. Y a le temps aujourd’hui , je nettoie mes vitres , rétros , feux et jantes ….
Je quitte ma zi tranquillement vers 9h sous un soleil déjà chaud , j’arrive à Berlin par le Sud , et à ma grande surprise malgré l’heure tardive , Maps m’annonce encore des bouchons sur le Ring….
Je vais effectivement lâcher plus d ‘une heure sur l ‘A115 , sans conséquences pour mon planning du jour , en mode pré-retraité ….
Vers 11h je stoppe à la station « Stolper Heide » (au nord-Ouest de Berlin) pour la douche et casser la croûte , après ce sera la B96 via Oranienburg et Neustrelitz , le Brandebourg profond, rural et dépourvu du moindre autohof selon mon atlas.
La montée plein Nord est bucolique et paisible sur cette Bundestraße 96 , on dépasse pas le 65 / 70, c’est tout plat entrecoupé de villages , à vide on peut soigner la conso facilement et le XF 480 ne force pas…
J’avais prévu depuis plusieurs jours la possibilité de visiter l’ancien camp de concentration de Ravensbrück selon le timing , vers 13h15 je me gare à 500m de l’entrée du camp , à côté d’un char soviétique rescapé des combats de début 45.
J’ai déjà eu l’opportunité de » visiter » un certain nombre de camps , Auschwitz, Dachau , Buchenwald, Bergen-Belsen , je ne pensais pas pouvoir venir un jour à Ravensbrück….
Je vais passer 2h30 ici , c’est émouvant et intéressant quand on est sensible à cette période de l’Histoire ,notamment les plaques en français en mémoire de nos compatriotes , les inscriptions en russe sur les murs d’enceinte , etc…..
Après avoir beaucoup marché sur tout le site , immense , de retour au camion vers 16h , je reviens à l ‘ année 2021 et ses vicissitudes et je me dégote un bon plan ZI pour ce soir à Woldegk , 50 bornes plus haut, une grande ZI à 10 kms seulement de la ferme où je recharge demain , car pas de possibilité pour se poser chez ou autour de mon client.
À 17h donc , je suis en coupure à Woldegk-ZI où je trouve une bonne place avec le soleil dans le dos , je retourne marcher un moment dans la paisible campagne poméranienne . Il fait encore chaud , et c’est bon pour ce que j’ai, comme dirait un célèbre carnetdeboriste franc-comtois qui se reconnaitra….

.
Re-toilette au bidon , une bonne assiette de pâtes fraîches/paupiettes de veau au réchaud , que demande le peuple , ça suffit à mon bonheur ce soir !
Je prépare ma CMR et mon itinéraire pour demain en buvant une infusion , au coucher du soleil , vitres ouvertes sur les odeurs de la campagne, l’herbe coupée , on a encore des bons moments dans ce métier ….
Jeudi 10 juin
Je quitte la tranquillité de la ZI de Woldegk à 7h30 , le contact ne me voulant pas avant 8h sur place.
Beaucoup de panneaux de circulation et publicitaires sont écrits en allemand et polonais , il y a certainement beaucoup d’ouvriers agricoles qui bossent ici depuis la Pologne toute proche, on est à une soixantaine de kms de Szezcin ,les voitures et camions en plaque PL sont nombreux.
Lorsque j’arrive , les 2 grues sont en place , et sortent la deuxième vis de pressage d’huile bio composant l’ossature de mon rechargement , 2 vis de 9350 kgs pièce donc , plus 4 à 5 tonnes de vrac divers ,tuyaux , cuves , caisses de matériels , pour un petit industriel du bio du 42 …..
Georg notre contact sur place me confirme que la journée entière ou presque est prévue pour tout charger à la grue , et l’avenir lui donnera raison…
Je fais mon plan de chargement avec lui et les 3 (dé)monteurs français , l’armoire électrique en premier , sanglée au tablier , ensuite 3mpl de vrac divers ,ensuite les 2 vis l’une derrière l’autre au centre pour ne pas être en surcharge sur la selette ,maxi 10 / 11 tonnes sur l’essieu moteur en D , plus lourd c’est verbalisable …Restera 2m50 derrière pour finir avec du vrac , des cuves , 3 caisses gerbées entre elles , les 2 autres gerbées sur le corps même de la seconde vis en hauteur , un joli Tétris .
Même en calculant bien notre coup , faudra disquer quelques bouts de ferraille qui dépassent , refaire plusieurs fois ici ou là , tout ça sous un soleil de plomb et sans ombre ,on finira rouge et bien sale !
Je soigne l’arrimage , des patins anti-dérapants de partout et à chaque » étage » , équerres à volonté , sangles idem, j’en utilise 26 , mon coffre finira vidé , comme moi.
J’en termine vers 16h30 , j’avais repéré une douche à l’étage dans le bâtiment, malheureusement l’eau est coupée depuis longtemps , mais Georg et les gars me montrent le tank à eau dans un coin de la cour , c’est là qu’ils se débarbouillaient les soirs…Je récupère mon gel douche , une serviette et des fringues propres, et me lave entièrement comme ça , au cul du tank et les pieds dans l’herbe , c’était pas du luxe , et ça fera un bon souvenir !
Je pars enfin vers 17h , lesté de 22 / 23 tonnes , d’ici c’est quasiment 1450 kms pour rentrer au dépôt 42 , doucement d’abord sur les petites Landstraße bombées et défoncées , chargé lourd et haut , jusqu’à attraper l’A20 à Pasewalk-Nord , point le plus haut de ce voyage.
Je m’arrête manger un bout au nord-Est de Berlin sur l’A11 , contourne la capitale par le Ring Ouest et reprend l’A9 direction Sud , Leipzig.
Le soleil se couche quand je franchis l’ Elbe près de Dessau , je choisis d’aller passer ma nuit un peu plus bas , sortie Oranienbaum , dans la grande ZI proche de l’A9 où j’ai vidé mon premier client mardi ….. la boucle est bouclée !
21h45 fin des opérations , je serai au calme ici , avec les bois côté passager , sans vis-à-vis.
Vendredi 11 juin
Il y a bien longtemps que je n’ai pas été aussi loin de ma base un vendredi , m’enfin y a rien qui presse , juste à se laisser descendre sur 700 kms aujourd’hui.
Je repars à 7h45 après 10h de coupure , et garde le même itinéraire qu’à la montée via Eisenach et Frankfurt , plutôt que l’A6 > Nürnberg et Heilbronn , axe chaotique et accidentogène , notamment sur le tronçon Heilbronn > Sinsheim…
Je m’arrête manger à Eisenach, comme mardi matin 1h tranquille , casse-croûte et photos.
Je passe Francfort vers 16h , et plutôt bien pour un vendredi à cette heure là , et m’arrête 50 min au sud d’Heidelberg pour remettre les compteurs à 0 , et accessoirement prendre une bonne douche , 3€ natürlich , c’est propre et grand , oui c’est allemand !
Je repars vers 17h30 pour le dernier round du jour , le pire , Bruchsal / Karlsruhe / Freiburg , des zones de travaux à profusion , des touristes et donc des caravanes ( déjà…..) Toujours pénible cet axe du Bad-Würtemberg , encore que maintenant il y a des portions à 3 voies où l’on peut enfin doubler les norias de Hoptrans , Transtira , Hegelmann et autres Finéjas , avec leurs Actros 450 d’entrée de gamme , Schmitz de base , et les régules poussives à 80 , 82 valorisées façon Écologie sur les portes, voulant nous faire croire que tout cet » Eco-System » protégerait l’Ecosystème , le vrai , que dans leur sillage pur et respectueux , tout sentirait d’un coup la chlorophyle , l’humus …. À bon entendeur…..

Je sors au Sud de Freiburg à la sortie Hartheim , mais l’autohof semble plein et refoule jusqu’à l’entrée….
J’ai un excellent plan B à 2 kms , la grande ZI de l’ancien aéroport US , blindée elle aussi , mais je finis par me garer dans un coin , il est 19h45 , 700 kms , fin des opérations pour aujourd’hui , une gamelle et au lit.
Samedi 12 juin
Lever 4h15 , toilette , rangements , je prépare mes biscuits et ma tablette de chocolat à déguster en roulant ( chacun ses faiblesses 
) , et à 4h50 , j’ai 9h05 de coupure , Dame RSE est satisfaite , c’est reparti pour la dernière ligne droite , 480 kms direction le dépôt 42 via la frontière française d’Ottmarsheim toute proche .
Je coupe 48′ à Bourg en Bresse vers 9h30 , il y a des années que je n’avais pas roulé un samedi , les français nous sommes bien minoritaires face au rouleau compresseur des divisions Est-Européennes , rien de nouveau finalement , ….Pas grand-chose à dire sur la descente via A36 et A39 , heureusement que les Podcasts France Culture existent pour tromper l’ennui….
Au dépôt à Villars 42 vers 11h45 , fin d’une belle semaine exotique avec 3030 kms et de belles images plein la tête !!
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